Une pochette sobre en papier kraft estampillée d'une voie sans issu, à l'intérieur, reposent Le Parterre De Hyacinthes, petit recueil périodique prolongeant la musique de textes et illustrations libertaires et engagés, puis surtout le premier sept pouces de Hyacinth intitulé Homo Ludens, titre sans doute repris de l'ouvrage de Johan Huizinga du même nom (?).

Avec des anciens Dead For A Minute (une des formations hardcore les plus intenses de ces dernières années de par chez nous) Hyacinth hérite d'une puissance de feu immédiatement palpable. "Where Are Those Hands" allume la mèche et diffuse avec force la saveur rance et l'odeur acre d'un hardcore rappelant sans détour les défunts Union Of Uranus. On y retrouve cette noirceur omniprésente mais aussi la tension maintenue à son comble par des lignes de chant superposées et variées hurlées à la mort. Dans sa façon d'aller à l'essentiel et de tirer efficacement parti des facettes les plus obscures du screamo hardcore, Homo Ludens fait mouche et tiendra en haleine les inconditionnels de la scène canadienne comme les kids touchés par les frasques emo hardcore ("Sad This F****** Action", "Ist SO Unsere Lust ?").

Pas bien loin de feu G-77 dans les parties les plus granuleuses, jouxtant le désespoir des débuts d'Amanda Woodward sur les derniers instants, Hyacinth parvient avec ce disque très court à balayer un éventail large, témoins d'influences assurément digérées. Malgré une face B, moins excitante et marquante que les 3 premiers morceaux littéralement foudroyants, Homo Ludens inscrit Hyacinth comme une valeur sure du genre emo violence. A noter que 1€ par disque vendu vient soutenir cette cause.