Biographie

PJ Harvey

Artiste anglaise du début des années 90, Polly Jean Harvey est devenue depuis, une pointure dans le rock et une référence pour nombre d'entre nous. Avec à son palmarès 3 Grammy Awards et alignant 6 albums, elle a traversé la fin du XX ème siècle en éblouissant toujours un peu plus son auditoire. En effet, dès To Bring You my love, PJ assure à elle seule une grande partie des instruments utilisés sur ses albums avec notamment le vibraphone, les percussions, les claviers et bien sûr les guitares. Et pour le reste, bien que s'étant séparée des musiciens qui faisaient partie du groupe PJ Harvey au début, ils restent toujours en étroite collaboration avec elle (John Parish, Mick Harvey, Gore et Feldman et Rob Ellis). Artiste reconnue et appréciée, c'est carrément Tom Yorke de Radiohead qu'elle invite sur Stories from the city, stories from the sea, album enregistré à New York qui assura sa consécration mondiale. Elle participa également aux albums de Nick Cave et Tricky. Elle nous revient en 2004 avec Uh Huh Her, album où l'on retrouve la simplicité et la fougue de ses débuts, avec une joie surprenante dans ses textes et toujours la dose d'excentricité qui la caractérise et qui fait que l'on ne s'en lassera jamais.
Produit par Flood et John Parish, le huitième album de PJ Harvey, White Chalk, sort en septembre 2007. Eric Drew Feldman (Captain Beefheart) et Jim White (Dirty Three) ont également collaboré à cette réalisation.

17 / 20
3 commentaires (17.5/20).
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White Chalk ( 2007 )

Il faut effacer tout ce que l'on sait de PJ Harvey pour apprécier cet étonnant White Chalk, car une nouvelle fois la grande dame du Dorset déjoue tous les prévisibles et tait l'insignifiance. Alors flotte une musique acoustique et épurée, dominée par un piano d'une profonde mélancolie et une voix chargée d'émotion, menant en d'étranges contrées, perdues aux frontières du songe et de la réalité.

Fragiles complaintes et prières profanes d'une tristesse infinie s'égrennent au fil d'une musique intemporelle, aux fugaces sonorités médiévales (Broken Harp, Dear Darkness), ouvrant la voie à un onirisme envoûtant, un lyrisme exalté.
Une voix de femme-enfant, s'élevant en notes suraigües, un chant aux limites de la disharmonie, se brisant parfois sous l'emprise de l'angoisse ou de l'affliction (To Talk To You, Grow, Grow, Grow), sublimée par de poignantes mélodies au piano, suffisent à engendrer un monde spectral, évanescent, lugubre et sombre, inondé de peine et de solitude.
Et le désarroi devant l'abîme de l'existence, les blessures, les appels tourmentés, déchirants vers des amours perdus, des amours incertains ou illusoires, inquiétants presque effrayants car si proches de la folie, laissent planer un malaise latent (The Devil, The Mountain).
Et le piano distille ses troublantes mélopées où s'immiscent banjo désenchanté, harpe brisée ou harmonica douloureux. La voix s'adoucit, supplie timidement (Dear Darkness), caresse, effleure, empreinte de nostalgie, toujours lointaine (White Chalk, When Under Ether, Before Departure). La voix d'une femme-fée, s'absentant de ce monde, voilée d'un imaginaire chimérique afin de supporter l'insupportable, déjà perdue dans les limbes éthérées où la réalité s'estompe. L'échappatoire, l'oubli, ailleurs....
Telle une elfe exilée, PJ Harvey se découvre, sensible, frêle et vulnérable, révélant ses angoisses, ses souffrances, ses défaites, son désespoir : une mise à nu, intimiste et d'une beauté prodigieuse, profondément troublante et touchante.

Porteur d'une forte charge emotionnelle, White Chalk est un album bouleversant, ensorcelant et somptueux, laissant entrevoir les reminiscences d'un ailleurs où les fragrances du lyrisme et de l'onirisme persistent à jamais et dont l'unique accès passe par l'oubli. Since you ....

A écouter sur Myspace : The Devil, When Under Ether, White Chalk, Grow Grow Grow

A écouter : The Mountain, Dear Darkness, Grow, Grow, Grow, White Chalk
18 / 20
2 commentaires (13.25/20).
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Uh Huh Her ( 2004 )

" I'm not looking for a continuity of sound ". Elle le dit en parlant de son dernier album Uh Huh her et on comprend assez vite que Pj Harvey nous revient encore avec une nouvelle peau. Cette nouvelle peau sent bon la chaleur d'un enregistrement à la maison, en toute simplicité, loin des strass et paillettes qu'avaient pu lui apporter Stories from the city, stories from the sea, album de sa consécration mondiale. Retour au Rock'n'roll. Toujours surprendre. Ne jamais retracer les mêmes schémas. Créer un nouvel univers. Y ajouter de la précision : " La simplicité ne souffre pas l'approximation " dit-elle. Voici ses maîtres mots de 2004.
   Concrètement, Uh Huh her se lit en deux parties. D'abord, l'anglaise nous glisse dans un univers ébouriffé : rythmes rapides et lourdes guitares de Shame et Who the Fuck ?, plongés dans une écriture toujours transpirante et crachante. Le son est cru, Pj harvey vit et respire sa musique que l'on aime à retrouver sous ses formes ancestrales de Is this Desire ? : grasse et suintante à la manière de The life and Death of Mr Badmouth, The pocket Knife ou de façon plus allégée sur The letter. Mais l'écriture de Pj Harvey n'est plus seulement souffrance, on y trouve une allégresse décoiffante qui n'existait pas encore à ses débuts.
   Ensuite, laissez The slow drug et No child of mine faire la transition vers une atmosphère plus confinée et délectez vous de It's you. Piano léger, guitare grésillante, voix venant des ténèbres se superposant à celle des cieux et quelques mots doux vous berceront vers le large si vous n'y êtes pas déjà. Reste encore quelques balades dégageant une simplicité retournante : The end, The darker days of Me & him. C'est déjà fini. J'aurai aimé l'écrire avant elle.

A écouter : Who the fuck ? - The slow drug - It's you - The end - The darker Days of me & him (et celle qui suit).
13 / 20
3 commentaires (16.17/20).
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Stories from the City, Stories from the Sea ( 2000 )

Le titre de l'album résume à lui seul ce que l'on peut s'imaginer à son écoute : une rock star anglaise déambulant dans une ville branchée, lunettes de soleil vissées sur le nez, cheveux ébouriffés par le vent d'une Chevrolet décapotable, hurlant sa Good Fortune. C'est certainement pourquoi cet album fut celui de la consécration de Pj Harvey, sans doute le moins rock, dérivant un peu vers une pop que l'on voit assez mal dans les mains et les cris primitifs de la charismatique anglaise. A ce sujet, on préférait sa fougue d'antan à sa fausse sagesse polie de Stories from the city, stories from the sea. C'est ainsi que A place called home, The Whores hustle and the hustlers Whore ou You said something sonnent un peu trop légers. Mais que l'on se rassure la griffe de Pj Harvey est bien présente sur cet album. Concrètement c'est le titre noir et crachant paradoxalement nommé Beautiful Feeling, c'est le très lourd This is love, c'est le mignon Horses in my dreams. Et puis il y a la friandise, le medley avec Tom Yorke de Radiohead, le délicieux This mess We're in qui laisse des frissons jusqu'au bout des doigts de pieds. Parfaite association entre la voix perchée de Tom Yorke lâchant des " Don't never change baby… " et les mots doux, rugueux et susurrés de PJ. Joli coup. Chouette moment.
   Mais Stories from the city, stories from the sea ne restera à mes yeux qu'un album transitoire, tant pour la mise en place de son écriture âpre que pour sa musique, qui, malgré cette tentative d'apaisement restera, quoi qu'il en soit, écorchée à vif (), comme on aime l'entendre venant de Pj Harvey.

A écouter : Beautiful Feeling - This mess We're in - This is love - Horses in my dreams - This wicked tongue.
17 / 20
2 commentaires (19/20).
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Is This Desire? ( 1998 )

PJ nous a toujours habitué à des textes évoquant l'amour, les hommes et le rapport des êtres humains entre eux… un peu comme pour disséquer ces multitudes de sentiments existant autour d'elle, un peu comme pour comprendre et ressentir le monde des hommes et des femmes. En ce sens, Is this desire ? est un album de l'amour, de l'amour rejeté, de l'amour espéré, de l'amour sale. Pleurs d'une prostituée nommée Angelene perdue dans le monde de l'argent que lui offre l'amour, perdue loin des autres êtres avec l'espoir que l'un d'entre eux s'arrêtera pour elle. Déchirement entre Joe et la fille de la chambre 509, sans doute Elise. Et ce jour fut loin d'un Perfect Day Elise. Solitude de l'homme se promenant dans The Garden, qui trouvera une âme pour passer un moment de tendresse nocturne, mais le soleil levé restera seul avec ses péchés. Ames en peine parcourant le monde mais toujours en lavant leur peine dans The river, une peine inlassable qui coule encore et encore… La quête d'un désir, la recherche du soleil par deux amants qui en viennent finalement à se demander : Is this desire ?
   Loin des bruits urbains assourdissants, Is this desire ? s'offre comme une balade à travers les sentiments, l'amour et ses différentes formes. Album murmuré au creux de l'oreille à l'instar d'un "Je t'aime", crié de rage comme une engueulade entre deux amoureux (Joy), discret et intime sur The wind, rempli de la tristesse d'une âme seule… PJ conjugue le verbe aimer à toutes les sauces. Sans doute une suite logique de To bring you my love, album de l'espoir, Is this desire ? donne plutôt dans la déception. Guitares grésillantes, voix grave à souhait, rythmes lents et langoureux, confinement à volonté. A écouter dans les moments sombres et intimes d'une rupture…


 

A écouter : Angelene - A perfect day Elise - The river - No girl so sweet - Is this desire ?
15 / 20
2 commentaires (17.5/20).
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To Bring You My Love ( 1995 )

Un accord râpeux, une voix acide qui chante et parle d'amour, de vie, de Dieu, du diable. PJ Harvey introduit To bring you my love avec des mots intimes qui imposent le respect et le silence, à la manière de Dieu dictant ses évangiles à ses disciples. Et à la manière de la religion, cet album est plutôt réservé aux adeptes croyants de la "bizarrerie pj-harvienne". Ainsi, de nombreux titres écarteront les oreilles un peu trop académiciennes, un peu trop musiciennes,… bref tout ce qui se finit par " ciennes ". To bring you my love révèle toute la dimension artistique et biscornue de PJ Harvey : sa voix qui déraille sur le faux à n'en plus pouvoir, un son étouffant à souhait… D'ailleurs, c'est simple, pour savoir si cet album est fait pour vous dans sa globalité passez le test de Meet Ze Monsta. Mais n'en déplaise pas aux initiés, jetez donc une oreille à Working for a man, Long Snake Moan, I think I'm a mother, The dancer. Distorsions, contorsions, convulsions, nœuds, tortillements, étouffements, déchirements… dur effort que semble être l'accouchement de cet album.
   Pour le reste, PJ Harvey nous offre des titres plus adaptés aux âmes moins excentriques. Pour vous, ça sera donc la chouette C'mon Billy à la guitare acoustique accompagnée de violons et violoncelles, la chaude Teclo partageant guitare électrique et piano, ou dans le courant de Susanne Vega des 90's Down by the water. Plongez vous dans les textes noirs de PJ, de ses amours, de ses amants, des hommes, de Billy, de son amour perdu…
   To bring you my love révèle PJ un peu à la manière d'une chenille prenant forme dans sa chrysalides avec toute la souffrance et les efforts que cela incombe. Les racines et l'identité sont bien évidemment déjà là mais PJ Harvey se cherche et se trouve dans le noir, les victoires et défaites amoureuses, le Rock'nRoll. C'est bon, il ne reste qu'à prendre son envol : on en devine déjà la trajectoire.

 

A écouter : To bring you my love - C'mon Billy - Long Snake Moan - Send his love to me - The dancer.