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Biographie

Mutoid Man

Mutoid Man est né de la rencontre entre Stephen Brodsky (Guitare / Chant / Basse - Cave In) et Ben Koller (Batterie - Converge). Les deux compères ont commencé à travailler ensemble en 2012, se sont adjoint les services de Nick Cageao (Basse) pour le live et ont fini par signer chez Magic Bullet Records (Beastmilk, Doomriders, Old Man GloomThis Will Destroy You...) pour leur première sortie, Helium Head fin 2013. 

Le résultat ? Un tempête Rock 'n Roll levée par la fougue de deux talentueux musiciens qui n'avaient déjà plus grand chose à prouver. Leur premier album Bleeder sort en 2015 via Sargent House et confirme tout le bien qu'on pouvait attendre d'eux. En 2017, le trio annonce son retour avec un nouvel album, War Moans, toujours chez Sargent House. Mis en pause en raison des autres aventures de Brodsky et Koller, puis de la pandémie, Mutoid Man ressort du bois courant 2021 pour composer un troisième long format avec un nouveau bassiste, Jeff Matz (High On FireZeke). L'objet se nommera judicieusement Mutants et sera toujours distribué par Sargent House en 2023.

17 / 20
3 commentaires (17.67/20).
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Mutants ( 2023 )

Stephen Brodsky n’en finit pas de (se) régaler, avec Cave In et son fantastique Heavy Pendulum l’an dernier, ou avec Mutoid Man et ce prodigieux Mutants. Toujours très bien entouré, le guitariste/chanteur impressionne autant par son jeu que par la maîtrise effarante de ses cordes vocales, et il semble aujourd’hui plus inspiré que jamais. Après le décevant War Moans (mais pas si pire en le réécoutant à l’occasion de ces lignes) on pouvait donc s’attendre à un retour en grâce de Mutoid Man, et c’est le cas.

La mutation est bien sûr le thème névralgique du super trio depuis ses débuts, s'échappant de tous les pores, au pluriel, y compris visuellement (cet artwork incroyable de l'habituel John Santos), l’ensemble retrouvant ici la flamme qui animait l’excellent Bleeder, voire un peu plus. Après le formidable single Call Of The Void en ouverture, vitrine catchy, sorte de Hard FM bâtard aux relents Punk Metal, c’est toute la sauce qui accroche au palais, relevée par une gourmande production (évidemment de Kurt Ballou) puissante et pleine de relief. De ce fait on se fera bouffer tout.e cru.e par le féroce et Thrashisant Broken Glass Ceiling, hurlant en chœur ces mêmes mots avec Brodsky, admirant les frappes et roulements d’un Ben Koller en forme olympique (as usual en fait), frissonnant sur les lignes de basse dantesques de Jeff Matz (High On FireZeke), qui remplace Nick Cageao.

On sera également cueilli à chaud par le bruit et la fureur d’Unborn, alternant épilepsie et lourdeur Sludge, où l’on devinera le charmant grain de voix d’Aaron Turner (Isis, Old Man Gloom), on se fera déglinguer par l’épais et Post-Metalisant Memory Hole, sur lequel Nate Newton (Converge) vient lui aussi pousser la gueulante. Comme on se déhanchera mécaniquement sur le caniculaire et frénétique Siren Song aux airs Stoner, ou bien l'on goûtera généreusement la fraîche ironie d’un Demons possédé par les dieux de le métale. En fait, à l’image de Bleeder, chaque morceau casse des gueules, qu’il s’agisse de cette profusion de mélodies ou d'harmonies systématiquement bien senties, de ce groove effectivement mutant et infatigable, le tout mijoté dans une marmite Rock N’ Roll qui va de soi, sans la moindre fausse note.

Punk, Heavy Metal, Hardcore, Progressif, Stoner, Sludge, tout se glisse dans l’incubateur Mutoid Man avec une troublante facilité, et Mutants est sans doute la créature protéiforme la plus complète et définitive mise au monde par ce trio de l’espace.

A écouter : jusqu'à la lie.
9 / 20
4 commentaires (14.38/20).
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War Moans ( 2017 )

Vous avez déjà écouté les Pixies ? Si oui, vous avez peut-être déjà entendu l'une des critiques concernant leur musique qui leur sont souvent faites, à savoir que tous leurs morceaux reposent sur trois ou quatre accords. C'est alors que l'argument ressort inévitablement : c'est si simple et bateau, il n'y a pas de recherche. Oui mais voilà, réussir à construire un morceau excellent, et encore plus un album, avec si peu de moyens nécessite un immense talent. Et, accessoirement, une certaine maîtrise de soi. Il faut savoir quand s'arrêter et ne pas trop mettre de fioriture dans tous les sens. Hé bien sur ce deuxième album de Mutoid Man, le trio mené par l'ancien Cave In est tombé dans ces deux pièges et nous livre donc un disque franchement passable. 


Quand c'est mauvais il faut le dire, et commençons déjà par cette propension à l'auto-caricature que le groupe a semble-t-il développé depuis l'excellent premier disque. C'est bien simple  les trois premières compositions suivent toutes le même schéma : un départ canon qui part dans tous les sens puis un ralentissement, des accords qu'on laisse sonner et... rien. On répète jusqu'à plus soif la même chose et c'est tout. Le pire c'est qu'il y avait pourtant des choses à faire, comme avec ces claviers intéressants sur « Melt Your Mind » ou ces accélérations sauvages dont le groupe a (avait?) le secret sur « Micro Aggression ». Mais rien y fait, la sauce ne prend pas, on s'ennuie face à une débauche d'artifices qui n'arrivent pas à masquer un manque d'inventivité assez flagrant. Pour preuve, écoutez « Kiss Of Death », un morceau qui ne possède aucun relief, aucune surprise et, très franchement, le moindre intérêt. 

Les problèmes ne s'arrêtent pas là puisque Stephen Brodsky s'est sans doute acheté une nouvelle pédale d'effet : une whammy. Et si au départ on peut se dire que cela apporte de nouvelles sonorités lors de la première rencontre (« Date With The Devil ») on se rend vite compte que le guitariste va l'utiliser souvent. Très souvent. Sur ce titre donc, mais aussi sur « Wreck And Survive » qui ressemble à s'y méprendre à du Mastodon période Crack The Skye, dès l'intro de « Afterlife » ou même sur « Open Flame ». N'y voyez aucune rancœur personnelle contre la whammy mais on a l'impression d'entendre des compositions qui cherchent à se cacher derrière des artifices et l'on aurait préféré que le monsieur n'abuse pas de cette bonne idée au demeurant. 

Soyons clément tout de même, tout n'est pas à jeter sur War Moans, loin de là. Prenez « Headrush » par exemple et son refrain majestueux, son tempo entraînant. Mais surtout, les deux sauveurs de ce deuxième album sont sans conteste possible « Irons In The Fire » et le morceau éponyme. Le premier, charge de cavalerie d'acier, que ne renieraient ni Iron Maiden ni Judas Priest est particulièrement convaincant. Le second, sorte d'hybride entre la violence Thrash et le talent mélodique de Mastodon, gagne à être connu, d'autant que son solo est un exemple de maîtrise. On jurerait entendre du Metallica période Master Of Puppets avec un chant beaucoup plus clair. Peut-on rêver meilleur compliment ? 

Mais à l'heure du bilan, la récolte est maigre. Deux ou trois bons titres, quelques idées éparses aux quatre coins de la pièce et une sale sensation de s'être fait abandonner par sa première copine. Qui a envie, à 15 ans, de faire des compromis et de se dire « oui mais ça, c'est pas si mal » ? Personne. Et Bleeder nous faisait tant retomber en adolescence, de découvrir cette musique inconnue et fougueuse qu'on est inévitablement déçu. Très déçu. Mutoid Man est tombé dans le trop peu et dans le trop en même temps. La plupart des morceaux ne se détachent pas de leurs prédécesseurs et de leurs successeurs, les riffs sont peu intéressants, se répètent trop sans mener à rien et l'on a l'impression que l'on essaye de nous enfumer en foutant parfois le plus de notes ou de whammy pour cacher cette pauvreté. On va retourner écouter leur premier disque donc, et les Pixies tant qu'à faire. 

A écouter : Headrush, Irons In The Fire, War Moans
16.5 / 20
14 commentaires (16.39/20).
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Bleeder ( 2015 )

Après un premier E.P décoiffant, mêlant rage opiniâtre et fulgurances mélodiques,  Mutoid Man nous revient deux ans plus tard avec leur premier album, Bleeder, qui concrétise à merveille tous les espoirs placés dans ce supergroupe composé entre autres de Ben Koller (Converge) et Stephen Brodsky (Cave In).

Quel curieux mélange que voici. Tous les composants de la bombe estivale parfaite sont réunis dans les dix titres qui composent Bleeder. Une arme imparable, dévastatrice, conçue de bout en bout pour rendre vos apéros plus agréables. Si les « supergroupes » peuvent bien souvent s’apparenter à un coup d’épée dans l’eau, Mutoid Man s’éloigne diamétralement du cliché. Il faut dire qu’Helium Head, leur premier méfait, fleurait bon l’investissement artistique total dans ce nouveau projet. Agressivité Punk Hardcore délurée, mélodies Pop imparables, chant hurlé/clair guerrier, ce brûlot promettait énormément.
C’est avec un panache non galvaudé que Bleeder vient coller la fessée à une concurrence qui ne peut qu’applaudir. En revanche, lorsque vient le moment de situer cette nouvelle production des Américain, la difficulté s’installe… et tant mieux. Citons d’abord les groupes respectifs des deux stars : Converge et Cave In, évidemment. Mastodon, Torche, Queens of The Stone Age peuvent également se rallier à la cause, nous offrant un maelstrom quelque part entre Hardcore, Punk, Stoner, Post-Hardcore, Stoner-Pop, Mathcore voire Grunge (!). Un mélange des genres détonnant, où efficacité rime avec sincérité.

La production, claire et robuste, donne à l’ensemble un élan inédit pour le groupe. Mutoid Man se donne les moyens de ses ambitions, et cela s’entend. Bleeder se caractérise par une forte propension à avoiner tout ce qui bouge. Les morceaux sont ici tous plus puissants les uns que les autres et offrent à l’heureux auditeur de cette cacophonie une dose d’énergie à même de vous coller la banane un lundi matin au boulot. C’est dire.
En tête de gondole, Bridgeburner, le morceau d’ouverture, qui résume à lui tout seul le génie créatif des Américains. Après une intro noisy, les accélérations Punk jouissives prennent places accompagnées de mélodies Pop à te faire chanter à tue-tête, de soli parfaitement dosés mais aussi et surtout… de riffs absolument incroyables. Le final du morceau, complètement barré, nous offre une succession de mandales sur plus de trente secondes capables à elles seules de subitement vous embarquer autour d’un circle pit de l’extrême dans les transports en commun. Quelle putain de claque ! D’autres moments comme celui-ci égrainent l’album, notamment sur 100 Mile Stare ou encore Surveillance.

La mixture savamment dosée de ce premier effort laisse entrevoir un véritable vent de fraicheur sur la scène. Fourmillant d’idées novatrices, Mutoid Man réussit à faire ce que beaucoup ont essayé en se cassant les dents : rassembler, innover, avoiner. La classe.

A écouter : Plutôt deux fois qu'une.
15.5 / 20
2 commentaires (15.25/20).
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Helium Head ( 2013 )

A l'heure où l'on fignole les tops de l'année, Mutoid Man a l'indélicatesse de débouler par la cheminée sans dire bonsoir. On leur pardonnera volontiers : Helium Head est aussi le disque qui viendra égayer le repas si fade du réveillon à l'heure de la dernière coupe de champagne, jusqu'à pousser mémé dans les orties.

Stephen Brodsky et Ben Koller, à l'origine de cette collaboration, se portent bien, merci pour eux. En un gros quart d'heure de folie non-stop, le duo fait dans l'efficacité façon blitzkrieg. Entrée en fanfare sur "Gnarcissist" et vas-y que je te culbute à coups de riffs véloces et acérés. Mutoid Man a le pied sur le champignon, et un énorme feeling Rock 'n Roll sous la pédale. Porté par la voix de Brodsky, les compositions de Mutoid Man rappelle le meilleur de Cave in enchaîné à la folie automatique du batteur de Converge et de son pilon, précis comme jamais.
Pour ceux qui avaient apprécié White Silence, des premiers cités (2011), le terrain est connu. Il ressemble ici d'ailleurs davantage à un champ de bataille labouré par les obus incessants du duo en roue libre. Renvoyons aux gros bras crispés sur "Scavengers" (qui n'a rien à envier à un "Serpents", dites, faites l'essai de les mettre à la suite. Brodsky a pris du voix-gra (sic), ça se sent) ou à l'enchaînement furieux de "Scrape the Walls" et "Friday the 13/8" qui amorce une dernière partie de disque tout aussi musclée.
 
Plus qu'un projet anecdotique monté à la va-vite pour la déconne, Mutoid Man réussit le défi de proposer un disque cohérent et qui réunit le meilleur des deux bonshommes dont l'association passe rapidement comme une évidence. 15 minutes de démence, et une reprise brutalisée de "Don't Let Me Be Misundertood" (The Animals - rebaptisés The Manimals pour l'occasion - n'ont qu'à bien se tenir) plus tard, on termine le disque secoué par autant de détonations concentrées mais jamais repu. Helium Head ou un véritable moment Nutella. Un plaisir coupable à déguster à grands coups de cuillère à pot jusqu'à s'en mettre plein la gueule.

A écouter : Vous prendrez bien 15 minutes de votre temps?
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Style : Hardcore 'n Roll
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Origine : USA
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