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Biographie

Haken

Haken se forme en 2007 à Londres autour de Richard Henshall (guitare, claviers) et Tom MacLean (basse), deux membres de To-Mera. Le groupe se complète grâce à des amis (Ross Jennings au chant et Matthew Marshall aux guitares) et à un forum de musiciens (Peter Jones aux claviers et Raymond Hearne à la batterie).
Une première démo de deux morceaux est enregistrée dès 2007, sans sortie officielle. L'année suivante, une nouvelle démo est publiée avec cette fois six titres, dont les deux premiers.
Les Anglais trouve un line-up stable après que Charlie Griffiths et Diego Tejeida remplacent respectivement Marshall à la guitare et Jones aux claviers.
 
Aquarius, le premier album d'Haken sort en mars 2010. Il se caractérise par des compositions très longues et très recherchées, à mi-chemin entre métal progressif à la Dream Theater et rock progressif influencé par Pink Floyd et Genesis, en incorporant à la fois des influences plus heavy et d'autres très jazzy. Bien que les ventes ne soient pas exceptionnelles, le succès critique est indéniable.
Le second album, Visions, voit le jour en octobre 2011 et propose une musique toujours aussi intelligente. Le troisième, dans la même veine, sort en septembre 2013.
Juste après la sortie de The Mountain, Tom MacLean annonce qu'il quitte Haken pour se consacrer à To-Mera. Après des auditions à l'échelle mondiale, c'est l'Américain Conner Green qui est choisi comme bassiste au début de l'année 2014.
 
En octobre 2014, Haken délivre son premier EP, Restoration, qui contient trois pistes de la démo de 2008, en version modifiées et réenregistrées, auxquelles ont aussi contribué deux guests : Petet Rinalidi (Headspace) et Mike Portnoy (ex-Dream Theater).

17 / 20
5 commentaires (16.3/20).
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Fauna ( 2023 )

C'est toujours un défi pour moi que de chroniquer un disque sur lequel je ne suis pas objectif. C'est un combat permanant, une lutte de chaque ligne, un temps de rédaction multiplié par les reformulations et les relectures. La tentation de sortir du cadre de la chronique, dans lequel on explique "pourquoi c'est bien", pour entrer dans le périmetre de l'affect et du ressenti, et glousser des "mais siiiii mais c'est juste du géniiiiiiie, écoutez et vous verrez bien, aaaaahhhhhh", cette tentation est partout.
Et le pire, c'est qu'il s'agit d'une cause perdue, puisque malgré mes efforts pour prendre du recul, vous avez déjà pu voir la note finale attribuée à Fauna.

Haken, c'est du Prog mélodique intelligent, travaillé, sensible, oscillant entre Rock et Metal. Si Dream Theater était une école, Haken serait le major de promo. Partant de ce contexte, il faut aussi signaler que les Britanniques sortent d'un cycle de deux albums faisant la part belle aux composantes les plus heavy de leur univers. Fauna se dirige à nouveau vers des terres plus calmes, mais reste riche des influences accumulées en cours de route sur Vector et Virus (notamment dans Taurus, Sempiternal Beings, ou Beneath the White Rainbow). Même dans des morceaux comme Nightingale ou Island In The Clouds, se trouvant pourtant dans la zone intermédiaire du vénère-o-mètre, on remarque bien la présence des huit cordes par guitare ainsi qu'une aptitude à groover très voisine du djent.

Pour autant, c'est loin d'être le seul aspect remarquable de l'album. C'est à noter : Haken revient aussi à des sonorités plus accessibles, mises de côté depuis Affinity. Ca pioche évidemment dans le rock progressif, mais toujours si intuitif qu'il en est facile d'accès. J'en veux pour preuve l'intro et les couplets de The Alphabet Of Me, dont ni le rythme ni les accords ne sont conventionnels, et qui pourtant sont une invitation à danser. Mais reprendre la recette d'Affinity, ce serait trop simple. Fauna apporte aussi son lot de nouveautés, à commencer par des aspects indie pop (Lovebite), art-rock (The Alphabet Of Me), et même un couplet quasiment rappé (The Alphabet Of Me). Haken intègre ça avec bon goût, sans jamais tomber dans la facilité. On parle d'influences, en proportions mesurées, pas d'un revirement complet du genre musical des Anglais. Si Fauna reste très clairement dans le domaine de la virtuosité, son exécution est un tel exemple d'accessibilité qu'on imagine presque Lovebite ou une version edit de The Alphabet Of Me, être diffusée sur des radios grand-public.

Avec ses onze minutes, Elephants Never Forget est le titre le plus court parmi les morceaux les plus longs de chaque album d'Haken. Si ça n'impacte pas la qualité générale de la piste ni celle du disque, on note quand même une légère tendance à raccourcir les titres (seuls 3 dépassent les 8 minutes, et Lovebite est l'un des titres les plus concis de la carrière des Britanniques). Peut-être à mettre en parallèle avec le côté accessible évoqué précédemment, le groupe semble s'ouvrir de nouvelles portes tout en gardant une indéniable intégrité, en continuant à jouer de la musique complexe et intelligente.

Comme d'ordinaire, les textes ont plusieurs niveaux de lecture. Résumer le concept derrière cet opus à "les animaux" est infiniment réducteur. Oui, le disque s'appelle "faune" ; oui, la pochette montre un singe et un paquet d'autres bestioles ; oui, la tracklist évoque explicitement éléphants, rossignols, et autres taureaux ; mais l'auditeur.rice attentif.ve saura déceler des hommages discrets (à Jurassic Park ou à Blade Runner par exemple, respectivement dans Island In The Clouds et The Alphabet Of Me), et des questionnements sur la nature et la définition de notre identité.

Avec ce retour à un son un peu plus soft tout en capitalisant sur les récentes influences plus heavy, Haken semble sortir avec Fauna un mix parfait de tous leurs précédents efforts ; une sorte de best-of qui serait entièrement composé de titres inédits. A ne pas rater, donc, si vous êtes un tant soi peu sensible au Prog et à ses dérivés.

A écouter : Sempiternal Beings, The Alphabet Of Me, Taurus, Island In The Clouds, Elephants Never Forget
17 / 20
7 commentaires (16.14/20).
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Vector ( 2018 )

Chaque disque Haken est parfait. Voilà, c’est tout, cette chronique pourrait même se résumer à ce postulat empirique. En revanche, il est honnête de signaler que Vector pourrait, peut-être, éventuellement, te laisser un peu perplexe, comparé aux autres productions des génies britanniques. C’est vrai, certes, mais il faut que tu assimiles une notion que l’on va développer ensemble dans les lignes qui suivent : Haken est toujours au sommet de son art, par défaut et par définition, et si ça ne te semble pas le cas, alors c’est qu’Haken a changé son art, tout simplement.

Car oui, Vector est bien différent des précédents opus, et sur plusieurs aspects. Déjà, tu pourrais être déçu par la forme : sept titres, seulement ? Bah, pas grave, Aquarius en contient autant. Oui, mais parmi les sept pistes de Vector, il faut compter une intro, et noter que la galette dure 45 minutes (contre 1h13 pour Aquarius, et plus d’une heure pour chacun des albums commis par Haken, d’ailleurs). Le contenu peut donc te sembler plutôt léger.

Musicalement, là aussi on est face à une évolution marquée. Si les structures sont toujours aussi complexes (Veil, Nil By Mouth, et même sur les titres les plus courts comme The Good Doctor), l’ensemble est plutôt basé sur des riffs articulés entre eux, au lieu des habituelles évolutions d’ambiance. Tout sonne plus direct qu’avant, plus précipité, plus intuitif, organique et spontané. Et plus Metal, aussi, bien sûr. Si le groupe jonglait jusqu’à présent habilement entre Rock Prog et Metal Prog, dans Vector la balance penche clairement du second côté. D’ailleurs, on note l’intervention du bassiste de Periphery, invité comme producteur, ce qui renforce encore le son vraiment lourd présent sur la plupart des morceaux. Même s’il reste des accalmies, peu de parties prennent vraiment le temps de poser une vraie ambiance aérienne, à part peut-être dans Host, et encore, pas pendant tout le titre.

Notons aussi la présence de Nil By Mouth, instrumental long, vénère, construit et virtuose. La dernière fois qu’Haken s’est livré à cet exercice, c’était avec Portals sur Visions, trois albums (et un EP) plus tôt. Entre ce titre et l’intro Clear, on atteint les 9 minutes d’instrumental, soit 20% de la longueur de l’album ; sans compter les nombreuses parties sans chant sur les cinq titres où intervient le vocaliste Ross Jennings. Comme avant, les voix sont claires et précises, mais se font moins poignantes ou chargées d’émotions, à cause du rendu plus direct et rentre-dedans global.

Pourquoi Vector est-il plus court, musicalement surprenant, et aussi pourquoi le frontman est un poil plus discret ? C’est simple, on le disait plus haut : c’est qu’Haken est toujours au sommet de son art, mais a subtilement changé d’art. Les Anglais livrent un album de Metal, voilà tout. Toujours mélodique, toujours Prog, oui, mais globalement, l’approche est différente car l’objectif est différent. Vector est à Affinity ce que Train Of Though était à Scenes From A Memory, si on compare Haken à Dream Theater. Malgré les évolutions stylistiques, le sextet ne commet aucun faux-pas, et encore une fois, accouche d’un disque sans défaut.

A écouter : The Good Doctor, Nil By Mouth, Puzzle Box
17 / 20
14 commentaires (15.54/20).
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Affinity ( 2016 )

On pouvait avoir peur d'Affinity. Les trois premiers albums de Haken sont tellement loin au dessus des standards du Metal Progressif que la probabilité de faire moins bien était réelle. D'autant plus que la pochette avait déjà de quoi inquiéter : bien que son style 'minitel' soit justifié (on y reviendra), il tranche de façon abrupte avec la classe des artworks photoréalistes des précédents opus.
Mais rarement des doutes auront été dissipés aussi rapidement. Dès les premières pistes de cette nouvelle livraison, le sextet londonien rassure en proposant un Rock/Metal de haute volée, plein d'émotion et de technique.
 
Après une intro assez bruitiste, Initiate ouvre le bal avec une furieuse rythmique déstructurée. Le titre joue avec cette puissance de feu, la distillant habilement entre des phases plus épurées. Le même parallèle se remarque dans l'épique The Architect : il y a un contraste énorme et génial entre l'ouverture instrumentale chaotique et presque dissonante, et le long interlude tantôt teinté d'influences trip-hop, tantôt groovy (lors du solo de basse par exemple). Misant tout sur cette dichotomie, les quinze minutes de The Architect sont aussi l'occasion parfaite pour faire intervenir Einar Solberg (Leprous), dont le chant véhicule autant de hargne que celui de Ross Jennings nous transporte d'émotion.
 
Mais Haken ne se contente pas d'offrir un album à la dynamique variée et accrocheuse. L'intention de chaque instant est elle-même sujette à des fluctuations hypnotiques, faisant passer l'auditeur de l'obscurité (The Architect, The Endless Knot) à la lumière (Earthrise, Bound By Gravity). Même les influences mises en avant par le groupe nous tiennent en haleine par leur diversité bienvenue, de la ballade teintée de Folk (Bound By Gravity) à une sorte d'agression entre Indus, Dubstep, et Djent (le pont rythmique après le premier refrain de The Endless Knot), en passant par le trip-hop précédemment évoqué. La musique des Britanniques est définitivement toujours aussi intelligente, et jamais elle n'a été aussi accessible.
 
Alors que les précédents efforts s'appuyaient sur des influences Prog seventies teintées de Metal, cette nouvelle livraison propose des sonorités plutôt axées 80's. L'exemple idéal est, en toute logique, 1985. Chargée de détails rétro, à l'image de la production des percussions ou du solo de clavier, cette piste (et dans une moindre mesure, le reste du disque) nous transporte trente ans en arrière.
Ajoutons à ceci un dernier détail : sans qu'Affinity ne soit un concept-album, un thème global s'en dégage, une réflexion sur l'interaction entre humains et machines. Haken choisit de combiner ces deux thèmes pour définir une cohérence générale au disque : l'intro s'appelle affinity.exe, ambiances électroniques (The Endless Knot)... Cette charte est poussée jusqu'à l'artwork, autant la pochette que le contenu du livret se rapportent aux débuts de l'informatique, liant ainsi les choix d'époque et de sujet qui ont influencés la composition. Les Londoniens ne laissent décidément rien au hasard.
 
Comment résumer Affinity ? Haken semble tout simplement incapable de produire un album qui ne soit pas parfait, qui ne transpire pas la classe subtile, et ce nouvel album est indéniablement de la même trempe que ses grands frères.

A écouter : Initiate, The Endless Knot, The Architect, 1985, Earthrise.
17 / 20
1 commentaire (9/20).
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The Mountain ( 2013 )

Je me souviens du 17 juillet 2013. La plupart de mes collègues étaient en congés et je profitais de l'open-space quasiment vide pour écouter en boucle Atlas Stone, premier titre dévoilé par Haken pour présenter leur album The Mountain. Déjà conquis par ce titre, j'entamais alors un douloureux été, entre la récupération de la charge de travail des collègues à la plage et l'attente désespérée du troisième album des Britanniques prévu pour la rentrée.

The Mountain se révèle être une oeuvre complète, à l'exacte jonction de l'accessibilité et de la virtuosité. A l'image du titre-phare Atlas Stone, tout le disque est incertain, fragile, oscillant entre piano pop et rythmiques djentisées, hésitant entre l'interlude jazzy de Cockroach King et les sonorités electro trip-hop de Because It’s There. Ce sont précisément ces sautes d'humeur qui en font un album intelligent et fort, mais aussi, paradoxalement, un ensemble compréhensible et cohérent. Les gars de Haken ont bien conscience que la vie n'est pas une constante. On se reconnaît dans ces changements : chacun de nous a ses forces et ses faiblesses dans l'ascension de nos montagnes personnelles (c'est ainsi que les Anglais justifient le nom de cet effort).

Évidemment, rendre accessible un disque complexe passe par une maîtrise intégrale de son contenu. Les structures longues et progressives sont rendues abordables grâce à un sens de la mélodie indéniable (le break au milieu de Atlas Stone avec ce solo de guitare divin). Les lignes vocales de The Path que l'on retrouve conjuguées différemment dans Because It's There offrent aussi un excellent repère. D'ailleurs, on sera aussi séduit par la versatilité du chant, qui sait être émouvant (dans The Path, justement) ou plus énervé (Cockroach King, In Memoriam).
L'ensemble des musiciens sont des prodiges de technique, et proposent de nombreux leads, de multiples grooves, des passages bizarrement structurés qui sonnent pourtant intuitivement bien... Mais Haken n'oublie pas non plus de privilégier l'efficacité dans les refrains (In Memoriam, Falling Back To Earth). C'est à se demander si ces mecs sont humains, tellement tout est magnifiquement bien trouvé.

Au final, Haken rappelle Persefone, tant les Britanniques et les Andorrans réussissent à rendre leurs musiques facile à appréhender alors qu'elles sont pourtant alambiquées et recherchées. Si vous aimez Shin-Ken ou Spiritual Migration, ruez-vous sur The Mountain qui pourrait en être une version alternative, avec une dimension Jazz/Rock à la place de la composante Death Metal.
Haken accouche donc là d'un véritable monument de passion, d'émotion, et de force ; tout en jouant autour du Rock au sens large. Un album puissant et complet, qui valait véritablement le coup de l'attendre tout un été...

A écouter : Atlas Stone, Because It's There, Cockroach King, The Path... Tout, en fait.
Haken

Style : Rock / Metal Progressif
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Origine : Royaume-Uni
Site Officiel : hakenmusic.com
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