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Biographie

Seven Sisters Of Sleep

Seven Sisters of Sleep voit le jour en 2009 sur les cendres de Tafkata, The Arm&Sword et Bastard God. Signé sur le label A389 Recordings, le groupe sort un premier album éponyme en 2011. Suivent ensuite plusieurs EP et splits avec Children of God, Shaman's Owl et Ilsa. En 2013, Opium Morals, deuxième LP de la formation marque la fin de leur collaboration avec le label de Baltimore. C'est en effet sur Relapse Records que sort en 2016 leur troisième production, Ezekiel's Hags.

Intégrant de multiples influences (Death, Doom, Stoner, Hardcore...) le Sludge des Californiens vient chercher son inspiration dans "le cannabis et le Diable" dixit Brian Thomas, le batteur de la formation.

Chronique

16 / 20
1 commentaire (14.5/20).
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Ezekiel's Hag ( 2016 )

Le groupe décline toute responsabilité quant aux conséquences qu’un headbanging non contrôlé pourrait causer (entorse cervicale, hématome cérébral…). A l’heure où le moindre gobelet de café semble désormais devoir mentionner le risque de brûlure, voilà peut-être le type message qui sera un jour imposé afin de prévenir le primo auditeur d’Ezekiel’s Hags de l’imminence et de la violence de l’impact qu’il s’apprête à subir. Jones, serment ultraviolent d’allégeance au Malin ouvre ainsi avec la puissance d’un pachyderme sous stéroïdes lancé en plein sprint la messe païenne œcuménique dans laquelle Seven Sisters of Sleep nous entraîne.

L’alliance des antagonismes. Nulle autre description ne semble plus adéquate pour décrire le son de Seven Sisters of Sleep tant les énergies contraires sont à l’œuvre tout au long de la cérémonie ésotérique crasseuse (faut-il rappeler que « sludge » signifie « boue » en anglais ?) qu’est Ezekiel’s Hags. Tels des amers, les guitares apportent de la continuité au travers riffs emblématiques et de lignes mélodiques à l’envoûtement chamanique desquelles on finirait fatalement par succomber si la section rythmique n'était pas si farouchement déterminée à nous arracher à cette rêverie opiacée. Élément phare de la musique du quintet, sa versatilité schizophrénique transforme en un instant les passages les plus lourds en moments de pure folie frénétique. Gutter ou Sacred Prostitute, parfaits exemples de cette instabilité, ne sont ainsi pas sans rappeler, dans un style pourtant très différent, The Dillinger Escape Plan. Au milieu de ce chaos, le chant n’en est pas moins en reste. Parfaitement en phase avec les changements de pulsation imposés par ses partenaires, Tim MacClary s’évertue de son côté à explorer les 50 nuances de growl. Prey est ainsi certainement le titre qui illustre le mieux ces oppositions, tout le relief du morceau étant apporté par les variations rythmiques alors que, imperturbables, les guitares développent leur lente, implacable et enivrante mécanique.

Convoquant toutes les forces de l’occulte, le Sludge des Californiens est donc le fruit d’une étrange mixture de Death, de Black, de Doom ou encore de Stoner démontrant la volonté du groupe de laisser s’exprimer toutes les influences se présentant à eux. Porté par une production monstrueuse, Ezekiel’s Hags explore les mille et une manières de martyriser nos tympans et joue avec nous comme le ferai sadiquement un enfant avec une marionnette, désarticulée et à nul moment maître de sa destinée. Boîte de Pandore des musiques extrêmes, ce troisième LP n’est pas pour autant le patchwork indigeste que l'on pouvait craindre. Sous l’effet d’une obscure alchimie, il fait même preuve d’une incroyable cohérence dans son éclectisme.

Évitant avec brio l’écueil de l’anti « less is more » qui, à vouloir trop en faire, en viendrait à n’être qu’un maladroit pastiche, Seven Sisters of Sleep nous livre ici une des claques de ce début d’année.

A écouter : Jones, Gutter et tout le reste !