Quand le frontman d’Alk3 se lance dans un projet parallèle, les fans du Trio de Chicago s’impatientent… et sont parfois déçus ; car M. Skiba n’est pas toujours là où on l’attend. Le duo Heavens, pensé et conçu par son colocataire Steinbrick, lorgne généreusement du côté de la scène alternative anglaise de l’époque fin 70s / début 80s.
Cold Wave, Art Rock, Post Punk… autant de courants qui ont influencés la création d’un opus qui doit donc beaucoup à Joy Division, Brian Eno, Wire, ou encore aux débuts de The Cure.

Heavens posent une musique minimaliste, ambiante, à la frontière des sons rock et électroniques. Un rock simple aux rythmes entêtants dont le relatif dépouillement apparaîtra aux yeux de beaucoup comme peu évolué; et qui, il faut bien l’avouer, n’est tout de même pas des plus variés.
Tout autre est le but visé par ce Patent Pending axé sur la richesse de l’intimisme. Steinbrick s’essaie à des tons tièdes, voire froids, tandis que Skiba prend son ton grave et sentencieux des jours maussades (le fantôme de Curtis se fait parfois hantant). Sa performance honorable est cependant amoindrie par un rendu très (trop?) proche du Alkaline Trio récent sur des titres comme "Patent Pending", "Counting" ou "Annabelle".

Dans un disque épuré comme celui-ci où chaque note, chaque mesure compte, n’importe quelle note ou mesure peut facilement être ignorée par les moins patients. Ces derniers passeront alors sans doute à côté de l’essentiel, de l’essence de la galette, héritière directe d’une autre époque.
Bien que portant effectivement des similitudes flagrantes avec le Alkaline Trio dernier cru, la démarche est bien différente, et ceux qui s’entêteraient à n'y voir qu'un nouveau Alk3 sont voués à le trouver plat et à le taxer d’enfant pauvre du Trio.