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Biographie
Dans les années 70 / 80, New York bouillonne. La ville est un repère d’artistes en tous genres, le lieu de tous les excès mais aussi de création intense. L’histoire de Sonic Youth débute un peu après l’arrivée de Thurston Moore à New York à la fin des années 70. Grand amateur de punk, le jeune homme intègre plusieurs groupes, fait la rencontre de Glenn Branca et de tous les grands noms de ce qu’on appelle alors la No Wave. ChroniquesRather Ripped NYC Ghosts & Flowers Washing Machine Dirty Goo Daydream Nation EVOL Confusion is SexRather Ripped ( 2006 )Sorti en 2006, Rather Ripped est certainement à ce jour l'album le plus Pop de Sonic Youth. N'y voyez pas là une baisse vertigineuse de qualité ni même la fin d'expérimentations ou de sons noisy en tous genres car il n'en est rien, Sonic Youth explore simplement de nouvelles contrées musicales et rajoute une pierre de plus à sa solide discographie construite en 25 ans de carrière. Rather Ripped tranche avec les précédentes sorties du groupe, plus Pop donc, que se soit musicalement, mais aussi dans le format des titres d'environ 4min en moyenne, avec toujours un song-writting de qualité comme en témoigne le premier titre "Reena", léger et aux mélodies imparables, emmené par cette voix si sensuelle de Kim Gordon ou "What A Waste" construit sur le même schéma avec quelques dissonances en plus. En ce qui concerne la compositions des titres, Kim Gordon et Thurston Moore se partagent chacun vocalement la moitié de ces 12 titres. Ce dernier à la voix rauque, posée enchante le lancinant "Light Out" ou devient plus inquiétant sur le plombant dernier titre, "Or". Lee Ranaldo quand a lui pose sa voix sur un unique titre : "Rats", qui hélas, ne le met pas en valeur étant un des titres les plus faibles de l'album. Ce qui fait le charme d'un groupe comme Sonic Youth c'est mêler avec habilité bruit et mélodies sans pour autant s'auto-plagier que se soit sur des passages noisy ("Jams Run Free") ou avec ces harmoniques familières à Thurston Moore ("Do You Believe In Rapture?"). Un des temps fort du disque demeure sans conteste "Turquoise Boy", par la douce voix rêveuse de Kim, les quelques harmoniques de Thurston puis un final par les expérimentations Noise de Lee. Le départ de Jim O'Rourke depuis 2005 est une conséquence directe sur le son de Sonic Youth : moins d'expérimentations et de longs passages Noise et un retour à plus de spontanéité avec des morceaux plus efficaces, mélodiques et accessibles. Cependant, tout n'est pas excellent dans ce Rather Ripped. Certains titres sont moins prenant que le reste comme le noisy "Sleepin Around" qui manque de pêche et ne surprend pas, le faiblard "Rats" ou le dispensable "The Neutral", pas mauvais en soit, mais sonnant un peu "déjà vu". Rather Ripped est un album qui s'écoute facilement et est peut-être le disque le plus facile d'accès dans la longue discographie de Sonic Youth. Avec quelques excellents titres et notamment le tubesque Incinerate, il pourra soit servir de passerelle au novice souhaitant découvrir le groupe ou à passer un bon moment pour l'initié du quartet new-yorkais à condition toutefois d'accepter cette évolution et ne pas faire une fixation sur le passé du groupe. A écouter : Reena, Incinerate, Turquoise Boy, Lights OutNYC Ghosts & Flowers ( 2000 )L'an 2000. Il est temps pour Sonic Youth de rendre un hommage à Big Apple. A sa littérature, à ses peintres et finalement, à tous ses personnages de génies, Artistes et catalyseurs d’émotions. Sonic Youth opte pour l'épuration des lignes et l'abstraction des corps. Un horizon déjà largement dégagé par les SYR et donc via la nouvelle impulsion donnée par Jim O'Rourke (Gastr Del Sol avec Grubbs, Brice-Glace), intégré au groupe à cette période. Si avec Goo et Dirty Sonic Youth s'était attiré les foudres d'une certaine élite musicale anticonsumériste, NYC Ghosts And Flowers essuiera une déferlante de critiques assassines qualifiant l'album de manifeste rock arty et branchouille dénué du moindre intérêt. Washing Machine ( 1995 )La cassure, nette. La transition, la vraie. Appelez ça comme vous voulez. En 1995, Sonic Youth aurait voulu se rebaptiser Washing Machine. Un nouveau nom pour un héritage musical, certes conservé, mais dont les plus jeunes pousses pointent un nouvel horizon. Fini l’adolescence, veulent dire ces deux corps pubères tranchés net sur la ligne du regard et arborant non pas UN, mais DEUX "Sonic Youth" dans le tambour de ces machines sensées laver plus blanc que blanc. Depuis Goo, Sonic Youth s’est ouvert un nouveau chemin, plus lumineux et plus accessible. Le songwritting apparait plus facile. La production met en avant le verni poppy de certains titres, parfois qualifiés de "FM". Et ce n’est pas la version radio grassement amputée de "The Diamond Sea", ultime et très long (19 minutes) morceau de Washing Machine, qui viendra prêcher pour la strate noise et rigide du son de Sonic Youth. Ce titre psyché pop à la mélodie simple mais fine, aura finalement eut le mérite d’accroitre l’audience des new yorkais. Le casque du walkman 90’s way vissé sur les oreilles, c’est avec ce titre que j’ai découvert Sonic Youth, en pleine adolescence, en plein doute et aussi en pleine période d’insouciance. Triste, "The Diamond Sea" rend pourtant heureux et Washing Machine est finalement loin d’être un disque formaté. Si l'expérimentation sonore est toujours très présente, Sonic Youth y troque une part de fougue contre une part de coolitude et d’un certain laisser-aller retranscrit par des morceaux étirés et maintenus sur un tempo entre deux eaux. Le second single de Washing Machine, "Little Trouble Girl", avec Kim Deal (The Breeders, Pixies) en guest en est le parfait exemple. Cette comptine placée à mi-album, que je trouve particulièrement pénible et que d’autres vénèrent, tranche totalement avec d’excellents morceaux, tourmentés et bruitistes, comme "No Queen Blues" ou "Becuz", opening track qui à la base ne formait qu’un seul et même titre avec "(Untitled)". "Trop long pour un morceau d’ouverture". Interprétez cela comme vous le souhaitez. Washing Machine est un disque patchwork, enfumé, brumeux, à la démarche bancale, aux desseins difficilement cernables, et qui hors d’un contexte purement sentimental que certains, dont moi le premier, peuvent lui attribuer, reste inférieur aux classiques que le groupe a déjà à son actif. Reste le gros point fort de Washing Machine : sa mélancolie voilée d’un incroyable lichen vocal. Que ce soit Kim Gordon, qui délaisse la basse pour la guitare sur de nombreux titres, Moore ou Ranaldo, le chant revêt tour à tour une kyrielle d’émotions diverses. Whatever, Sonic Dirty ( 1992 )Un ami, fan de longue date, m'a un jour fait remarquer "Alors pas si commercial que ça Dirty hein?" J'avoue avoir été surpris. Le virage plus formaté et clean (c'est relatif en parlant d'eux) amorcé sur Goo avait-il autant choqué? Mais en effet, même si le son des New Yorkais évolue et se fait de moins en moins corrosif (après tout ont-ils jamais stagné un seul instant?) ils ont décidément du mal à se débarrasser de leur sale manie d'expérimenter et de faire du bruit à tout va. Finalement Dirty n'est ni plus ni moins qu'un Goo amplifié. D'un côté il sonne plus cru. Les guitares sont souvent très, mais alors très dissonantes, on peut dire que monsieur Ranaldo ne ménage pas son outil. Il suffit d'écouter l'intro quasi indus de "Swimsuit Issue" avec le pilonnement tribal de Steve Shelley en arrière-plan ou encore le très bruitiste "Drunken Butterfly" pour se rendre compte que le groupe n'a rien oublié de sa rage. Il va même jusqu'à faire une reprise complètement allumée du "Nic Fit" des éphémères mais légendaires Untouchables (un des tout premiers groupes de hardcore punk). Il invite également l'emblème de la scène alternative US Ian MacKaye (Minor Threat, Fugazi...) à lâcher quelques riffs tordus sur "Youth Against Facism". Mais c'est aussi là que le groupe commence réellement à comprendre qu'il peut faire autre chose, qu'il peut faire planer. C'est vrai que c'est une piste qui avait déjà été explorée auparavant, mais timidement, le groupe sonnant toujours trop froid ou âpre pour se détacher du sol pour de bon. "The Sprawl" sur Daydream Nation en est la parfaite illustration. Alors certes Dirty n'est pas un brûlot, les jeunes années de Sonic Youth sont passées. Mais il est la preuve que l'on peut adoucir sa musique et se rendre plus accessible sans faire de concessions. Goo ( 1990 )Album de la rupture pour Sonic Youth qui à partir de 1990 franchit un palier supplémentaire sur le plan de la notoriété. Rupture parce que Goo est le premier opus des new yorkais à apparaître sur une major, Geffen en l'occurence, et surtout parce que le groupe bénéficie alors d'une production sacrément léchée, peut-être un peu trop en regard des précédentes productions. Vilain petit canard pour les puristes avec le recul et même sans, Goo apparaît pourtant loin d'être un désastre. Bien que l'on soit loin des délires acides des épisodes antérieurs, bien que l'aspect venimeux s'impose beaucoup moins à notre attention, Sonic Youth n'en reste pas moins fidèle à l'esprit indé qui l'animait jusque-là. Et ce même s'il offre un profil plus travailleur, plus sobre et plus traditionnel aussi. Grâce à des titres catchy les new yorkais parviennent à trouver un équilibre assez respectable entre certaines émanations de Bad Moon Rising et une tournure plus aseptisée imposée par leur nouveau statut de stars. Plus attractif, moins difficile d'accès, Goo présente donc une palette de titres fonctionnant d'ores et déjà comme des tubes, réactifs et jouissifs, des choses simples, simplement rock ("Dirty Boots"), une manière de composer à laquelle s'adapte facilement le groupe mais que certains pourront trouver formatées n'était cette touche essentielle, unique, cet aspect tordu qui permet malgré tout à Sonic Youth de maintenir la tête hors de l'eau ("Mote", "My Friend Goo"). Déçu par le résultat Sonic Youth ne parviendra pas à s'attacher à Goo comme il l'avait fait pour Bad Moon Rising. Le groupe lui préfèrera largement l'enregistrement des démos qui seront diffusées un an plus tard sous le titre Goo Demos. Maic cet état de fait n'empêchera tout de même pas Sonic Youth de revenir sur cette décision en ressortant une édition Deluxe de Goo en 2005. L'âge aidant on doit sûrement devenir moins tatillon. Tracklist : 01. Dirty Boots, 02. Tunic ( Song for Karen ), 03. Mary-Christ, 04. Kool Thing, 05. Mote, 06. My Friend Goo, 07. Disappearer, 08. Mildred Pierce, 09. Cinderella's Big Score, 10. Scooter + Jinx, 11. Titanium Expose. Daydream Nation ( 1988 )Pour EVOL et Sister Sonic Youth avait réalisé son rêve de signer chez les californiens SST, label qui rassemblait la fine fleur de la scène indé américaine. Mais quelques années après ils n’avaient plus qu’une seule hâte, fuir. Le label croulait sous d’obscures procédures judicaires, ne payait plus les groupes. Et puis après tout, Sonic Youth est profondément new-yorkais. EVOL ( 1986 )EVOL est une étape cruciale. - Pour les Sonic Youth, qui y développent la quintessence de leur art-rock et de leur son, au sens littéral du terme. Un apogée en partie du à l'arrivée de Steve Shelley à la batterie et de son jeu instable, tout en roulements. Une image qui illustre à la perfection de propos de Sonic Youth sur EVOL : une ambivalence, un tiraillement, la dualité paradoxale de l'âme. Quelque chose, un grain de sable, une réaction chimique subite, qui d'une seconde à l'autre fait passer de la haine à l'amour, de la raison à la folie. L’équilibre vacille. "Tom Violence" dérape ainsi d'une ballade mélancolique vers une froideur pâle et un décharnement bruitiste, qui atteint son paroxysme sur les crissements et crépitements de "In The Kingdom" - noirci par la basse de Mike Watt - ou sur la tectonique sidérurgique de "Death To Our Friends". Sonic Youth plonge dans la suie, ampoule et torture les guitares, pour ressurgir vierge de toute crasse, presque angélique lorsque Kim Gordon, d'un ton suave (sexy ?), chuchote au creux de l'oreille pour au terme de sa confession, poser son cœur sur la table ("Shadow Of A Doubt", "Secret Girl", utilisé pour la BO de Made in USA). Sorti en 1986 sur SST et Blast First, réédité en 1994 par Geffen, EVOL est le disque de Sonic Youth vers lequel on revient toujours, inlassablement et inévitablement, comme un pélerinage vers un élément fondateur et mystérieux. Et cela, malgré certains aspects hermétiques. La version CD de EVOL est agrémentée d'un titre supplémentaire, "Bubblegum", reprise de Kim Fowley, définitivement plus enjoué et rock'n roll que le reste de l'album. Confusion is Sex ( 1983 )En 1983, Sonic Youth étaient des terroristes du son. Et l’expression n’est pas galvaudée, Confusion is Sex est un brûlot douloureux, un monument du punk arty 80’s made in New York. Enfants des Stooges, du Velvet Underground et des Ramones, cousins des Swans, des Teenage Jesus and the Jerks et de tous les malfaiteurs de la scène bruitiste de l’époque, Sonic Youth est la face visible de l’iceberg. Il est possible de voir Confusion is Sex comme le témoin de la convergence d'un lieu, d’une époque, et de musiciens qui n’ont que faire des complaisances de la musique contemporaine. |
Sonic Youth
Style : Noise Rock Tags : Noise Rock Origine : USA Site Officiel : sonicyouth.com Myspace : Amateurs : 107 amateurs Facebook : |