Dix ans après l'excellent The Funeral March, les grinders suédois reviennent en force avec un nouvel opus intitulé The Great Destroyer. Ceux qui ont longtemps été dans l'ombre de Nasum, de par leur style, leur origine, leur label ou même leur brutalité sont aujourd'hui bien décidés à faire parler la poudre.
"Tackleberry … Jamais sans anesthésie générale !" Voilà qui résume parfaitement l'impression dégagée et ce, dès les premières notes. La déflagration est brutale, l'opération de destruction est en marche et ne s'arrêtera que dix sept pistes et vingt six minutes plus tard. Une chose est certaine on peut affirmer que l'album porte très bien son nom.
Le rythme est frénétique. Des blasts convulsants viennent marquer des arpèges endiablés mais miraculeusement structurés. La précision est inouïe tant la rapidité est élevée. L'atmosphère est électrique et les musiciens parviennent, avec brio, à transmettre cette énergie proche d'un court circuit qui viendrait ponctuellement et anarchiquement chatouiller les doigts du malheureux ayant par inadvertance branché ses doigts dans la prise.
Certains morceaux tels qu'Enemies of Reason ou Violent Hours (dans lequel Barney de Napalm Death vient faire une apparition) sont des tabassages en règle. Le martèlement est constant, nulle accalmie n'est tolérée dans ce déferlement de rage sonore. En effet, la plupart des chansons sont courtes, seulement trois dépassent les deux minutes et seule une est au-delà des deux minutes trente. Certaines, telles que Kanslan ou Pillars of Filth, ont des variations mélodiques légèrement plus lentes qui sont, du coup, mises en valeur.
Parmi les titres un peu plus longs on trouve Dedication (2mins 20). Le tempo y est un peu moins élevé, et la structure de composition semble classique par rapport au reste de l'album. On y trouve une guitare entêtée, une crash et une charlest' répétitives, toutes désireuses de passer au rouleau compresseur les oreilles vagabondes. Quand survient une partie core mid tempo, arrivant comme une bouffée d'air dans un océan de vapeurs sulfurées et saturées. Le parfait moment pour mosher, pogoter, headbanger, bref, libérer l'énergie accumulée depuis les cinq premiers morceaux survoltés.
The Great Destroyer a une autre qualité, il se bonifie au fil des écoutes. Il est extrêmement difficile dans ce style, qui plus est avec une telle quantité de données arrivant simultanément, de retenir, ou d'apprécier à sa juste valeur les tournures musicales entreprises par les Suédois. Certains passages paraissant chaotiques lors de la première lecture semblent s'éclaircir au fur et à mesure des itérations. On découvre des titres passés inaperçus, surement submergés par la masse sonore.
Petit dernier de Gadget, The Great Destroyer puise son efficacité et sa puissance dans l’obstination, le martèlement, la rapidité, l'insaisissabilité et l'énergie qu'il dégage. Avec maintenant près de vingt ans de carrière, trois démos, trois splits et maintenant trois LPs, on souhaite aux Gävler que leur carrière prenne l'essor qu'ils méritent, qui plus est avec un album de cette qualité.
A écouter : Dedication, Kanslan, pillars of filth