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Biographie

Ghost

On ne sait rien de Ghost, mis à part ceci: ils sont Suédois, jouent ensemble depuis 2008, et ils n'obéissent qu'à deux entités: Satan, et Papa Emiritus, son porte parole et, accessoirement, chanteur du groupe.

Ce qu'on sait bien, en revanche, c'est que la cote du groupe n'a cessé de grimper depuis la sortie de son premier ep Elizabeth, sorte de présentation du heavy metal psychédélique aux relents pop que les six s'amusent à jouer déguisés sur scène -cinq en prêtres encapuchonnés, le chanteur en cardinal à tête de mort. Ajoutez à cela une signature chez Rise Above Records, et vous comprendrez plus facilement pourquoi Opus Eponymous, premier album de Ghost, a créé un buzz monstrueux en 2010, à raison.

Dès lors, l’ascension du groupe est fulgurante, les ventes de disques et de merch explosent, Ghost joue dans les plus grands festivals tout en parvenant à entretenir le mystère sur l’identité de ses membres. Leur deuxième album parait en 2013, il se nomme Infestissumam et remporte un énorme succès. En 2015, Ghost enfonce le clou un peu plus avec Meliora, son troisième opus. La production est plus Metal, plus rentre dedans, les Suédois remportent la mise et se voient propulser en haut des charts. En 2016 c’est un EP que propose le groupe à ses fans, Popestar est composé de 5 titres, un inédits et quatre reprises.

16.5 / 20
15 commentaires (10.73/20).
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Impera ( 2022 )

D'une cérémonie clandestine au fin fond d'une crypte, Ghost est passé à une célébration en grande pompe dans une megachurch éblouissante. Certes cela déplaît à certains fidèles de la première heure, mais qu’importe tant que le pape parvient à emmener les foules avec lui. 

Et il y a de quoi : car Impera transporte, propulse vers les nuages grâce à des lignes vocales immédiates. C’est simple, le doublé Kaisarion/Spillways a de quoi vous faire quitter la terre ferme dès le début de la face A, aidé par une instru jouissive et luxuriante (des guitares brillantes, des chœurs, la recette Queen quoi).
Aidé de trois compositeurs extérieurs, dont deux ayant collaboré avec Lady GagaMadonna ou Avicii (j’en vois qui frémissent), la tête pensante de Ghost avait de la ressource pour nous sortir des tubes en puissance. Il faut ajouter à cela une production maximaliste (pour un disque impérial, c’est le minimum) : la légèreté des années 80 couplée à ce qu’il faut de reverb, de batterie bien dopée, de backing vocals sucrés. Mais pas question de se répéter, alors l’acoustique, les cuivres (sur un Twenties déroutant mais habilement placé dans la tracklist) et les écarts gentiment Prog sont les bienvenus. 

Le résultat est un album où l’ennui n’est pas une option : chaque silence d’avant refrain (Hunter’s Moon), chaque ‘clap’ (le très émouvant Darkness At The Heart Of My Love) est mûrement réfléchi et savamment placé en raison du savoir-faire Pop de Tobias Forge et ses acolytes. Une science du bon titre qui rend Call Me Little Sunshine ou Watcher In The Sky très résistants aux écoutes répétées. Le plaisir des yeux n’est pas non plus négligé, bien au contraire : le livret foisonnant de Zbigniew M. Bielak ravira les fans de format physique, tout spécialement les adeptes du LP. 

Après avoir réchappé du sombre manoir d'Opus Eponymous, Ghost n'a eu de cesse de chercher la lumière, souvent à grandes enjambées : Meliora avait chassé la poussière 70’s d’Infestissumam, tandis que Prequelle adoptait par la suite le faste des années 80. Impera confirme cette tendance et assoit encore un peu plus la crédibilité de Tobias Forge (atteignant le n°1 des ventes aux Etats-Unis, n°2 des ventes vinyles en France). Le chemin parcouru en douze ans est impressionnant, jalonné de disques tous singuliers et réussis. Et ça n’est pas prêt de s’arrêter : il se murmure en effet que son altesse papale a déjà en tête de nouveaux psaumes. Alleluia. 

A écouter : Spillways, Call Me Little Sunshine
13 / 20
29 commentaires (12.86/20).
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Prequelle ( 2018 )

C’est les yeux clos tournés vers les cieux, les mains jointes, murmurant une faible prière pour un monde meilleur qu’un miracle se produit. Est-ce le regard profond de l’homme d’église ? Les reflets étranges des vitraux ? Non. C’est dans les quelques notes égrenées par un orgue malade que la Révélation a soudain eu lieu. En ouvrant les yeux et dans le creux de mes doigts se trouve la dernière offrande faite par GhostPrequelle.

Comme toujours, l’Ange Déchu assure le spectacle, surgissant tel un fantasme de cuir, brillant de toutes les facettes du kitsch, dans ses excès et sa classe. Immanquablement on remarque l’ombre si particulière qui caractérise tous les opus et une fois encore, on se laissera embarquer par les refrains de l’excellentissime Rats et les lignes mélodiques si insidieuses de Dance Macabre. La tentation est grande de pousser la chansonnette sur ces œuvres délicieusement gênantes, de laisser la voix du nouveau Cardinal Copia, héritier de Papa Emiritus III, nous caresser le lobe frontal avec tendresse. Qu’il est difficile de ne pas se laisser surprendre par le solo de saxophone dans Miasma dans toute sa classe vicieuse et magnifique. Après tout pourquoi résister ? Ghost sait y faire et malgré le changement quasi complet de line-up, on retrouve cette signature sonore dans les claviers, les riffs et le chant. Tout y est pour faire de Prequelle un nouveau cataclysme dans les oreilles pures.

Et pourtant on a du mal à y croire. Après des années passées à faire briller un style qui joue avec les frontières du ridicule, une seconde d’inattention et le miracle se transforme en malédiction. C’est là que le bât blesse pour Ghost, qui à force d’élargir son style et de s’adresser à un public toujours plus grand, se retrouve à passer du côté obscur du kitsch, celui qui met mal à l’aise. Les textes, bien que toujours très bien écrits, se veulent plus sombres et glauques que jamais. Il est vrai que les thématiques abordées peuvent dérouter (Rats, Faith, Life Eternal) bien qu’il n’y ait pas de changement radical ; mais alors pourquoi ce choix de travailler cet aspect « tubesque » de leurs morceaux ces pianos larmoyants (See The Light) et ces compositions beaucoup plus simples (Pro Memoria) ? Chaque morceau est taillé pour être un tube, et pourtant il reste un goût fade, comme un air de renouveau qui ne prend pas. Bien que de nombreuses très bonnes idées fassent leur apparition, l’exagération à outrance du spectacle donne un côté parfois grotesque aux compositions et nuit à l’ensemble. Sans rompre le charme, ce sont de petites notes, de légers écarts qui font toute la différence (Witch Image).

Sans être un mauvais album, Prequelle souffre de l’ombre de ses prédécesseurs. S’il avait été leur coup d’essai, il n’est pas certain qu’il aurait suffi à Ghost pour décoller et rencontrer le succès planétaire qui est le leur à présent. Pour ne pas laisser place à la redondance, Ghost fait le pari de conceptualiser son style encore plus et de pousser le vice jusque dans des extrêmes où il serait bon de ne pas stagner. Si une chose est certaine c’est que cet album est taillé pour le live et que participer à ces cérémonies restera une expérience de vie contre laquelle il serait dommage de passer.

A écouter : Rats - Dance Macabre - Miasma
15 / 20
21 commentaires (14.86/20).
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Popestar ( 2016 )

Papa Emeritus et ses Nameless Ghouls sont de retour. Un an à peine après la sortie du très encensé Meliora, les Suédois se rappellent à notre bon souvenir et nous offre un EP cinq titres, Popestar. Composé d’un inédit et de quatre surprenantes reprises, ce mini-album, à n’en pas douter, attirera les nombreux fans du groupe, ainsi que quelques curieux.

L’ascension de Ghost n’en finit plus, chacune de ses tournées est un succès, chaque sortie d’album est un carton. Nous pourrions même aller jusqu’à dire que la moindre de leurs apparitions télé est un petit événement que les fans ne ratent pas. Des propos qui ne seront pas contredis par leurs récentes prestations au Hellfest, au Download Festival France ou encore sur le plateau de Canal+. Popestar (dont on salue le jeu de mots), se compose donc de cinq titres, pour un seul inédit : Square Hammer. Très Heavy dans l’âme, celui-ci est évidemment l’attraction principale de cet EP. Quatre minutes, intro de clavier, couplet, refrain, solo, refrain, un morceau on ne peut plus formaté pour le passage radio. Si Ghost fait dans le standard, il n’en reste pas moins que le titre est accrocheur, bien pensé et totalement dans l’esprit du groupe. Les surprises sont plus à aller chercher du côté des reprises présentes sur cet EP, notamment avec celles d’Echo&The Bunnymen et Eurythmics. Les versions offertes par Ghost de Nocturnal Me et Missionary Men sont assez bluffantes, sans enlever l’ADN des originales, les Suédois y imposent leur style et se les approprient parfaitement. L’ambiance de Nocturnal Me est on ne peut plus angoissante et triste, l’adaptation au standard Metal est une franche réussite, aussi bien dans l’instrumentation que dans les vocaux. Une fois de plus le pont entre le Metal et la Cold/New Wave est franchi et une fois de plus nous remarquons à quel point ces courants ne sont pas si éloignés. L’artwork, qui est signé de l’artiste polonais Zbigniew M. Bielak (Behemoth, Mayhem, Paradise Lost, …) est très réussi et amène un petit plus non négligeable, surtout lorsque l’on sait que Ghost apporte beaucoup d’importance aux visuels. La version vinyl de Popestar est indispensable pour le die-hard fan, ne serait-ce que pour pleinement apprécier son artwork et les multiples détails qui le composent.

Sans vraiment prendre de risques, Ghost fait le job avec Popestar. Du reste, le but n’était pas d’en prendre, mais plutôt d’occuper le terrain médiatique et peut-être aussi de se faire plaisir avec quelques reprises, et c’est chose faite. Les fans adouberont sans souci cette nouvelle œuvre qui lui permettra de patienter avant la sortie du successeur de Meliora.

A écouter : Oui !
16 / 20
62 commentaires (16.44/20).
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Meliora ( 2015 )

Voici déjà le troisième album pour Ghost, le premier que l’on pourra sans trop débattre qualifier (enfin !) de metal. En effet, en raison de problèmes indépendants de leur volonté, Infestissumam ne claquait pas comme ils l’auraient souhaité et avait hérité d’un son beaucoup trop lisse. Pour Meliora, il n’y aura pas de souci à se faire de ce côté là : réjouissons-nous, la batterie tape fort, la basse groove allègrement, les chœurs et musiques d’inspiration religieuse n’ont plus ce côté kitsch qui pouvait être parfois déplaisant sur les précédents albums (l’intro de Year Zero ressemblait malheureusement beaucoup à du Era ou du Enigma) et le groupe se permet même d’orner ses chansons de solos de guitare fort réjouissants (From The Pinnacle To The Pit, Cirice et son duet guitare/clavier). Alléluia !

La formule de la montagne russe, grand classique qui alterne les ambiances et les rythmes afin de faire passer l’auditeur par plusieurs états, a été adoptée par Ghost. L’album s’articule ainsi en trois parties entrecoupées de deux courts interludes instrumentaux : Après une montée en puissance sur trois titres, dont Cirice, premier single de l’album, Spoksonat et sa magnifique mélodie jouée à la cithare amorce la partie calme de l’album, que Devil Church interrompra pour nous plonger pendant une courte minute dans une mélancolie profonde (la magie de l’orgue) annonçant cependant une fin d’album passionnante (avec Deus In Abstentia, très théatrale, qui clôt le disque).

Ghost réussit donc le pari de faire des chansons qui cognent. Cirice en est un parfait exemple, avec son intro angoissante, construite un peu à la façon de celle de Dead Skin Mask de Slayer, qui débouche sur un riff lourd bien servi par la partie rythmique. Mummy Dust pousse le bouchon encore plus loin du côté du Heavy-Metal avec sa rythmique enlevée et un pied de nez sympa : la chanson la plus violente de l’album se voit affublée d’un solo de synthé. La basse sera mise à l'honneur sur Pinaccle To The Pit, sur laquelle elle fait le riff à elle toute seule. Les mid-tempo Majesty et Absolution donnent l’impression que Ghost aurait franchi une décennie au niveau des guitares, sonnant désormais presque plus comme du Judas Priest des années 80 (la bonne époque) sans la voix haut-perché, que comme du Blue Oÿster Cult, mais l’ensemble reste cohérent. Quant au chant, Papa Emeritus III reste dans la droite lignée de ses prédécesseurs avec sa voix douce, mais qui aura parfois recours à quelques effets (sur Mummy Dust entre autres).

De ses productions passées Ghost a donc gardé le meilleur (l’inspiration, le son vintage), enlevé le moins bon (le côté kitsch, les chœurs écoeurants) et rajouté du plutôt pas mal par dessus (de nouveaux sons de clavier, la mise en avant de la section rythmique et surtout un vrai son de guitare). Le résultat est une bien belle réussite. "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".

A écouter : avant sa prière du soir !