logo Deftones

Biographie

Deftones

Deftones est l’un des pionniers du néo métal, à l’instar de Korn ils ont été les premiers à vraiment donner forme au mix entre métal lourd et chant hurlé et passage plus calme avec chant clair (parfois rappé). Formé à la fin des années 80 à Sacramento le groupe est alors composé de Stephen Carpenter (guitare), Abe Cunningham (batterie), et Chino Moreno (chant), Chi Cheng ne les rejoindra qu’après quelques concerts. Aidé par l’argent récolté par Stephen Carpenter après qu’il se soit fait renversé par un conducteur ivre le groupe commence à tourner et à se former son identité.
Petit à petit et grâce à des influences tels que Faith No More, Rage Against The Machine, Tool, …le groupe trouve sa voie et signe sur Maverick (le label de Madonna) grâce à une démo 4 titres. Le groupe entre alors avec Terry Date (qui a déjà produit des albums de Soundgarden, Pantera, …) et sort son premier album Adrenaline en octobre 1995. L’album n’explose pas dans les charts mais grâce à un bon bouche à oreille et à des premières parties éclectiques (de Ozzy Osbourne à L7 et bien sur Korn) le groupe arrive à en vendre près de 200 000 copies. La sortie de leur second opus (Around The Fur), qui lui surfera sur la vague du succès, se fait en 1997, un nouveau membre à alors rejoint le groupe : Frank Delgado (platine).
En 1999 sort un EP live de 7 titres qui sera suivi et 1an plus tard Deftones sort White Pony, un de leur album les plus travaillé (et avec des influences nouvelles comme The Cure) et également un album qui tranche avec le reste de la discographie du groupe, chef d’œuvre pour certains il sera cependant décrié par beaucoup. Cela n’empêche pas le succès de l’album qui débute alors en 3ème position des charts américain.
Chino Moreno monte après cela un side project : Team Sleep qui mettra plusieurs années à sortir son premier CD.
En 2003 le groupe revient avec un album éponyme qui revient vers les racines du groupe. Après la sortie d'un album de Raretés, Deftones revient avec Saturday Night Wrist en 2006, puis annonce Eros pour 2009. Malheureusement, le destin modifie les prévisions des Américains car Chi Cheng entre dans le coma suite à un accident de voiture. Après de nombreux mois d'attente, Deftones repousse Eros jusqu'à une date indeterminée et enregistre un nouvel opus avec l'ancien bassiste de Quicksand, Diamond Eyes, qui voit le jour en mai 2010. Durant cette période, Chi Cheng montre des signes de vie et se rétablit doucement, tandis que le reste des musiciens continue à donner quelques concerts. Koi No Yokan, septième album studio du groupe californien sort le 13 novembre 2012, il reçoit énormément de critiques positives et se classe 11ème dans les charts U.S du Billboard. Le 13 avril 2013, en dépit d'une guérison partielle et d'un retour à la maison, Chi Cheng meurt dans un hôpital de la ville de Sacramento après un arrêt cardiaque soudain, et ce presque 4 ans et demi après l'accident de survenu en 2008 qui l'avait laissé dans le coma. Chino Moreno annonça en mai que l'album Eros, repoussé indéfiniment après l'accident de Cheng en 2008, n’avait plus de chance d'être publié à la suite de son décès. En 2015 la rumeur enfle autour d’un retour des Deftones au premier plan, en mars ils annoncent que le nouvel opus serait probablement disponible à l’automne. Durant l’année ils multiplient les concerts et participations dans de nombreux festivals.

15.5 / 20
42 commentaires (16.11/20).
logo amazon

Ohms ( 2020 )

J’avais gardé une amère déception de Gore et j’avoue m’être jeté pourtant sans hésitation sur le LP de Ohms. Sans doute mon côté fanboy, ou le fait que les premiers retours furent positifs avant même la sortie officielle du disque. Dans tous les cas, c’est avec une légère appréhension que je pose les oreilles sur ce cru 2020, échaudé par l’opus précédent.

On va pas le cacher bien longtemps, ce nouvel album est plus qu’une bonne surprise. Ainsi donc, Ohms renoue avec ce que l’on aime au sein du combo : une sortie de poésie, quelques envolées (l’époustouflant « Ceremony » ou le langoureux « Pompeji », dont l’outro rappelle l’ambiance de Twin Peaks) et une partie instrumentale assez riche (les nappes en fond du refrain de « Radiant City », dont l’intro à la basse est à tomber), avec quelques guitares incisives et un jeu de batterie ici un peu plus léger qu’à l’accoutumée.
Ohms cache derrière un artwork (dont, pour la petite histoire, on peut acheter un pixel pour des fonds d’oeuvres) une musique dont Deftones se revendique depuis des années : un Rock inspiré à nouveau par le Metal mais aussi par la Pop, dont les pièces s’emboitent depuis un temps certains de manière totalement naturelle : « Error » ou « The Spell Of Mathematics » qui renouent avec les aspects plus virulents de Deftones, tandis que certains passages de « Pompeji » sonnent comme Team Sleep ou Crosses.
Le fait que le disque soit produit par Terry Date, qui avait produit les quatre premiers opus de Deftones, ramène donc à ce retour en arrière, presque prise de risque qu’avait été l’ambitieux White Pony à l’époque. Ce lien n’est pas que sur le papier : en 20 ans, la créativité du groupe ne semble pas avoir souffert, avec parfois à nouveau ces ambiances sonores à plusieurs niveaux (Headless » / « This Link Is Dead »), même si on reconnait aisément les facéties vocales de Chino Moreno (quelques cris, de longues mélopées, …).

Bien plus qu’un album sans surprise (car au final, Deftones reste Deftones depuis des années, avec une identité sonore reconnaissable), c’est par certains titres que l’on retiendra Ohms. Des déjà évoqués « Pompeji » à « Radiant City », on pourra ajouter « The Spell of Mathematics » en exemple parfait de ce qui rend ce disque assez fou : beaucoup de subtilités en arrière plan et un travail sur le rendu des cordes bien plus immersif que sur Gore. Si la partie sonore n’a pas à se cacher derrière quelques titres uniquement, le travail sur les paroles reste encore (et toujours) assez délicat : quelques mots reviennent, thèmes de fin, de passion, de fuite. A nouveau cette sensation que le groupe n’arrive pas à se détacher de ce romantisme sombre associé à ses titres depuis des années.

Rien ne dira si Ohms s’inscrira dans la durée autant qu’un éponyme ou White Pony, mais l’album semble en avoir le calibre, avec notamment certains passages assez terribles (« Headless » ou « Pompeji »). On en reparle dans quatre ans, lorsqu’il sera complètement digéré.

12 / 20
52 commentaires (13.29/20).

Gore ( 2016 )

Je m’étais gardé vierge de tout avant-goût de ce nouveau Deftones : aucun single, leak ou interview, pour en découvrir toutes les saveurs le jour J. Car il faut l’avouer, comme toute création du combo, l’attente est souvent insoutenable, les réactions assez marquées sur les premiers singles et surtout les subtilités du disque ne se dévoilent pas en une semaine d’écoute. Alors quand Gore a, pour la première fois, laissé couler les notes par les baffles, le coeur s’est emballé.

Onze titres. Le menu est devenu une routine familière dorénavant. Certains crieront au génie, d’autres au loup, mais le final est un peu plus complexe qu’une somme d’avis tranchés : Deftones sait jouer sur les multiples facettes de sa musique, s’est déjà montré capable de se réinventer tout en ne changeant pas radicalement de recette.
Mais voilà, cet écrin est peut-être l’écart maladroit : les écoutes passent, les titres se succèdent mais rien ne s’assemble correctement. Sorte de puzzle dont on a forcé les pièces pour les mettre en place, ce nouvel opus peine à faire résonner ses peaux (« Pittura Infamante »), lâche un Chino instable vocalement (les gimmicks de « Phantom Bride ») ou use parfois de riffs trop basiques (celui de « Xenon », étrangement familier).
Là où tous les albums depuis White Pony laissent une part belle à des atmosphères plus poétiques, Gore semble se livrer à un fan-service parfois sans âme. Alors oui, c’est efficace clameront les adeptes, le boulot est présent, (presque) bien fait (« Doomed User », dans la continuité de l’éponyme), mais forcé. Il manque d’ailleurs ce petit quelque chose, une ambiance ou un ajout discret, qui rendrait unique ce disque, à l’instar de ses prédécesseurs (peut-être développer encore le pendant plus posé de « Hearts / Wires »).

Deftones est-il vraiment détaché de toute les attentes de ses fans ou le combo se fait-t-il uniquement plaisir ? Au vu de l’évolution depuis l’arrivée de Sergio Vega, l’ajout du musicien apporte une touche légèrement différente, et au final le groupe ne semble en faire qu’à sa tête. La sincérité apparaît, et Gore n’est en lui-même pas un mauvais album, juste un disque prévisible et décevant de Deftones. J’ai pourtant essayé de l’aimer, de l’apprécier et d’en tirer des points forts ; Ils existent, de part certaines mélodies ou ambiances (« Hearts / Wires »), une basse jamais trop lourde ou le fait d’avoir un Chino en pleine forme sur certains passages, mais ils servent juste à contrebalancer les autres aspects de Gore.

Un point sur les paroles, qui, comme toujours, sont un assemblage de mots énigmatiques. Pourtant, un élément ressort, une sorte de fil conducteur qui rend Gore triste, sombre. De la désillusion de « Doomed User » à l’assumé rejet de « (L)MIRL », Deftones continue toujours à user de mots comme d’une libération.

Jusqu’à ce nouvel opus, j’aurais pu encadrer Deftones dans la très rare liste des combos ayant validé un sans-faute. Ici, la recette tombe un peu dans une facilité trop connue. C’est fort dommage, l’évolution du groupe ayant été un modèle de variations jusqu’à il y a encore peu, avec le magique Koi No Yokan. Une déception, et le mot n’est pas fort.

A écouter : Doomed User - Hearts / Wires
17 / 20
68 commentaires (16.38/20).
logo album du moment logo amazon

Koi No Yokan ( 2012 )

Ecrire sur cet album n'aura pas été chose aisée. D'une part parce que les attentes sont importantes, presque plus que sur son prédécesseur, et d'autre part car cet album aura mis bien plus de temps que les autres à faire son effet. Pourtant, Love's Premonition, puisque c'est son nom dans la langue de Shakespear, avait tout pour séduire au premier abord : 2 singles - "Leathers" et "Tempest" - qui laissaient encore deviner une patte plus envoutante que jamais.
Un rapide regard sur les années précédentes, depuis Adrenaline, laisse entrevoir le chemin qui s'est tracé depuis 1994. Il faut dire que le combo entamera bientôt son quart de siècle, s'orientant au début sur ce qui s'est révélé en tant que Nu Metal, pour finalement changer radicalement avec White Pony. Et Koi No Yokan n'est que l'une des facettes des Américains.

Quel est le meilleur moyen pour décrire un album de Deftones que de dire qu'il s'agit tout simplement d'un disque de Deftones ? Peut être aucun, mais les possibilités artistiques du quintet déjà dévoilées sur Diamond Eyes ou Saturday Night Wrist sont ici confortées. L'envoutante "Rosemary" ne dévoile ses cordes rutilantes que sur sa seconde moitié, s'effeuillant petit à petit alors que "Romantic Dreams" ose et expose ses atouts en quelques secondes. La violence contenue de "Poltergeist" flirte avec Around The Fur, ou Chino retrouve presque ses petits cris agressifs lorsqu'il ne renoue pas avec la sensualité ("Entombed"). La recette est connue mais il y a toujours ce petit quelque chose, une ligne vocale, un sample, une riff ou un rythme, qui donne une étincelle ("Graphic Nature").
Le sieur Vega s'est d'ailleurs plutôt bien intégré au sein du combo puisque l'ensemble s'avère solide, riche ("Tempest") et que les paroles demeurent toujours emprunts de cette douce et énigmatique mélancolie. Chino pousse toujours autant ses cordes vocales, et même si on se doute que le mixage aide énormément à faire ressortir certains aspects du timbre du frontman, c'est sans sourciller que Koi No Yokan fait mouche sur cet aspect. En 2006, sur Saturday Night Wrist, on parlait d'identité et de classe. Les adjectifs sont tout à fait adaptés pour les 11 titres de 2012, même pour le très particulier "What Happened to You?".

Faut-il pourtant à nouveau acclamer Deftones ? J'aurais tendance à répondre qu'une nouvelle pierre vient s'ajouter à leur discographie et qu'il n'y a ici aucun écart de conduite. Toutefois, cette sensibilité et mise en avant de mélodies plus rock qui pouvait déjà avoir déçu précédemment n'aidera pas à faire remonter l'estime que certains peuvent porter au combo. "What Happened to You?" est l'exemple même du morceau qui fera grincer des dents, alors que d'autres (comme moi) lui trouveront une élégance et un charme très particulier (avec pas mal d'aspects très 80's).

Chino l'avait dit lui même alors qu'il parlait de Koi No Yokan, mais on retrouve des similitudes avec White Pony. Ce n'est pourtant pas un clone dudit album, mais quelques airs de ressemblance : alternance entre ambiances, quelques compos un brin énervées / massives ("Gauze") et surtout de véritables atmosphères.

A écouter : Leathers - Tempest - What Happened to You?
13 / 20
5 commentaires (10/20).
logo amazon

Covers ( 2011 )

Deftones, dont certains attendent les sorties avec une grande impatience, nous gratifie d'un Covers, compilation de 11 reprises d'artistes divers et variés, sorte d'hommage aux influences du combo où se côtoient donc des titres de Duran DuranThe CarsSade, The Smiths ou encore The Cure. Quand on connait la capacité de Deftones a développer de puissantes et délicates ambiances, on peut poser de gros espoirs sur Covers, même si la plupart des titres sont déjà connus depuis quelques années par les fans.

Dans l'ensemble, il n'y a musicalement rien à redire : les morceaux sont correctement exécutés, avec des ambiances très différentes : le sensuel No Ordinaty Love côtoie l'enragé Caress, l'envoutant Drive, l'éthéré Ghosts et le mélancolique The Chauffeur. Deftones, tout en s'appropriant les titres, arrive à rester fidèle à leur sensation première (le must reste sans doute Do You Believe, beaucoup plus abrasif sans être dénaturé). Malgré une production assez hétérogène (les morceaux ayant été enregistrés à des périodes différentes), Deftones semble à son aise et le chant de Chino ne souffre pas d'une quelconque maladresse, même sur Simple Man, enregistré dans la 17ème année du frontman. On ressent d'ailleurs le panel d'influences dont sont empreints les membres de Deftones et le combo n'éprouve aucune difficulté à quitter un carcan plus Rock, même si on retrouve parfois le chemin emprunté par les Américains sur les derniers opus. Il n'y a pas de surprise sur la liste des titres, les différents musiciens n'ayant jamais caché leur passion pour la musique au sens général, que ce soit en citant sans cesse les mêmes noms lors d'interviews ou via divers projets tels Team SleepSol InvictoKush ou le projet solo de Chi Cheng (des spoken words sortis en disque courant 2000).

Les reprises ont beau être de (très) bonne facture, il faut se poser des questions sur l'utilité de Covers. La plupart des titres étant déjà disponibles sur B-Sides&Rarities et la version digitale de Diamond Eyes, Deftones semble ne pas s'être creusé l'esprit pour la tracklist de ce disque. L'avantage est donc d'avoir divers titres épars réunis sur un seul et même album, mais pour ceux ayant fait l'effort d'acheter les enregistrements sur lesquels trouver les versions originelles, Covers ne sera qu'une perte de temps (et d'argent). 
A noter que If Only Tonight We Could Sleep n'est pas une nouvelle version studio, mais bien celle issue de B-Sides&Rarities, alors que l'on aurait pu espérer enfin un enregistrement du titre. De la même manière, le rendu de chaque titre est très aléatoire : Caress souffre d'un manque de puissance, les instruments étant au final presque lointains, provoquant une cassure très nette avec l'étouffante sensation cotonneuse de Please Please Please Let Me Get What I Want

Au final, on aura du mal à saisir l'intérêt d'un tel disque, la plupart des morceaux étant déjà (et toujours) disponibles sur divers albums ou compilations. En dehors de la qualité des reprises, il faut avouer que l'on peut douter de l'utilité de Covers et j'aurais -personnellement - plutôt tendance à inviter les gens à se tourner vers les versions originales. A réserver aux fans.

Cette note prend en compte l’intérêt dudit disque, et non uniquement la qualité des titres.
Titres issus de B-Sides&Rarities : Please Please Please Let Me Get What I Want - No Ordinary Love - Savory - Simple Man - The Chauffeur - If Only Tonight We Could Sleep
Titres issus des Bonus de Diamond Eyes : Caress - Do You Believe - Ghosts
Drive fait partie des Bonus de Saturday Night Wrist et Sleep Walk est le seul inédit.

A écouter : Si vous n'avez pas déjà les titres en question.
16 / 20
73 commentaires (15.64/20).
logo amazon

Diamond Eyes ( 2010 )

En nous regardant avec ses yeux de diamants, Deftones implose. scintille. explose. souffre. pleure. brille de mille feux. Tout d'abord physiquement, Chi Cheng remplacé au pied levé et Chino ayant fait une bonne cure de jouvence, puis musicalement, Diamond Eyes s'offrant le luxe de revenir sur ces années qui virent l'arrivée de riffs incisifs, de déhanchés et de plans syncopés. Oubliez Eros, album désormais maudit qui ne reflète plus l'actuel Deftones, et qui, si proche de l'aboutissement, s'est vu relégué au simple statut d'album fantôme en attendant le retour de Chi : Faites place nette pour Diamond Eyes. Force est de constater que le groupe de Sacramento semble avoir mis les petits plats dans les grands, même si l'album a filtré mi-mars sur quelques plateformes de téléchargement : sortie repoussée, avancée, artwork lâché entre quelques extraits youtube, Rocket Skates lâché en concert puis en single, ... Pour ce disque, Deftones s'entoure de Nick Raskulinecz (Foo Fighters, Velvet Revolver, ...), bien loin de Terry Date (qui s'occupait de Eros), recrute Sergio Vega à la basse (Quicksand) et se tourne finalement vers un style moins agressif que prévu... Les américains décident donc de faire table rase, recréer pour mieux supporter le contrecoup, esquiver l'éternel tourbillon de misère qui aurait pu se former. Diamond Eyes est prêt à faire parler de lui.

En premier lieu, Deftones se décide à remonter légèrement le temps, s'inspirant allègrement de sa période Around The Fur sur les compos les plus directes. L'époustouflant CMND/CTRL possède un punch qui ne perd en force lorsque le refrain s'enclenche tandis que Prince laisse deviner un Chino en sueur, hurlant sans relâche face aux instruments plus posés. Heureusement, via ce regard vers le passé, Deftones ne se livre pas à une vaste mascarade visant à reposer le son des 90's. Chino et sa bande actualisent le tout, décuplent la sensation de malaise de Prince via quelques sons en retrait tandis que Rocket Skates permet à Abe Cunningham de se lâcher à la manière de Needles & Pins (Deftones). Le frontman tente même le parti de prendre de la distance face aux textes, préférant user d'images que de faits personnels.
Loin de n'être qu'un vulgaire retour en arrière manqué comme avait su le faire Korn avec Take A Look In The Mirror, Diamond Eyes s'engage sur les parties mélodiques vers une dimension plus mélancolique, à l'instar d'un Saturday Night Wrist. Sextape, This Place Is Death ou le sombre You've Seen The Butcher et son riff d'intro typé Adrenaline représentent parfaitement cette sensation de perdition, aux allures parfois lointaines de Team Sleep. Ce nouveau disque oscille encore entre de nombreuses atmosphères et états d'esprit, sans jamais baisser sa garde pour une quelconque faiblesse : Deftones reste fidèle à son histoire, continuant le chemin emprunté depuis le culte White Pony.

Malgré l'évolution, Deftones reste reconnaissable entre mille. Tout d'abord grâce à un frontman dont l'assurance grandit sur les parties les plus mélodiques, un son direct, des compos old school côtoyant les dernières productions du quintet, et surtout par des textes toujours aussi mystérieux. La discographie prend encore du poids, et même si les aléas de la vie d'un groupe parviennent à déstabiliser son existence, Deftones reste maître de lui même. Comme chaque autre opus, Diamond Eyes possède son charme, ses futurs classiques et une qualité indéniable.

A écouter : CMND/CTRL - Beauty School - Prince - Sextape
16.5 / 20
117 commentaires (16.45/20).
logo amazon

Saturday Night Wrist ( 2006 )

Une évolution s'est toujours faite sentir dans la discographie des Deftones. En arriver jusqu'à l'éponyme a été une preuve de maturité et de maitrise inconditionelle de la part du groupe de son identité, de la digestion de ses influences et de l'affirmation de ses tendances artistiques. Aujourd'hui, en 2006, la question reste toujours entière. Deftones sert il encore à quelque chose, aprés une compilation de faces b faisant office de mise en bouche, d'attente aux fans qui en redemandent toujours plus, et toujours plus rapidement. Deftones prend son temps, et chaque album parait de plus en plus accouché difficilement : entre fausses sorties, retards et tensions entre les membres du groupe.

Pourtant, contre toute espérance, ce cd est enfin là, et contre toute autre espérance, il n'est pas une deuxième façade des goûts prononcés de Chino Moreno pour le trip hop et la new wave. Soyons rassurés, cet album n'est pas un Team Sleep caché. L'évolution est encore une fois de mise. Là où l'éponyme lachait des grosses nappes de guitares samplées pour donner un effet d'une lourdeur impressionante dans les riffs, juxtasposées a une batterie aérienne et une voix complétement tordue, Saturday Night Wrist ne bouleverse pas la donne, mais change du moins quelques détails, ce qui semble suffisant et rassurant.

En effet, Saturday Night Wrist posséde tous les atouts pour enchainer une autre perle sur le collier tissé par le groupe depuis Adrenaline. Ce cd ne peut pas être plus Deftones qu'il ne l'est, car on reconnait magistralement la patte du groupe à chaque moment, la force de son caractére. Alors oui, certains diront que le groupe n'avance pas, resasse depuis White Pony des plans déja vu, voire même depuis Around The Fur pour les plus radicaux. Ce qui donnera raison à ces radicalistes musicaux, c'est que Cherry Waves, ou Rivière ne sont pas forcément loin de morceaux comme Digital Bath ou Change, mais le bien d'entendre ce genre de morceaux classieux en est décuplé quand on voit que beaucoup d'autres groupes se cassent les dents en cherchant à retrouver la formule magique qui nous avait attiré. Mais ces extrêmistes seront rapidement démentis, vu le nombre de nouveautés que le groupe intégre à ses morceaux.

Tout d'abord, la guitare de Carpenter se fait plus douce, moins rentre dedans, mais plus portée sur la richesse des sonorités et des joies de la pédale, grace à des sons jamais entendus chez le groupe (Xerces). Mais aussi l'intégration d'éléments post rock dignes d'un Mogwai dans U,U,D,D,L,R,L,R,A,B, où la magie jazzy des guitares rencontre une batterie dominée comme jamais. D'ailleurs Abe Cuningham propose un nouveau visage de son jeu, qui se faisait de plus en plus aérien, et tape plus fort, moins en retenu, (Rapture, ou le passage quasiment coreux de Rats!, Rats!, Rats!). Bien entendu, chose normale depuis deux albums, on echappera pas à la ballade new wave cette fois ci beaucoup plus fine et gratifiée de la présence d'une voix féminine : Pink Cellphone.

Le disque culmine à beaucoup de moments à la perfection des mélodies, des sonorités et des vocalises que rarement le groupe avait à ce point maitrisé. En effet, Beware, Combat, Xerces et Kimdracula font partie des chansons au meilleur feeling, au romantisme exacerbé, aux intonations desespérés trés impressionistes, faisant parfois penser aux grands Smashing pumpkins. Alors oui, le groupe impressione a énormément de moments et le tout est sublimé par la voix d'un Chino au sommet de sa forme, dans des vocaux complétement dantesque, impossible à reproduire en live car tellement à fleur de peau, basés sur une intonation, un soufflement, un cri, sur une gamme plus que jamais maitrisée (des cris de "Rats, rats, rats" rapellant les vocaux de When Girls Telephone Boys aux vocaux très Around The Fur de Rapture en passant par les ecarts stylistiques de Xerces et Kimdracula).

Deftones livre encore une fois un album d'une rare classe, à l'identité très prononcée, présentant deux inconvénients en la personne de Hole In The Earth, particuliérement irritante et inutile, et Mein avec son coté monotone exacerbé sur un final avec un Serj Tankian (System Of A Down, Serart) se prêtant au jeu du miaulement. Mis à part ces deux écarts de conduite, on leur donnerait le bon dieu sans confession. Chapeau.

A écouter : Kimdracula, Combat, Xerces, U,U,D,D,L,R,A,B
16.5 / 20
83 commentaires (15.21/20).
logo album du moment logo amazon

Deftones ( 2003 )

On l’attendait, il est enfin arrivé. Avec ce quatrième bijou éponyme, les Deftones nous offrent l’un des chaînons manquants de leur carrière. En effet, Deftones s’offre incontestablement comme l’album transitoire qu’il manquait entre Around the Fur et celui qui en avait dérouté certains, j’ai nommé White Pony. Ainsi, ce dernier opus surprend moins que son prédécesseur et apparaît à la fois comme un retour aux sources et un bilan de la carrière des 5 membres du groupe.
Dans cette optique là, Bloody Cape incarne et symbolise Deftones : une intro qui pourrait sortir tout droit de White Pony, immédiatement entrechoquée par la fougue que l’on trouvait sur Around the Fur. Le cocktail est saisissant, et tout bonnement délicieux : chacun y trouve son compte et pour les inconditionnels des Deftones, c’est un peu comme le gâteau au chocolat de notre grand-mère : ancestral, on connaît le goût par cœur, mais on s’étonne à chaque fois de l’épanouissement et du plaisir éprouvé par les papilles.
Et si l’on creuse bien, Deftones remonte même à l’époque d’Adrenaline, avec quelques passages de When girls telephone boys, où la voix lointaine, plaintive et furieuse de Chino essaie de s’imposer face au son destructeur. Plus que la rage d’antan, Deftones renvoie aussi aux sources du rock : c’est le son pur de la guitare de l’intro de Moana par exemple, ou encore Lucky You qui rappelle quelque peu les influences des Smashing Pumpkins et de leur Ava Adore. Et d’ailleurs, cette impression de retrouver le charisme des citrouilles d’antan en devient presque frappante lorsque nos doigts impatients ouvrent la jackette : une police d’écriture un peu gothique, des ratures, des photos d’enfants… tandis que la présentation de Deftones peut être un clin d’œil aux Cypress Hill. Bref, les influences semblent diverses et riches…
Cependant, en fin de compte, c’est bien du Deftones qu’on retrouve. Sensibilité, émotion, et gros son (dès l’entrée fracassante de Hexagram ; une grosse claque, croyez moi) agrémentés d’un zeste de mélancolie. La recette est toujours la même : les plaintes, complaintes et gémissements de la voix languissante de Chino nous transportent « I don’t care where, but Far… » comme il se plaisait à le dire sur Around the Fur…Bref, les Deftones ont beau s’être empâtés de quelques kilos, la magie reste la même, les frissons aussi : on se croirait presque un soir d’été sur une plage déserte autour d’un feu, à l’instar de Good Morning Beautiful. Et pour les gourmands insatisfaits de ces (seulement) onze titres, il y a tout de même une cerise sur le gâteau : une piste Cdrom riche et complète qui fait redécouvrir le groupe que l’on connaît déjà par cœur.
En résumé, Deftones n’est peut être pas le meilleur album de leur carrière (quoi que…) mais personne ne pourra nier que c’est un album clef, mature et posé. Il permet, de plus, de confirmer la renommée que l’on attribue depuis longtemps à Deftones : un des rares groupe qui ne déçoit pas : mêlant assez de nouveautés pour combattre la monotonie, aux racines, qui constituent les fondements et valeurs reconnues de Deftones. Ainsi, si c’est pour produire de telles galettes, on les autorise à s’ankyloser encore un peu… mais pas trop, sans quoi leur charisme et leurs prestations scéniques en pâtiraient…

A écouter : Bloody Cape ; When girls telephone boys, Hexagram, DeathBlow
17 / 20
96 commentaires (17.35/20).
logo amazon

White Pony ( 2000 )

  Deftones, groupe ô combien étrange dans la dynastie rock...Considéré comme précurseur d'un genre mourant et destiné a mourir de par son enlisement, le groupe a su modifier sa voie et se diriger vers quelque chose de réellement innovant et essentiel au rock. En effet ce sont la succession des groupes ne présentant aucun intérêt réel qui a réussi à tuer le genre " néo-métal". Or, ici nous avons affaire à une grosse pointure, à un groupe capable de distiller une musique aussi émotionelle que ravageuse. Trois ans après Around the fur, le groupe était réellement attendu. Leur présence dans la BO de matrix a enthousiasmé les foules au point de classer leur My own summer dans la catégorie "tubes". Pourtant le groupe se devait de surprendre, de suivre leur voie qui était tracée dès leurs débuts : celle de groupe prodige. A la sortie de ce White pony, tout le monde partait avec des a priori qu'ils soit négatifs ou positifs. Or l'écoute de ce disque est plus que surprenante, quasi déroutante.....On s'attendait à tout ....sauf à ca!

  Le cd commence avec Feiticera où le riff de Stephen étonne, où le jeu de batterie est aérien, posé moins brut de décoffrage que sur les productions précédentes. On sent tout de suite une autre patte, une évolution certaine du groupe vers quelque chose de plus rock. Puis survient Digital bath...encore une fois tout est différent, autre....des choses sont omises d'autres rajoutés, mais rien n'est comparable....On ressent aussi une certaine évolution rapport à la voix de Chino beaucoup plus posée et surtout beaucoup plus chantée..Depuis ce poney blanc, elle peut se placer au panthéon des grandes...au panthéon de celles qui font vibrer au meme titre qu'un Maynard...Et il s'avère que cette comparaison n'est pas volée. Sur le titre Passenger la voix divine apparait ...Deux génies pour une chanson qui ne restera pas anecdotique....un réel met qui se savoure à chaque fois avec une intensité palpable, une émotion à fleur de peau.

  Quand à l'album, il laisse la part belle aux experimentations qu'elles soient : électroniques, au niveau des riffs et des autres instruments...En effet, Delgado prend une toute autre ampleur ici et ne se contente pas de trois sons au cours de l'album. Il pose lui même ses ambiances et donne au tout encore plus de corps, permet aux compos de s'envoler...Ici elles s'allongent et des fois s'évadent vers une musique beaucoup plus intimiste, plus personelle comme dans Pink maggit où l'émotion prend petit à petit son ampleur pour exploser au gré des chuchotements de Chino. Mais l'album est loin d'être mièvre, il sait se faire puissant. Ici nous n'avons pas affaire à des ballades mélancoliques, mais à de réelles compos déroutantes. Placées au bon endroit, certaines chansons savent se faire incisives telles Elite ou Korea qui recèlent une violence rare.

  Cet album est donc loin d'être acessible... ceux pour qui White pony se résume à Change peuvent aller se rhabiller.Il est nécessaire et préférable de s'y immerger entièrement et de l'écouter d'un bout à l'autre. On ne peut pas le classer au sein de la discograhie des Deftones, car il se situe complètement à part...sur une autre galaxie musicale. Grâce à cette galette, le groupe a pu pousser le néo dans d'autres retranchements et prouver que pendant qu'un genre meurt et s'enlise....d'autres arrivent a évoluer de facon personelle et sensible...A bon entendeur salut....

A écouter : Pink maggit, Passenger,Teenager, Korea....
18 / 20
90 commentaires (17.98/20).
logo amazon

Around The Fur ( 1997 )

Pilier de la scène néo-métal, cet album révèle Deftones au monde entier, de par sa hargne, son intimité et sa prestance, car malgré une pochette qui pourrait sembler racoleuse se cache un pavé musical, si souvent copié mais jamais égalé. La pochette permet de cerner l’atmosphère de cet opus : intimiste, sensuel, voyeur et surtout énigmatique...
...Car cet album est avant tout intimiste. Les voix presque susurrées, chantées aussi près du micro que possible donnent une impression de confidence, de secret dont nos oreilles sont les coupables réceptacles. Mascara et Lhabia en sont les parfaits exemples : Chino nous livre quasiment ses secrets, avant d’exploser, sa fureur prenant le dessus… Tels des amants, l’auditeur et Chino seraient en proie à une violente dispute, où les pleurs succèdent aux accès de colère, où chaque instant pourrait basculer à nouveau dans une violence sans fin.

La guitare se veut incisive, rentre dedans et surtout complémentaire de Chino. Là où la voix d’adoucit, les guitares deviennent une sorte de complainte discrète mais présente, tandis que lors des envolées vocales, elles deviennent aussi agressives que Chino, tel des échos... Rickets est une sorte de confession de Chino, où il reconnaît ses torts (« I …. too much »). Un aveu malsain où le pardon n’est pas demandé, mais où ces torts seraient les effets de l’éternelle interlocutrice de Chino. Be Quiet And Drive (Far Away) tenterait d’éloigner cette interlocutrice, où la distance et la route seraient réparateurs.
Mais là où le groupe sait créer des ambiances intimistes, il sait aussi ne livrer que sa hargne, ses reproches et martyriser son confident avec un condensé où le mal-être et la fureur harcèlent (« I Feel Sick » répété sur Lotion). Toutes les facettes du groupe sont représentées sur cet album, plaçant l’auditeur dans le rôle de cette femme à qui Chino parle et se confesse.

2 duos sont présents : l’un avec Max Cavalera (Soulfly) et l’autre avec la femme d’Abe Cunningham. Chacun des deux intervenants apporte un ingrédient essentiel à la magie des deux chansons où ils apparaissent : Max (sur Headup), bien que très peu présent, apporte sa hargne, sorte de renfort au cas où Chino défaillerait. La femme d’Abe (sur Mx et ) amène une sorte de poésie, de douceur réparatrice dont Chino tenterait d’user pour guérir après un accès de rage incontrôlé délivré lors des 9 pistes précédentes ou comme si, enfin, nous pouvions entendre la fameuse personne à qui Chino parlait depuis ce temps.
La piste cachée est un peu un condensé de cet album : sensuelle, mélodique, violente, hargneuse et attirante… Chino se lâche, se reprend mais ne peut se contenir. Les instruments, quant à eux, portent la voix, nous la livrent tel un présent, Abe Cunningham frappant sans relâche lorsque la rage prend le dessus et disparaissant dans les moments intimistes, quasiment privés. Stephen supportant Chino lorsque la voix de celui-ci ne parait plus assez puissante pour exprimer tout ce qu’il ressent, sa guitare telle un défouloir où les moindres riffs deviennent lourds, imposants et nous couchent au sol. Chi accompagne le tout, usant les cordes de sa basse pour nous créer cette ambiance grasse et lourde, sachant parfaitement doser ses interventions afin de créer un équilibre parfait avec les autres membres du groupe.

Cet album est, à première vue, très accessible, mais après de nombreuses écoutes, chaque chanson révèle ses secrets, ses faces cachées et voilées, telle la femme de la pochette nous offrant seulement une partie de son corps. Là où Adrenaline nous offrait la rage et le produit d’une jeunesse désœuvrée, Around The Fur regroupe les sentiments, le confinement d’un groupe à part, pilier d’une scène s’autodétruisant. Un album à fleur de peau, criant de douleur et de sentiments qui ne saurait laisser froid après une écoute.

A écouter : Sans cesse...
17.5 / 20
83 commentaires (17.51/20).
logo amazon

Adrenaline ( 1995 )

Second album de la vague néo-métal après l'éponyme de Korn, Adrenaline est donc le premier disque de Deftones. Ceux qui ont engendré White Pony ou Saturday Night Wrist. Pour replacer dans le contexte, Adrenaline est le fruit de 4 jeunes qui s'ennuient dans une banlieue des USA. 4 musiciens inspirés entre autres par le métal et la new-wave. Et quand en 1995 sort le premier album de Deftones, c'est dans l'intimité qu'il se vendra, avant que le groupe n'explose avec Around The Fur.

Adrenaline contient déjà ce qui portera Deftones vers le succès : des mélodies alliées à des riffs entrainants, une voix sachant naviguer entre hargne et émotion, un groove maîtrisé et des textes qui ne révèlent leurs secrets qu'après de multiples réflexions. Le thème principal de Chino dans les albums suivants, les relations amoureuses, est déjà clairement abordé ici sur Lifter ou Birthmark, tandis que d'autres textes font plus office de catalyseurs (7 Words, Root). Que ce soit directement ou par sous-entendus, ces sujets sont traités toujours avec cette étincelle de poésie que l'on retrouvera dans les albums suivants.

Comme toujours, l'atout principal de Deftones reste Chino. Sans pour autant atteindre les variations que l'on rencontrera sur White Pony ou Saturday Night Wrist, sa voix alterne parties presque sussurrées avec une sensualité dévorante (Fireal) et envolées débordantes d'émotion ou de fougue (Nosebleed, Birthmark). Presque théâtral, son chant serait à l'image des masques de théâtre romains : extrêmes mais révélateurs. Pourtant, les 3 autres musiciens ne sont pas en reste. Entre les riffs hypnotisants de Fireal ou ceux psychotiques de Nosebleed, la batterie de Abe transpirante sur Bored ou dévastatrice sur Root, on ne sait plus si le groupe vit à travers sa musique ou si celle-ci existe au travers de Deftones. Ainsi, sur Adrenaline, Deftones est le fruit qui deviendra mûr et trouvera sa forme quasi-parfaite sur Around The Fur puis  White Pony : envoûtant, ravageur et intimiste. Une relation amoureuse en quelque sorte, avec ses hauts (les parties les plus douces comme Fireal) et ses bas (l'agressivité de Root par exemple). Pourtant, même à cette époque, Deftones se trouve déjà à part de ce qui sera la future scène néo. D'une part du fait de leurs influences qui se ressentent au travers de leur musique, mais aussi par la manière d'aborder les thèmes. Chino se sent l'âme d'un poète, ses textes ne parlent point de souffrances à la manière d'un Korn, mais s'orientent vers une approche plus imagée, couchées sur le papier comme un ressenti et non des faits. Cette différence se précisera sur les albums suivants, car tandis que certains ressassent les mêmes soucis d'ados (Korn, autres pionniers du mouvement, suivis par Adema ou Drowning Pool), Deftones continuera dans sa lancée créatrice, axée principalement sur des amours déchus ou des choses personnelles en rapport avec Chino.

Alors Adrenaline est le premier album de l'épopée Deftones, alliant poésie, colère et rock. Un des premiers disques, pilier d'une vague qui s'épuisera vite, souvent copié, rarement égalé, qui posera les fondations de Deftones. On pourra toujours regretter une production qui, contrairement aux autres albums du futur quintet, met l'ensemble du groupe en retrait, y compris Chino, réduisant l'impact dévastateur qu'il pourrait avoir. Désœuvré, claustrophobe, Adrenaline n'a quasiment pas pris de rides, Root ou encore Bored restant séduisants comme au premier jour.

“Life before I would shine down unshy / It comes from the first one / While I watch you / I want to be much than more / While I watch you”

A écouter : Fireal - Root - Nosebleed