Biographie

Los Natas

Sergio Chotsourian: Guitare / Chant
Gonzalo Vilagra : Basse
Walter Broide: Batterie / Chant

Los Natas se forme en 1994 en argentine a Buenos Aires. Quelques années plus tard les premiers effort du trio voient enfin le jour et le groupe ne lève dès lors plus le pied maintenant un rythme de sorties élevé. Le groupe a depuis ses débuts joué aux cotés de Black rebel Motorcycle Club, Brant Bjork, Hermano, Queens of the Stone Age ou encore les Melvins. Aujourd'hui quelque peu assagi et détaché des sonorités Stoner qui auront fait leur renomée, notamment sur Ciudad de Brahman, Los Natas fait partie des formations leaders de la scène rock sud américaine.

Chronique

18.5 / 20
3 commentaires (17/20).

Ciudad de Brahman ( 1999 )

Le roi est mort, vive le roi. En 1999, Kyuss, n’est plus depuis trois ans et le Stoner se retrouve orphelin de ce qui restera à jamais son groupe le plus emblématique. Le désert californien a retrouvé sa tranquillité, chacun s’en étant allé promener son rock de baroudeur vers d’autres horizons (Unida, Ché, Hermano, QOTSA, Brant Bjork…) et il ne reste plus, même si le genre aura depuis vu passer d’excellentes choses, qu’une trace poussiéreuse et une désagréable impression de manque sur l’univers du Rock. Kyuss ne régnait pas pour rien en maitre sur sa Sky Valley, Kyuss était unique et inégalable. Etait. Car en 1999 arriva Ciudad de Brahman. Il était le fait de trois argentins répondant au nom de Los Natas.

Avant de plus s’étendre sur le sujet, peut être pourrait il s’avérer judicieux de revenir un peu en arrière. Cinq ans pour être précis. Un rapide calcul nous amène en 1994, année charnière pour le maitre comme pour l’élève. Question de distance ou de décalage horaire, une chose est sure c’est que le hasard fait bien les choses : alors que l’un assoit définitivement sa domination sur tout un genre, l’autre émerge à l’autre bout du continent. Hasard? Conséquence diront certains. Il vrai que les escapades désertiques des américains avaient (et ont toujours) de quoi faire rêver. Ma main à couper que la bande à Bjork, Homme et cie a tourmenté les jeunes années des argentins.
Mais bref, peu importe en fin de compte… d’où que puisse leur venir cet élan rock’n’roll brumeux le résultat est là. Certes, c’est indéniable, Kyuss trône là en tête de file des influences du trio mais il n’y a pas que cela. Cette rythmique monstre (le sieur Broide est loin d'être un manchot) à forte inertie, ce son puissant, aride et prenant n’obéissant qu’à la seule règle du mouvement perpétuel vers l’avant ne sont pas des héritages des plus difficiles à identifier. La ressemblance est même ce qui frappe en premier à l’écoute de Ciudad de Brahman mais réduire ce disque à cela relèverait presque de l’hérésie. Ce rock était celui de Kyuss, oui, comme il est depuis devenu celui de Los Natas. Les argentins reprennent le flambeau et ravivent la flamme là où d’autres continueront toujours de se recueillir bêtement sur la tombe du défunt roi – ce qui est respectable mais n’avance à rien. Les ingrédients sont semblables, leur agencement du même acabit… seul le désert aurait donc changé en fin de compte? Heureusement non. Si la l'inspitration est la même, le résultat ne pouvait être totalement identique une fois transposé à 10000 bornes de Palm Desert.
Il n’est pas question de bête mimétisme ici. La langue espagnole, déjà, marque le recul pris par Los Natas, là où tout le monde s'empresse d'adopter l'anglais. Le chant, ensuite: toujours aussi titubant mais moins râpeux que chez les américains, haut perché, il amène une fraicheur suppélmentaire que ne viendra jamais démentir la présence de quelques éléments plus progressifs, jammés et psychédéliques dans le sens 70’s du terme (La ciudad de brahman, Brisa del desierto…). Moins poussiéreux que leurs comparses du Nord, plus enjoués et pas moins énergiques, Los Natas n’hésitent pas à aérer leur disque et nous faire quitter la chaleur étouffante de ces quelques charges sauvages venues d’ailleurs souvent menées par une basse intelligente, dynamique et vrombissante à souhait (Meteoro 2028, Paradise, Polvareda, la très «surf music» Alohawaii, Rutation…). Bref, une musique aussi évidente qu'unique. Un rock comme on en entend encore trop peu malgré un retour en force du genre.

Beaucoup d'histoire pour peu de description allez vous me dire... Certes. Mais c'est aussi ça, Ciudad de Brahman. Dans sa globalité, cet album se pose comme un candidat de choix dans la catégorie des suiveurs tant il est indisociable des maitres du genre sauf qu’à la réflexion peu auront réussi à pousser le vice aussi loin, surtout avec tant de classe. La différence se fera avant tout dans le détail, chose que, paradoxalement, ce disque hypnotique et sauvage qui sent les grands espaces à n’en plus finir ne laissera pas forcément paraitre au premier abord. Du haut de ses puissantes montées et évaporations psyché Los Natas est loin de se foutre de la gueule du monde et offre tout simplement au genre un de ses disques les plus ultimes et aboutis dès sa deuxième sortie, repoussant la concurrence ainsi que les trois quart de sa propre discographie à des années lumières. On appelle ça un coup de génie je crois. Pas mal pour un simple ersatz. Sons of Kyuss va.

A écouter : A tout prix.