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Biographie

L'Homme Puma

Formé en Janvier 2005, l'Homme Puma (nom d'un nanar italien des années 80) réunit 4 musiciens d'horizons musicaux et géographiques différents et contrastés: Jérémy au chant et aux "machines", Adrien à la guitare, Clément à la basse et Loïc derrière la batterie. Décidé à mêler Histoire avec un grand H et histoires personnelles, émotions feutrées et désespoirs calcinés, le combo mixe écriture poétique, musique hardcore et sample cinématographique. Avec un style parfois proche de From Monument To Masses, Microfilm ou la scène screamo de Caen, l'Homme Puma vient de sortir son premier EP, après avoir quelques mois auparavant, partagé un split avec Sugar Town Cabaret.

12 / 20
1 commentaire (11/20).

On remplace les yeux cassés ( 2009 )

Comme ce qu’on croyait être un sourire mais qui n’était en réalité qu’une ombre aux coins des lèvres ; un goût amer qui survient après une première impression douceâtre. Comme une sensation de gène inavouable et qu’on nomme avec regret la déception.

Le début est aguicheur. Sous les pas de "La Marche De Mina". Les phares lumineux tournoient. Les guitares lancent leur pulsations cycliques. Comme un film sans générique qui jetterait au cœur de l’action d’entrée, dans une tombée de reverbs et de noises electro. On remplace les yeux cassés semble avoir ce quelque chose de la respiration d’un fauve. On espère. "Ussel van osselt", "On remplace les yeux cassés", "Surtout dans les coins" succèdent au premier titre. L’espoir se ternie. L’Homme Puma distille un post-rock conventionnel,  à milles lieux des productions antérieures du groupe. Exit les cris emo embrasés, les ambiances fantasmagoriques venues d’ailleurs et les moments de bravoure juchés sur des samples de haute voltige (excepté "Velours et pourpre" peut-être et sa batterie qui rappelle le Hail To The Thief de Radiohead). Avec On remplace les yeux cassés, on attend. On attend comme Vladimir et Estragon dans Godot quelque chose qui ne viendra jamais. Les coups de guitare ont beau être parfois plus nerveux que dans le passé (quelques écoutes de l’école postcore suisses ont dû passer par là), les musiciens garder l’esprit de la variation des rythmes et des genres (On flirte avec le trip-hop dans "Surtout dans les coins", on s’électrise légèrement sur "Toy division"), ce sont des faux semblants. Tout semble moins fort, moins grand, moins inspiré, moins génial. Et malgré les insistances et les écoutes répétées, la deuxième clef de lecture ne vient pas. Les morceaux sont longs mais comme vidés de leurs consistances. Belle âme d’antan, où es-tu ?

La perte du chant, la diminution des samples, l’abandon de la touche screamo, l’orientation davantage post-rock/postcore et sa reprise de poncifs (lourdes traînées de riffs, gonflements ternaires etc) ont conduit à complètement transfigurer le visage de l’Homme Puma. Il n’y a rien à redire sur la production, l’application de ses auteurs et le soin dans l’exécution. Il y a juste qu’on n’embarque pas. Et fichtre que ça fait mal de dire ça d’un groupe dont la caractéristique était justement de littéralement transporter.

En écoute sur myspace.

A écouter : La marche de Mina
16.5 / 20
4 commentaires (16.13/20).
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L'Homme Puma ( 2007 )

Ecce Homo. Voici l’Homme (Puma). Voici L’œuvre, celle qu’on peut regarder toute sa vie avec le sentiment de devoir accompli. Annoncé comme prometteur grâce à un split de bonne facture, l’Homme Puma signe son retour avec un EP dix titres et balaye nos espérances pour aller au delà.

Conçu comme une tour de Babel au sein de laquelle voix étrangères et langages venus d’ailleurs s’entremêlent, l’HP nous livre sa version du monde sur fond d’apocalypse (annoncé par le croassement funeste des corbeaux chers à Kurosawa ). Le concept de l’édifice est savamment pensé, médité, élaboré au gré des métamorphoses du plomb et des propriétés du sang. Entre interludes et titres évolutifs, les parisiens usent de tous les artifices, réunissent tous les arts (poésie, avec les poèmes de Bukowski ou Diop ; cinéma, instrumentale, écriture) et font parler au final tous les éléments de la technologie moderne pour révéler la multiplicité de l’Expression (samples, reprises de thèmes musicaux, extraits de discours ou d’œuvres cinématographiques : on reconnaît ainsi pèle mêle des passages de Full Metal Jacket, Barry Lindon, La Ligne Rouge, Las Vegas Parano, Amadeus, Sexy BeastClue). La première main tendue s’ouvre sur un piano : "Wyniki Tlumaczenia Dabrowski". Les noises abondent, grésillent, avant qu’une lumière sacrée nous recouvre de chants grégoriens. My(s)thique. Certains groupes dans le passé avaient déjà procédé à l’intrusion du cinéma dans le musical (Graf Orlock, Microfilm), mais ici il n’est nul question de bricolage, de montage ou de simples lancements de morceaux ; toutes les bribes du 7e Art s’intègrent au projet, y font corps et au final le constitue.

Enigmatique ("La jungle d’Alcaraz"), parfois angoissant, souvent jubilatoire, comme sur "6h22 un 20 Septembre" et la reprise du thème "d’Amicalement Vôtre" au piano, l’Homme Puma n’en n’oublie pas pour autant ses racines screamo et pousse la gueulante à chaque prise de micro.
(G)riffs acérées, colères salies, baisers mêlés de nausée, l’EP positionne ses auteurs dans la tradition de ce hardcore désespéré et décadent ( "même si je ne crois plus en rien" […] "Les yeux fermés, je m’éteins"). Au chant, la gorge toujours raclée, on retrouve ces arrachements vocaux proches de ceux de Daitro ou Belle Epoque. A ce titre, l’entame de "l’Homme Respectable" ou la conclusion de "Toute Pudeur Mise A Part" remettra en ambiance tout ceux qui avaient aimé la rage animale déployée dans "Etchika Choureau".

Proche de Gantz pour l’approche multitfacette du screamo mais également de From Monument To Masses pour les expérimentations instrumentales, l’Homme Puma s’émancipe avec ce EP de ses influences et touche à la grâce en mettant toutes ses tripes, ses sources d’inspiration et son vécu dans le même calice. L’alchimie trouvée, l’or découvert (teintes du myspace et du package très classe), c’est désormais une nouvelle porte qui s’ouvre pour le screamo.

En écoute sur myspace.

A écouter : pour comprendre l'Histoire
14 / 20
1 commentaire (17/20).

Split L'Homme Puma/Sugar Town Cabaret ( 2006 )

Quatre titres.
Pour se faire entendre.
Deux pour chacun.
En miroir. En symétrie.
Quatre titres, comme deux coups de griffes et deux culs secs.
Dans les deux cas, une même visée : déchirer.

L’Homme Puma. Définition: Bête carnassière hybride dont le potentiel rugit déjà à nos oreilles depuis quelques temps. Confirmation de la férocité du félin ? Confirmation. "Etchika Choureau", première entrée en matière, est ravageuse. L’Homme Puma y va de toute son animalité, racontant en musique le destin décadent de celle qui voulait être actrice. Variantes rythmiques, break post agrémenté de samples, noises electros, reverb, chant éreinté et fin punchée façon Amanda Woodward. Rrrrr. Terrible. Deuxième acte, dans un autre registre. Plus expérimental et sans chant (excepté le cri de fin). Ici, la trame est laissée à la voix des médias (français et espagnol) samplés en rappel des heures sombres du terrorisme. Atmosphérique. Inquiétant. Dans un style qui n’est pas sans rappeler From Monument To Masses.

Et puisque la chute d’un sucre entraîne inévitablement celle des autres, les Caennais emboîtent le pas. Emporté par une batterie, brute, sans artifices, qui fait clinquer ses cymbales comme un verre d’absinthe sur le zinc, SugarTown Cabaret mord dans son "Two Days Only", vindicatif et emporté comme un Fugazi de la grande époque ; multipliant les Stop’n’Go et les allers et retours rythmiques. Le "Red" suivant par son aspect moins fougueux, pourra en dépit de ses qualités (la coulée sombre des riffs par exemple) sembler un ton en dessous (surtout venant d’un groupe qu'on sait capable de plus amples furies).

L’Homme Puma/SugarTown Cabaret. Plus qu’un affrontement, un support mutuel. La découverte de deux regards, en attendant impatiemment le reste des corps.

En écoute ici pour L'Homme Puma et pour Sugar Town Cabaret.

A écouter : "Etchika Choureau", "Two Days Only"