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Biographie

Lo!

Lo! est un combo Australien formé par Carl, Adrian G, Adrian S et Jamie-Leigh. S'orientant dès ses débuts vers un Hardcore Noisy dans la veine de Old Man Gloom, le groupe sort un premier EP en 2010 qui lui permet de signer chez Pelagic Records. Un premier album, Look And Behold, au son dépoli et abrasif, voit le jour en Septembre 2011, toujours chez Pelagic Records puis Monstrotum Historia en 2013.Quelque part entre 2013 et 2015, Jamie-Leigh Smith laisse sa place à Sam Dillon au chant et c'est ce dernier qui enregistre Vestigial sorti en 2017 puis six ans plus tard The Gleaners.

13.5 / 20
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The Gleaners ( 2023 )

Parmi les albums qui se bonifient avec le temps, on trouve Vestigial sorti en 2017 et plus les années passent, plus il prend une dimension importante. Si vous êtes passés à coté, foncez ! C’est donc avec beaucoup d’attente qu’arrive six ans plus tard, The Gleaners, nouvel opus des quatre compères de Sydney.

L’album s’ouvre par le riff de fin de Vestigial, les liant ainsi d’emblée et commençant de la meilleure des manières possibles. On reste grosso modo sur le même mix, un peu comme si le temps n’avait pas eu d’emprise ni sur les musiciens ni sur les instruments et que les réglages du studio n’avaient pas bougés six années durant, attendant patiemment leur heure. Il s’en est pourtant passé des choses entre 2017 et 2023. Et bien que de prime abord, il y ait beaucoup de similitudes, ces deux albums sont très différents l’un de l’autre.

The Gleaners est plus Post qu’Hardcore par rapport à son prédécesseur dans l’idée. On y trouve des chants à la limite du shamanisme et des mélodies, principalement portées par la guitare, envoutantes et répétitives qui vont produire un effet de transe à l’écoute. En témoigne le titre qui donne son nom à l’album qui dure plus de huit minutes et qui va vous plonger bien loin dans les nuages. Ce ne sera pas le seul qui jouera la montre, Kleptoparasite dure près de six minutes, Mannons Horn quant à lui approche les sept minutes trente et ils sont, avec Pareidolia, ceux qui transmettent le plus cette atmosphère éthérée surréelle et intimiste.

Les titres plus Hardcore ne sont pas en reste, Salting The Earth est l’un des meilleurs morceaux de The Gleaners et illustre bien l’album par sa fureur assumée et ce riff Doom qui vient appesantir toute la fin de la piste sur sa seconde moitié. Rat King et Cannibal Culture reprennent eux également ce modèle qui sera donc la marque de fabrique : un début brutal suivi d’une partie lourde, longue et immersive.

C’est l’intensité qu’on trouve sur chaque morceau qui vient vous tenir en haleine tout du long, car oui les titres sont essentiellement longs et le tempo y est lent. Pendant quarante minutes vous vous trouvez dans une tente de sudation et c’est une expérience suffocante, purgative et bénéfique de laquelle vous sortirez grandis. Lo! a clairement un impact sur votre santé psychologique et devrait être remboursé par la sécu !

Vestigial ( 2017 )

Parmi les groupes qui ont une identité tumultueuse et une imagerie délibérément floue Lo! fait déjà office de membre permanent. Outre être un enfer pour tous les correcteurs d'orthographe, Lo! cultive depuis ses débuts cette identité "bizarre" qu'en est-il donc de Vestigial ?

Avant toute chose, il est en quelque sorte un album de la maturité. Un son très médium, aussi bien, chant, guitare, basse que pour les cymbales de la batterie. Le choix de ces sons est d'ailleurs très travaillé, plus à ce qu'il ne semblerait de prime abord. Plus rangé que ces LP et EP précédents, moins imprévisible, mais néanmoins pas moins efficace. L'approche se fait plutôt classieuse et on observe beaucoup de retenue dans les variations et pas mal de finesse quant à la manière de faire. Mêlée à un réel propos artistique, on obtient ainsi une musique homogène, complexe mais pas démonstrative.

Concernant le propos justement, il y a plusieurs fils rouges entremêlés qui confectionnent  la trame de l'album. Une dénonciation de la vacuité, la remise en question de l'existence des choses par leur désuétude, la tromperie commune d'un mensonge maladif qui tend à remplir les vides par du faux, et le mensonge intentionnel, celui qui trompe et fait mal. Tout est  un panaché d'aphorismes et de métaphores, par exemple sur les insectes, ou les animaux dans un sens plus large. Beaucoup de significations différentes sont cachées derrière les mots skin et flesh, comme une sorte de transpiration de mal-être suintant de ceux-ci.

Il est très difficile de se faire une opinion tranchée sur Vestigial après une simple écoute. Rien ne ressort vraiment du lot, et tout est d'ailleurs fait pour que ce soit ainsi. Cette œuvre n'est pas une succession de chansons qui ont une cohérence entre elles.  Il s'agit d'un tout fractionné en onze morceaux. Il est plutôt courant que le titre d'une chanson précédente ou à venir se retrouve dans les paroles d'une autre, et chaque aspect de ce tout est représenté par une thématique particulière associée à un titre. C'est seulement après avoir maturé l'écouté que quelques phrases ressortent plus que d'autres. Aussi si vous souhaitez feuilleter cet album plutôt que de l'explorer, je vous recommande de vous pencher sur Glutton, Butcher Birds et Bestial Beginnings.

Hormis les ressemblances un peu plus évidentes dues au style, certains passages rappellent par évocations Gojira ou Nine Inch Nails, toute proportion gardée bien sur. Si l'on écoute bien, il est même perceptible une certaine approche un peu Toolesque, principalement quant à la manière d'articuler des variations autour d'un même thème. L'alternance entre musiques d'ambiance dans un registre très largement post et morceaux plus traditionnels avec montée progressive d'intensité est du plus bel effet et participe beaucoup à l'immersion dans cet univers désabusé.

Vestigial est un peu comme un film d'Aronofsky, compliqué d'appréhender de prime abord, où les saveurs se mélangent et même si vous êtes sûr d'avoir compris 98% du film, il y a toujours ces deux petits pourcents qui restent inexpliqués et donnent un sentiment de frustration. Une belle énigme déroutante et terriblement fascinante à décrypter et apprécier.

A écouter : Glutton, Butcher Birds, Bestial Beginnings
15 / 20
1 commentaire (15/20).
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Look And Behold ( 2011 )

L'Australie se révèle être un pays surtout connu pour ses combos de (Hard) Rock (ACDC, Airbourne, Silverchair) et moins sa scène plus extrême (Budd, dISEMBOWELMENT) alors que la plupart des groupes évoluant dans des styles plus virulents ont un énorme potentiel. Avec LO! - à ne pas confondre avec Low, le groupe de Slowcore américain - c'est à un penchant plus Hardcorisé que l'on se trouve confronté. 
En citant BreachOld Man Gloom ou Converge dans la jolie petite fiche promo, le label n'est pas tombé loin, mais n'a pas parlé d'une paire d'influences - peut-être moins présentes cependant - dans ce qui façonne la musique de LO!. Pensez à quelques escapades à la Buried Inside / Cult Of Luna / The Psyke Project pour l'énorme Hued Tarantula (la pièce maitresse de l'album, s'il en est une) ou Indigo Division, des riffs en "core" sur Fire At The Child Actors Guild (sans pour autant tomber dans la surenchère inutile) ou un groove teinté de Hardcore'N'Roll (pour les non-allergiques à Every Time I Die) sur Deluge. A force de taper un peu partout, LO! aurait pu sortir un vulgaire pétard mouillé mal inspiré, mais en restant directs et sans fioritures, les Australiens s'en sortent très bien.

On notera la présence de 2 interludes, Seraphim et Doth, plus ou moins dispensables (spécialement la seconde avec ses 3 minutes assez plates). D'autres accalmies plus en accord avec la structure ou les transitions de cet album auraient pu laisser cette sensation d'embrasement constant, alors qu'ici la cassure semble trop nette sur Doth, éjectant presque l'auditeur de l'écoute.

LO!, c'est un hybride (Post) Hardcore Noisy pour fans de Breach qui sait ne pas en rajouter des tonnes pour faire une démonstration, mais qui entache malheureusement son disque de quelques plans plus dispensables. Les minutes en trop n'auraient rien perdu à être supprimées ou remplacées par une autre compo plus aguicheuse. S'il n'y avait que cela, il ne fait nul doute que Look and Behold aurait eu plus d'impact.

A écouter : Hued Tarantula - Fire At The Child Actors Guild