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Biographie

Pestilence

Pestilence se forme aux Pays-Bas au milieu de l'année 1986 en tant que groupe de Thrash Metal. Le line-up est à la base composé de Patrick Mameli (guitare, chant), Randy Meinhard (guitare), et Marco Foddis (batterie). Après la première démo Martin van Drunen (basse, chant) rejoint le groupe. Fort de deux démos, Dysentery (1987) et The Penance (1987) qui possèdent une sonorité oscillant entre Possessed et Sepultura, Pestilence signe son premier album studio, Malleus Maleficarum, en 1988 chez RoadRunner Records. En 1989, le groupe enregistre son second album, Consuming Impulse, qui marque un tournant vers le Death Metal. Plus tard, le chanteur et bassiste Martin van Drunen quitte le groupe pour rejoindre Asphyx. Pendant l'enregistrement de leur troisième album studio, Testimony Of The Ancients (1991), ils engagent Tony Choy, qui, en ce temps, était membre du groupe de Death Technique Cynic. Tony Choy, qui n'est pas un membre permanent du groupe, quitte ce dernier pour revenir en Floride pour finalement rejoindre Atheist. À cette même période, Pestilence engage Jeroen Paul Thesseling. Au fil du temps, les membres de Pestilence s'orientent vers un autre genre musical, principalement le Jazz Fusion que le groupe incorpore à son Death Metal. Le quatrième et dernier album du groupe, Spheres est commercialisé en 1993. En 1994, RoadRunner fait paraître un dernier CD : un best-of intitulé Mind Reflections, composé des pistes de tous leurs précédents albums, en plus d'une piste rare intitulée Hatred Within (à l'origine parue dans les compilations Teutonic Invasion Part II) et six chansons live enregistrées au Dynamo Open Air Festival de 1992. En 1998, Displeased Records réédite leur premier album Malleus Maleficarum qui à l'origine n'est jamais paru en Europe, accompagné de leurs premières démos.
Une longue période d'inactivité prend fin en janvier 2008 lorsque le chanteur/guitariste Patrick Mameli annonce sur le site Blabbermouth le retour de Pestilence. Le nouveau line-up se compose de Mameli au chant et à la guitare, de Tony Choy à la basse, et de Peter Wildoer à la batterie. En 2008, Pestilence décide d'écrire un nouvel album prévu pour 2009, aux côtés du producteur danois Jacob Hansen, Resurrection Macabre, il s'agit là de leur premier album original depuis Spheres en 1993. En mars Patrick Uterwijk rejoint le groupe en tant que second guitariste, cependant il n'a pas participé à l'enregistrement du nouvel album. En octobre 2009, Jeroen Paul Thesseling rejoint Pestilence, remplaçant Tony Choy à la basse. En mars 2010, les Hollandais annoncent leur première tournée aux US après 16 ans d'absence, qui débutera au Maryland Deathfest le 30 mai 2010. Le groupe sort un nouvel album intitulé Doctrine en avril 2011. Le 22 février 2012, Patrick Mameli annonce le départ de Jeroen Paul Thesseling et de Yuma van Eekelen. Thesseling est remplacé par Stephan Fimmers (Necrophagist), et Van Eekelen par Tim Yeung (Morbid Angel, Divine Heresy, All That Remains, Hate Eternal). Le dernier opus en date date de 2013 : Obsideo

Chronique

Spheres ( 1993 )

La décennie 90 aura vu l'explosion du Death Metal, et si le genre a pris racine chez les 'ricains de Possessed ou Death, le vieux continent n'a pas été épargné. De l'engouement à l'overdose d'ailleurs, tant et si bien que rajouter son grain de sel représentait forcément une valeur ajoutée. Prenons les mecs de Gothenburg qui ont décidé de lancer leur propre école, ou bien certains de leurs compatriotes qui s'amusaient avec des pédales Boss HM2 pour sonner plus gras que gras. Pendant ce temps là ailleurs en Europe, nos gaziers de Pestilence forts de leurs trois premiers méfaits s'affairaient eux à déballer une facette plus technique et virtuose du genre. 

Focus de Cynic est lui aussi sorti en 1993, certes ça te fait une belle jambe mais cette précision n'est pas innocente. Car Spheres et Focus adoptent tous deux une approche relativement nouvelle et ambitieuse du Death Metal, se focalisent sur des thèmes touchant à la métaphysique, la perception, à des univers parallèles ou inconnus... pas de quoi se faire traiter d'intello mais on n'en est pas bien loin. La différence majeure est que l'un des deux disques trouve encore un écho assumé vingt ans plus tard, chez Veil Of Maya pour son nom ou Obscura musicalement, parmi tant d'autres formations.

On ne reprochera certainement pas à Pestilence de ne pas avoir été aventureux quoi qu'il arrive. Proposer à l'époque un mélange de Death Metal auquel viennent se greffer des plans Jazz n'était pas monnaie courante et la surprise est de taille lorsque l'on lance Mind Reflections. Du contretemps, une basse très présente, cette ballade sur le manche à la fois inattendue et assez groovy, adieu la zone de confort de Testimony Of The Ancients. Les guitares hachées de Multiple Beings, Level Of Perception et autres seront du même tonneau, mélangeant mouvements et technicité Death Prog, accompagnés de claviers qui (au moins dans l'intention) créent un climat plus atmosphérique ou épique selon les passages, le tout surplombé par Patrick Mameli et sa voix à situer quelque part entre Obituary, Death et Autopsy
Tout un programme qui malheureusement peine à aboutir, et c'en est presque rageant. Démasquons sans plus attendre l'ennemi numéro 1, a.k.a. la production catastrophique allouée à cette sortie, signée Roadrunner tout de même ! En dehors d'une belle mise en valeur de la quatre cordes, l'instru laisse clairement à désirer entre les guitares au ton franchement sinistre et boueux et des claviers sans aucun mordant (surtout si l'on a écouté Nocturnus trois ans plus tôt). Un véritable gâchis qui ne rendra pas justice à des compos déjà fort chargées. Car oui, on a comme l'impression que Pestilence a voulu nous en mettre plein la vue jusqu'à tomber dans l'indigeste malgré un potentiel bien présent.

Difficile donc de se montrer totalement négatif envers cet album qui souffre d'un trop plein d'idées mal agencées. Soul Search par exemple démarre fort avec son intro musclée laissait présager une grosse baffe qui ira se perdre finalement dans la cacophonie. Personal Energy en revanche se démarque par ses détours plus calmes permettant de distinguer facilement les subtilités du morceau. Et ce sont en définitive ces moments limpides qui sauvent partiellement la mise, comme le solo plutôt chaleureux du morceau titre qui fera oublier quelques instants ces guitares qui traînent péniblement la patte, faute d'intensité et d'un son au moins correct. 

Avec un peu de recul, Spheres n'est sans doute pas l'album que l'on recommanderait d'écouter en premier lorsque l'on s'attaque à la discographie du quatuor. Néanmoins en dépit de ses couacs, l'oeuvre  aura contribué avec d'autres à ouvrir des portes à des héritiers au moins aussi barrés (Gorguts, Necrophagist, Obscura...). Pestilence n'aura pas été en reste question prise de risque, et rien que pour ça, ce quatrième opus vaut bien une écoute.