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Biographie

Glassjaw

Glassjaw émerge à New York en 1993, formé sur les cendres de Sons Of Abraham le groupe sort son premier album en 2000, Everything You Ever Wanted to Know About Silence, sur Roadrunner avec Ross Robinson aux manettes (Korn, Limp Bizkit, Slipknot), mais Glassjaw ne donne pas dans le Neo Metal, il est d’ailleurs un peu difficile de définir clairement la musique des cinq New-Yorkais, oscillant entre Emo/Hardcore et Metal le groupe aguiche autant les kids à mèche que les chevelus metalleux. En 2002 le groupe sort son second album, Worship&Tribute, toujours sous la houlette de Ross Robinson, et confirme son talent. Daryl Palumbo, leader du groupe monte un side project bien différent, mais tout aussi intéressant, avec Dan The Automator : Head Automatica, qui sort son premier album en 2004.

S'ensuit un hiatus de quatre ans, qui verra tout de même le groupe préparer une tournée avec The Used, avortée par la résurgence des symptômes de la maladie de Crohn contractée plus tôt par Daryl Palumbo. Après quelques épisodes mouvementés entre l'Angleterre et les Etats-Unis, Glassjaw ressort la tête de l'eau, annonçant du concret en 2009 et une rupture sèche avec Roadrunner. Ce qui débouchera deux ans plus tard sur le EP Coloring Book, davantage porté sur l'électronique et l’expérimentation. Silence radio entre 2011 et 2015, le groupe poste alors un nouveau titre sur sa page Soundclound, New White Extremity, qui se révélera être le premier single du troisième long format, Material Control, pondu en 2017, hébergé chez Century Media.

Daryl Palumbo - Chant
Justin Beck - Guitare/Synthé
Travis Sykes - Basse
Chad Hasty - Batterie (+ Billy Rymer en session studio)

17 / 20
10 commentaires (15.85/20).
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Material Control ( 2017 )

Dans le genre des sorties inattendues de 2017, le troisième album de Glassjaw se pose là. Sans nouvelle concrète depuis le très furtif mais excellent EP Coloring Book en 2011, le désormais quartet avant-gardiste a bien senti que personne n’attendait plus grand chose de lui. C’est donc le moment idéal, juste avant les fêtes, pour nous gratifier d’un Material Control surprise, effaçant ces périodes de disette, néanmoins augmenté par une section rythmique toute neuve et un bagage conséquent obtenu notamment par le chanteur du groupe Daryl Palumbo, via Head Automatica et United Nations, ou son cheminement personnel.

L’année 1993, explicitée par un visuel fleuri, rappelle l’ancienneté d’une formation qui aura marqué plus profondément qu’on ne le pense les milieux Post-Hardcore et Metal branché sur courant alternatif. Découverts pour beaucoup d’entre nous avec le premier album en début de siècle, les New-Yorkais étaient souvent rangés dans la case Néo-Metal (du moins en France), à tort puisque leurs intentions correspondaient davantage au renouvellement du noyau dur amorcé par Snapcase, Thursday, At The Drive-In et autres TDEP. Leur volonté était justement de briser les codes, exécutant une fusion originale nourrie au groove de Faith No More. Le matos ici exposé en est l’illustration modernisée.

New White Extremity, premier single dévoilé timidement il y a deux ans et titre d’ouverture, replace le contexte, démontre la capacité toujours aussi flagrante de Glassjaw à fournir des orgasmes auditifs, malgré ses têtes chercheuses plus ou moins électroniques. Basse élastique aux accointances Jazz/Funk, batterie caméléon agglomérée de percussions promptement disposées, guitare à la fois tranchante, bavarde et exploratrice, chant plus maîtrisé que jamais, situé quelque part entre Mike Patton, Chino Moreno et Cedric Bixler, voilà les éléments qui donnent à ce Material Control toute sa superbe. Un contenu effectivement grassouillet bien que la durée ne dépasse pas les 40 minutes.

Ainsi le protéiforme Shira, merveille d’équilibre, qui se gargarise de mélodies relativement grinçantes et de cassures brutales avec un naturel déconcertant, le tortueux et dément Golgotha aux accents Noise, ou le dub maladif, rampant, de Strange Hours valident un caractère toujours inventif, brillant, pénétrant. Des morceaux de bravoure tels que Citizen et Pompeii rouvrent les plaies du Hardcore, par cette voix mi-hurlée mi-scandée, tandis que le tempo s’accélère avec Closer dans lequel se fondent des parties progressives sans que ça ne jure d’aucune façon avec le reste. Le titre éponyme fera quant à lui office de passerelle binaire parcourue d’une six-cordes épileptique, vers un Cut and Run au final abrupt mais opportun.

Glassjaw nous prouve que la magie est toujours opérationnelle, quinze ans après le fantastique Worship&Tribute, dans une réjouissante continuité. L’audace stylistique est indemne, voire transcendée par l’expérience engrangée entre temps. Le cœur s’emballe et les écoutes répétées de Material Control sont même susceptibles de faire saigner cet organe vital d’un plaisir voluptueux. Les adeptes historiques ne seront pas dépaysés et en redemanderont, assurément. Quant aux nouvelles oreilles curieuses, elles découvriront un groupe sans âge, indispensable.

A écouter : naturellement.
16 / 20
17 commentaires (17.21/20).
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Worship & Tribute ( 2002 )

  Quelques années après le carton de leur premier album, les jeunes new-yorkais se devaient de faire face à l'évènement crucial de la confirmation. L'enjeu est de taille au vue de l'accueil unanime réservé à "EYEWTKAS", et cela se traduira hélas par une refonte de la section rythmique dans un premier temps, révélant ainsi l'instabilité récurrente au sein de la carrière du groupe. Glassjaw préfèrera néanmoins digérer cette pression de manière analytique, en se replongeant intensément dans ses racines musicales. Cette quête d'identité se veut plus réfléchie, succédant à la spontanéité tonitruante et talentueuse du débutant. Mais "Worship & Tribute" est un album cruellement ambitieux et ambigu. Rester dans la continuité tout en se plongeant dans le passé, pour au final proposer un résultat inédit est un pari difficile.

  Le combo aura cependant tôt fait de nous rassurer. Glassjaw n'a, en effet, rien perdu de son énergie. Les guitares sont toujours aussi translucides et incisives par les bons soins de la production de Ross Robinson, mais c'est surtout la voix de Daryl Palumbo qui tire son épingle du jeu. Les parties vocales gagnent indéniablement en maîtrise et en grandiloquence, en dépit des hurlements qui seront un peu plus canalisés. Il en résulte des titres surprenants mais pour le moins réussis, telle la tornade "Tip Your Bartender", le puissant "Mu Empire", ou encore "Cosmopolitan Bloodloss" dont le "after all" du refrain s'empresse d'agripper l'oreille.

  Si l'on retrouve toujours cette même "pêche" qui les caractérisait, Glassjaw va cultiver cette proximité structurelle par rapport à leur premier opus. Ainsi "Radio Cambodia" constitue la plage émopunk traditionnelle pour le groupe, sans être pour autant caricatural ou racoleur. Glassjaw va, par la suite, proposer des titres plus mid-tempo, véritables rampes de lancement pour les touchantes envolées de Palumbo. C'est le cas sur le rétro "Ape Dos Mil", ou encore le sublime "Must Have Run All Day" dont le refrain se veut un brillant hommage à Stevie Wonder tant la ligne de chant ressemble à celle qu'affectionne le soul man. Mais "Stuck Pig" et "Pink Roses" viennent rétablir le jute équilibre en décibels dans des accès de distorsions hardcore assez déroutants de prime abord. Mais cette sensation n'est que le juste reflet de "Worship & Tribute" : une continuité sur la forme, mais un fond beaucoup plus inattendu et difficilement saisissable à la première écoute.

  Glassjaw ira néanmoins plus loin dans sa démarche, dans des sonorités qu'on ne lui connaissait pas par le passé. "Trailer Park Jesus" dévoile ainsi un côté aérien et intimiste dans lequel le chanteur excelle véritablement. Idem pour "Cavalcade", dans lequel le syncopé et dépouillé couplet laisse place à l’explosion sonore. Car au final, Glassjaw s'impose toujours autant (et sur chaque titre) dans la discipline du refrain imparable, et ce n'est pas l'oriental "Two Tabs Of Mescaline" qui viendra contredire ce constat.

  "Worship & Tribute" est donc un album dont l'écoute attentive et répétée s'avère indispensable afin de déceler les richesses dont il regorge. Sans être conceptuel, Palumbo et ses compères ont activement recherché ce qui caractérisait leur son, pour au final délivrer un résultat/style unique dans lequel le chant est un atout décisif. Après l'intermède Head Automatica et le hiatus lié à l'instabilité du line-up, on ne peut que s'impatienter d'entendre à nouveau les natifs du New-Jersey. Revenez vite.

A écouter : Tip Your Bartender, Cosmopolitan Bloodloss, Must've Run All Day
18 / 20
19 commentaires (18.63/20).
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Everything You Ever Wanted To Know About Silence ( 2000 )

Voici la chronique d'un monstre de la musique émotionnelle...un album d'une sincérité incroyable, qui ne se limite ni à l'emo ni même au néo, proposant une palette incroyable de style que l’on pourrait tout simplement qualifié du « style glassjaw » ...

Glassjaw c'est en premier lieu Daryl palumbo...un chanteur renversant au vu de ses capacités vocales. Il marie le chant emo "conventionnel" avec des hurlements proches du hoquet complètement barré, ou avec des intonations bien plus punk rock. La transition entre la plus sauvage des colères  et la douceur s’opère en quelques secondes, ce n'est peut être pas le premier à le faire, mais il le fait avec brio. Le reste du groupe est lui aussi loin d'être manchot, les riffs sont incisifs et originaux, soutenu par une basse efficace, particulièrement dans les chansons les plus calmes (telles que Her middle name was boom) où elles transportent l'auditeur et remue sérieusement son estomac; enfin la batterie donne un rythme effréné aux morceaux les plus brut.....

Pretty Lush démarre l’album, et c’est sans doute le morceau le plus accessible de la galette : il est l’avant goût parfait pour un tel album, il n'est pas excessivement violent (parfait pour se faire une idée du son Glassjaw). En revanche question violence, on est surpris par le début du terrible Siberian kiss, ou le presque extrême  Babe, une claque épuisante  par sa rapidité, ses cris stridents, ses riffs punk hardcore. Heureusement que cette tornade ne dure que 1 minutes 43, car on se demande si le chanteur pourra tenir ce rythme effréné ; tout comme BabeHurting And Shoving assomme, bien que moins rapide, avec toujours un coté punk hardcore bien prononcé...et sa fin incorporant du hip hop de façon inattendue et surprenante...

Dans un registre plus doux Majour débute comme un morceau d’emo plus classique (pour par la suite finir sur des vocalises à fleur de peau) ; Ry ry’s song est également plus calme faisant penser à du punk rock. L‘incontournable de l‘album est certainement le fantastique morceau éponyme de l'album, progressant dans l'émotion pour laisser éclater une émotion ravageuse, oppressante ; Daryl met vraiment tout son coeur dans cette chanson, causant  a coup sur des dommages chez les personnes un peu trop sensibles.
 
Pour ce qui est des défauts, a la première écoute de l’album difficile de s’accaparer les 12 titres; mis à part Pretty Lush ou Ry Ry's Song, les morceaux sont peu accessibles et peuvent facilement rebuter. Les qualités des musiciens peuvent aussi se changer en défauts, à savoir que le chant peut être très irritant pour les tympans (sur Babe notamment), ou que les guitares ont parfois un jeu étrange et inhabituel. Mis à part ces détails, l'album contient son lot de violence et d’émotions, et comblera amateurs d’emo comme de métal.

Voilà donc un album pour le moins hors norme, qui calme la colère, apaise la tristesse, n'est jamais lassant, mais qui agresse un peu les tympans (mais on en redemande) ; Everything est un album assez spécial mais dès qu’on a accroché difficile de le laisser quitter sa platine.

A écouter : Pretty Lush, Siberian Kiss, Everything you ever wanted to know about silence