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Biographie

Minus

Fondé à Reykjavík en 1998, Minus connait une trajectoire peu commune. A l'origine apôtres d'un Hardcore Chaotique sans concessions proche de celui de Zao à l'époque (Hey, Johnny!), les islandais se retrouveront un peu moins de dix ans plus tard à partager la scène avec les Foo Fighters ou encore Queens Of The Stone Age. En cause: une évolution constante qui n'en finira plus d'éloigner les cinq jeunes hommes de leurs origines et des sentiers battus. Plus ouvertement rock et atypique le groupe s'attire contre toute attente les grâces de la presse spécialisée à l'occasion de la sortie de son second album Jesus Christ Bobby et enfoncera le clou quelques temps plus tard avec Halldór Laxness malgré le départ de deux de ses membres. De retour aux affaires après d'interminables tournées au milieu des années 2000, Minus repousse encore d'avantage ses limites avec ce qui reste à ce jour son dernier album: The Great Northern Whalekill avant de disparaître des radars. Bien qu'un nouvel album ait été annoncé comme achevé en 2010, celui-ci ne verra jamais le jour, confirmant ainsi le statut dormant du groupe. Kruumi Björgvinsson (chant) a depuis été aperçu au sein de Legend.

Chronique

The Great Northern Whalekill ( 2008 )

Derrière cet artwork franchement dégueulasse, un groupe génial et atypique. Les gars de Minus, adeptes d'un Hardcore noisy qui s'est découvert des envies de mélodies claires, se présentent sous ce qui reste à l'heure actuelle leur dernière forme connue: un combo adepte de l'ultra-Rock le plus total, groovy, viril, beau, frais et décalé comme un mâle islandais - ce qu'ils sont. Cet ultime effort studio s'incarne donc forcément en un disque étrange. Connaissant la densité de la scène musicale locale et son gout pour le hors piste, personne ne dev(r)ait vraiment être surpris.

Malgré cela The Great Northern Whalekill reste, les années passant, un disque étonnant. Clairement sous-produit mais terriblement puissant et généreux, il est de ces albums attachants que les écoutes révèlent un brin mesquin par leur insistance à distiller sans avoir l'air d'y toucher mélodies addictives et lignes de chant (clair) délectables en arrière plan d'un emballage en apparence mal dégrossi mais réalisé par des têtes un peu montées à l'envers et surtout foutrement bien faites.
Car une fois digérée la première décharge, la folie qui semble alimenter ce chant du cygne tentaculaire n'aura d'égal que sa tenue irréprochable. Avec en point d'orgue, une doublette centrale "Trowaway Angel" / "Not Afraid" qui enchaîne les plans comme si de rien n'était alors que les Islandais y transforment le versant Rock du spectre musical en puzzle géant, cette ultime livraison cache pourtant bien son jeu. Ces deux pièces, les plus ambitieuses, faites de mille détails au point de flirter par instants avec les patchworks musicaux labyrinthiques de The Postman Syndrome, sont aussi les moins représentatives d'un album dont la plus belle trouvaille se cache également ailleurs. The Great Southern Whalekill est un disque aussi féroce qu'ouvertement popisant, farouchement Punk mais fortement empreint d'envies de canicule, de blues, de vitesse et de grands espaces dans la plus pure tradition nord-européenne, ce vieux repaire d'irréductibles stoners. Le mot est lâché et quand bien même l'étiquette approchant le plus le style des islandais sur la fin reste probablement le Whatever'n'Roll, le Rock heavy, rythmique et franchement barge de Minus se déguste comme un bon vieux QOTSA grand cru accompagné de petites pilules. Beaucoup trop de petites pilules même (improbable "Futurist"). La bande de Josh Homme n'est plus un groupe de Stoner depuis longtemps - l'a-t-il vraiment été un jour? - et c'est bien pour cette raison que la comparaison tient toujours la route. Car Minus non plus. Pourtant lorsque les baffles dégueulent "Black and Bruised", "Shoot The Moon" ou "Rythm Cure", on se dit que les islandais avaient entre les doigts de quoi faire frétiller du néo-barbu par containers entiers, et certainement une sacrée réserve sous le pied ("Weekend Lovers", tube Fusion 90's final qui s'est complètement trompé d'époque). 

The Great Northern Whalekill forge ses lettres de noblesse par son approche proprement inclassable et totalement décalée d'un style que seuls ses auteurs pratiquent. Faire du pied à Pantera (ce titre...) pour aller emballer sa voisine Pop et accoucher au final d'un disque d'anti-Stoner complètement pété capable dans ses fulgurances de renvoyer un paquets de groupes du genre au stade voiturettes et bac à sable n'est pas donné à tout le monde. Si la suite de la carrière de sa tête pensante au sein de Legend (responsable du meilleur album de Depeche Mode depuis presque toujours) l'aura jusqu'à présent montré, toutes proportions gardées, quelque peu assagi elle finit de démontrer que ce groupe avait et a toujours de la suite dans les idées. Comme quoi la dérive en matière de musique n'est pas toujours question de négligence ou d'inspiration en berne. Il y a quelques années de ça, Minus avait fait le choix de se laisser partir. Les retardataires seraient bien inspirés de les rejoindre.