Si on vous parle d'un groupe de Metal à chanteuse comptant dans ses rangs l'ex batteur de Delain et l'actuel claviériste de Sonata Arctica, à quoi pensez-vous ? On peut s'imaginer une sorte d'Epica-like ou de Nightwish-bis, quelque part entre Symphonique et Power Metal, de grosses orchestrations... Ou bien, il y a Secret Rule, qui propose avec Machination une alternative aussi créative que maladroite.
Les Italiens sont en effet relativement éloignés des clichés du genre. Angela Di Vincenzo a une voix mélodique mais pas lyrique, faisant penser aux derniers Within Temptation ou à Delain plutôt qu'à Tarja. Les compositions gagnent ainsi en énergie, tout en laissant aussi des ouvertures vers des titres plus calmes comme la très réussie power-ballade The Image. De plus, le groupe est sobre en terme d'arrangements. Ici, pas d'orchestre philharmonique, ni réel ni au clavier, pour proposer des envolées lyriques et grandioses. Le rôle de Henrik Klingenberg aux synthés se cantonne à quelques riffs lead avec des sons très électroniques, à d'occasionnels solos (celui de Short Stories est très bien trouvé), mais la plupart du temps à de simples nappes d'accompagnements. Ce n'est pas dommageable en soi car les guitares sont mises en valeur dans le mix (par exemple sur le très bon riff d'intro de Short Stories qui fait penser à The Prince Of The World d'Heavenly). C'est encore un point marqué en originalité par rapport aux standards du genre, misant habituellement beaucoup sur le chant et les samples symphoniques.
Mais l'album est aussi truffé de défauts, qu'on pourrait résumer en une maladresse généralisée. Le chant est souvent tourné très bizarrement, on en vient à le trouver désagréable sans qu'il ne sonne faux ni que la voix soit moche, comme dans le pont de I Will ou les refrains Short Stories. La découpe du phrasé des refrains de Foolish Daisy et de The Saviour pourrait être repensée pour que ces passages soient plus efficaces. Les rares growls sont beaucoup trop répétitifs pour être interessant (Foolish Daisy).
En évitant quelques pièges du registre Mélo/Sympho, Secret Rule tombe dans d'autres. Certains titres se veulent accrocheurs, et c'est parfois réussi (refrains de Ex-Machina ou de You're The Player), mais quelques pistes vont trop loin dans la facilité. Les refrains très "gnagnagna" de Your Trap sont insupportables, le morceau I Have The Sun est tellement déjà-vu qu'il est inintéressant dès la deuxième écoute, et le mid-tempo The Image est gâché par un pont en mode Spice Girls.
Enfin, on peut aussi reprocher quelques choix malheureux au niveau des claviers. Le riff principal de Your Trap a un son électronique tout à fait dégueulasse, et les sons bruitistes originaux de l'intro de Ex-Machina finissent par lasser alors qu'ils envahissent la suite du morceau. Quant aux quelques instruments classiques de la ballade A Mother, ils doivent être émulés par un synthé Playmobil ou une MegaDrive pour sonner aussi mal.
Machination n'entrera donc clairement pas dans les annales. Mais Secret Rule, pourquoi pas ? On sent bien leur potentiel à ne pas suivre les codes établis par tant de groupes mélodiques dits "à chanteuse". En rectifiant les graves défauts de cette production, un prochain album des Italiens pourrait bien se révéler une option intéressante pour renouveler ce genre.
A écouter : si vous êtes très très très fan de Metal Mélo/Sympho