Un artwork classieux et mystique ainsi qu'une signature chez Les Acteurs De L'Ombre dont les talents de défricheurs des musiques extrêmes ne sont plus à prouver. Il n'en faut pas plus pour porter un minimum d'intérêt au premier album de Paramnesia.
Après la sensation Regarde Les Hommes Tomber de l'année dernière et la confirmation du talent de The Great Old Ones avec Tekili-Li, on n'avait pas trop de doutes quant à la qualité de ce premier effort longue durée. Les strasbourgeois auront pris leur temps puisque la forme aboutie de leur Black Metal résolument ambitieux est tapi dans l'ombre depuis 2005. Mais la bête se devait d'être libérée, sortir les griffes avec coup sur coup démo, split et album pour que la morsure soit plus profonde. Des écorchures qui nous rappelleront les travaux de la scène Black Metal US (quoique désormais bien expansive) avec des formations comme Ash Borer, Fell Voices, Bosse-De-Nage ou les inévitables Wolves In The Throne Room. Dans le rendu sonore Paramnesia ne surprendra pourtant pas les plus férus d'entre-nous, puisqu'il ne se distingue pas réellement en comparaison aux envies et aux expérimentations qui sortent du cadre stricte du Black Metal des groupes sus-nommés (entre autres).
Mais il y a cette volonté d'en faire un disque hermétique, dense à la manière de l'éponyme de Fell Voices, ou de l'univers énigmatique et obscur de Darkspace, bien loin des approches scintillantes de Deafheaven. Ici, il faudra s'immerger pleinement, multiplier les écoutes, s'abandonner à leur art sombre dont le format bien particulier (deux titres pour la vingtaine de minutes chacun) aura tôt fait de détourner les moins téméraires. Avec un Black Metal acerbe, des blasts tumultueux, des vagues continuelles de riffs névrosés dont les hurlements qu'on entend à peine, semblent ne jamais pouvoir s'extraire de ce chaos tourmenteur, Paramnesia demande de la persévérance avant d'en ressortir quelque chose de valable. Heureusement quelques respirations aèrent l'ensemble. Les passages atmosphériques ou mélodies en arpège (V) apportent diversité et élégance à leur manga de souffrance. Et même si le son et la construction des titres n'étonne pas fondamentalement, il y a cette manière de tout engloutir comme une lame de fond, de laisser pourtant quelques dénivellations grandioses (IV) qui suscitent l'intérêt.
Ainsi, acharnement et patience seront la clef pour découvrir ce qu'il se cache derrière cette embrasure ténébreuse. Anxiogène, occulte, mais pas dénué de mélancolie, Paramnesia demeure constamment sur le fil, entre impétuosité et subtilité. A écouter en corrélation avec le split avec Unru.