logo Potence

Biographie

Potence

Originaire de Strasbourg, Potence prend forme autour d'anciens et actuels Daïtro, GeraniümBlack Code et Human Compost, s'orientant vers un mix entre Screamo et Crust / Hardcore. Après une première Demo en 2015, l'album L'Amour Au Temps De La Peste arrive 2 ans plus tard, suivi d'une tournée avec Jeanne.

16 / 20
1 commentaire (14/20).
logo amazon

Cinq Ann​é​es De Nuit ( 2024 )

Il aura fallu ces cinq ans depuis Le Culte des Bourreaux avant de pouvoir entendre son successeur. Autant de mois, de jours et d’heures pendant lesquelles certains et certaines ont subi, perdu, se sont retrouvés à terre, sans réelle bouffée d’air. Constat fataliste, mais quand on se prend en pleine poire Cinq Années de Nuit, on comprend que Potence n’a que peu d’espoirs. Encore moins qu’avant.
On dansera sur vos ruines, s’il en reste. Potence se fait berceau de désillusions (« Le Monde d’Après »), s’enferme dans un étouffoir (« Nombrilisme et Décadence ») et se fait braillard, avec un son ultra agressif (« Nouvelles Normes en Vigueur ») qui peut tellement décourager de vouloir l’apprécier.
Parce que c’est l’un des défauts de Cinq Années de Nuit : son côté grinçant, abrasif. La prod de Le Culte des Bourreaux était moins virulente, même si on les tonalités sonores de Potence n’ont au final pas changé. Ici, c’est brut. Le message et le contenant.
C’est ce qui fait de ce nouvel album un disque qu’il m’a été douloureux d’accepter et d’apprécier pendant plusieurs semaines. Parce qu’il est plus brut, que les paroles semblent te plonger la tête sous l’eau, parce que l’environnement dans lequel j’étais ne s’y prêtait pas. « Les romans d’anticipation c’est dépassé » qu’ils disent.

Si tu aimes le combo Crust / Screamo, Ici tu as les deux, un peu plus à chaque écoute. Le très bon « Meurs et Ressuscite Encore » illustre le tout : un chant hurlé sur le côté larmoyant, une partie instrumentale qui flirte entre les deux (alternance entre des passages à fleur de peau et un côté bien lourd) et des paroles qui emballent un mal-être d’un joli papier cadeau.
« Chaque soir dans la tombe. Dans la tombe.
Chaque jour, je traîne mon cadavre jusqu’au soir
Mon cerveau est froid, je ne suis plus qu’une vieille machine
Et pourtant, chaque fois, je ressuscite et je revis un peu
 »
On pourra reprocher des noms de titre un peu faciles (« En Marche Arrière » ou « Le Monde d’Après »), mais le côté cash du combo fait parfois du bien : « Crève, parodie de République, crève » qu’ils crient à la fin.

Autant sur les deux opus précédents, on pouvait avoir quelques temps morts, passages plus posés, autant Cinq Années de Nuit ne prend même plus la peine de vouloir nous ménager. Même lorsqu’on prend le « Influencé/Manipulé...Répéter » ou « Le Monde d’Après » et son mid-tempo, le chant d’Aurel préfère te piétiner jusqu’à la fin que t’accorder un véritable répit. Ca part parfois instrumentalement dans tous les sens, avec des cassages de rythme récurrents (« Nombrilisme et Décadence », pour lequel je trouve un côté Black Metal sur sa fin) mais la musique garde comme un fil rouge tout du long, étouffant parfois le chant.

Je pensais avoir encore un peu d’espoir, mais au final me reste juste la potence.

16.5 / 20
0 commentaire
logo amazon

Le Culte Des Bourreaux ( 2019 )

Il sera venu sans s’annoncer ce nouveau PotenceLe Culte des Bourreaux c’est donc un artwork de Hugues Pzzl, à qui l’on doit déjà ChaviréShockWoodwork, … et surtout huit nouveaux titres plus qu’ancrés dans une morosité ambiante propre à l’évolution sociétale actuelle.
Du « Chat de gouttière » au « Charlottesville » au ton bien défaitiste, Potence conte un monde bien triste. « Rien ne change » clame « Les spores sont morts depuis trop longtemps » tandis que « Lâcher Prise » scande « Vous pouvez flatter vos égos à vous croire ailleurs que ceux d’en face, mais il n’en est rien » : les textes baignent dans une mer de déception qui rappelle l’attitude de Belle Epoque ou à nouveau Daitro, tandis que la partie instrumentale lorgne bien plus vers un Hardcore à nouveau proche de Jeanne ou Vlaar, mais aussi les Espagnols de Tenue.

Rien à redire, sur l’ensemble Potence s’évertue à offrir autre chose qu’une redite de L’Amour Au Temps De La Peste : au travers de l’interlude « A bientôt, j’espère » qui rappelle que les luttes actuelles sont plus bien anciennes qu’on le croit (et évoque un titre de Microfilm), mais aussi « Lâcher Prise » qui ralenti son tempo et offre de belles lignes vocales (dans la plus pure tradition spoken-words Emo), mais aussi l’intro de « Le Cid » (et son jeu de basse parfait sur la suite).

Sur Le Culte des Bourreaux, Potence garde pourtant un fil conducteur qui semble l’animer depuis sa Demo, mais semble gommer les aspérités qui m’avaient freinées sur l’album précédent.
Gros travail de composition (« Rien ne change ») qui illumine Potence ici, qui donne à ce nouvel opus un ton bien plus digeste à mon sens que L’Amour Au Temps De La Peste. Potence me fait donc adhérer à cette nouvelle mouture qui offre une richesse de sonorités plus vaste qu’en 2017.

13.5 / 20
0 commentaire
logo amazon

L'Amour Au Temps De La Peste ( 2017 )

Je l’aurai attendu ce Potence, avec L’Amour Au Temps de la Peste. Sorti à quelques heures près en même temps que le split de Géranium et le premier opus de Jeanne, ce disque devra reprendre le rythme ravageur de la Démo (à laquelle il emprunte trois titres) s’il estime pouvoir s’imposer avec autant de ferveur.
En se laissant porter par ces rythmes, on (re)découvre un mélange entre Hardcore / Crust et quelques soupçons de Screamo. Un bien bon mélange sur le principe, sachant que l’on retrouve en plus le songwriting de Daïtro. On pourrait ne rien demander de plus, mais justement, c’est l’écueil majeur de L’Amour Au Temps de la Peste : n’offrir que peu de choses en sus que cet enchevêtrement, cette hydre musicale qui assimile les différents aspects de groupes originels : Daïtro (notamment sur « Le Conte du Fascisme Ordinaire »), Géranium ou encore Black Code. Ecrasé entre ses références, Potence est tiraillé, meurtri, et mis à mal à chaque titre. Difficile de ne pas faire la parallèle avec Jeanne, de ne pas avoir envie d’y retrouver les mêmes choses. Potence a pourtant capté l’essence de ce que l’on peut attendre ; Un engagement musical , des arpèges amenant ces éclats de fougue sans jamais délaisser une poésie ambiante au travers notamment du choix des mots. En creusant, j’y retrouve même quelques sonorités proches du dernier Nine Eleven (sur « L’Amour Au Temps de la Peste » notamment) ou du Bis Deine Hülle Bricht de Kishote.

Loin d’être lié à un constat sombre, ce disque a pourtant de belles idées : outre le titre déjà évoqué - qui reste à mon sens le point central de l’album - il faut compter sur « La Leçon du Pointeur de Doigt » ou « Cercle Vicieux, Eternel Retour » pour faire vibrer, retrouver des thèmes politico-sociaux, scander quelques mots en c(h)oeur. A défaut de le toucher, Potence l’effleure, y fait germer quelques sensations qui reviennent, pour certaines enfouies depuis quelques années.

« Y’a trop de gens qui ont mal à la tête,
Y’a trop de gens qui parlent plus haut que leur voix
Y’a trop de gens qui ont peur de leurs ombres,
Y’a trop de gens qui n’aiment pas, qui n’aiment rien
Y’a trop de gens qui croient savoir mieux que toi »


Malheureusement, en se retrouvant un peu le cul entre deux chaises, L’Amour Au Temps de la Peste n’arrive à trouver de position assumée permettant d’apprécier le disque à sa juste valeur. Potence semble y mettre du coeur, mais il manque un truc pour arriver à capter l’attendu espéré de ce premier opus, même si l’essentiel est là au travers de titres forts comme « Le Conte du Fascisme Ordinaire ». Ou peut être est-ce moi qui reste bloqué sur des attentes passéistes …

A écouter : Le Conte du Fascisme Ordinaire