La première écoute de cette démo s’avéra déroutante, éprouvante. Lamie Noire, dissonant à souhait et en permanence sur la brèche ne s'illustre pas dans la complaisance, au Diable les morceaux trop lisses ou bien produites. Une vision affirmée, assumée, à double-tranchant.

Bien que plutôt récent, le one-man band ne propose pas moins de sept tracks où s'enchevêtrent un Black Metal  assez conventionnel mais relativement varié (par moments agressif, atmosphérique) et des passages  plus folkloriques où l'instrumental a la part belle. Le sieur y déclame ses écrits aux inspirations impies et médiévales, de quoi planter le décor dès la genèse du projet et peut-être  justifier cette approche très primitive du son.

Car Opus Élégiaque  marque avant tout les esprits par sa production, nourrie de riffs raw et d'une voix ultra distordue, surplombant le mix à la manière d'un Xasthur ou Wulfhere mais en plus excessif, parfois au détriment de l'instru. Difficile de percevoir le jeu de batterie ou la basse, ce qui pourtant permettrait d’alourdir le propos. Les guitares sont variées quant à elles, et s'essayent à différentes tendances du Black, fouillant du côté de « Skald Av Satans Sol » (Darkthrone) sur « De L'Origine à L'Achèvement », ou rappelant les premières heures plus acoustiques de Peste Noire lors de l'outro de « L'éveil de Lamie Noire ». Lamie Noire ne s'enferme pas et offre des perspectives assez larges en terme de composition, bien que les titres plus aérés, construits et plus simples ressortent distinctement du lot. « A Ceux Qui Au Nom Du Divin S’Embrasent... » en est l'exemple parfait car plus direct et efficace, portant une ligne mélodique épique et que l'on retient très vite. A l'inverse,  « Super Illius Specula » en vient à perdre l'auditeur dans ses méandres de riffs trop complexes et étendus, où la prod' ne facilite pas les choses. Plus généralement, Opus Élégiaque fait davantage ses preuves lorsque la mélodie prend le pas sur la technique (« Idiosyncrasie »),  que l’on se sent porté plutôt que poussé à tendre l’oreille pour saisir là où le musicien voulait en venir.

Lamie Noire présente ici des horizons divers, d’où découle un rendu hétérogène qui pourrait s’avérer intéressant s’il est perfectionné à l’avenir. Plusieurs compos méritent d’être saluées pour leur efficacité et on peut espérer que le one-man band poursuive dans ces voies lors de ses prochains méfaits.