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Biographie
Les membres de Nero Di Marte commencent dès 2007 à jouer un Death Metal Progressif sous le nom de Murder Therapy. Orginaires de Bologne en Italie, Andrea Brugio (Basse), Marco Bolognini (Batterie), Francesco D'Adamo (Guitare) et Sean Worrell (Guitare / Chant) décident de faire évoluer leur musique, sous le nom de Nero Di Marte, en prenant diverses aspirations, notamment Mathcore. Ils signent rapidement chez Prosthetic Records pour sortir leur premier album éponyme en 2013, puis récidivent avec Derivae l'année suivante.
Les italiens de Nero Di Marte n'ont pas froid aux yeux. Revenir sur le devant de la scène tout juste un an après la sortie de leur premier album éponyme à quelque chose d'osé. Sachant que leur précédente production avait pris pas loin de sept longues années de gestation et que leur Metal extrême à tendance progressive n'est pas ce qui se fait de plus aisé dans le genre, c'est donc forcément un peu inquiet qu'on lance l'écoute de ce Derivae.
Un première écoute qui nous rassure immédiatement. Non, Nero Di Marte n'a pas joué la carte de la facilité et leur Metal extrême aux influences Mathcore ne s'est pas assagit. Titres à rallonges, longues progressions à se renverser la tête plusieurs fois, structures complexes et multiples détours alambiqués sont une fois de plus au programme. Ici, le maître d’œuvre est la batterie, tentaculaire, faisant évoluer les tempi et guidant les guitares et le chant. Ces deux derniers, complémentaires, évoluent en fonction des digressions rythmiques, parfois complètement épileptiques (Pulsar) ou à d'autres moment plus reposées et ambiancées (Simulacra). Avec ses compositions à rallonge qui donnent l'impression de vouloir nous perdre, Nero Di Marte arrive pourtant à nous raccrocher par la force d'un break, une mélodie, même en livrant des titres fleuves aussi passionnant que sur leur album éponyme (cette conclusion de 10 min, Those Whove Leave). En témoigne par exemple l'ouverture l'Eclisse aux sonorités très urbaines, le riffing pilon Meshuggesque de Dite, les dissonances de Clouded Allure ou le concassage et les hurlements sur Il Diluvio.
On remarquera que ce Derivae est différent dans l'approche que l'album éponyme, plus lourd, plus aéré aussi, il se focalise d'avantage sur son évolution rampante et sur les climats tendus qu'il distille. Plutôt que nous refaire le coup du chaos destructeur à rendre fou même l'auditeur aguerrit, les italiens y préfèrent les tourbillons oppressant à l'image de la pochette du disque. Un gros travail a par ailleurs été effectué sur le son, comme en témoigne la batterie clinquante et les nombreuses couchent de guitares qui apportent lourdeur ou éléments atmosphériques (on est jamais bien loin des influences Sludge et/ou Post-Metal de nombreux groupes américains). Par contre, on pourra une nouvelle fois leur faire le léger reproche de copier certains groupes. Cette fois-ci c'est à une sorte d'Ulcerate plus atmosphérique que l'on pense tout au long de l'album, pour les polyrythmiques dont les coups pleuvent sans discontinuer et le riffing terre cramée, mais également aux ambiances noires à la Hacride.
Ainsi, il ne manque vraiment pas grand chose aux italiens pour passer au stade supérieur et en faire les consacrer en temps que véritables incontournables de la scène Metal extrême. En attendant, ce Derivae comme son prédécesseur, sont deux disques très solides et on aurait tort de se priver de leurs qualités évidentes.
Si les choses étaient bien faites, Nero Di Marte, serait le genre de groupes dont tu aurais logiquement du entendre parler sur tous les webzines Metal français avec des notes atteignant des sommets en bons chauvins que nous sommes. Car ça a tout pour plaire. C'est intelligent, inventif, hyper carré et ça tient facilement la bourre à des groupes de chez nous issus des mêmes écoles : Hacride ou Eryn Non Dae pour ne citer que ces deux là. Pas de chance pour nous, ils sont nés de l'autre côté des Alpes et se font bien trop discrets (pour ne pas dire inexistants) sur la scène internationale.
Afin de rétablir quelque peu cette injustice, l'on va tenter d'en parler ici. Parce qu'il y a des choses à dire sur ce projet qui cristallise de nombreux éléments qui ont la côte dernièrement. Pour pas trop se mouiller, on dira que Nero Di Marte fait une sorte de Metal extrême progressif qui mélange à la fois des influences Death Metal et d'autres Post-Hardcore chaotique. Au bout d'un moment, ça ne veut plus dire grand chose, mais dans l'idée, les italiens sont une sorte de trait d'union entre Hacride et Eryn Non Dae ce qui devrait sans trop de mal te faire de l'œil si tu les apprécient.
Tout sent le professionnalisme exacerbé dans cet album éponyme car il aura fallut presque sept années pour que les italiens aboutissent à ce projet musical encore plus ambitieux qu'à leurs débuts. De leurs expérimentations en résulte une musique aux confluents du Metal et du Hardcore, englobant avec habilité et sans faux pas ces sous-genres avec des passages brutaux et sinueux rappelant par instant la rythmique de pieuvre d'Ulcerate (Time Dessolve), les noyades dans le fleuve noir d'un Sludge trituré sur Drawn Black ou cette architecture torturée évoquant sans mal un Terra Incognita de Gojira.
Si l'on pourra légèrement regretter le fait qu'on aie du mal à distinguer les italiens d'autres groupes à la personnalité, au son et l'univers plus affirmé, Nero Di Marte gagne surtout des points par une écriture aboutie et des ambiances douloureuses qui parsèment cet album. Au final, on en vient presque à oublier les noms cités plus haut, tant les transalpins arrivent à nous happer dans leur tourmente, donnant un aspect atmosphérique à la fois violent et cathartique à leur musique. Que le chaos se dévoile sous nos yeux (Convergence) ou que les mélodies tiraillées apparaissent de temps à autre (Time Dessolve), Nero Di Marte nous englue dans son piège, aligne les références et les changements avec facilité et dans un dosage des éléments quasi parfait, nous tient en haleine jusqu'au dernières minutes d'Anoptikon. Des respirations il y en a (le long passage ambiancé de Nero Di Marte et cette fin à s'ouvrir les veines, le début d'Anoptikon) mais essentiellement parce que le groupe évite d'en faire trop, en plaçant de nombreux breaks et en ne faisant pas l'économie des rythmiques et des riffs variés (Resilient).
Nero Di Marte a, à première vue, le défaut d'arriver après que le champs eu été élargi par plusieurs groupes aux affinités évidentes, mais une fois passé ce constant, il devient tout aussi riche que ses aînés, dévoilant pleinement sa puissance émotive. Tu ne seras peut-être pas surpris à la première écoute, mais tu te surprendras à y revenir, comme ces fantômes qui reviennent régulièrement nous hanter.
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