Biographie

Fields of the Nephilim

Formés en 1984, les Fields of the Nephilim ne firent pas partie des pionniers du gothic rock. Ils en sont néanmoins devenu l'une des figures emblématiques grâce à leur style unique et une identité visuelle très marquée.

Après avoir sorti 3 albums, aujourd'hui considérés comme des classiques du genre, et un album live le groupe se sépare en 91 suite à un différent entre le charismatique frontman Carl McCoy et le reste du groupe. Il en profite pour expérimenter des sonorités plus proches du metal au sein de son side-project Nefilim tandis que ses anciens acolytes continuent l'aventure sous le nom Rubicon.

Le line-up originel faillit se reformer en 98 mais au final seul le bassiste Tony Pettitt se joignit à McCoy. Il faudra attendre encore 4 ans avant que cette colaboration ne se concrétise sous la forme de l'album Fallen. Il ne sera malheureusement pas à la hauteur des attentes et pour cause : McCoy accuse le label de l'avoir sorti sans son accord et d'avoir utilisé des morceaux inachevés.

2005 voit la sortie d'un nouvel album intitulé Mourning Sun composé entièrement par McCoy et enregistré avec des musiciens de session, il sera cette fois très bien accueilli.
Depuis 2007 le groupe reprend les tournées pour la première fois depuis sept ans bien que le line-up soit relativement instable. Un package CD + DVD live intitulé Ceromonies serait en préparation.

Chronique

18 / 20
1 commentaire (20/20).

Elizium ( 1990 )

Atypiques, les Fields Of The Nephilim l'étaient déjà avant Elizium. Il suffit de noter le style si particulier de Dawnrazor ou The Nephilim, leurs sonorités jamais vues dans le genre, leurs ambiances très marquées, ou encore de viser la dégaine de cowboy dépenaillé de McCoy - véritable incarnation du pistolero de Stephen King - pour comprendre que l'on se trouve pas en présence d'un groupe de gothic rock lambda dont l'objectif ultime serait de sonner comme les Sisters of Mercy et d'espérer leur arriver à la cheville. Fields Of The Nephilim veut proposer mieux, proposer autre chose.

Une ambition qui trouve son apogée sur cet album. Car oui Elizium est ambitieux : hybride, novateur et d'une richesse peu commune.

C'est d'abord une histoire d'évolution et d'intégration de nouvelles influences. Il y a quelque chose hérité des 70's ici, une teinte de rock progressif (et en particulier de Pink Floyd, évidemment) qui donne une nouvelle couleur au style du groupe. Si le tempo se fait moins enjoué que par le passé ce n'est que pour faire gagner les morceaux en intensité émotionnelle et les gorger d'atmosphères en laissant plus de place aux claviers et aux guitares. Des atmosphères toujours plus fortes, vaporeuses, mystiques (impression renforcée par les textes bourrés de références religieuses et occultes), forgées à l'occasion par des nappes de synthé éthérées ou par un orgue Hammond (Sumerland) mais surtout par ces guitares lancinantes qui à l'instar de la batterie ont su se faire moins bavardes pour toucher droit au coeur. Comment rester insensible face aux notes gilmouriennes de Wail of Sumer qui s'étirent à travers l'éther, ou au riff final de And There Will Your Heart Be Also qui clôt majestueusement l'album?

C'est aussi une affaire de son. S'il y a quelque chose qui frape dès les premières écoutes et qui continue à fasciner encore longtemps après c'est le travail impressionnant sur la production : le traitement appliqué à chaque instrument, la synergie qu'ils forment et les impressions qui s'en dégagent. La légère réverbération sur la voix et la batterie ainsi que les effets sur les guitares (qui souvent rappellent très fortement Pink Floyd, toujours) contribuent énormément à l'élaboration des ambiances évoquées plus haut. La musique semble nous parvenir à travers un rêve ou une vision, des thèmes justement développés dans les textes. Probablement plus qu'une simple coïncidence...

Considéré par beaucoup comme l'album le plus abouti du groupe, Elizium reste toutefois trop souvent boudé car plus exigeant et moins immédiat que ses prédécesseurs. C'est aussi un album qui a eu relativement peu d'influence au sein de la scène gothic rock. Trop aventureux? Ou tout simplement intouchable? (en revanche il y a au moins 4 islandais venant d'un univers totalement différent qui ont pris bonne note, Sólstafir pour ne pas les nommer).
Que l'on soit un habitué du genre ou pas il faudra démêler cet album, percer étage par étage pour en révéler les secrets, libérer sa magie. Non pas qu'il soit trop dense mais plutôt qu'à l'inverse il est trop aérien et insaisissable pour se livrer facilement : un rêve, on y revient toujours.

A écouter : aux portes du sommeil