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Biographie

High On Fire

  Alors que l’aventure Sleep se termine en 1998, son guitariste Matt Pike (chant/guitare) décide de monter dans la foulée un nouveau groupe dont le son intègrera les influences Thrash de sa jeunesse. A nouveau basé à San Francisco, High On Fire, comme Sleep, prend la forme d’un trio dont Des Kensel sera le batteur, et George Rice le bassiste. Après une première démo, la formation sortira son premier album en 2000 chez 12th Records, The Art Of Self Defense, réédité par la suite chez Tee Pee Records avec deux pistes bonus.
  Un peu plus tard, le label extrême Relapse remarque High On Fire et s’empresse de les signer. Cela aboutira au deuxième album Surrounded By Thieves en 2002, disque leur permettant de tourner massivement jusqu’à ce que George Rice ne décide de quitter le navire. Le moment est venu de mettre un troisième opus sur les rails, et c’est pourquoi Matt Pike recrute à ce poste une figure de la scène alternative américaine, Joe Preston (ex-Melvins, collaborateur de Sunn O))) sur les White, Thrones). L’enregistrement peut donc s’opérer et Blessed Black Wings voit ainsi le jour en 2005.
  C’est un marathon qui s’engage dès lors pour High On Fire, et Relapse alimentera la promo’ comme il se doit avec la sortie, limitée à deux mille exemplaires, de Live From The Contamination Festival. Ce rythme effréné aura raison de la motivation d’un Joe Preston sur le départ, mais il sera finalement remplacé au pied levé par un certain Jeff Matz (Zeke) sur le restant de la tournée 2006. Cependant son statut reste à déterminer à ce jour, puisqu’on ne sait toujours pas s’il est devenu un membre permanent ou non d’High On Fire. Mais à l'annonce de la sortie du quatrième album en septembre 2007, intitulé Death Is The Communion, Matt Pike déclare que le bassiste fait partie intégrante du combo.

Le trio enchaîne ensuite les sorties avec régularité : Snakes For The Divine (2010), De Vermis Mysteriis (2012), Luminiferous (2015) et Electric Messiah (2018).

15 / 20
3 commentaires (15.67/20).
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Electric Messiah ( 2018 )

Grosse année pour Matt Pike. Entre la sortie d’un album inattendu de Sleep, la tournée qui a suivi et l’arrivée de ce nouvel opus de High On Fire, le guitariste a eu les coudées franches pour nous balancer à la gueule des pelletées de riffs dont on tarde encore, à l’heure qu’il est, à se remettre complètement. Car si à peu près aucune révolution n’est à l’ordre du jour sur ces deux fronts, la bataille y fait toujours rage, en particulier sur Electric Messiah. L’ambiance guerrière qui caractérise de nombreux albums de High On Fire est une nouvelle fois à l’honneur. Alors que Luminiferous, il y a trois ans, se déroulait à la façon d’une chevauchée effrénée, ce nouveau parpaing dans la discographie du trio joue davantage la carte de l’écrasement progressif. Si Spewn From The Earth lance les hostilités pied au plancher, on s’installe ensuite dans une guerre de positions, parcourant des tranchées suffocantes et malodorantes dont on craint qu’elles ne nous laissent jamais sortir indemnes (Steps Of The Ziggurat/House Of Enlil).

On est clairement en terrain connu avec le Stoner/Doom/Sludge du groupe. Un sentiment réconfortant qui n’empêche cependant pas High On Fire de nous déstabiliser par moments en nous rentrant inlassablement dedans jusqu’à ce que l’on demande grâce (Freebooter, Electric Messiah). Lourde, grasse, rugueuse et déchaînée, la musique du trio ne fait aucune concession à l’air du temps et pousse chaque idée au bout de son évolution. Le rendu sonore est compact, très compact (Kurt Ballou est toujours aux manettes). On ne respire qu’à petites goulées espacées. La cohésion du groupe n’est évidemment plus à prouver, permettant de reconnaître immédiatement les contrées que l’on parcourt, tout en gardant une "fraîcheur" suffisante pour que l’on n’ait à aucun moment envie de rebrousser chemin, même si celui-ci se fait un poil longuet par moments. Les solos sont inspirés et suffisamment rares pour ne pas ennuyer et le chant de Matt Pike semble, encore et toujours, sorti d’un abysse mystérieux.

Moment de bravoure, Sanctioned Annihilation et ses dix minutes permettent à High On Fire d’opter pour une approche plus progressive, voire méditative, et installent grâce à la rythmique une transe propice au voyage mental. D’humeur joueuse, le groupe touche même au Heavy Metal sur le final Drowning Dog, où la voix de Pike, qui semble au premier abord hors sujet, finit par faire mouche et laisser espérer davantage de morceaux du même genre à l’avenir.

Particulièrement riche et long à digérer, Electric Messiah allie défoulement primaire et immersion totale. Il est à la fois une synthèse de ce qu’est le groupe et une porte (très légèrement) ouverte vers de nouveaux horizons. Quoi qu’il en soit, l’Evangile selon Matt va continuer à faire autorité dans les cercles de ses fidèles et pourrait, à force d’abnégation, attirer encore davantage d’adeptes à l’avenir.

16 / 20
9 commentaires (16.0556/20).
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Luminiferous ( 2015 )

C’est avec une belle régularité que Matt Pike (est-il nécessaire de préciser « de Sleep » ?) et ses compères offrent au monde, tous les deux ou trois ans, une bonne décharge stoner/thrash/heavy, de celles qui redonnent le moral les jours de pluie et la foi en l’Humanité (les gens, pas le journal). Si vous ne connaissez pas encore High on Fire, essayez d’imaginer les mecs de Motörhead perchés sur l’un des camions de Mad Max : Fury Road et tentant d’échapper à une horde d’orques du Mordor tout en continuant à balancer la sauce, amplis poussés au max et crinières au vent.

Luminiferous, septième LP des Californiens, fait suite à De Vermis Mysteriis (2012) et ne tranche pas avec ce registre, se montrant au moins aussi efficace que ses prédécesseurs. Les riffs bien agressifs sont là (The Black Plot, The Dark Side of The Compass, Slave The Hive), la rythmique avance à la vitesse des cavaliers de l’Apocalypse et le chant de Matt Pike rappelle toujours un Lemmy sous stéroïdes qui sait cependant, lorsque le tempo ralentit, trouver une justesse et une profondeur intéressantes (The Falconist, The Cave).

Les textes évoluent comme de coutume entre heroic fantasy (« Darkness the cave in which I hide, Blood of hearts, abandoned psalm, We war in minds to make it calm ») et ambiances post-apocalyptiques (« Evolution virus, once inside us, Injection chip so new, If we relied on reptoid kindness, I think we’re all just screwed… »), le tout baignant en plein trip paranoïaque (« Best close your thighs cause the Gods come a raping, Best hide your mind cause there’s aliens mating »).

Le beau boulot de Kurt Ballou (Converge) à la production fait sonner le trio (Jeff Matz est à la basse et Des Kensel à la batterie) comme s'ils étaient cinq ou six, donnant de l’espace à chacun des musiciens tout en faisant de l’ensemble un bloc impossible à fissurer.

Alors d’accord, quelques riffs donnent l’impression d’avoir déjà été entendus auparavant et certains morceaux auraient peut-être gagné à être un peu raccourcis, mais la qualité des mélodies sur des titres de plus de 7 minutes comme Carcosa ou The Cave fait que les 53 minutes de Luminiferous parviennent à retenir l’attention sur (presque) toute leur longueur. La seule exception étant le morceau final, The Lethal Chamber, un peu trop long et manquant d’intérêt à mon goût, en particulier après Luminiferous, charge hardcore cathartique à souhait et qui aurait conclut le disque de façon parfaite.

Il n’y a donc pas tromperie sur la marchandise. Les orques peuvent bien continuer à leur courir après, les gars de High On Fire auront toujours un riff d’avance et la clope aux lèvres.

A écouter : Fort
15.5 / 20
7 commentaires (16.71/20).
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Snakes For The Divine ( 2010 )

Oui, Matt Pike était/est le guitariste de Sleep. Oui, son nouveau groupe, High On Fire, est en train de reprendre avec dignité, violence et maetria le flambeau de Motörhead. Ca, tout le monde le sait plus ou moins. Ce qui est moins connu et aura nécessité des semaines de recherches partout dans le monde, de nombreuses, et souvent très périlleuses entrevues avec des êtres protéiformes, au mépris de toutes les règles élémentaires de sécurité et de préservation de soi, c’est le Pourquoi. Peut-être aussi le Comment...
L’enquête commence il y a plusieurs mois lors d’un concert de High On Fire. Mon informateur est un ancien attaché de presse, une de ces personnes « introduites » et qui ne souhaite pas que son nom soit divulgué pour des raisons évidentes et par peur de représailles à la Sharon Tate. Appelons-le « Mojito Holocaust ». Après de nombreuses heures, je finis par réussir à retracer le fil incohérent de ses propos et à l’aiguiller sur ce que je veux vraiment savoir. La Vérité tombe : Matt Pike a été élevé par des loups dans un ancien camp de chercheurs d’or au fin fond du désert californien. Ne disposant que d’une plante locale du nom d’Orange Bud et de Psilocybe Cubensis pour se nourrir et d’antiques bouteilles de Jack Daniel’s pour étancher sa soif, il a grandi dans cet environnement jusqu’à l’adolescence et l’apparition de ses premiers poils. Son seul et unique « jouet » fut un banjo que la matriarche de la meute lui apprit à utiliser. Les conditions de son départ restent floues et cet épisode passé, il ne subsiste aucune indication sérieuse. Ce n’est environ que deux ans plus tard, du côté d’Oakland, toujours en Californie, que je finis par retrouver de nouveau sa trace. Batteur d’un groupe connu et originaire du coin, un certain « Scott » me permet de visualiser le reste du parcours de notre sujet d’enquête. Pike a alors environ quinze ans et il est devenu homme sandwich pour un cinéma exotico-pornographique afin de payer ses cours de danse classique et de réaliser son seul et unique rêve : intégrer la troupe de La Scala de Milan. Il passe les tests de sélection avec succès mais La Scala le refuse au dernier moment, prétextant une clause d’incompatibilité de personnalité. Dépité, abattu, Matt Pike se réfugie alors dans la guitare. Le reste de l’Histoire, vous la connaissez et « Snakes For The Divine » est sans aucun doute possible l’album qui retrace ce parcours si atypique. L’album cathartique.

NDR : si vous ne comprenez pas cette chronique, ré-écoutez l’album à un volume sonore beaucoup plus élevé que lors de vos précédentes tentatives et en suivant le régime alimentaire de Matt Pike durant son enfance.

A écouter : En meute
15.5 / 20
4 commentaires (14.88/20).
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Death Is This Communion ( 2007 )

Il est temps de ressortir vos épées, vos haches et autres armures, High on Fire revient plus guerrier que jamais avec un nouvel album sous le bras répondant au doux nom de Death is this Communion. Et avec l'album, sous le bras, il y a aussi un nouveau bassiste, Jeff Matz, recruté chez Zeke. Mais soyez rassurés, il semble que partir en guerre aux côtés d’ High on Fire soit aussi bon que par le passé.

Alors déjà au rayon nouveautés…et bien…rien. High on Fire reprend les choses où il les avait laissées sur Blessed Black Wings mais ne va pas plus loin et ne prend aucun risque. En simplifiant (pas tant que ça) les choses, c’est metal, thrash à mort, c’est gras, épique, ponctué de soli héroïques tout aussi metal (sur le monumental DII notamment) et par dessus tout ça riffe (Cyclopian Scape). Il y aussi ces petites parties acoustiques orientalisantes fort agréables qui donnent un peu de souffle à l’album. On pourra leur reprocher cet immobilisme mais il fait bien avouer qu’écouter un album d’ High on Fire, c’est toujours autant le pied. Le groupe reste fidèle à lui-même et une fois de plus la qualité est au rendez-vous. Le chant est au top, aussi épais que le reste ce qui donne cet aspect compact original, effet appuyé par la production tout aussi, heu, épaisse.

Relapse recommande High on Fire si vous aimez Slayer, Down, Motörhead, Mastodon, Isis et Explosions in the Sky. Si c’est effectivement totalement incomprehensible pour le dernier de la liste, il faut bien avouer que High on Fire brasse une multitude d’influences, le tout ancré dans une très solide base metal. Et puis comme pour confirmer qu' High on Fire en joue pour de vrai, du metal, le groupe nous gratifie d’un artwork dans le plus pur style heroic fantasy du fameux Arik Roper qui s’était notamment fait remarquer pour son travail sur le Dopesmoker de Sleep ou le Welcome to Violence de Buzzov-en. Assez cliché mais plutôt classe finalement.

Tout est dit. Death is this Communion est objectivement un bon album, au moins aussi bon sinon meilleur que son grand frère Blessed Black Wings. Seulement, rien de nouveau sous le soleil, High on Fire se contente de faire ce qu’il sait faire de mieux sans chercher bien plus loin. Et c’est peut être pas plus mal.

A écouter : DII, Cyclopian Scape, Fury Whip...