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Biographie

Starkweather

  Starkweather se forme en 1989 à Philadelphie autour de Rennie Resmini (chant), Todd Forkin (guitares) et Harry Rosa (batterie). Après avoir enregistré un EP, le groupe sort son premier LP en 1992, Crossbearer, qui sera plus tard réédité sur CD en 1994. Le groupe reviendra l’année suivante avec l’EP Into The Wire, avant de sombrer dans un mutisme musical profond, hormis l’enregistrement d’un split en compagnie de Season To Risk en 1996. Mais concernant un nouvel album, il faut attendre pas moins de 10 ans pour réentendre parler de Starkweather. Croatoan émerge en 2005 sur le label Candlelight, avec le concours supplémentaire de Paul Romano (Mastodon) pour l'artwork, du guitariste Jim Winters et du revenant Liam Wilson à la basse qui, entre-temps, était parti officier chez The Dillinger Escape Plan. En 2007, Starkweather enregistre 6 nouvelles compositions qui ne sortiront qu'en 2010 sur This Sheltering Night sur Deathwish Inc.

16 / 20
3 commentaires (14.17/20).
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This Sheltering Night ( 2010 )

Starkweather, pionnier incontestable du metal version hardcore, n'est pas un groupe ordinaire. Pour Todd Forkin et Rennie Respini, l'élaboration d'un nouveau disque se fait en parallèle d'un besoin vital et curatif d'exutoire. Leur retour complètement inattendu avec l'excellent Croatoan en 2006 démontrait que Starkweather n'avait rien perdu de sa superbe et que leur ligne de conduite n'avait en aucun cas été ébranlée par les pelletés de groupes metalcore insipides. L'enregistrement de This Sheltering Night date de 2007, soit très peu de temps après Croatoan, mais ce n'est qu'en 2010 que les 6 longs nouveaux titres sortent finalement, après la signature sur Deathwish. Quant aux split-albums annoncés avec Overmars, Cali et Little Girl Terrorist, ils devraient bel et bien voir le jour sur, respectivement, le label de Jacob Bannon et Swarm Of Nails Records.

This Sheltering Night creuse encore plus profondément la flamboyante cicatrice décochée au metal hardcore par le groupe de Philadelphie. C'est une évidence, Starkweather est toujours ce fantastique prédateur des Enfers dont toute la mécanique, à la fois complexe et démoniaque, se répond de manière asynchrone. Des guitares élevées au napalm, aux marmitages incandescents de la batterie, jusqu'à la performance ahurissante de Rennie Resmini (chant), tout est repoussé aux limites du style que le groupe a en partie lui-même défini, voire bien au delà. Plus versatile et impressionnante que jamais, la voix use du borgorygme exacerbé, du flot hardcore venimeux, du gimmick evil-metal et du chant parfaitement exécuté. Encore plus exigeante que sur Croatoan, la violence déployée par Starkweather fait appel aux instincts primaires les plus sauvages tout en s'insinuant dangereusement dans l'équilibre soma-psyché. En restant parfaitement lui même - un groupe cathartique à vif -, Starkweather parvient de la manière la plus agile et adroite qu'il soit, à établir un lien entre les frasques metal les plus insalubres et un lyrisme exalté presque cérébral, entre destruction massive et création millimétrée ("One Among Vermin").  This Sheltering Night aurait pu être un disque tout simplement insoutenable, car vecteur d'une fureur glaciale purement assassine, si ce n'était les 5 longs intermèdes composés par Sophia Perennis et Oktopus (Dälek), qui viennent, la plupart du temps inutilement, souffler une mince pellicule d'air entre la masse aqueuse meurtrière et les mètres de glaces que le groupe nous charge sur le dos jusqu'au point final. Seuls les acquéreurs de la version LP, idéalement dégraissée des interludes, pourront se targuer de posséder un tel disque. D'un densité stupéfiante, This Sheltering Night sera pour quiconque y prêtera suffisamment attention, une love/hate experience qui marque au fer rouge. En 20 ans d'existence, Starkweather livre peut être bien son disque le plus abouti, en marge de toutes les sorties metal hardcore du moment.

Tracklist : 01. Epiphany 02. Broken From Inside 03. All Creatures Damned and Divine 04. One Among Vermin 05. Bustuari 06. Martyring 07. Swarm 08. End of All Things, The 09. Transmit 10. Receive 11. Proliferate

A écouter : Bustuari - Broken From Inside
16.5 / 20
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Croatoan ( 2005 )

  Charles Starkweather fût un pionnier. Sous des airs de minet façon James Dean, le jeune homme commet les premiers meurtres en série de l’ère moderne, avec l’aide de sa petite amie, dans un road trip sanglant à travers le Wyoming et le Nebraska qui fait onze victimes au total. L’Amérique de l’Après-guerre est alors incrédule face au phénomène, au nihilisme, qu’elle vient d’engendrer. Et elle le restera longtemps, puisque l’histoire inspirera de nombreux artistes tels Bruce Springsteen et son Nebraska, Stephen King, Oliver Stone avec le film Tueurs Nés, ainsi qu’un petit groupe formé en 1989 à Philadelphie.
  Lui aussi est un pionnier même si son nom ne fait pas vraiment tilter les esprits. Après deux sorties au milieu des 90’s et un nombre conséquent de concerts, Starkweather est en effet considéré comme le précurseur du mariage entre hardcore et métal pleinement normalisé de nos jours. Nombreuses sont les formations se réclamant de ces disques, et citons par exemple, pour les plus connues, The Dillinger Escape Plan et Converge. Une confidentialité qui trouve probablement son origine dans la léthargie discographique que connaît le groupe depuis 1995, mais qui prendra peut-être fin onze ans plus tard avec ce Croatoan.

  Pour ce qui est du modus operandi, Starkweather opte, à l’occasion de son grand retour, pour le guet-apens brutal. Quelques petites secondes lui suffisent pour remettre illico les compteurs à zéro, et démontrer que les années n’ont nullement émoussé ce métalcore lourd comme une étendue de mercure. Aucun élément n’a d’ailleurs été épargné ; tous sont mobilisés dans cette saignante opération méthodiquement préparée.
  Ainsi, si l’on devait tout d’abord évoquer le riff Croatoan, ce serait comme le Tricératops fait Guitare. Pataud mais si terriblement efficace dans ce mid-tempo, accélérant parfois pour cisailler façon moissonneuse-batteuse haute de trois étages, et se voilant même dans des dissonances aux portes d’un Sludge cher à Crowbar. La batterie vient d’ailleurs épauler ce lent travail de dévastation à l’aide de cette double pédale fleurant le mortier, mais parfois Starkweather préfère délaisser le pilonnage au profit l’arme blanche. On passe alors la vitesse supérieure pour des séquences saccadées et franchement tranchantes qu'affectionne Keelhaul.

  Les huit titres de Croatoan n’ont donc rien d’un métalcore édulcoré. Pour s’en convaincre définitivement, il suffit de se pencher un bref instant sur le cas Rennie Resmini, et plus précisément ce chant si atypique qui pourrait facilement synthétiser Starkweather à lui seul. Soufflant le chaud et le froid, Resmini est comme une sorte de Mike Patton dont les deux pôles seraient envisagés d’une manière plus extrême. Le verbe est hautement vénéneux, bileux et si nocif qu’il ferait pâlir le plus scélérat des vociférateurs de Sludge. Mais quand le groupe décide de desserrer la mâchoire ancrée dans sa proie, il peut alors se camoufler dans un ton mélodieux mais totalement dérangeant, plus empli du vice du prédateur que d’un réel apaisement.

  En fin de compte, Croatoan prouve que Starkweather tient plus du mercenaire "poivre-et-sel" expérimenté que du vétéran "charentaises". Le combo de Philadelphie peut donc tenir aisément le haut du pavé dans la décennie suivant celle de son âge d’or, mais il doit néanmoins prendre garde à l’armada d’outsiders aux dents longues ayant émergé dans le sillage de Mastodon et High On Fire. Même s’ils lui doivent beaucoup, leurs premiers brûlots montrent qu’ils seront sans pitié, tel le Bestial de Black Cobra. Starkweather doit donc se méfier de leur efficacité quasi-expéditive alors que Croatoan joue la carte de la densité et de l’épaisseur nécessitant l’effort. Il dispose toutefois d’un atout non négligeable vis-à-vis de ses concurrents et qu’il serait dommage de gâcher. C’est la légitimité historique.

Ecouter : trois titres sur la page MySpace du groupe.

A écouter : Slither, Bitterfrost, Machine Rythm Confessional...