Biographie

Maninkari

Duo batterie & violoncelle nourri de samples, Maninkari joue la carte d'un post rock expérimental, minimaliste et surtout bruitiste allant bien au delà des sentiers battus du genre. Les parisiens sortent en 2007 un premier EP affublé de deux remix (par Robin Rimbaud et Justin Broadrick) ainsi qu'un premier album, Le Diable Avec Ses Chevaux, chez l'excellent label Conscpiracy Records.

Chronique

Psychoide / Participation Mystic ( 2007 )

Ce n'est ni plus ni moins que dans une horrible pochette promo blanche comme la mort et estampillée d'un pauvre autocollant, que se cache les deux premières figures de style de Maninkari. Le duo parisien ajoute en prime des remix de Robin Rimbaud (Scanner) et de Mister Justin Broadrick (Godflesh, Jesu) himself. Psychoide / Participation Mystic (titre qui n'est autre que la concaténation des noms des deux compositions) fait office d'un premier jet loin d'être anecdotique et qui prépare le terrain pour Le Diable Avec Ses Chevaux, premier album prévu le 21 novembre chez Conspiracy Records.

"Psychoide" déboule comme une dégringolade bruitiste, minimaliste et expérimentale. Violoncelle épileptique, batterie  "tendue / détendue", le souffle est immédiatement coupé court, puis sans trop savoir comment, le rythme avale un vrai beat tentaculaire, froid et puissant totalement dément et hypnotique. C'est joué comme un The Ex dénudé et décharné jusqu'à l'os, comme le squelette de Bästard qui creuse un trou pour chercher (et trouver) LE bruit. Les samples viennent nourrir les textures qui tiraillent sans cesse entre le côté mécanique des percussions et l'aspect organique des cordes. Un combat à mort, jusqu'à devenir poussière, entre une vie désordonnée, sinistre et sans répits et une machine, huilée, itérant inlassablement et produisant sans cesse.
"Participation Mystic" s'ouvre sur un sifflement venimeux et mystique, partagé entre le rassurant et l'inquiétant. Pas le temps de penser, il est trop tard, la substance fait son effet. Les sons délimitent un volume vampirisant au sein duquel le temps se dilate. Extension des cordes du violon, rythmique régulière et redondante, sample bourdonnant (drone !). Une pure introspection shamanique pas loin du feeling de OM lorsque la batterie pointe enfin le museau. Chaque percussion résonne en fait écho dans la poitrine qui devient instrument à part entière.
Point à souligner, le son est énorme et fait place à chaque détail de manière égalitaire. L'enregistrement tire pleinement partie des deux canaux stéréo s'ouvrant et se refermant comme les écoutilles d'un sous marin en surface sur le point de chavirer. Surprenant !
Concernant les deux remix, qui resteront pour certains anecdotiques (les remix l'étant par nature la plupart du temps), on ne peut que s'incliner devant la performance. Car outre un intérêt qui leur est propre, les triturations de Rimbaud et Broadrick complètent (à mon humble avis) fort bien les originaux de Maninkari et font office de récompenses après un véritable remuage de trippes.
Rimbaud modèle "Psychoide" en une grandiose version cinématographique. Le violoncelle est accompagné d'une armée d'archers (au deux sens du terme) et la batterie se transforme en un véritable bataillon de tambours de guerre. Véritablement épique, la composition ne ferait pas tâche en tant que bande son d'une attaque des 300 spartiates de Snyder. On aime ou on déteste.
La (nouvelle) patte shoegaze / ambient de Broadrick est immédiatement palpable dès le beat bien senti du remix de "Participation Mystic". Le morceau original troque son trip zen enfumé pour un rail psychédélique soutenu par un clavier new wave cosmique de l'espace intersidéral entre Pink Floyd et Ulysse 31. On va ou bout sans demander son reste.

Avec ce premier jet Maninkari s'adresse à ceux qui cherchent encore, ceux qui sont en permanence en quête, ceux qui n'ont pas lâché prise, et qui sans cesse, veulent aller plus loin, toujours. Vite, la suite !

A écouter : En attendant la suite