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Biographie

Morbid Angel

Morbid Angel est un des groupes cultes du death metal, ayant traumatisé la scène mondiale par l'originalité dont ils ont fait preuve à la fin des années 80. Formé en 1983 à Tampa, Floride, par le guitariste Trey Azagtoth, le batteur Mike Browning (futur Nocturnus) et le bassiste Dallas Ward, le groupe commence en tant que groupe instrumental, jusqu'à ce que Dallas Ward se mette à chanter. La bande se met en quête d'un frontman, et le trouve en la personne de Kenny Bamber. Lui et Dallas se partagent le chant sur la première démo du groupe : The Beginning. Les deux membres quittent le groupe peu après, et Richard Brunelle, guitariste, se joindra à la bande, apportant une dose de folie et de technique non négligeable. En 1986, après quelques démos, Morbid Angel enregistre Abominations Of Desolations, considéré comme un album mythique de death metal. Mike Browning chante sur cet album. On ne sait pas qui a joué de la basse sur cet album, le groupe affirmant que ce rôle était tenu par Sterling Von Scarborough, tandis que Richard Brunelle dit qu'un bassiste du nom de John Ortega a enregistré les lignes de basse... Mike Browning et le nouveau bassiste quittent alors le groupe, et Abominations Of Desolations ne sort pas (Trey trouvait cet album trop faible). Trey et Richard se mettent alors à la recherche de musiciens. Ils trouvent leur bonheur chez un autre groupe culte (mais californien) : le groupe de grindcore Terrorizer. Pete Sandoval (batterie, la légende dit qu'il a inventé le blast-beat, le rythme de batterie principal de plusieurs branches du metal extrême) et David Vincent (basse/chant)  rejoignent Morbid Angel, constituant ainsi le mythique line-up qui enregistrera leur premier album culte : Altars Of Madness.

En 1989 sort donc cet album qui devient culte dès sa sortie. Jusqu'ici, personne n'avait sorti d'album de death metal aussi extrême et aussi technique (même Death, référence à l'époque, était battu sur ce terrain). Mais surtout, Altars Of Madness est le premier album de death metal utilisant le terrifiant blast-beat, fameux rythme de batterie emprunté au grindcore... Le succès est immédiat, Altars Of Madness allant même jusqu'à monter en tête des charts Anglais, et il traumatise toute la scène death metal qui se met à utiliser de plus en plus le terrible blast-beat (qui était jusque-là réservé au grind et à d'autres dérivés de punk). Le groupe entame dès lors une tournée européene, et devient le plus gros groupe de death metal du moment. En 1991 sort l'album Blessed Are The Sick qui devient lui aussi culte, définissant de nouvelles directions pour le death metal. Morbid Angel est alors considéré comme le roi du death metal, devant les gros de l'époque comme Death ou Obituary, les membres gagnent alors une reconnaissance énorme en tant que songwriters innovants. Profitant du succès commercial de Morbid Angel, leur label Earache Records sort le vieil album Abominations Of Desolation. Plus tard, Richard Brunelle est viré du groupe pour causes de problèmes avec la drogue, et le combo reste à l'état de trio. En 1993, Morbid Angel surprend en devenant le premier groupe de death metal signé sur une major : Warner. Il sort alors Covenant (enregistré au Morrisound Studio comme le Leprosy de Death), lui aussi mythique, confirmant le statut de Morbid Angel. L'album, bien que brutal et noir, devient le plus gros succès du groupe : plus de 500 000 exemplaires vendus (seul Obituary battra ce score). C'est là que le groupe commence à être controversé, les textes montrant faisant preuve d'une certaine ambiguité politique et religieuse, certains prétendant que Morbid Angel rendaient le satanisme et l'extermination de la chrétienté séduisant, donnant une image presque "glamour"... En 1995, le nouvel album Domination sort, marquant par la présence d'Erik Rutan (futur Hate Eternal), un des meilleurs guitaristes de death metal de l'histoire, à ce moment membre de Ripping Corpse. L'album est lui aussi un succès, bien que controversé. Morbid Angel évolue vers un death metal plus brutal. Les paroles de cet album sont toujours très ambigues, et David Vincent est même accusé d'être un fasciste faisant de la propagande anti-communiste, ce qu'il démentira à de nombreuses reprises. Erik Rutan quittera le groupe après la sortie du live Entangled In Chaos. En 1996, David Vincent quitte le groupe, ne trouvant plus d'interêt au death metal, et rejoint le groupe de sa femme : Genitortuers. Son remplaçant sera Steve Tucker (Ceremony), au style radicalement différent. En 1998 sort le premier album de Morbid Angel avec Steve Tucker : Formulas Fatal To The Flesh. L'album est dans la continuité de Domination, plus brutal. Morbid Angel va ensuite stagner et s'assoir sur sa réputation, sortant deux albums sans grand changement (Gateways To Annihilation et Heretic).

En 2004, Morbid Angel essuie deux grands chocs : d'abord, ils quittent leur légendaire label Earache suite aux ventes désastreuses d'Heretic (moins de 20 000 exemplaires vendus contre plus de 500 000 pour Covenant), et surtout Steve Tucker quitte le groupe. Pour le plus grand bonheur des fans de la première heure, David Vincent revient dans le groupe et annonce qu'il pourrait participer à un nouvel album. Le groupe est donc attendu au tournant, espérant qu'il confirme son statut de groupe mythique plutôt que de s’asseoir sur sa notoriété comme il le fait depuis quelques albums. Finalement, Illud Divinum Insanus sort en 2011 et annonce un virage musical dans la carrière du groupe. Cet album mélange de Death Metal et de musique électro est un choix risqué qui à couté très cher au groupe, énormément de fans leur ont tourné le dos, fustigeant un opus médiocre, certains le percevant même comme un affront, au mieux une blague. En juin 2015 débute la descente aux enfers ; Le 15, le batteur Tim Yeung annonce son départ du groupe pour des raisons financières. 3 jours plus tard, le guitariste Destructhor annonce également le sien (le groupe souhaiterait travailler avec quelqu'un de plus local), et le lendemain c’est David Vincent qui annonce que lui aussi quitte Morbid Angel pour cause de divergences musicales. En gros fin 2015 cette légende du Death Metal est dans une très mauvaise passe, seuls Trey Azagthoth et Steve Tucker répondent à l’appel. 

Chronique

19 / 20
26 commentaires (18.25/20).
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Altars Of Madness ( 1989 )

Retournons en 1989. Le Death Metal est lancé. Death et Obituary sont déjà bien installés. En Europe, les groupes commencent déjà à fleurir : Entombed et Unleashed pour nos suédois, Mutilated et Loudblast pour la France... Il manque quelqu'un. Il manque un groupe qui s'est déjà fait connaitre pour ses quelques démos : Morbid Angel. Cette année là, le groupe nous sort un brûlot de Death Metal qui deviendra l'un des meilleurs albums du genre : Altars Of Madness.

L'album débute par un hymne Death Metal : Immortal Rites. Son intro, en riff passé à l'envers façon voix de démon dans l'Exorciste, annonce un chaos de quatre minutes. Dès ce premier titre : on est frappé par les capacités techniques de chaque membre : un riff d'intro impressionnant, une batterie survitaminée dispensée par Pete Sandoval (transfuge des grindeux de Terrorizer, à noter que le batteur a découvert la double pédale au moment de l'enregistrement de cet album !!), des solos de folie, et un break mythique (1:40) : les tout premiers claviers du Death Metal sont également dans ce titre! Du côté de l'atmosphère, le malaise règne, bien qu'on flirte avec une atmosphère mystique, ésotérique. La voix, haineuse, oscille entre le guttural et la criarde Black Metal (bien qu'à l'époque on ne parlait pas encore de Black Metal). La piste suivante, Suffocation, nous présente le côté le plus brutal de Morbid Angel : une folie furieuse de blasts-beats (pour les néophytes : une alternance très rapide de grosse caisse et de caisse claire, dont Pete Sandoval prétend être l'inventeur), une rapidité énorme et bien sûr (je me répète) une brutalité sans précédent pour l'époque.

Ces deux titres sont bien représentatifs de l'album. Ce qui le caractérise, c'est bel et bien sa variété. On passe d'un titre incisif et violent (Suffocation, Damnation) à un morceau débordant de groove (Maze Of Torment), d'un brûlot de haine pure (Bleed For The Devil) à un morceau tentaculaire (Chapel Of Ghouls). L'ambiance globale de l'album est empreinte d'ésotérisme, le groupe usant de paroles démoniaques voire sataniques, donnant un aspect infernal à cet album. Les morceaux se permettent cependant des incursions groovesques, telles que Blasphemy ou Damnation, montrant les influences Heavy Metal et Hard Rock du groupe. La haine est toujours bien présente, renforcée par la voix d'outre-tombe de David Vincent. Et que dire de Chapel Of Ghouls, certainement un des meilleurs titres de Death Metal, avec ses tempos changeants et son fabuleux break à clavier...

Cet album fut donc un coup de massue dans le monde du Metal. Jamais un tel niveau de technicité n'avait été atteint (si ce n'est dans les précédents méfaits de Death), jamais autant de haine n'avaient été divulguées à travers un album, et peu avaient été aussi variés. Altars Of Madness, un des premiers albms de Death Metal, est et restera un des meilleurs albums du genre, et probablement le meilleur opus de Morbid Angel. Si un panthéon des albums de Death Metal était un jour érigé, Altars Of Madness y figurerait certainement.

"Lords of death, I summon you
Reside within our brains
Cast your spells upon our lives
So that we may receive
The gift of immortality
Bestowed on those who seek you
"

Immortal Rites.

A écouter : Absolument tout.