Biographie

Julia Holter

La discographie encore assez courte de Julia Holter permet d'éviter les généralités habituelles sur son enfance dans les milieux intellectuels de Los Angeles.
Avec 3 albums au compteur, en 3 ans seulement faut-il le signaler au moment où l'on écrit (Tragedy, 2001; Ekstasis, 2012 et Loud City Song, 2013), Holter est encore une artiste en devenir.

Nul doute cependant qu'elle a déjà trouvé sa voie (voix?), silhouette enchanteresse promenant sa féerie au gré de douces mélodies nocturnes bercées d'ambiances brumeuses où l'artiste narre ses histoires, confortablement. 

Chronique

Loud City Song ( 2013 )

Il y a quelque chose d'enchanteur chez Julia Holter. La musicienne, auteure de trois albums en autant d'années, marche sur l'eau. Tout en délicatesse, sur la pointe des pieds. L'esbroufe, ce n'est pas son genre.

Loud City Song est la bande originale parfaite d'un film au charme désuet. Chez le si solennel "Maxim's" ("I", d'abord, puis "II", sa réinterprétation), on entend le cliquetis du verre, des rires parmi l'orchestre de cuivres et les percussions affriolantes. Julia Holter murmure, s'amuse, virevolte parmi les tables au son des trompettes. Elle est vêtue d'une longue robe noire, parée d'élégance et de discrets diamants. La caméra la suit, au rythme de mouvements jazz lumineux, tournoyant à ses pieds.

Enfin, elle s'échappe, rejoint le grand balcon loin des lumières et de l'agitation de la société. C'est, au plus profond d'elle, un oiseau solitaire, mélancolique. Le regard perdu, "He's Running through My Eyes", elle balaye le paysage nocturne et ses propres tourments. L'air est confidentiel, les pincements de contrebasse, son cœur en écho, sont propices aux divagations de l'esprit. Even the regular customers have left early tonight / ran without a hat / everyone has left early without a hat / a fire without a hat. L'espace urbain déserté comme miroir d'un manque. Un frisson. Tout ce à quoi elle tient n'est que de passage, s'évapore en un battement de cils. Elle ne tient, par nostalgie, qu'un chapeau dans sa main. Un chapeau, la magie.

Rarement décor n'aura eu autant de sens. La ville apparaît enfin, et des arrangements merveilleux éclosent.

Ils donnent naissance à un monde qu'elle embrasse naïvement, perpétuellement en quête d'amour. Ce monde est rude, elle en fait ressortir la beauté, caressant d'une voix cristalline la rigueur du froid. On l'imagine tour à tour frêle, à la merci des éléments (contre les cornes grondantes qui la harcèlent avec leurs facéties à la Philip Glass, ne fuit-elle pas, cherchant désespérément de l'aide?) puis, faussement boudeuse, elle envoie balader ce cinéma (Well good I'm done / Off the wild for me). Maître d'orchestre, elle dispose ses mélodies au gré de ses humeurs et de ses errances, laissant son bon vouloir au hasard des rencontres. Rien n'est perdu, tout se transforme.
Même seule, avec pour seul horizon un océan impassible, elle sait qu'elle reviendra sur la piste, dans la lumière.

Au détour d'un de ses morceaux, elle cite Gil Blas, un ancien quotidien français. Sa devise était : "Amuser les gens qui passent, leur plaire aujourd'hui et recommencer le lendemain". Insatiable, chaleureuse, Julia Holter en a saisi l'essence. Eh bien, dansez maintenant.

Julia Holter

Style : Folk/Ambient/Electro
Tags : - - -
Origine : USA
Site Officiel : juliashammasholter.com
Facebook :
Amateurs : 2 amateurs Facebook :