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Biographie

Oozing Wound

En à peine un an, Oozing Wound s'est imposé sur le podium de la débilité et du heavy sound. Signé chez Thrill Jockey, le trio n'aura sans doute que faire de cette chronologie, tant son unique but est de dynamiter les standards en prenant un maximum de plaisir.

Que l'on parle de Thrash, de Metal, de Hardcore, voire de Noise, Oozing Wound mélange les étiquettes pour proposer une recette briseuse de nuques. "Everyone I Hate Should Be Killed" crie Zack Weil sur Retrash (2013), et on veut bien le croire sur parole. 

Chronique

16 / 20
2 commentaires (17.25/20).
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Earth Suck ( 2014 )

Sorti quelque peu de nulle part, de la vase ou de ton cul ajouterait-on pour la blague (potache), Oozing Wound a investi un espace certain depuis un an. Un premier album, directement signé chez Thrill Jockey en 2013, et un split incongru avec Black Pus puis un deuxième album l'année d'après. Signe que, loin d'avoir épuisé le filon, les trois de Chicago en ont encore sous la semelle. Et ce n'est pas joli-joli à voir.

Retrash était bourré d'hymnes comme la bienveillante "Everyone I Hate Should Be Killed" ou l'accueillante "Welcome to the Spaceship, Motherfucker" : une écriture de riffs à la chaine et un persistant mal de crâne pour un bien à l'arrivée. A l'annonce de Earth Suck, on avait un peu peur de la redite, dans un style Thrash Hardcore lo-fi, efficace mais pointless. Comme si Oozing Wound était ce genre de groupe pousse-toi-là-que-je-m-y-mette qui fait un petit tour et puis s'en va, ni vu, ni connu.
La première bonne surprise ici, c'est de s'être fait entuber par un désagréable a priori. Earth Suck est chargé comme jamais en dose de fun. Les Chicagoans se sont très certainement tapé des barres en écrivant ce disque et s'en donnent à cœur joie pour les partager. Pas de prise de tête, on laisse son cerveau de côté, on prend son hippie speedball (un joint et un café), et la machine se met en route à cent à l'heure. Après une entrée en matière virulente où quelques nuques y auront laissé leurs plumes (les teintes sludge de "Going through the Motions til I Die" vous resteront pas mal en tête), vous êtes parés pour quelques mandales supplémentaires en deux-deux ("Bury with My Money", "Genuine Creeper"). Mieux, vous en redemanderez sûrement.

Oozing Wound, c'est le groupe de Thrash qui a oublié d'être ambitieux, et c'est tant mieux. On laisse tomber les solos insupportables et interminables (allez, pour le fun, on s'en accorde un sur "False Peak (Earth Suck)") et on en retient que des enchaînements de riffs bas du front, massifs donc jouissifs. Mention spéciale, donc, à la section rythmique qui fait du gros travail de nettoyage en fond de tableau, quitte parfois à trop tirer sur la corde. Increvable, elle offre ainsi au disque des moments mémorables (fantastique "Colonel's Kernel" et sa batterie-rouleau-compresseur) et un final en forme d'apogée qui laisse pantois. "False Peak (Earth Suck)" en vient à synthétiser idéalement l'état d'esprit d'Oozing Wound : un titre facétieux qui part totalement en roue libre après les deux minutes, et qui mettra à mal votre solide mental. Dans le genre mille-et-une visseuses qui vous pénètrent par tous les pores, ce n'est pas Bosch, mais ça reste du travail de pro.

Le pire étant que Zack Weil et sa bande prennent un fichu plaisir à remettre le couvert, encore et encore. Earth Suck en devient absurde, et complètement orgastique, par la surenchère qu'il recherche. Des lyrics inutiles, un violon inaudible, un melting-pot de genres musicaux brutaux : Oozing Wound éprouve l'existant en lui faisant caca dessus, avec le sourire s'il vous plaît. On en ressort K.O debout. Que de la gueule que vous remettez ça l'année prochaine, les mecs.