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Biographie

Portishead

  Portishead naît en 1991 de la rencontre entre Beth Gibbons (chant) et le multi-instrumentiste Geoff Barrow. S’appuyant sur l’expérience tirée de sa participation en tant qu’assistant durant l’enregistrement de l’album Blue Lines de Massive Attack, mais aussi ses collaborations avec Tricky, Geoff Barrow est prêt à élaborer le premier album du groupe. Pour ce faire, il intègre au sein de Portishead (référence à sa ville de naissance) le guitariste venu du jazz Adrian Hutley, ainsi que l’ingénieur du son Dave McDonald.
  La formation signe son premier contrat et sort Dummy en 1994. L’album rencontre, à leur grande surprise, un énorme succès auprès du public, et reçoit de nombreux prix. Les britanniques reviennent trois ans plus tard avec un album éponyme, puis PNYC en 1998, album live capté au Roseland Ballroom de New-York en compagnie d’un orchestre de plus de 35 musiciens.
  Beth Gibbons décidera ensuite de prendre un peu de recul vis-à-vis de ses collègues, et publiera en 2002 Out Of Season en duo avec Rustin Man aka Paul Webb, qui n’est autre que l’ancien bassiste de Talk Talk. Depuis lors, des rumeurs insistantes laissent entrevoir une possible sortie d’un nouvel opus de Portishead, chose que le groupe dément en 2004 via son site officiel. Mais au printemps 2006, Geoff Barrow annonce que des titres sont en cours d’écriture, ravivant ainsi l’espoir de leurs nombreux fans.

Chronique

18 / 20
22 commentaires (13.93/20).
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Third ( 2008 )

Il aura fallu attendre 10 ans pour tenir entre les mains le nouvel album de Portishead. 10 années pendant lesquelles le groupe aura laissé planer le mystère, car depuis 2003 des rumeurs circulaient sur ce disque, d’abord nommé Aliens. Third, sous ce nom si simple à l’image de son artwork, nous offre 11 nouveaux morceaux du trio tant attendu. 

Le trio a bien profité des années pour travailler ses compositions, comme ce Nylon Smile avec ses quelques notes de guitare épaulant ces percussions étouffées, ou ce Machine Gun aux consonances électroniques résonnant telles les balles de cette arme meurtrière… Mais Portishead livre avant tout un album lointain, éploré, où la poésie s’entremêle avec la douleur pour ne former que des morceaux où la voix résonne comme une supplique sans espoir. Parfois hésitante (sur Magic Doors par exemple), parfois lointaine (We Carry On), la voix de Beth Gibbons a gardé cet aspect fragile, cristallin, qui faisait son charme sur les précédentes œuvres du groupe. Geoff Barrow et Adrian Utley, quant à eux, ne sont pas en reste avec ce sentiment de désuétude sur chaque morceau, mais loin d’être négatif, une volonté d’aller à l’essence même de la musique se ressent, comme si seul les émotions étaient essentielles et non la forme qu’elles prennent. Les notes se veulent tantôt trébuchantes (Small), à l’image d’un athlète en équilibre précaire sur des échasses, menaçant de chuter à chaque instant, tantôt maitrisées et presque hypnotiques (la partie rythmique sur Silence, presque tirée d’un vieux film par cette sonorité cotonneuse ou les notes de guitare frémissantes débutant The Rip). 

On retiendra surtout des morceaux à l’apparence simpliste, tels The Rip ou Silence, mais au final terriblement efficaces. Sans aller jusqu’au minimalisme, Portishead livre toujours cette formule si légère et mélancolique. A la fois complètement hétéroclite et homogène, l’auditeur peut découvrir des compositions musicalement très différentes mais transmettant le même sentiment de fragilité, d’innocence perdue… Sur près de 50 minutes se côtoient 3 musiciens oubliant leur individualité pour se focaliser sur leur but : la musique, sincère, brutale dans sa robe de soie, enrobée d’un voile de mousseline pour épargner l’oreille de ce désespoir séduisant…

Portishead fait un retour fracassant, livrant aux oreilles impatientes 11 morceaux majestueux. 10 ans n’auront rien été pour le groupe, qui a su garder son talent de composition, tout en sachant se renouveler musicalement. Mélancolique est quasiment le seul mot venant à l’esprit lors de l’écoute de Third, mais on ne saurait rester ainsi à l’écoute de ce séduisant océan de fragilité pastel…

A écouter : Sous un ciel pluvieux...