Difficile de mettre un nom, une étiquette ou une couleur sur la musique développée par les lyonnais de Lampray. A cheval sur un nombre incalculable de styles et d'émotions différentes, le combo nous propose son premier album concept, traitant du thème de la folie, du voyage introspectif, le tout largement balayé par un raz de marée d'ambiances et de plans orchestrés avec talent. Et des pirates... Et des vikings... Et... globalement plein de trucs !
Avant-garde, death, black, folk, prog, électro, la somme des influences est hallucinante, et si l'ensemble n'est pas toujours facilement digérable, on ne peut qu'apprécier l'ambition et les intentions chatoyantes mises en avant sur cette petite heure de spectacle que j'aurais bien du mal à qualifier avec précision.
Après une intro haute en couleur (Cure-dents: How to), le groupe déroule son délire petit à petit, en douceur. Les compositions se suivent et ne se ressemblent pas : que ce soit Benthic Grudges, ses mélodies douces-amères, sa basse ronflante et ce synthé qui réussit avec brio la difficile tâche de relancer la machine à riffs, ou Tyrannie pélagique suivie de Souvenirs prémonitoires, plus agressives, entre inspirations baroques, psychédéliques et mélodies tout droit tirées des jeux vidéos les plus délirants de notre enfance, Lampray réussit à imposer les deux penchants de sa musique schizophrénique. Au milieu de cette tempête de structures complexes et denses comme un biscuit breton, on arrive après quelques écoutes à s'accrocher à cette dualité constante qui consiste à opposer sonorités métalliques avec des ambiances et samples issus d'un esprit malade (dans le bon sens du terme). Le soin apporté à la composition est hallucinant, mais que c'est complexe nom d'une pipe en bois !
Si certaines compositions sont clairement réglées pour le live, voire le rassemblement de pirates imbibés (Skandinavian Rhapsody, Tyrannie pélagique), d'autres sont beaucoup plus travaillées (Souvenirs prémonitoires, Les Chants de calcium, Don't Panic) et prennent une toute autre dimension, qui pourrait plaire aux amateurs de Metal Prog et autres délires mathématiques.
C'est l'histoire d’une grand-mère huitre qui part se venger et après il y a un morse déjà mort parce qu’il...
Oui ! Mais structure ton délire !
C'est globalement le sentiment qui prédomine après quelques écoutes de ce premier effort : le talent est bien présent, la composition et le song writing impressionnants, mais on se perd assez vite dans les méandres et la complexité de cet album concept parfois difficile à cerner. Alors d'accord c'est un album concept ambitieux, c'est pas du crab-core, mais on aurait juste aimer que quelques aspects de la musique soient plus tranchés. Trop d'infos tue l'info et certains partis pris mériteraient d'être re considérés, comme choisir entre l'anglais et le français niveau chant, quelques changements de signatures pas évidents, des structures un peu trop complexes ou encore des passages ou breaks un peu brouillons, rien de bien méchant au demeurant, surtout quand on sait que le groupe est auto produit, mais la somme de ces petits éléments ajoute de la complexité sur un album qui l'est déjà énormément.
Bref, un très bon premier album qui laisse augurer de très bonnes choses à court terme !
Le pitch de Récif Echo Rail : moi j'ai tout compris !
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C’est l’histoire d’une grand-mère huitre qui part se venger et après il y a un morse déjà mort parce qu’il a été tué par un bernard l’hermite déguisé en crabe pour devenir le roi mais il est chassé du trône et meurt dans son château de sable qui s’écroule parce que le monstre de compagnie d’un viking joue sur la plage, celle qui s’étend au pied d’un phare télépathique dans lequel vivent deux gardiennes jusqu’à ce que tout brûle et qu’elles meurent et après il y a des jouets et le protagoniste réalise qu’en fait pas du tout, il est simplement dans un lit d’hôpital mais il préfère être une bouteille de javel satellite qui part explorer l’espace.
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A écouter : Sous acide.