La voila l'étape attendue par les Romains depuis '98. Quand on sort son disque référence, on le sent. Dorénavant, les productions de Jet Market seront jaugées en fonction de leur maître étalon, Sparks Against Darkness.
Sur un son à la hauteur de ses progrès, le combo est parvenu à rassembler ses influences skatecore, punk rock et punk hardcore mélo sous un étendard confédéré. Plus intéressant encore, il s'accorde la distinction de (re)placer le travail vocalique au centre d'un style généralement obnubilé par la technique instrumentale. Chants dédoublés, secondes voix variées, gang vocals, choeurs travaillés... La composition chaleureuse de SAD fait la part belle aux "cordes naturelles", et leur donne même carte blanche sur deux titres: "You Can Always Make My Day" (sans basse, avec batterie et guitare électrique minimalistes), puis "Hate is Baggage" (sans guitare, basse + batterie seulement). Ou comment incruster ingénieusement des pauses plus intimes dans un album de punk rock, sans avoir recours à la balade stricto sensu. Bien vu.
Et les étalons de contrepeser le côté parfois tendre du chant clair par des parties punk hardcore mélo viriles ("The Missing Link" -leur "Elementally Regarded"-, "My Deep Black Night", "As Tides Chance"...), ou de changer les vitesses dès que la répétition guette. Les puristes argueront néanmoins qu'ils ne sont jamais aussi percutants que sur les obus skatecore ("Sparks Against Darkness" et son featuring avec Steve Rawles, "Wayfarers" qu'un groupe comme Straighten Things Out a toujours cherché à pondre sans y parvenir avec une telle efficacité, ou encore le tendu "As Tides Chance").
Performant, mieux vaut-il l'être quand on fait court; car en l'amputant de son titre final repris du split et arrangé, on ramène l'opus à une douzaine de titres pour 25 petites minutes seulement, avec une paire de titres 'mouais' ("15 Hundred Miles for a 15 People Show" par exemple). Un peu succinct, même pour un album bigarré et réussi.
A écouter : "Wayfarers", "Sparks Against Darkness", "As Tides Chance"