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Biographie

Naïve

La formation Naïve est né à Toulouse en 2007 sous l'impulsion de trois hommes, les dénommés Jouch (vocaux / guitare), Mox (batterie) et Rico (basse). Il faut attendre 2010 pour pouvoir poser l'oreille sur le premier effort du groupe, The End, qui tape dans un large panel d'influences musicales : Electro, progressif, ambiant... Le tout sur une trame métallique à la rythmique solide et efficace. 

16 / 20
12 commentaires (16.13/20).
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Altra ( 2015 )

Trois ans après Illuminatis, album qui avait confirmé de bien belle manière un certain talent très personnel pour l'ambient / prog, les toulousains de Naïve reviennent avec leur troisième album studio, Altra, très certainement le plus abouti de ce triptyque très particulier. Décidément très en phase avec leur musique, les trois musiciens ont mis la barre assez haute en terme de développement atmosphérique. Le rendu, le travail de composition incroyable et les tentaculaires arrangements rendent enfin parfaitement hommage au savoir faire qu'on leur connaissait. 

Pas de grosse surprise au programme, le groupe reste fidèle à ses racines et ne réinvente pas sa musique, car si le propre du progressif est bien souvent de conceptualiser, encore et encore, une musique ou des thèmes en longues plages denses, où instruments et atmosphères fusionnent au service d'une élégance et d'une beauté bien souvent abstraites, les toulousains eux, empruntent avec ce nouvel album un tout autre chemin - et c'est ce qui frappe assez rapidement sur ce nouvel opus - qui consiste à dégager le plus de clarté et de fluidité possible. La progression musicale n'a pas disparu je vous rassure, l'alternance de passages musclés et de mélodies volatiles, est toujours très ancrée dans la musique de Naïve, mais on ressent beaucoup de stabilité et d'équilibre sur cet album, une sorte de sagesse dans la composition et une certaine retenue dans l’exécution qui fait du bien, qui donne de la hauteur à cette petite heure de voyage dans les étoiles. 

Le trio ne rentre pas dans le jeu de la démonstration technique imbuvable, et se contente simplement de mettre en avant la fibre émotionnelle en jouant sur les ambiances. L'électro, toujours présente, se veut plus diffuse, plus digeste aussi, les mélodies sont simples mais n'ont jamais été aussi pertinentes, et les quelques passages metal mémorables car très efficaces. Certains n'apprécieront peut être pas un certain lissage opéré au niveau de la prod, qui laisse un peu moins de place à l'émotion qu'auparavant, mais quand le résultat global est aussi surprenant et sert autant la compréhension et la puissance des titres, on ne peut qu'abonder dans ce sens.
Niveau chant, on trouvera le ton et l'exécution bien plus cohérents que sur les albums précédents. Absolument magnifique par moment, toujours très sobre et jamais mise trop en avant, la voix de Jouch sublime bien souvent l'ensemble et participe grandement à la pertinence des ambiances. Musicalement, l'alchimie et la complémentarité que dégage le travail des trois musiciens frôle la perfection ; tout est d'une fluidité incroyable, et c'est définitivement là le point fort de ce nouvel album.

Chaque morceau est unique, et même si la recette est souvent la même, les ingrédients y sont toujours surprenants, servant impeccablement la direction artistique de l'album. Une intro discrète, des pics de tension précédents toujours un orage électrique, des passages lumineux où chants et guitares fusionnent et donnent la chair de poule, un support électronique ici et là, toujours intelligemment agencé, et des compositions vraiment intéressantes, dont on ne se lasse pas facilement : Yshbel et son outro magnifique, Mother Russia, froide, clinique par certains aspects, Monument Size et Surge, entêtantes ou encore Waves will Come et Altra pour terminer l'album, les deux titres les plus convaincants.

Pas grand chose à dire de plus, si ce n'est qu'avec ce troisième album, Naïve se dote d'un album qui frôle la perfection ambiant / prog. Un des meilleurs albums du genre depuis un bon bout de temps.

A écouter : Comme un des meilleurs albums du genre depuis un bon bout de temps...
13.5 / 20
10 commentaires (17.2/20).
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Illuminatis ( 2012 )

L’évolution chez un groupe : une question épineuse. D’un côté, oser prendre telle ou telle direction pour répondre à une envie d’expérimentation ou à un besoin de mettre en musique un sentiment particulier, de l’autre, faire ce que l’on sait faire, persévérer dans son art et combler à 100% les attentes des fans quitte à prendre le risque de tourner en rond. Je concluais la chronique de The End en disant que Naïve devra « cravacher » s’il veut aller plus loin dans le concept qu’il a mis au monde. Pronostic pour le moins erroné puisque pour Illuminatis, les Toulousains ont décidé de mettre le paquet sur le côté « metal » de leur musique au lieu d’essayer d’atteindre de nouvelles hauteurs dans l’atmosphérique et l’émotion. Ceux qui avaient aimé The End seront donc surpris par la tournure qu’a choisie le groupe. Certains s’y feront, d’autres auront plus de mal à avaler la pilule.

Oh oui, le changement est aussi palpable qu’un muscle bandé bourré de testostérone. L’ouverture "Transoceanic" feint de reprendre là où s’éteignait "The End". On retrouve en effet les mêmes éléments enivrants comme la fusion des instruments avec ces nappes électroniques toujours aussi bien utilisées, le chant de Jouch qui s’en tire avec les honneurs une fois encore… Bref, on est prêts à boucler sa ceinture pour un nouveau voyage. Et en plein milieu de la piste, holy sh*t ! Un break à la Gojira ("Flying Whales") ?? Hmhmm ceci expliquerait le coup de polish dont a bénéficié la production, qui rend la batterie et les grattes bien plus rentre-dedans que sur The End. Cette prod donne d’ailleurs directement le ton vis-à-vis des 80% de l’album : du gros son. Pas le temps de rêvasser !

Dans sa recherche de soi Naive a évolué et a voulu explorer de nouvelles voies plutôt que de se cantonner à ce qu’il nous avait proposé. Le gros changement vient de ce que le groupe a fait des plans les plus violents de The End : l’écoute de "Transoceanic", "Belly", "Luna Militis", "Circles" ou "Illuminatis" devrait en étonner plus d’un. De son côté, Jouch n’attend pas plus loin que la deuxième piste pour délivrer un chant poussé et rocailleux à la frontière du core et à déclamer des noirceurs à coup de « I hate you », etc. On note aussi l’ajout de discours enregistrés ("Luna Militis", la nana qui nous dit « I want you to fuck me so hard I cry » sur "Circles"...) ponctués de « fuck » intempestifs qui gâchent la poésie du moment.
C’est en fait probablement ce qui déplaira aux fans : on dirait que le groupe s’est forcé à devenir vulgaire, la poésie et la mélancolie de The End se sont tout bonnement évaporées pour laisser place à une noirceur qui ne lui correspond pas. On est partagés entre se laisse porter par les moments les plus aériens et en vouloir aux Toulousains de briser régulièrement la magie qui s'installe. Naive voudrait-il jouer le gros-bras-sans-cœur et délaisser ceux qui avaient été touchés par la fragilité de son premier opus ?

Que l'on se rassure, pas tout à fait. "Focus" est en ce sens le cadeau aux fans hardcore de The End (dur dur d’effacer la comparaison, décidément). De doux accords, une belle ligne de basse, une mélodie électronique pour la volupté et le tour est joué ! C’est aussi sur cette piste qu’on se dit que la batterie est décidément mixée pour les moments plus énervés que veut développer le groupe. Surprise un peu plus loin, le chant arabisant féminin pour un dépaysement garanti. "Luna Militis" et "The Ropes" dégagent elles aussi une belle aura lorsqu'encore une fois on ne s'attarde pas sur les paroles au début.

Un album plus metal aurait pu marcher si le groupe maîtrisait mieux son sujet et savait nous "envoyer en l'air" avec des parties musclées. Comme vous avez pu le lire, difficile de succéder à l'équilibre et à la puissance de The End même si celui-ci ne rivalise pas en puissance brute, comprendre la prod en béton, le chant hurlé et les parts qui se veulent dantesques. Illuminatis propose de bons moments et est certainement 100% assumé, mais la barre avait été placée tellement haut que la chute n'en est que plus douloureuse pour ceux qui voulaient à nouveau planer sur des atmosphères mélancoliques.

Bonne chance tout de même au groupe et bravo d'assumer ce que vous êtes devenus.

A écouter : Transoceanic, Focus, Luna Militis, Circles
15 / 20
8 commentaires (17.5/20).

The End ( 2010 )

Une autre perle dont la France peut être fière d’abriter en son sein. Formation toulousaine de son état, Naïve navigue dans un metal progressif à la limite de l’ambiant tout en sachant garder des passages musclés mais toujours mesurés. The End mixe sans effort et avec pertinence les influences du groupe, qu’elles soient électroniques, metal, prog, triphop…Puissance, équilibre et sensibilité sont les trois mots qui ressortent du premier opus des Toulousains.

Puissance…
d’abord dans le son incroyable qu’a su s’offrir le groupe. Car si chaque instrument remplit individuellement déjà correctement son office, c’est bel et bien les moments où ils jouent tous ensemble que l’on en prend plein les mirettes. Les éclats éblouissants présents sur "The Shroud" et "Undwater" vous colleront des frissons comme vous n’en avez pas eu depuis longtemps ! Les trois instruments font corps les uns avec les autres pour ne plus former qu’une masse à la fois lourde et aérienne qui abrite en son sein le chant clair de Jouch et autour de laquelle s’enroulent les nappes électroniques qui achèvent de sublimer l’ensemble.
La frappe du batteur est aussi largement vectrice du sentiment de puissance de The End. Ici point de blast beat ou de roulements de toms interminables, le dénommé Mox opte plutôt pour des patterns entraînants, souvent syncopés ("To Lose And To Die For"), et qui mettent en valeur chaque coup de caisse claire ("The Crying Community") et chaque coup de médiator des instruments à cordes ("Your Own Princess", "Everything Dies").


Équilibre…
L'harmonie qui règne au sein de The End est certainement ce qui marque le plus. Chaque titre possède son équilibre et sa personnalité propres qui se propagent à l’ensemble de l’album pour lui assurer assez de cohérence et de diversité pour l’écouter encore et encore sans problème.
La dualité des plans ambiants et ceux plus metalliques fait mouche à chaque fois. Les transitions se font tellement naturellement que l’on ne peut que se prendre au jeu. Naïve fait preuve d’une étonnante maîtrise et dose parfaitement sa musique. 
Attention cependant, le format long des titres (prog oblige !) vous dissuadera peut-être de vous plonger dedans : mieux vaut en effet avoir du temps devant soi et être un minimum au calme pour tenter l’expérience.

Sensibilité…
Bien sûr dans la fragilité des accalmies et des moments plus posés de l’album, comme les premières secondes et les dernières mesures de "To Lose And To Die For". Mais même les plans les plus robustes et entraînants comme ceux de "The Crying Community" ou "Your Own Princess" dégagent une beauté éclatante. La « faute » incombe sûrement à cette basse qui toujours nous berce de sa rondeur rassurante et nous enveloppe dans son cocon chaud et douillet.
Les vocaux font également partie des éléments qui rendent The End si beau et écoutable de bout en bout. Le chant de Jouch n’est jamais envahissant et s’intègre parfaitement à l’ensemble sans tomber dans des tons dégoulinants de sentiments pseudo-mélancoliques. Ouf ! L’invitée de l’album, une certaine Frederika, contribue elle aussi à insuffler à l’album une certaine beauté grâce à une superbe prestation sur la piste "The Shroud". J’incite d’ailleurs fortement les allergiques au « metal à chanteuse » à donner sa chance à cette piste.
Last but not least, il faut tout de même noter l’ambiance générale de l’album qui vous donnera un peu le cafard. La dernière piste, "The End", belle instrumentale dans l’esprit de la piste cachée de "In the Forest" de Gojira, vous  laissera particulièrement face à vos pensées les plus tristounettes.


Pour son premier album en auto-produit, Naïve nous a gâtés. Si je l’avais découvert à l’époque de sa sorite, je pense que j’aurais sûrement hésité à le placer en Album du moment. Mais après plusieurs écoutes, on peut attendre du groupe qu’ils aillent encore plus loin dans leur démarche. Ce sera tout le challenge du prochain album : faire naître une alchimie encore plus intense que celle de The End. Et ce ne sera pas une mince affaire !

Ecoute intégrale sur leur bandcamp.

A écouter : Bah, tout.
Naïve

Style : Metal Atmosphérique
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Origine : France
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