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Biographie

Electric Wizard

C'est en 1993 que se forme Electric Wizard, groupe évoluant dans un Stoner / Doom puissant et hypnothique. Malgré un line-up instable, les anglais sortent en 1995 un album éponyme peu remarqué mais posant déjà les bases de ce qui deviendra un groupe culte. C'est en 1997, avec Come My Fanatics... que le groupe se révèle et impose son style. Après deux EPs, dont un split avec Orange Goblin, le groupe sort Dopethrone, album culte considéré par beaucoup comme le chef d'oeuvre d'Electric Wizard, qui les emmènera sur la route avec Warhorse. Un an tout juste après cette pièce maîtresse, les saxons reviennent avec Let Us Prey, album expérimental qui reçoit un accueil mitigé de la presse et du public. Après de nombreux soucis de line-up, le groupe revient en 2004 sous le nom de Electric Wizard en sortant le très réussi We Live. En 2007 les anglais sortent Witchcult Today, album traditionnel enregistré dans les conditions techniques des années 70. S'en suit une série de rééditions de leurs précédents opus en LP.
Après un changement de bassiste, le combo revient avec Black Masses fin 2010 dans une veine proche de celle de Witchcult Today et se produit dans plusieurs festivals européens dont le Hellfest. Mais en 2012 les changements de line-up déséquilibrent le groupe qui accueille Glen Charman à la basse et Simon Poole à la batterie. Un ep Legalise Drugs&Murder sort également chez Rise Above Records et Mark Greening qui avait quitté le groupe en 2003 pour fonder Ramesses, revient dans le combo. Electric Wizard travaille alors sur un nouvel album, Time To Die, qui sort fin 2014. Depuis, Mark Greening a été prié de quitter le groupe, Simon Poole a repris son poste de batteur et le bassiste actuel est Clayton Burgess (Satan's Satyrs).

10 / 20
2 commentaires (13/20).
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Wizard Bloody Wizard ( 2017 )

Que ceux qui n’ont pas capté la référence à Black Sabbath retournent prendre une leçon avant de revenir écouter les Wizard. C’est fait ? Bon, maintenant on passe sur Dopethrone et Come My Fanatics avant de poser une oreille sur Wizard Bloody Wizard. Une fois que vous en êtes là, vous aurez en main une partie des clefs pour comprendre, à mon sens, ce nouvel opus.
Sinon, la partie messe noires 70’s, riffs hypnotiques, fumées et bougies vous parle ? Avec en plus un frontman qui recite en mode litanie ses versets ? Parfait, vous êtes donc dans la cible auditive des Anglais. Il faut dire que depuis plus de 20 ans, le message est clair : kitch, ambiancé et avec des parallèles visuels ultra-référencés (Dario Argento et sa trilogie des trois mères vient en tête directement). Concernant Wizard Bloody Wizard, on ne sait à première vue si le combo tente de faire une parodie de lui-même ou non (« Wicked Caresses », avec une ligne vocale exécrable) tant l’ensemble est dilué dans une soupe sans âme.

Quoi ? Electric Wizard fait la même chose qu’avant et cela ne convient pas ?
Et oui ! Entre temps, le son s’est étiré en quelque chose de sirupeux, presque doux alors qu’auparavant un brouillard poisseux enrobait le tour. Et puis, With The Dead semble avoir pris la relève (« Anemia » ou « Isolation ») dans le genre angoisse sonore. Ecoutez Dopethrone ou même Black Masses et la rupture sera d’autant plus marquée, à tel point que les titres de ce nouvel opus s’oublient quasi instantanément. Malgré tout, cet opus possède encore une teinte années 70’s (le clavier de « The Reaper » qui rappellera certaines élucubrations de Pink Floyd), même une entrée en matière avec une base rythmique solide (« See You In Hell ») et des grosses affinités encore avec Black Sabbath : Le constat ne parait donc pas aussi sombre qu’il en avait l’air.
Pourtant, plus les écoutes passent, moins les notes restent en tête (et encore moins la voix de Justin Oborn). A tel point que même après l’avoir écouté en boucle, je suis encore incapable de reconnaitre un titre en particulier pour y revenir. Les mauvaises langues diront que c’est la même sur d’autres styles extrêmes, mais même Let Us Prey avait le bon goût de lâcher un « Priestess of Mars » mémorable. Sur Wizard Bloody Wizard, rien n’est « trop ». Jamais trop lourd, trop enfumé, trop hypnotisant ou même trop massif, comme si cela était devenu une routine avec un masque factice pour chanter quelques mots. Il reste l’image, à défaut des émotions.

Quelle purge ce Electric Wizard. Rien à retenir, aucune véritable ambiance, juste une sensation de déjà-entendu omniprésente qui ne se retrouve même pas portée par une production lourde et enfumée. Même le dernier titre, « Mourning of the Magicians », semble bien gentillet sur toutes ses couches musicales. Oui, c’est bien fait, oui c’est du pur Electric Wizard, sauf que l’on a une pâle copie de ce qui s’est fait avant, sans parler de la pochette de mauvais goût. Passez votre chemin, il est grand temps de revenir dans le passé.

A écouter : Dopethrone
12.5 / 20
7 commentaires (13/20).
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Time To Die ( 2014 )

L’un des combos les plus emblématiques de ces dernières années revient, Time to Die sur le bout du bras. Après un Black Masses qui avait divisé un peu plus que les précédents opus, les magiciens font à nouveau parler d’eux, accompagnés de Mark Greening (présent jusqu’à Let Us Prey) et avec un Jus Oborn qui assure la production en complément de son rôle de guitariste/chanteur. Le décor est planté, Time to Die pourrait annoncer un bon retour en arrière, à l’époque du monstrueux « Doom Mantia ».

J’ose à peine l’écrire : Electric Wizard déçoit.
Non pas que le combo aie des difficultés à composer et ressortir les bons vieux riffs lourds et enfumés, mais Time to Die manque de puissance dans sa volonté d’aller vers quelque chose créant une ambiance funeste. Les titres seront toujours parfaitement adaptés pour une bande son de Dario Argento, mystiques et ensorcelés, mais au travers de « We love the Dead » ou « Destroy those who love God », il est parfois difficile d’arriver à sentir le poids du message d’Electric Wizard.
La grande messe noire est dite, on se retrouve dans un trip halluciné (« Funeral of your Mind ») plus proche d’un voyage psychique monstrueux que d’une descente aux enfers. Time to Die est peut être un peu plus obscur que ses prédécesseurs, mais l’ambiance générale n’est pas aussi glauque ou sombre qu’un Come My Fanatics. L’annonce faite par Electric Wizard s’annonce un peu galvaudée, surtout qu’au final les musiciens ont l’air d’être en pilotage semi-automatique et qu’un coup d’oeil à DopethroneLet Us Prey ou l’éponyme suffit à deviner les grandes lignes de ce nouvel opus.

Il n’y a heureusement pas que des choses à jeter sur cet album. Time to Die est plaisant, s’il n’est pas pour autant jouissif : Le trip fait son effet, mais nous ne sommes pas au pic des sensations que l’on pouvait avoir sur « I, the Witchfinder ».
A moins de découvrir Electric Wizard par cet album, il est délicat d’en voir autre chose qu’une suite logique de ce qui est fait avant, avec le même leitmotiv et surtout une sensation de redite. Je risque un parallèle avec ACDC qui, sous réserve de ne pas changer son fusil d’épaule, ne livre plus que la même recette depuis le début des années 80. Ici, il en est de même, avec une variante sur la production : c’est efficace, agréable et cela supporte bien les écoutes.
Pourtant, des titres comme « I am Nothing » sont véritablement des compos qui tirent Time to Die vers le haut : onze minutes qui représentent tout ce que l’on peut attendre des Wizard, un chant lancinant, presque moqueur / dédaigneux, un gros son très 70’s avec une basse omniprésente et au ras du sol, une sensation de se laisser porter jusqu’aux tréfonds de l’esprit, … L’effet est là, les fans apprécieront et se jetteront également sur « Destroy those who love God » et son clavier parsemé de samples apocalyptiques.

Electric Wizard use et abuse de la même recette. Time to Die s’écoute, se savoure, se survole, mais la recette est maintenant ultra-connue et n’aura visiblement plus possibilité de surprendre. Par le biais de cet album efficace, avec ses travers, Electric Wizard semble ne pas vouloir changer de manière de composer et d’avancer musicalement, alors que d’autres semblent prendre la suite (Salem’s Pot). Un must have ? Malheureusement non. Un bon disque ? Plutôt.

A écouter : I am Nothing, en pièce maitresse de l'album
16 / 20
8 commentaires (13.81/20).
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Black Masses ( 2010 )

Dire que le très attendu Black Masses prouve qu'Electric Wizard a encore beaucoup de choses à dire n'est qu'une simple extrapolation de la réalité. Justin Osborn et sa bande ont en effet gardé le suspense jusqu'au bout, le disque n'ayant pas filtré sur certains sites avant sa sortie officielle et les copies promos étant apparemment surveillées. Alors, avec une impatience fébrile, quand on peut enfin faire grésiller les enceintes, on souffle de soulagement. Electric Wizard is back ! Enfin, pas tout à fait, puisque Black Masses, alors que l'on peut aisément caractériser les précédents opus d'Electric Wizard d'enfumés, s'oriente plutôt du côté des disques poisseux, qui collent aux oreilles de par leur ambiance goudronnée et leur crasse suintante.
Une fois l'album en train de tourner fiévreusement sur la platine, on se rend facilement compte que les magiciens laissent volontairement brûler la fin du cierge, les dernières minutes, celles qui éclairent le moins du fait d'une flamme vacillante, consumant ses ultimes instants de vie pour révéler les quelques ombres cauchemardesques d'une cave voutée. Satyr X, Crypt Of Drugula, Venus In Furs, autant de titres occultes qui résonnent sans difficultés pour prendre aux poumons, noircir de poix les dernières zones vierges de tout perversion lorsqu'un Justin Osborn clame "I am the Night Child". Vapeurs et fumées transcendent le tout, rendant riffs hallucinés et chant lointain (Patterns Of Evil, Turns Off Your Mind), crachotant versets impies sans discontinuer jusqu'à la dernière seconde de Crypt Of Drugula, et ce sans faiblir un seul instant.

Jamais rassasié sur les références, Electric Wizard nous lance un Crypt Of Drugula, clin d'œil aux Satanic Rites Of Drugula, Venus In Furs au film du même nom de 1969 et quelques riffs bien inspirés des précédents opus (Night Child, Satyr X). Pourtant, rien ne sonne fade ou accablant, en grande partie grâce aux envolées psychés dont le quatuor n'est pas avare et à une production craquelée, donnant un grain particulier aux différentes compos qui composent l'album. Electric Wizard est on ne peut plus Electric Wizard, fidèle à lui-même, se rendant hommage en plus malsain, voir primaire. C'est à partir de là qu'on peut se rendre compte que rien ne les arrête, franchissant encore un palier depuis les premières notes de Stone Magnet il y a 15 ans, les Anglais sonnant toujours plus vintage.

On ne refera pas Electric Wizard : A travers une musique décadente, décrépie ou simplement décalée, les titres qui composent Black Masses ne sont au final pas surprenants mais ô combien perturbants. A se demander quelle sera la prochaine étape.

A écouter : Turns Off Your Mind - Crypt Of Drugula - Venus In Furs
16 / 20
5 commentaires (16.1/20).
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Witchcult Today ( 2007 )

Le sorcier camé de Dorset avait distinctement annoncé la robe de son prochain rituel : Un office sombre et enfumé traditionnellement préparé aux studios Toerag avec du matériel des années 1970, celui la même utilisé et éprouvé par Black Sabbath. C'est donc sans grande stupéfaction que Witchcult Today s'ancre de toutes ses notes gangrénées et de tous ses râles maladifs dans les Seventies. Bien loin des productions millimétrées et gonflées allégrement usitées aujourd'hui, le son cru et rustre (pour ne pas dire dégueulasse) de cette nouvelle messe perverse reflète et respire son essence même. Il ne pouvait vraiment pas en être autrement.

Electric Wizard y va donc sans surprise aucune de son lot de trips spatio-temporels purement stoner doom dans l'âme ("Witchcult Today", "The Chosen Few", "Saturnine"). Riffs paresseux et interminables, chant à l'étouffé et à l'écho lointain, atmosphères embuées et vapeurs enivrantes, l'office est rodé et savamment orchestré. Mais au delà d'une série de bons morceaux, Witchcult Today campe un véritable concept en dessinant un monolithe morbide et cohésif littéralement moulé dans une fosse commune boueuse à la chair encore rongée par la chaux.
De bout en bout Electric Wizard empile les cadavres dans une liturgie tourmentée fuie comme la peste noire par la moindre parcelle d'espoir. Relativement loin de la masse écrasante et étouffante d'un Dopethrone, Electric Wizard opte définitivement pour l'insidieux à travers un certain minimalisme et un délestage de la moindre futilité. L'occulte et oriental "Raptus" ou la pièce en deux actes qu'est le très cinématographique et vampirique "Black Magic Rituals & Perversions" scellent le choix effectué sur l'excellent We Live.
Cérémonial itératif s'étalant sur presque une heure, débit de paroles sacramentelles et macabres disloquant les unités de temps et de lieu ou bien séance d'hypnose sous acide sont autant de descriptifs cernant un aspect du culte célébré par Electric Wizard. Une fois fanatisé par le gourou, faire machine arrière est inconcevable, nous y sommes pour de bon, convertis et acquis corps et âme.

Malgré un anachronisme rampant, un traditionalisme assumé, Witchcult Today parvient à maintenir Electric Wizard en marge de la scène stoner. On en ressort les narines obstruées par la suie, la gorge et les yeux asséchées par un désespoir latent omniprésent. Puis pour une fois qu'un disque de stoner doom s'entiche d'un visuel digne de ce nom, il serait dommage de ne pas succomber. Come My Fanatics...

A écouter : Witchcult Today - The Chosen Few - Black Magic Rituals & Perversions
16 / 20
5 commentaires (16.5/20).
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We Live ( 2004 )

L’atmosphère est pesante, la lumière tamisée, embrumée par un épais voile de fumée opaque et bleutée. Des ténèbres monte doucement un murmure, une nappe de larsens suintants, rejoints par une basse discrète, puis le rituel débute. Des guitares saturées et grasses jaillit une distorsion assommante et pachydermique. Très vite rejoins par une batterie éléphantesque, monstrueusement lente ainsi que par un chant, ou plutôt une incantation. Résonnant dans ma tête, la voix se fait de plus en plus présente tandis que le riff malsain se répète tel un leitmotiv. La chute semble alors inéluctable, comment ne pas sombrer progressivement  dans ce tourbillon à la fois lent et terriblement implacable?

Une hypnose angoissante s’empare de moi, m’entraînant irrémédiablement vers des profondeurs de noirceur insoupçonnées. Parfois, un éclair psychédélique illumine ces ténèbres, le rythme s’accélère, le pouls se fait de plus en plus rapide, je me mets à espérer une échappatoire, une rédemption…mais non, le monstre me happe de nouveau pour me tirer plus bas, encore plus bas…Des gargouilles grimaçantes, des chimères sorties tout droit du plus sombre roman de Lovecraft évoluent dans le gouffre acide et sulfureux de ce cauchemar musical… Des odeurs âcres et douces me submergent alors que la musique s’intensifie encore. Les Sorciers Electriques s’immiscent au plus profond de mon cerveau, le retourne, le malmène, à coup de riff stoner désabusés. Des relents de whisky et d’herbe flottent et m’étouffent…c’est sûrement ça We Live, une overdose de narcotiques puissants, un doom sabbathien, sentant le désert à plein nez, une chute vers le désespoir, la tristesse dont on sait très bien que l’on ne réchappera pas. Oui, We live c’est plus qu’un disque, c’est une somme d’impressions, de couleurs rougeâtres, de vagues d’opium troublantes. Les vibrations nihilistes d’Electric Wizard s’enflent d’un feeling stoner suintant, d’une lourdeur doomesque, d’un souffle heavy impitoyable. We live est une expérience à vivre, une catabase sous acide dont on ne revient pas indemne. Laissez-vous entraîner dans ce dédale mystique et brumeux, vous ne le regretterez pas.

Electric Wizard signent là un album magistral, tant par sa densité, sa qualité et sa puissance, radicalisant leur démarche et accouchant d’un album enfumé et gras dans la plus pure tradition du stoner/doom.

A écouter : dans le noir
16.5 / 20
2 commentaires (17.25/20).
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Let Us Prey ( 2002 )

Priez pauvres mortels, car ce soir Electric Wizard officie en ces lieux, enfume l’atmosphère de relents de cierges noirs et autres substances mystérieuses. Le trio, toujours mené par le fidèle Justin Oborn, a sorti ses plus beaux atours pour nous délivrer des mélodies aussi mystiques que leur pochette. Les sorciers, toujours inspiré par la culture païenne et l’univers développé par Lovecraft, n’en finissent pas, du long de ces 6 litanies, d’insuffler un sentiment impie et une sensation d’impuissance face aux Grands Anciens.

Let Us Prey a été l’album de la rupture, celui qui a scindé le groupe en deux (la partie rythmique, Mark Greening et Tim Bagshow, ayant fondé ensuite Ramesses). Accueil mitigé de la part de la presse et difficultés au sein du groupe n’ont pas aidé cet album à s’épanouir. Même si musicalement, les sorciers ont tenté une approche plus expérimentale, limitant les parties vocales, Electric Wizard reste fidèle à cette image de groupe dont la drogue est le quotidien, à travers les artworks des disques (une feuille de cannabis étant l’élément central de chaque artwork).

C’est gras, toujours aussi lourd, avec cette atmosphère de fumoir du 19ème Siècle. Les substances ingurgitées et émanées lors de l’enregistrement ressortent sur chaque riff, chaque coup de baguette ou chaque mot crépitant au travers des enceintes… The Outsider, hommage à Lovecraft et sa nouvelle « Je Suis D’Ailleurs », transcrit purement et efficacement cette étrangeté, ce sentiment de différence. Les paroles viennent de loin, se frayant un chemin à travers les instruments. We, The Undead est l’hommage aux courts écrits ou leur inspiration met en scène des goules, ces habitants des profondeurs à la fois si humains et si animaux. Morceau le plus violent de l’album, des paroles presque incompréhensibles, comme si Justin était justement cette goule… A Chosen Few racle le sol, peine à avancer, comme un pauvre hère portant son fardeau. Les notes se trainent, creusent la terre. 

On remarquera particulièrement le diptyque Night Of The Shape / Priestess Of Mars, qui clôt magistralement cet album. Ce “You Are My Priestess Of Mars" répété en boucle, tel une ode à cette prêtresse se veut envoûtant. Quelques notes de piano chevrotantes, jouées par un fantôme damné, préparent l’arrivée de ce monolithe musical qu’est cette hymne à l’amour idolâtré par cette femme, émissaire de Mars.

Electric Wizard reste hors du temps, par exemple avec cette volonté d’enregistrer avec du matériel d’époque sur le récent Withcult Today, mais aussi car les compositions du groupe, malgré le temps, ne s’érodent pas. Univers à part, chaque morceau est un fragment du passé, du présent et du futur, desquels les notes peuvent être captées un soir de pleine lune, filtrant jusqu’aux oreilles d’un promeneur curieux… Cependant, loin d’être parfait, Let Us Prey possède ses petits défauts, comme ce sentiment d’une profonde recherche musicale mais en même temps d’une répétition presque saturée de ces riffs si simplistes. On peut aussi reprocher cette impression, par moments, de fouillis, d’une construction musicale intense, imposante, mais difficile à assimiler. Mais tout ceci montre la volonté du groupe d’être naturel, sans ces nombreux artifices dont sont abreuvés certains disques actuels.

Let Us Prey, caché dans l’ombre de l’imposant Dopethrone, n’en est pas que le successeur, mais aussi la prolongation… Culte infernal, Electric Wizard arrive à rester fidèle à cette sensation si étouffante et claustrophobe qui le caractérise, tout en se renouvelant suffisamment pour qu’un sentiment de fraîcheur céleste se dégage de Let Us Prey. Et si, à la fin de ces quelques mots, vous alliez finalement rejoindre les rangs des fidèles que forment Electric Wizard sur cet album pour vous élancer dans un sabbat enragé ?

A écouter : Hors du temps
17.5 / 20
11 commentaires (17.73/20).
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Dopethrone ( 2000 )

Hypnotique et sombre, voilà les premiers mots qui viennent à l’esprit quand on écoute Dopethrone. Electric Wizard, c’est comme si le temps des sorciers était revenu, comme si l’horreur avait une voix. D’entrée de jeu, l’artwork donne une idée de l’ambiance du disque : enfumé, lourd, malsain… Complété par une citation du livret : « Legalize Drugs and Murder », on peut deviner que les 3 sorciers ne sont pas là pour lancer des fleurs ou changer les citrouilles en carrosses.

Mystérieuses, telles sont les paroles de ce Dopethrone, axées la sorcellerie, empreintes d’un voile sombre, d’une fumée épaisse donnant un son distordu convenant parfaitement à l’album. Sans aller jusqu’à l’extremisme du Black Metal, on sent une plume malsaine, sortie des pires cauchemars d’un cerveau dérangé. Notamment très influencées par les nouvelles de Lovecraft (influence que l’on retrouve sur une grande partie des morceaux d’Electric Wizard), elles renvoient au mythe de Cthulhu, telles des cantiques pour les dieux extérieurs.

Sans aller jusqu’à l’excès d’un Sunn O))), les notes se veulent lentes, vibrant dans l’air jusqu’à prendre la forme d’un brouillard musical (I, The Witchfinder). La basse se veut un long fil continu, litanie d’un chœur d’adeptes, supportant le prête Osborn dans ses prières hérétiques. Quelques samples se glissent habilement entre les chansons, extraits de vieux films, ajoutant une couche de poussière supplémentaire sur un album déjà crasseux, déterré un soir de pleine lune… Ca et là, des cris et des bruits indistincts viennent ponctuer l’écoute de ce disque, sorte de réponse aux oraisons incessantes du groupe (la fin de Barbarian ou l’intro de Funeralopolis). La batterie, se veut presque séductrice, douce, faisant parfois oublier sa présence grâce à sa juxtaposition aux autres instruments quasi parfaite.

Sur plus d’une heure, les 3 sorciers se livrent à un sabbat musical, crachant leur haine (We Hate You) ou invoquant les puissances supérieures (l’énorme Weird Tales/Electric Frost/Golgotha/Altar of Melektaus, 15 minutes de complainte où la moindre note se veut lourde, presque arrachée aux instruments).
Piste éponyme, Dopethrone conclut l’album en se terminant par le final cérémonial de l’invocation d’une déité supérieure. Un mot conclut la partie musicale de ce disque : Fucked, laissant alors les guitares partir au loin, orchestre d’un dieu appelé dans d’autres espaces. Après plusieurs minutes surgissent alors les voix d’un couple discutant du satanisme pendant quelques instants, pour se voir parachevées par le rire mystérieux, dérangeant, ayant ouvert ladite piste…

Au final, Dopethrone reste un opus empreint de mysticisme, révélateur d'Electric Wizard, telle une bande sonore aux textes de Lovecraft, dont le groupe s’est largement inspiré pour ce disque. Ceux qui souhaitent s’imprégner totalement de l’univers du groupe peuvent se pencher sur cet album, considéré par beaucoup comme le chef d’œuvre du trio. Au-delà de son aspect fiévreux, ce disque est une expérience profonde, pouvant jusqu’à laisser fébrile, nauséeux…

On peut aussi trouver plusieurs clips (un exemple ici) qui traînent sur internet, travaux de fans utilisant des images de vieux films pour illustrer le groupe. Ils restent un excellent support pour agrémenter l’écoute des morceaux

A écouter : Au casque dans le noir