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Biographie

SikTh

SikTh est un groupe de Mathcore / Metal Progressif britannique fondé en 1999. La formation comprend deux chanteurs : Mike Goodman et Justin Hill, particularité importante car une bonne partie du bordel ambiant et de la savante alchimie du groupe repose sur cette constante dualité de personnalités. Le groupe sort deux EPs à quelques mois d'intervalles en 2002 (Let the Transmitting Begin, puis How May I Help You?), et deviendra très vite assez populaire au Royaume Uni (première place sur MTV UK notamment avec le single How May I Help You? et son clip complètement barré).
Ils sortent un premier album en 2003, sobrement intitulé The Trees are Dead and Dried Out Wait for Something Wild, auto produit et mixé par Colin Richardson (Machine Head, Slipknot entre autres). Plutôt très bien accueilli, l'album est un concentré de mathcore débridé, avec des ambiances et des progressions très réussies. A tel point qu'ils seront invités la même année à participer au Download Festival à Donington Park, et tourneront au Japon en 2004 avec Anthrax et Killswitch Engage, puis au célèbre Fuji Rock Festival, avec Lou Reed, PJ Harvey et Primus notamment.
Trois ans plus tard, en 2006, le groupe revient avec un second album studio, Death of a Dead Day, publié sous leur tout nouveau label Bieler Bros Records.

Seulement un an plus tard, le groupe split, officiellement pour que les deux chanteurs puissent se concentrer sur leurs autres projets en cours et leurs carrières de production. Le reste du groupe n'arrivera pas à trouver de remplacement aux places laissées vacantes par le duo de chanteur chaotique.

Contre toute attente, alors qu'on croyait le projet mort et enterré, SiKth annonce leur participation au Download Festival et à l'Euroblast en 2014, juste avant la sortie (par crowdfunding) d'un nouvel EP (fort bon) intitulé Opacities.
Fort de cette réunion improbable et devant l'insistance des fans et de leurs prestations live convaincantes, le groupe enregistre un troisième album studio (The Future in Whose Eyes?) qui sort courant 2017, sans Justin Hill parti pour se concentrer sur la production, remplacé par Joe Rosser (Aliases, autre groupe du guitariste Graham Pinney).

Line-up

Mikee Goodman – vocals
Joe Rosser – vocals
Dan Weller – guitar, piano
Graham "Pin" Pinney – guitar
James Leach – bass
Dan "Loord" Foord – drums, percussion

15.5 / 20
2 commentaires (18/20).

The Future in Whose Eyes? ( 2017 )

Avec Opacities, EP sorti en 2015 après un hiatus de presque 10 ans, SikTh amorçait enfin son grand retour, larguant pour l'occasion quelques titres plutôt convaincants mais qui auront laissé sur leur faim plus d'un amateur du combo britannique. Il était temps de proposer du matos de première fraîcheur afin de célébrer comme il se doit le retour d'un des groupes les plus influents (et des plus éphémères également) de cette scène tellement à la mode qu'est le d-d-d-d-djent.

Pas de grosse surprise au programme, si ce n'est la durée et la densité plutôt réjouissante de l'album (pour le coup le groupe a bien pris le temps de développer son album) et on est plus ou moins en phase avec ce que proposais le groupe au début des années 2000. Le style est toujours très direct, agressif, les plans sont comme à l'accoutumée ultra techniques, nombreux, et jamais pénibles pour un sou : même après plusieurs écoutes successives, on remarque un détail technique qui fait plaisir, une structure imbitable, un riff, un tapping ou une ligne de basse qui rend marteau. A cela on ajoute les morceaux plus progressifs, les interludes parlés, le groove omniprésent... et là on a quelque chose de péremptoire... non rien à dire le groupe a réussi son retour : rien de très original mais un contenu plus que probant pour conforter les fans, il n'en fallait pas moins. 

Le duo chanté / parlé / chuchoté fonctionne toujours aussi bien, et même si Justin Hill s'est fait la malle force est de constater que son remplaçant (Joe Rosser) ne manque pas d'arguments et a réussi à s'imposer en tant qu'ingrédient indispensable à l'alchimie vocale nécessaire du groupe, et ça c'était pas gagné d'avance.
Les anglais sont en forme, les titres se suivent et ne se ressemblent pas : Vivid et son entrée en matière tout en groove (et qui fait d'ailleurs penser à Scent of The Obscene, le début de leur tout premier album), puis Century of the Narcissist et The Aura, développant de subtiles progressions qui auront sans doute une place de choix sur la scène. Et pourtant le meilleur reste à venir : Weavers of Woe (miam miam la basse), Cracks of Light, No Wishbones et Riddles of Humanity, des titres qui resteront un bon moment sur vos bancs de test, et c'est indéniablement la clé de voute de l'objet, un sacré morceau à digérer, tout y est : le feutré, le pain dans la tronche, le hardcore bien qui tabasse, les plans dingos, les pépites qui accrochent les neurones avec des refrains entêtants, et toujours cette éloquence caractéristique.

En définitive, The Future In Whose Eyes? est un très bon album qui à défaut d'être novateur et d'être un indispensable du genre (leur premier album restera à jamais dans les annales), convainc à la fois par son contenu très bien ficelé et par son niveau de technicité et de créativité pour le coup agréablement bien mis en avant. Les anglais sont de retour et... c'est toujours mieux quand on propose quelque chose de frais et d'inspiré non ?

A écouter : Vivid, Weavers of Woe (miam miam la basse), Cracks of Light, No Wishbones, Riddles of Humanity
16.5 / 20
1 commentaire (17/20).

The Trees Are Dead & Dried Out Wait for Something Wild ( 2003 )

Premier LP du combo anglais succédant à deux EPs (Let the Transmitting Begin en 2002 puis How May I Help You? la même année), The Trees are dead&dried out, wait for something wild, que l'on raccourcira en TTAD&DOWFSW pour des raisons d'hygiène évidentes, sort en 2003, seulement quelques mois après deux EPs plutôt brillants. C'est donc surfant sur une mini hype toute méritée que le groupe bénéficiera de l'expertise et du soutien de plusieurs acteurs du milieu : Colin Richardson au mix (Slipknot, Machine Head), et Killswitch Engage, Anthrax ou encore Primus pour ce qui est des premières parties de tournées. 

Reprenant quelques titres issus de leurs premiers EPs et démos, ce premier album studio nous propose quatorze pistes, soit une heure de cheminement tortueux entre prog, mathcore et hardcore, très varié, compact au possible, affichant une liberté artistique à toute épreuve, avec à l'arrivée, et c'était pas évident sur le papier, une bonne grosse claque dans la gueule. Ni plus ni moins.

Si certains regretteront à la sortie de cet album le petit côté brouillon et rentre dedans initialement présent sur les EPs, abandonné au profit d'une meilleure lisibilité (merci la prod), on retrouve néanmoins toutes les spécificités développées jusque là : un son massif, une technique hallucinante, la dualité et l'omniprésence des deux front-man, et une certaine décomplexion face à un panel de styles pas forcément faciles à maîtriser.
Le début de l'album est méchamment catchy, et on reste admiratif devant les lignes de slap et la rythmique parfaites de Scent of the Obscene, très fusion dans l'esprit, les riffs déstructurés de Pussyfoot ou les changements de signature de Hold My Finger.
Tapping, slap, breaks à gogo, polyrythmie, c'est une performance technique assez évidente tout au long de l'album, rien n'est laissé au hasard et tout est parfaitement maîtrisé. Et même lorsqu'ils sont sur le point d'en faire un peu trop, Sikth parvient à calmer le jeu, agrémentant à quelques endroits bien sentis d'une nappe atmosphérique (Can't we all dream), un piano mélancolique (Emerson part one & two) ou tout autre moyen d'aérer un album qui aurait pu être indigeste de bout en bout.
Le propos de l'album mélange sentiments et considérations d'une jeunesse en perdition, histoires débiles et abstractions diverses, le tout mis en scène par deux voix très distinctes, la première (Mikee) complètement schizophrène, donnant la parole à un éventail impressionnant de personnages hauts en couleur, bien souvent dérangés, et la deuxième (Justin), complétant le côté hardcore et les parties chant clair. Même si le résultat est parfois maladroit ou trop poussif, ce ping-pong incessant entre les deux chanteurs réussit la plupart du temps à instaurer une ambiance et une patte artistique très intéressante (Tupelo par exemple, reprise de Nick Cave, When will the forest speak, ou How may I help you). 

Le combo anglais nous livre avec ce TTAD&DOWFSW une performance éblouissante, si l'on considère la jeunesse du groupe, qui ne manque pas de fougue ni de réalisme musical. Un très bon album qui passe toujours aussi bien plus de dix ans après. Varié, coloré, très technique et méchamment groovy, indispensable pour tout amateur de fusion ou de djent qui aime qu'on sorte (un peu) des sentiers classiques. Un album qui a énormément compté pour la scène "Djent" d'aujourd'hui.

A écouter : Scent of the Obscene, Tupelo, Pussyfoot, How May I Help You?