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Biographie

Persefone

Fondé en octobre 2001 et originaire de la principauté d’Andorre, Persefone est un groupe de Death Metal Progressif, proposant une musique complexe et technique.

Carlos Lozano Quintanilla (Chant / Guitare), Miguel Espinosa (Chant / Clavier), Jordi Gorgues Mateu (Guitare), Toni Mestre Coy (Basse) et Xavi Pérez (Batterie) commencent à jouer un Death-Metal qui incorpore des passages progressif et acoustiques. Influencés par Dream Theater, Opeth, Arcturus ou Symphony X, Persefone enregistre son premier album en 2004, Thruth Inside The Shades chez Soudholic Records et Adipocere Records. Le groupe travaille ensuite sur son second opus avec deux nouveaux membres, Aleix Dorca Josa comme batteur et producteur et Marc Martins Pia au chant. Core se divise en trois actes d'une vingtaine de minutes dans lequel Perséphone, la déesse grecque des enfers part en croisade. Il est distribué en 2006 par Soundholic Records en Asie, mais au printemps 2007 par Burning Star Records.

Après plusieurs concerts en Europe, Persefone entame la composition de leur troisième album, se focalisant sur le thème des samourais, leur mode de vie et leur philosophie. Marc Mas Marti remplace également Aleix Dorca Josa derrière les fûts. Quatre mois de travail est nécessaire pour accoucher de Shin-Ken qui est produit par Tommy Hansen (HelloweenPretty Maids) et distribué par Kolony Records et Core Music Records. En mars 2010, Persefone tourne avec Obituary et partage l'affiche de festivals européens comme le Hungary Fest ou le Dong Open Air.

16.5 / 20
14 commentaires (16.29/20).
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Aathma ( 2017 )

Tu avais adoré Shin-Ken. C'est bien. Tu es une personne de goût. Mais tu te demandais comment les Andorrans pouvaient continuer à s'améliorer, et tu avais été impressionné par la maturité et l'évidence qui se dégageait de Spiritual Migration, véritable point culminant de la carrière de Persefone. Forcement, la question se pose à nouveau : à force de faire toujours mieux, comment ces gars-là peuvent-ils continuer sans faillir ? Il faut que je te prévienne : Aathma va te demander quelques efforts pour s'imposer comme un digne successeur à Spiritual Migration.


D'abord, l'approche musicale a évolué. Même si l'ensemble reste bien sûr logique par rapport aux précédents opus, le renouvellement de line-up (il y a eu un changement de batteur et d'un des deux guitaristes, depuis le dernier album en date) implique forcement une certaine mutation du style développé, autant sur le fond que sur la forme. Tu remarqueras par exemple une impression générale un chouillat plus confuse, une précipitation organique dans la façon de sonoriser les guitares. À l'exception des solos, bien entendus, qui restent toujours aussi inspirés et cristallins, exécutés avec maestria et mis en valeur par la production, à l'image de celui à la fin de Prison Skin. Tu pourras aussi noter le rôle de plus en plus prépondérant des vocaux clairs (la fin de No Faced Mindless, Living Waves, Prison Skin...). On évoquait la aussi forme : tu ne manqueras pas de te rendre compte que Aathma propose deux intros : une toute calme, qui pose une ambiance sombre (et avec du chant vocodé par Paul Masvidal himself, qu'on retrouve aussi plus tard dans l'album, dans Living Waves) ; puis une seconde, bien vénère, un instrumental court et efficace dans l'esprit de Flying Sea Dragons sur Spiritual Migration. Puisqu'on en parle, tu entendras aussi quelques guests, encore un procédé inhabituel pour Persefone. En plus des deux interventions du leader de Cynic, tu entendras aussi Merethe Soltvedt (chanteuse solo mais aussi dans le collectif Two Steps From Hell) sur Aathma, ainsi qu'un solo de guitare de Øystein Landsverk (Leprous), lui aussi sur le titre éponyme.

Tu seras dérouté, surpris. Peut-être déçu, initialement ? Non... Ne joue pas à ça avec moi, pas avec Persefone. En tout cas, pas assez déçu pour te replonger dans les deux albums précédents en faisant le deuil de ce nouveau voyage de l'âme (ah oui, "Aathma" vient du sanskrit "Atma", ce qui se traduit par "l'esprit immortel"). Non, tu voudras y croire, tu vas persévérer, et dès la seconde écoute tu te diras que ces différences ne sont pas "moins bien qu'avant", elles sont juste... eh bien, différentes. Elles ont le mérite de proposer un renouvellement du style des Andorrans, sans le dénaturer. Car l'écriture des titres de ce nouveau cru est toujours aussi jouissivement complexe et recherchée (en témoigne l'excellent Living Waves, qui fourmille d'idées au point de sonner comme quatre chansons superposées tout en restant cohérente), les émotions sont toujours autant privilégiées (j'appelle cette fois à la barre Stillness Is Timeless, dont le côté sombre et poignant réussit à développer une sorte de mélancolie pleine d'espoir et de beauté chez l'auditeur), les ambiances éthérées, relaxantes, sont toujours présentes pour aérer Aathma et rappeler qu'on écoute aussi Persefone pour s'élever, pour méditer consciemment (avec Cosmic Walkers et Vacuum)...

Ça y est ? Oui ? Il t'a fallu quatre ou cinq écoutes, mais ça y est, tu perçois le Persefone que tu espérais, toujours d'un niveau de génie étonnant, brillant d'un renouveau apporté par cette somme de détails qui a pu te déranger lors de la découverte d'Aathma. L'album est pour ainsi dire la suite logique de leur discographie, raffiné, élégant, éclairé. Tu le vois, maintenant.

A écouter : Living Waves, Prison Skin, Stillness Is Timeless, Aathma
16 / 20
1 commentaire (19/20).
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Spiritual Migration ( 2013 )

Bon je vais faire de mon mieux pour rester objectif et de ne pas trop me laisser emporter pour cette chronique. Persefone c’est un peu mes bébés chéris, ces types persévèrent depuis une douzaine d’années dans des albums forts et injustement méconnus malgré un travail sérieux et la passion pour la musique, la vraie. Pays d’origine trop insignifiant ? Mauvaise promo ? Tortillas au guacamole ? Nous ne saurons jamais la cause de cette non reconnaissance. Mais cela appartient, espère-t-on, au passé : les Andorrans ont décroché une signature chez Kolony Records (To Cast A Shadow, Tragodia) qui devrait leur assurer la visibilité qui leur manque pour tourner dans le monde entier, amasser assez de thune pour se payer des putes et de la coke et se vautrer dans le pop metal pour remporter l’Eurovision 2017.
J’ai hâte.

Il y a déjà quatre ans Shin-Ken marquait le renouveau de Persefone après deux superbes albums très conceptuels mais que l’on imagine difficilement jouables en live. Sans abandonner ce qui faisait l’essence du groupe, Shin-Ken évoluait dans la veine prog extrême mais sous un format plus classique, comprendre une quinzaine de titres épiques et à longueur variable entrecoupée d’interludes. Mais Shin-Ken n’aurait pas été Shin-Ken sans la forte thématique du Japon médiéval et du Bushido. Entre repos contemplatif et rage guerrière (réécoutez Rage Stained Blade nom de dieu !), l’immersion était totale, jouissive et m’avait personnellement ému, j’ai encore des boules dans la gorge quand il me prend de chanter à tue-tête la deuxième partie de Shin-Ken part 2 !

Tout ça pour dire que le challenge allait être corsé pour Persefone. Mais encore une fois la passion et le talent ont parlé et le groupe nous livre peut-être ZE album de la maturité même si les précédents opus suintaient déjà le savoir-faire et l’attention au détail.

Ce qui saute aux yeux, c’est d’abord la longueur totale de l’album qui avoisine cette fois-ci les soixante-dix minutes. Ils ont fait fort les cochons, on va voir du pain sur la planche pour décortiquer le tout, d’autant plus vu la richesse ultime du truc. C’est simple, y a des riffs dans tous les sens, des soli et des leads en veux-tu en-voilà, des rythmiques syncopées accrocheuses, du chant extrême et du chant clair bien plus présent et bien mieux exploité, du synthé quasiment omniprésent… J’ai bien dit richesse ultime. C’est un peu Shin-Ken puissance mille avec le thème de la vie, de la Nature et de la spiritualité qui remplace le Japon.

Le feeling des compositions est d’ailleurs globalement, voire carrément le même que sur Shin-Ken, ce que l’on regrette un peu tant on sent que le groupe a cette capacité de se renouveler et de proposer de nouvelles choses. Mais vous êtes pardonnés pour cette fois et c’est bien parce que Spiritual Migration propose tout de même son lot de gourmandes gourmandises.

Au hasard le premier titre, Mind as Universe, qui balance le bois comme il y a quatre ans avec un riff accrocheur et des mélodies qui virevoltent, soutenues par un jeu de batterie rageur et varié. Les incursions du chant clair se font naturellement et sont plus convaincantes que par le passé, ouf. On n’échappe pas non plus au duel de guitare / synthé présent depuis le début de la carrière du combo. On enchaîne avec The Great Reality qui nous explose littéralement à la tronche après une intro d’enfer. Le chant extrême est définitivement plus rageur et déploie une énergie qui fout un sacré coup de pied au cul. Un peu plus loin, les Andorrans nous dévoilent la facette plus progressive de leur musique avec une accalmie à la guitare clean. Encore une fois rien de nouveau mais ça transpire tellement la maîtrise et l’émotion qu’on se laisse prendre au jeu malgré le sentiment de redite.

En plus d’être un album riche, Spiritual Migration se révèle aussi être très ambitieux avec pas moins de quatre morceaux de près de 9 minutes (Consciousness Pt-1 et Pt-2 qui comptent pour un) qui comportent moult et moult retournements de situation et éléments marquants comme un refrain à scander (The Majestic of Gaia), un pont mémorable (Spiritual Migration, Inner Fullness), de superbes mélodies (Consciousness Pt-1 et 2 définitivement prog de chez prog)… le tout appuyé par une prod puissante et propre qui mise sur la puissance de frappe de la batterie. L’énergie et l’inventivité du groupe sont exploitées à 2000% et les trouzemille idées à la seconde s’enchaînent
avec brio. On retrouve également les interludes posées, non plus sous la forme de « books » mais de « méditation » : Zazen et Metta, qui pour la culture gé' sont des positions de méditation chez les bouddhistes.

Là où blesse le bât : on en a vraiment jusqu’à ras-la-gueule et il nous est par conséquent difficile de dompter cet album, surtout que les rythmes saccadés et les breaks ne nous lassent pas une seconde de répit. La longueur de l’album ne joue en plus pas spécialement en sa faveur, pas plus que le nombre de morceaux de 9 minutes, encore une fois malgré la qualité de composition.

Pour résumer, Spiritual Migration est un très bon disque pour découvrir la musique de Persefone et constitue assurément leur ticket d'entrée dans la cour du niveau supérieur. Ne manque au skeud que l’immersion et l’impact de Shin-Ken (« qu’il est chiant avec son Shin-Ken lui ») et son format plus condensé pour atteindre la même longévité. Spiritual Migration nous prouve s’il le fallait encore que les membres de Persefone sont des musiciens accomplis et des bosseurs de l’extrême.

Espérons seulement que le groupe sache se renouveler dans le futur comme il l’a fait jusqu’à maintenant !



PS : gros clin d’œil pour les trve fan sur Returning to the Source ;D

A écouter : Mind as Universe, Consciousness Pt-1 et 2, The Majestic of Gaia, Spiritual Migration, Returning to the Source
16.5 / 20
3 commentaires (17/20).
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Shin-Ken ( 2009 )

Il existe de nombreux groupes sur lesquels il est aisé de mettre une étiquette pour définir son genre (du moins à peu de chose près). Si vous voulez un résumé de l’étiquette de Persefone, je vous dirais quelque chose du genre « death / black / sympho / prog / extreme / melodic metal ». Rien que ça, et pour cause, Shin-Ken, le dernier effort du groupe, est un disque riche, varié, puissant, accrocheur, pas ennuyant pour un sou, qui transpire le talent et la fougue guerrière. Un condensé d’émotions parfaitement exécuté, équilibré au possible et qui vous laissera pantois à chaque écoute.

Shin-Ken. La pochette ne trompe pas. Le samouraï stylisé et les caractères japonais annoncent la couleur : Persefone nous embarque dans un nouveau concept album mettant en scène un guerrier suivant la voie du samouraï, le Bushido. Colère, honneur, combat face à face et guerre contre mille adversaires sont au rendez-vous, tout comme le calme, la sérénité, l’introspection, les relations avec la nature, les éléments et l’univers. Vous reconnaîtrez aisément chacune de ces émotions en écoutant l’album, avec Fall To Rise, Death Before Dishonour et Rage-Stained Blade par exemple, aux tempos rapides et implacables et aux soli ravageurs, aux breaks japonisants du plus bel effet et à la voix extrême. D’un autre côté, les "livres" de l’album (Ground / Water / Wind / Fire / Void Book), de courts intermèdes instrumentaux, nous incitent au repos, nous plongent dans la contemplation, la réflexion, l’introspection. Sans compter la superbe balade Purity, soutenue par une voix claire et calme, des passages au synthé reposants et une basse sur laquelle il fait bon nous appuyer. 

De part sa profusion d’idées excellentes et son talent en terme de technique, on aurait pu craindre que Persefone ne tombe dans l’excès, que l’album parte dans tous les sens et qu’au final il ne sombre dans la démonstration basique de branlette de manche. Il n’en est heureusement rien. Les idées sont canalisées, le flux de puissance maîtrisé à l’extrême, et c’est bien pour cela que l’on peut s’enfiler l’album d’une traite sans arrêter de prendre son pied une seule seconde. Si lors des premières écoutes les coupures que représentent les livres peuvent surprendre, voire agacer, on se rend vite compte qu’elles sont indispensables au corps du disque. 

Celui-ci s’achève en apothéose sur le duo Shin-Ken Pt1 et Shin-Ken Pt2, finalement les deux facettes du samouraï ayant achevé sa quête. La mélodie reprise dans les livres est magnifiée, glorifiée, éblouissante, vraiment à vous coller des frissons. Shin-Ken est véritablement un album réfléchi et accompli, duquel aucune faute de goût ne ressort. A écouter et à réécouter, sans modération, aucune.

A écouter : Fall To Rise, Rage Stained Blade, Purity, Shin-Ken Pt 1 et 2