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Biographie

Gogol Bordello

Eugene Hutz - chant
Sergey Rjabtzev - violon
Yuri Lemeshev - accordéon
Tommy Gobena - basse
Eliot Ferguson - batterie
Oren - guitare
Pam Racine - danseuse
Elizabeth Sun - danseuse

 

Gogol Bordello apparaît sur terre en 1999, sous la houlette du génial Eugene Hutz. L’homme est né en Ukraine, sa vie est un roman, il fuit donc l’Ukraine en 1986, après la catastrophe de Tchernobil, passe de camp en camp de réfugiés, traverse l’Europe à pied, guitare sous le coude, et se retrouve à New York. Il anime, en tant que Dj, le Bulgarian Bar, fait découvrir l’essentiel des musiques éthniques/multiculturelles non-américaines à ses auditeurs, Mano Negra, Sasha Kolpakov, Rootsman, Yuri Yunakov, et de manière générale la musique des balkans et de l’Est de l’Europe. Hommage à l’auteur Nikolai Gogol, inspirateur idéologique du combo, Gogol Bordello joua un temps sous le nom de Hutz and the Bela Bartok, mais personne ne connaissant vraiment Belà Bartok aux Etats-Unis (et en France ? Va chercher sur Wiki), ils préfèrent se retourner vers l’auteur ukrainien. Ils jouent leur premier concert à Pizdetz, sur Ridge Street à New York. Les membres du groupe sont tous sauf une exception (le batteur) d’origine étrangère. Ukrainien, Russe, Ethiopien, Israélien, Thai-Américaine, Sino-écossaise. Leur deux premiers albums sont des échos à la faucille (Voi-la Intruder, 1999) et au marteau (Multi-Kontra vs Irony, septembre 2002). Ensuite, East Infection, en 2005 les aide à quitter Rubric Records pour signer sur SideOneDummy, et sortir l’année suivante Gypsy Punks/Underdog World Strike. En 2007, ils sortent l’album de la consécration, Super Taranta!. Ces gens-là peuvent faire un concert en Europe et le lendemain, jouer aux Etats-Unis, plusieurs fois par an.

14 / 20
1 commentaire (16/20).
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Trans-continental Hustle ( 2010 )

Le retour du groupe le plus allumé (Robert Christgau, le doyen des critiques rock, a dit « le plus visionnaire ») de la planète gypsy punk a pour nom de code Trans-Continental Hustle !
Un album Live From axis Mundi avait vu le jour en 2009 pour nous faire patienter, mais surtout pour témoigner des moments de grâce que le groupe fabrique pendant ses performances live. Le dernier album studio, l’excellentissime Super Taranta ! datait de 2007, et avait déjà beaucoup tourné sur les platines. Loin d’être inactifs, les Gogol Bordello ont parcouru depuis plus d’une demi-douzaine de fois le tour de la terre. Les 13 titres du nouvel opus sont reconnaissable à des kilomètres à la ronde, du phrasé anglais« d’Ukraine » où l’on roule les R aux H qu’on prononce R pour notre plus grand plaisir, à l’assemblage de violons et d’accordéons sans jamais craindre le kitsch, le tout au sein d’une grande smala nomade et vivante. Tubes sur tubes, on se sent surtout citoyen du monde, partageant des racines musicales très larges, du punk-rock (moins présent sur cet album) au musique des Balkans en passant par la musique africaine ("Raise The Knowledge").
Evidemment, les puristes demeurent perplexes quant à la manière dont on peut défendre des idées à l’intérieur même d’un système dont on profite. C’est possible, mais difficile. Ayant quitté SideOneDummy, signé sur American Recordings, subdivision de Sony Music, produit par Rick Rubin (Systen of a Down, Red Hot Chili Peppers…), tête d’affiche des plus gros festivals dans le monde entier, la réussite sourit à la "Familia". Le style n’en pâtit pas encore totalement, même si les morceaux de Trans-Continental Hustle sont plus lissés, plus "homogènes", les chœurs plus présents. Mais ne boudons pas notre plaisir, ce dernier album est d’une grande qualité, Eugene Hutz, le cerveau du groupe, sait se faire plus intimiste ("Sun is on my side"), il sait galvaniser les foules sur des airs à reprendre en chœur (avec ou sans t-shirt du Che), il a le don de poser ses mots de routard sur des accords qui font voyager en roulotte. Idéal pour se faire des potes au camping.

A écouter : My Companjera
15 / 20
1 commentaire (17/20).
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Super Taranta ( 2007 )

Gogol Bordello débarque avec un nouvel album, Super Taranta !, et le moins qu’on puisse dire, c’est que la conquête du monde a bel et bien commencé pour les New Yorkais. Produit par Vic Van Vugt (Nick Cave, PJ Harvey), enregistré évidemment « live », avec le moins d’overdub possible, la barre a été mise très haute avec cet album d’une rare densité.

Loin du produit de consommation pré-mâché, le contenant et le contenu sont d’une cohérence assez rare dans le milieu pour le signaler. Toujours dans l’esprit de mixer des influences diverses des cultures populaires à travers le monde, afin de développer leur concept de Gypsy Punk, la bande, menée de main de maître par le génial Eugéne Hutz, réalise son meilleur opus à ce jour! L’octet est clairement influencé par Manu Chao, les Clash, la musique Tzigane, le Reggae mais aussi par le Flamenco, le métal et la musique classique japonaise… et plus spécifiquement, pour cet album, par la Tarentelle, musique traditionnelle du sud de l’Italie. Particulièrement vivace, cette musique, accompagnée d'une danse effrénée, était jouée au cours de cérémonies qui pouvaient durer des journées entières, afin de guérir ceux que l'on croyait être victimes de morsure d'une araignée légendaire, la tarentule…Filez la métaphore...

Le bonhomme a beaucoup voyagé, en moins ridicule que Borat, et est allé à la rencontre de toutes ces cultures "prolétaires", notamment de leur histoire, et celles du ska et des pays de l’Est l’ont particulièrement touchés. D’abord parce que lui-même vient d’Ukraine, mais aussi parce que ces musiques furent inventées par des individus pauvres qui n’avaient rien à perdre et que ces populations avaient comme seul espoir de survie la recherche d'un exutoire à la misère de leur quotidien. Souvent, par le travail, quand il était possible et non aliénant, régulièrement par la musique ou la danse. De là, Gogol Bordello théorise son "NRI" pour New Rebel Intelligence.

Concrètement, à l’écoute de l’album, on se retrouve transporté dans un film de Tony Gatlif (Latcho Drom, Gadjo Dilo), dans une fanfare à un mariage balkanique filmé par Emir Kusturica, à un concert des Négresses Vertes avec en featuring Bad Brains et Asian Dub Foundation, il faut l’entendre pour le croire. Il faut le voir pour l'entendre. Le groupe est réputé pour ses shows hystériques, (ici  ou surtout ), mais sous cette folie se cachent des textes durs remettant en cause les théories créationnistes, le phénomène de globalisation et notamment « Zina-Marina », qui aborde le sujet délicat du commerce des êtres humains et particulièrement de l’esclavage blanc qui agit dans l’ancien bloc communiste. En a peine 10 ans, l’Ukraine a vu disparaître nombre de ses « jeunes filles » (on parle officieusement de 60%), kidnappées, vendues, envoyées dans des bordels ou des palais à Dubaï. « American Wedding » est une description d’un mariage américain du point de vue de  « l’immigrant », un portrait sociologique d’une finesse et d’un humour sarcastique. « Tribal Connection » est peut-être le morceau le plus réussi, le plus posé, le plus sensuel ; tandis que « Wonderlust King » est entraînante à souhait, avec son refrain à hurler la liberté, le clip  retrace les années d’errances du chanteur/guitariste avec poésie, mais réalisme. "Suddenly….(I Miss Carpaty)" est un formidable résumé du multi-culturalisme dont est emprunt la famille Gogol Bordello et "Ultimate" donne le ton d’un album conçu comme un voyage, pas seulement géographique, mais aussi introspectif. Qui suis-je dans ce monde de fou ?

Un album riche, riche des influences que portent le groupe. Go, Go, Super Gogol Bordello !

A écouter : Wonderlust King, Tribal Connection
14 / 20
2 commentaires (16.25/20).
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Gypsy Punks : Underdog Worls Strike ( 2005 )

Un joyeux bordel de déglingué du ciboulot. Un octet d’hystérique qui aurait les fils qui se touchent. Ces gens-là mêlent une certaine idée du punk rock folklorique comme personne (en fait, si on cherche bien, ils ont des parents lointains, mais d’un second mariage : Flogging Molly ou Dropkick Murphy’s qui jouent avec leurs racines, mais elles, sont irlandaises). On me glisse dans l’oreillette « – Et les Gypsy King là-dedans?  – euh, ouais (hésitant), mais alors là, c’est plutôt issu d’un divorce qui aurait mal tourné »).

Ici, c’est avec des accents orientaux, de la musique Yiddish (ou Klezmer, c’est selon), un côté gitan indéniable, du phrasé comme seul on sait le faire sur la place rouge à 3 heures du mat’ ("Avenue B") et des larges touches de musiques traditionnelles de l’Est de l’Europe qu’on fabrique cette musique atypique, pour notre plus grand plaisir. Le violon et l’accordéon apportent une couleur musicale toute particulière, Gogol Bordello maîtrise l’accord « qui-fait-voyager », sait se faire dub ("Dogs were Barking") ou acoustique ("Illumination"). On imagine aisément les Gogol Bordello foutre un sacré dawa à votre mariage, sans compter sur le charme de leur deux danseuses, pour nous faire tourner, tourner et tourner la tête à coup de déhanché par là, à coup de vodka par ici, à coup de nasdrovié (merci de repasser pour l’alphabet cyrillique) re-par-là, et à coup de verres qui volent, re-par-ici. Voilà dix ans que ça dure !

Gogol Bordello ? Bien plus qu’un groupe de bal en fait, bien mieux qu’une pilule anti-dépressive, un remède à l’amertume.

Ecouter "Not A Crime".

A écouter : "Immigrant Punk"