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Biographie

Serpent Column est un duo assez confidentiel de Black Metal, étayé de multiples influences. Le groupe fait son apparition pour la première fois en 2017 avec Ornuthi Thalassa (signifiant "Rise, Ocean"). Après une sortie numérique en indépendant dans un premier temps, c'est finalement Fallen Empire Records qui édite ce premier effort en vinyle. Basé sur la philosophie mais aussi sur des récits tels que l'Iliade, Ornuthi Thalassa compte une bonne partie de ses textes chantée en Grec Ancien. Fin 2018, c'est au tour d'Invicta de paraître, figurant parmi les derniers albums édités chez Fallen Empire Records.

Invicta ( 2018 )

La bouche encore lacérée par leurs guitares coupantes et froides, on aura tout juste eu le temps de panser les plaies causées par les Américains il y a un an. Ornuthi Thalassa étourdissait de son Black Thrashisant, voici venir un Invicta aux mille têtes. Et quelle entrée en matière qu’Asphodel

À la guitare, les rythmiques sont moins Thrash et surtout plus imprévisibles, changeantes. Serpent Column est tout aussi bouillonnant qu’avant mais cette fois s'étend dans ses plans, laisse respirer ses notes plus longtemps. On parlerait même de suspense, car on découvre dès  le premier titre que les passages acoustiques peuvent faire irruption n'importe quand. Ils durent, laissent place au silence, font croire à un retour du vacarme qui n'arrivera jamais au moment attendu. 

Serpent Column est plutôt Black Metal par saveur, par la couleur de ses guitares. La forme elle est Prog, très instrumentale et vivace, avec pour essence la surprise et l’instabilité. La batterie, habituellement ciment immuable et fondations solides, dépeint au même titre que les six-cordes une fresque chaotique, un tableau sans cesse changé sous les coups d’un peintre fou à lier. On aura ainsi plaisir à trouver une sortie accueillante au bout du labyrinthe avec la montée lumineuse de Aedis Invia qui soulagera les voyageurs éreintés, ballottés de toutes parts. 

Il y a de quoi se perdre, agréablement, dans cette trentaine de minutes survoltées. Le duo évite avec élégance la redite tout en affirmant son identité de musiciens encore plus indomptables. Quel plaisir de se faire malmener.

L'album est en téléchargement à prix libre sur bandcamp.

15 / 20
2 commentaires (15.5/20).
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Ornuthi Thalassa ( 2017 )

Coutumier du fait, Fallen Empire Records a une nouvelle fois rendu possible l’émergence d’une formation Black Metal quelque peu à la marge qui méritait de dépasser le simple circuit souterrain. Focus aujourd’hui sur Serpent Column et son Noir Metal abâtardi.  

Ornuthi Thalassa ne se cache pas derrière son petit doigt, lâchant immédiatement son auditeur dans un bain bouillant de riffs entremêlés, empruntant les coups de médiator corrosifs du Thrash. Les deux musiciens ne semblent pas tenir en place, rendant les premières écoutes déstabilisantes tant Serpent Column pratique un Black protéiforme et sans temps mort. Les Américains évoquent Vektor pour leur vélocité et l’enchaînement hyperactif des mouvements, ou encore Nadra pour ses guitares bien en avant. Vitesse et abondance sont les deux mots d’ordre de ce premier effort chaotique, mettant en scène des six-cordes et une batterie boudant autant que possible les schémas classiques et répétitifs. En tendant l’oreille, on percevra dans la furie du combat des incursions Prog, Thrash Technique, Black moderne, par soubresauts furtifs. 
Tout un programme, et comme nos intéressés du jour ont semble-t-il une myriade de bons riffs à déballer, pas question de traîner. Malgré un album relativement court (36 minutes), les six libations nourrissent leur homme à ras-bord, laissant pour seul véritable répit l’interlude Theasis qui arrive à point nommé après l’entrée en matière Biogony I&II, franchement pas de tout repos. 

Le risque avec ce genre de disque labyrinthique est bien sûr de perdre le cap tout en risquant l’overdose côté audience. Serpent Column parvient à consolider quelques motifs qui resteront en mémoire (comprendre : qui durent plus qu’une simple poignée de secondes) sur Men Of The Polis par exemple, mais pourra laisser sur le bord du chemin les moins persistants. Pas facile de poser ses repères sur cette musique à cent à l’heure, et de ce côté, la seconde moitié du brûlot est plus clémente lorsque Feldweg et Feuersäule désencombrent l’espace pour exposer des élans Black plus étendus, aérés et digestes. 
Ornuthi Thalassa est de ces œuvres sans détours qui méritent plusieurs passages sur le billot pour être pleinement apprivoisées et appréciées. Espérons malgré tout que cette première offrande (tout de même assez homogène) ne soit pas l’unique coup de poker que nous réserve le duo et que celui-ci saura se renouveler efficacement. 

A l’heure des formations dissonantes, orthodoxes, j’en Post et des meilleures, Serpent Column trace sa route toutes voiles dehors, disséminant quelques unes de ces tendances dans son sillage faussement bordélique. Nos Américains ont les cartes en main pour faire la différence dans le BM Game, et c’est bien tout le mal qu’on leur souhaite. 

A écouter : Men Of The Polis, Feuersäule