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Biographie

Grima

Grima est un groupe de Black Atmosphérique venu tout droit de la Sibérie. Formé en 2014, le duo constitué de Morbius (guitare/basse) et Vilhelm (chant, guitare, basse) sort un premier opus intitulé Devotion To Lord chez Naturmacht Productions en 2015. Le deuxième effort du groupe, Tales Of The Enchanted Woods, paraît quant à lui toujours sur le label allemand en 2017.

Chronique

Tales Of The Enchanted Woods ( 2017 )

Et si pour une fois on jugeait le livre à sa couverture, comme nous l'interdisent les anglo-saxons ? Regardons d'un peu plus près cet artwork et voyons ce qu'il nous dit. Neige, vieillard,  noir et blanc, créatures fantastiques, arbres avec des visages dedans façon Pocahontas,...Oui ça sent le Black Metal à plein nez, et ça cause visiblement plus de forêt enchantée que de Satan dis donc. « Roh nan, encore du Black Atmo tout fade et trop propre, je retourne écouter Burzum dans ma grotte... » Oui mais non, attends un peu en fait. 

Grima nous vient de Sibérie, c'est donc peu dire que les gaziers doivent en connaître un rayon en  matière d'immensités glacées et de solitude hivernale. Tales Of The Enchanted Woods, deuxième effort de notre formation du jour, offre en effet un compromis tout trouvé entre un Black Atmosphérique à la PanopticonSaor et consorts, et quelques clins d’œil au Pagan Folk de l'Est européen. 
Premier constat, le piège de la production toute lisse façon Post-Rock est balayé rapidement. Bon point pour Grima qui, tout en étant fort attaché aux mélodies, conserve des six-cordes un tant soit peu abrasives. Oui des mélodies il y en a, il y en a même un peu partout car notre duo russe a beau conserver des éléments de Black pur jus (voix, blast-beats), ils n'en sont pas moins très actifs et versatiles dans leurs compos. Nombreux sont les intermèdes à cordes et chant clairs, les montées en puissances typiques du Post-Black (Never Get Off The Trail) ou bien ces claviers rappelant les bricolages formidables de Nokturnal Mortum pour imiter les sons d'instruments traditionnels avec un synthé (Ritual).

« La différence entre un bon et un mauvais groupe de Black Metal ? Bah le mauvais groupe il trouve un riff en tremolo, il le joue en boucle avec de la disto, un peu de reverb, et hop ça fait du Black. Alors que le bon groupe  il trouve un riff en tremolo, il le joue en boucle avec de la disto, un peu de reverb, et hop ça fait du Black »

Bon, c'est un peu plus compliqué que ça bien entendu, puisque Grima depuis sa première offrande ne va pas à la facilité et s'efforce de ne jamais rester linéaire. L'entrée en matière qu'est The Moon And Its Shadows s'étend sur plusieurs mouvements ravageurs où un contraste net s'établit entre la violence des cris perçants (et foutrement remuants), des growls profonds, de la batterie et la beauté de lignes mélodiques inspirées (rappelant par moments la froideur de Sorcier Des Glaces). C'est simple, chaque titre à proprement parler a le potentiel pour faire te hérisser le poil. On peut penser au final exaltant de Ritual et sa douce voix féminine prise dans le tumulte d'une tempête de guitares, ou encore à l'intro de The Grief (très Deafheaven) qui inonde le champ sonore de lumière avant d'embrayer sur une cavalcade chère à Wolves In The Throne Room
Propices à l'abandon, ces huit titres incarnent avec succès l'ambivalence toute particulière de la nature dans le Black Metal; rassurante, belle, harmonieuse, mais aussi mystique, dangereuse et sauvage. 

Tales Of The Enchanted Woods parvient à rester captivant et immersif de part en part. Les plus friands de sons raw lui préféreront peut-être son aîné, mais quoi qu'il arrive le groupe ne remet pas en question les espoirs portés par le premier opus. Pourvu que nos deux comparses aillent encore longtemps se faire des ballades bras-dessus bras-dessous dans la taïga enchantée.

L'album est en écoute intégrale sur bandcamp.

A écouter : The Grief, The Moon And Its Shadows