Biographie

Pinkshinyultrablast

Pinkshinyyultrablast, nom d'un album d'Astrobrite, est aussi celui d'un jeune groupe russe influencé par le Krautrock, Stars of the Lid ou encore My Bloody Valentine. Composant avec les galères et le manque de moyens, c'est finalement vers le shoegaze que se dirige la formation pour son surprenant premier EP sorti via Oddbox Records en 2009: Happy Songs for Happy Zombies. Le quatuor originaire de Saint Pétersbourg travaille actuellement sur son premier album.

Chronique

15.5 / 20
1 commentaire (15/20).

Happy Songs for Happy Zombies ( 2009 )

Il est des genres confidentiels qui refusent de mourir. Quand bien même peu de d'artistes s'en souviennent, il semble qu'il y ait toujours quelqu'un pour raviver la flamme. Venu de la lointaine Fédération de Russie, Pinkshinyultrablast est de ceux là car il ramène toute une époque d'entre les morts pour nous proposer une musique... d'un autre temps, forcément. Il existe même un terme germé dans l'imagination d'un critique du siècle dernier pour la décrire: Shoegaze. Le mot magique.

Pourtant quiconque viendra contester cette mise en bouche en arguant que le shoegaze n'a jamais vraiment disparu aura raison. En effet le genre qui ne concernait qu'une poignée de jeunes gens à son apparition en Angleterre au bout des années 80 a su subsister discrètement tout ce temps, influençant des dizaines de groupes de manière diffuse, entretenu par quelques illuminés passionnés, dissimulé au sein de productions aux prétentions moins monomaniaques.
Ce qu'il faut entendre (et il le faut!) ici c'est bien que les Russes avancent à reculons vers les fondements d'un genre que l'on a surtout vu évoluer depuis 15 ans. Happy Songs for Happy Zombies renoue avec une pop mal dans sa peau, triturée, jouée la tête dans les enceintes et que l'on n'évoquait bien souvent qu'au passé ces dernières années. Celle que délivraient Ride et consorts alors qu'ils n'avaient pas atteint la vingtaine et qui révolutionna l'air de rien la musique des années 90. En quatre titres les Pétersbourgeois dépoussièrent un art tout britannique de faire mugir les guitares le regard perdu dans le vide retranché derrière une tignasse négligée, de se faire oublier au milieu d'un brouillard sonore mené par une basse hypnotique sur des formats courts. Définitivement rock, Pinkshinyultrablast tient autant de l'alliage énergie rythmique/fragilité vocale de Lush (Blaster), que de la délicatesse de Ride (Honeybee) ou de la pop mi-rêveuse mi-furieuse qu'ont pu délivrer The Boo Radleys du temps d'Ichabod & I (Deerland, Ode to godzilla). C'est tellement évident qu'il n'y a rien à y redire.

Par ses mélodies de guitares qui se trainent et s'entrelacent, sa rythmique obnubilante et les doux murs sonores qu'il érige Happy Songs for Happy Zombies rouvre un temps une parenthèse que l'on aurait pu croire définitivement fermée. Pinkshinyultrablast, dans la plus pure tradition du shoegazing, en a décidé autrement et accouche d'un EP d'une fraicheur intacte jouissif sur plus d'un point. Rien, absolument rien de nouveau depuis 20 ans et c'est justement pour cette raison que cet EP rétro est si bon, n'en déplaise aux adeptes du renouvellement continuel. Puissent maintenant les quatre russes connaitre une suite de carrière un peu moins anonyme que leurs pairs en leur temps et développer leur manière de faire sonner 1990... avec deux décennies de décalage. C'est tout le bien qu'on leur souhaite.

A écouter : les quatre titres