logo Kall

Biographie

Kall

Né des cendres de Lifelover suite au décès du compositeur Nattdal, aka B., le chanteur Kim Carlsson et le bassiste Fix sont rejoint par Henrik, AQC et Phil A. Cirone (qui a opéré à la basse avec Niklas “Kvarforth” Olsson de Shining), pour se concentrer sur un nouveau projet du nom de Kall (froid). Avec deux morceaux déjà réalisés, le groupe sort un split avec HarasaiCanopy et Obitus en Octobre 2014, quelques semaines avant un premier album éponyme prévu pour Novembre, il sera limité à 500 exemplaires.

Chronique

Kall ( 2014 )

Lifelover s'était imposé dans un nouveau genre de black métal dépressif, alliant shoegaze avec quelques éléments post-punk. 2014, 3 ans se sont écoulées depuis le drame. Kall renaît des cendres d'un passé douloureux pour présenter leur 1er album, éponyme, qui se démarque des bases que Lifelover avait construites. On se retrouve propulsé dans une ambiance glauque et froide à l'image de la pochette, comme retiré et même exilé sur le flanc d'une montagne, prêt à reconstruire quelque chose de nouveau.

Un léger côté shoegaze à l'ancienne apparaît dans l'intro ("Ingång") ainsi que dans la plupart des compositions instrumentales ("Brytpunkt", "Far Väl"). Certains morceaux se dégagent nettement par leur composition. Riffs taillés dans la roche, voix que seul Kim Carlsson arrive à torturer, "Mycelium Veins" et "Descending Ascension" sonnent dans un style comparable à leurs frères d'armes Vanhelga. Mais Kall ment, benzodiazépine et xanax n'apaisent finalement aucuns maux. Afin de sortir de sa nouvelle mue les Suédois préfèrent faire face au climat hostile d'un hiver scandinave. Respirer le souffle glacial avec un paysage sans pareil. Et c'est cette impression de combler le vide qui émerge alors par la présence de deux éléments progressifs ("Försök till förstörelse", "En ljusare morgondag") typiques du courant DSBM pour le coup, mais pas pour les ex-Lifelover. L'un préfère introduire son blues avec un air jazzy tandis que l'autre repose sur des chants incantatoires. Les parties alternent avec des passages à la fois calmes et paradoxalement violents jusqu'à un final à se jeter d'une falaise. Une originalité interpelle cependant, la présence de cuivre dans un style qui ferait bon d'en utiliser davantage. C'est à l'écoute de "Försök till förstörelse" que l'on découvre un bref extrait de saxophone sur ce long titre ainsi qu'avec "Varelsen", véritable pièce maîtresse de ce premier opus. C'est tout d'abord "Interludium" qui amorce paisiblement un état neurasthénique dans lequel on se retrouve face à une instrumentation qui arrive à nous posséder en 4 minutes et 20 secondes. Des accords d’apparence sains s'entre-mêlent au fur et à mesure que la voix de Kim Carlsson pose des mots(/maux) de manière saccadée. La magie noire ne s'opère qu'au moment où le malin a saisi toute l'attention requise de l'auditeur, une proie devenue vulnérable. La musique sombre dans une furie dans laquelle il faut se faire violence. Le saxo' redouble dans les cris ensorcelés du chanteur. Un solo de guitare à peine discernable tente d'incanter les dernières formules afin de vous convertir définitivement au mal avant que "Far Väl" ne laisse un dernier « adieu », purement instrumental, à votre esprit peut-être encore pas complètement rongé par la folie. 

A contrario de la boîte à rythme principalement utilisée dans les productions de Lifelover, au sein de Kall un batteur occupe les fûts à part entière. Outre un mixage à première vue laborieux, une batterie pas assez mise en avant mais un chant pas trop noyé par les instruments, le son se veut à la fois soigné et brut. L'utilisation clairsemée du saxophone est ici saluée, mais il aurait été préférable de s'attarder davantage sur le dynamisme et les effets de certaines compositions ("Försök till förstörelse", "En ljusare morgondag", "Fär Val"). Le potentiel n'est pas exploité à son maximum livrant un Kall en manque d'identité, mais surtout de morceaux qui retournent la tête, ou dans ce contexte parmi les sphères élevées des Scandes, qui glacent le sang. Après des albums sensationnels signés Lifelover, ce nouveau groupe était également attendu au tournant pour cette première production. Pas forcément à la hauteur des attentes, le génie de Nattdal s'illustre ici par son absence, sculptant un Kall d'une formule peu différente des autres formations DSBM. Rassurez vous il est loin d'être mauvais, ce premier effort manque juste la magie qu'il faut pour marquer les esprits. Il est tout à fait appréciable de l'écouter devant un bon feu de bois, les arbres nus et le froid venu, bref, en des temps hivernaux.

A écouter : Varelsen, Mycelium Veins, Descending Ascension