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Biographie

Hellbastard

«  Si les enfants refusent de se brosser les dents, je les menace d'inviter Hellbastard à venir prendre le thé »
                                                                                                                            John Peel

Hellbastard se forme en 1985 à Newcastle au Royaume-Uni sous l’impulsion de Malcolm « Scruff »Lewty, ex-membre de The Apostles , officiant à la guitare et au chant , Scotty à la basse et Phil à la batterie, tous trainant leurs guêtres dans la nébuleuse punk et anarcho-punk du début des 80’s. L’idée est de mêler le punk au thrash avec un très fort engagement politique issu de leur convictions pro-anarchistes et antifascistes, prenant comme modèle idéologique les légendaires Crass. Ils réalisent pendant l’été 1986 une démo  9 titres nommé Ripper Crust dont les indications de la pochette disent qu’elle a été faite en six heures pour seulement 25 pounds ! Cette démo est depuis rentré dans la légende comme étant le disque qui a donné son nom au Crust. Le mode de vie du groupe, qui vit dans des squats, à moitié à la rue et dans une pauvreté considérable a contribué à façonner le  genre et l’imaginaire qu’on lui attribue.
Musicalement Ripper Crust , avec son mélange à l’époque assez novateur de punk et de metal, se rapproche de leurs contemporains Amebix et Antisect.
Une autre démo est réalisé l’année suivante : Hate Militia, également considéré comme un classique où se font l’apparition de quelques voix féminines.  Ils réalisent ensuite un album Heading For Infernal Darkness, qui sera le dernier avec Phil qui sera remplacé par Bri sur l’EP suivant, They Brought Death.

A partir du début des années 90, le groupe s’oriente vers un son bien plus thrash, abandonnant ses oripeaux crusties qu’il a contribué à forger mais qu’il a toujours conspué au nom de sa liberté artistique et par mépris du catalogage musical. Ils signent sur Earache Records, que leur leader Scruff avait pourtant qualifié de « vendus au système » et sortent Natural Order avec un deuxième guitariste, Ali Lee, un album  100 % thrash qui est aujourd’hui reconnu comme étant de qualité moyenne et que le groupe regrette aujourd’hui.  Mais les galères du groupe en tournée (qui s’était lui-même autoproclamé « le groupe le plus pauvre du monde » ) finissent par causer sa séparation en 1992. Loin de se tenir loin de la scène, Ali ira former Hellkrusher, Scruff et Bri formeront un groupe de Thrash/Stoner appellé Nero Circus. Scruff en particulier sera très actif en formant bien d’autres groupes : The Dischargers, Heavy Water, Moodhoover, King Fuel

Après 15 ans de séparation, Scruff décide de reformer Hellbastard, expliquant qu’il a « toujours quelque chose à dire » avec ce groupe.  Il s’entoure de Gian Luca et Stephen Lea pour sortir Need To Kill, un album toujours très thrash qui n’a pas connu de gros retentissement. Cependant, la réputation d’Hellbastard s’étant beaucoup accrue durant leur séparation, cela permet au groupe d’organiser deux grandes tournées en tête d’affiche, l’une en  Europe, émaillée de galères et de problèmes, et une autre aux USA  qui se déroule bien mieux. Le line-up met du temps à se stabiliser, un EP,Eco-War, sort en 2009, puis un split avec les américains de Dresden en 2012 avec un tout nouveau line-up composé de Paul O’Shea à la basse, Tom McCombe à la guitare et Paul Harris à la batterie. Après quelques festivals au Canada et un changement de batteur, Hellbastard sort  un nouvel EP en 2012, Sons Of Bitches.

Chronique

Sons Of Bitches ( 2013 )

Hellbastard…tiens ils existent encore eux ? Après vérification sur Wikipedia, effectivement ce combo culte qui a contribué à façonner le genre Crust à ses débuts (l’un des hypothèses voudrait que ce soit leur album Ripper Crust qui lui aurait donné son nom) s’est reformé en 2008, 16 ans après leur séparation.  Au premier abord, rien de fou dans l’artwork : un loup pas content, un logo au design anarcho-militairo-symétrique et un titre rebelle qui frise l’indécence question originalité ( Sons of Bitches, oui on avait jamais vu ça). Après une intro assez classique constituée de hurlements de loups  (ca ne fait pas du tout penser à Wolfbrigade, non), mon sang ne fait qu’un tour.  Sons of Bitches, la chanson-titre ne ressemble absolument pas à ce que je connais de Hellbastard, à savoir un thrash crust crasseux des familles, comme on le faisait si bien dans les 80’s. Là, je m’y reprends à plusieurs fois pour vérifier que je ne me suis pas trompé de promo. Non, ce n’est pas un Ep de Revival Thrash qui surf sur le succès de Vektor. Mais merde ! Mes oreilles ne rêvent pas, c’est donc bien les fameux Hellbastard qui balancent ici du gros speed thrash aux accents  progs, renvoyant directement à la première période de Voïvod.  Je jure sur la vie d’ma mère.

Ordinairement, je vous épargnerais une rébarbative chronique titre-par-titre, classique erreur du chroniqueur débutant, mais étant donné le nombre réduit de piste sur cet album (six avec l’intro) et la teneur absolument  WHAT THE FUCK de chacune, il me semble que ce sera la meilleure option :

Sons of Bitches : Donc oui, ça ressemble à Voïvod qui caserait des gros passages thrash directement inspiré de Slayer entre des breaks inattendus et des shreads aigües. En fait, ça ferait même plutôt penser à du Megadeth old school avec une vision moderne du thrash.  Je commence à suer à grosses gouttes : sur 3min51, pas un seul d-beat.

Arcadia : je me sens  un peu mieux. Ici, c’est une piste plutôt dans les clous, si je puis dire, dans la lignée d’Amebix : roulements de batterie empruntés à Winter, break ressemblant comme deux gouttes à celui d’Arise !, le tout avec l’esthétique de leur dernière galette paru l’année dernière. Ça reste tout de même surprenant de la part d’Hellbastard, qui m’avaient plutôt habitué à un rendu moins subtil et plus direct.

System Whore : Ça repart en couille. Ont-ils trop réécouté les galettes de leurs compatriotes de Sacrilège, un groupe de thrash anglais où quelques punks dont un Varukers étaient venu assouvir leur soif de metal ? Une piste de thrash old school presque plus vrai que nature. Même la production et les effets font vieux. Et toujours cette envie de foutre des petits solis et du shredding de ci, de là. Si on n’y sentait pas cette hargne et agressivité thrash très typique, je crierais à l’escroquerie mais force m’est d’admettre que cette piste sent la sincérité…hein ? que ? quoi ? Qu’est-ce que c’est que ce break avec un sample de cœur qui bat ? Et ce début d’ambiance doom gothique ? Et…un son de basse PROG FUSION  ET DES CLAVIERS ? Argh. Je fais de la grosse tachycardie là. Sur 5min44, on a donc  une moitié de thrash old school et une moitié de doom gothique ambiant qui sort de nulle part, sans demander son avis à personne. Je me sens fiévreux. Toujours pas de D-beat.

We Had Evidence : Non mais sans déconner, ils la coupent avec quoi la drogue en Angleterre ? Ou alors, je ne sais pas, le studio s’est gouré et a mis une chute d’Antimatter sur le disque. Ah non, c’est toujours Hellbastard. Ah oui. Et c’est pas trop mal, gros mélange thrash crust supersonique comme ils en avaient l’habitude à leurs débuts où ils daignent nous balancer deux petits D-beat. Me voilà rassuré.

Throw The Petrol Bomb : Heu…du reggae. Oui, une piste de reggae. De pur reggae, et du pas trop mal. Même si la longueur de la piste laisse plutôt croire à une blague, nos 4 crusties ont l’air de trouver agréable l’exercice,  avec leur accent jamaïcain d’imitation. Surprenant, certes, mais pas tant que ça si on sait que la cohabitation des punks et des amateurs de reggae, ou tout simplement des immigrés jamaïcains, était fort courante dans les squats anglais il y a une trentaine d’année, d’autant plus que la proximité historique entre punk et reggae n’est plus à prouver. Ok, ça met sur le cul, mais ce n’est pas la seule occurrence.  Les New Yorkais de Nausea avaient composé une chanson de reggae, Freedom, sur un album datant du début des 90’s.

Bon j’en fais des caisses. En fin de compte, après quelques recherches, Hellbastard se sont assez rapidement détournés du crust pour faire du pur Thrash, et je dois dire qu’en tant que fan d’Amebix, de Discharge et de Crust moderne, cet Ep m’a vraiment beaucoup surpris. En effet, ici, rien ne ravira le crusty des années 2000. Il constituera plutôt une curiosité « Historique » et est plus à conseiller aux amateurs de thrash.  C’est même ce qui lui fait finalement gagner pas mal  sur la longueur : quand on écoute la plupart des disques de crust qui sortent en ce moment, assez difficile d’en trouver un qui sorte du lot. Là au moins, on a un  bel effort du groupe qui aurait pu se contenter de jouer la sécurité ou le classique retour aux sources. Mais non, c’est un objet certes hétéroclite et mal équilibré, mais qui possède au moins une personnalité intéressante, en tout cas plus que The Need To Kill, l’album de leur retour, gros morceaux thrash moderne un peu punk pas franchement bandant et même oubliable.  Espérons qu’Hellbastard va poursuivre sur cette voie et retrouver le caractère novateur qui a fait leur réputation.

A écouter : Tout, puisqu'il est assez court.