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Biographie

Dayal Patterson

Dayal Patterson est un journaliste anglais, connu pour ses écrits sur des magazines metal comme Terrorizer ou Metal Hammer. Eclectique, il peut autant s'intéresser au drone qu'au post-punk, ayant notamment travaillé avec Killing Joke pour la rédaction de liner notes sur leurs albums. Mais Dayal est avant tout un passionné de black metal, raison qui l'a poussé à écrire plusieurs ouvrages imposants sur le genre. Via sa structure indépendante Cult Never Dies, il édite ses livres, mais fait aussi du merchandising officiel de groupes de black metal underground. Il a à ce jour publié trois livres, qui se veulent comme des ajouts successifs à une étude plus globale sur le black metal :
- Black Metal : Evolution of The Cult (2013)
- Black Metal : The Cult Never Dies Vol.1 (2015)
- Black Metal : Into The Abyss (2016)

Il a depuis élargi le champ de ses éditions, écrivant aussi bien sur le metal extrême en général que sur des artistes liés au monde du metal :
- Cult Never Dies : The Megazine (2016)
- Owls, Trolls,&Dead Kings' Skulls : The Art of David Thiérrée (2017)
- Ultra Damaged: Damage Inc. Zine 1985/2017 Anthology (2017)

Non Serviam : The Official Story Of Rotting Christ ( 2018 )

Après avoir documenté avec succès les plus gros noms du Black Metal, le journaliste Dayal Patterson offre depuis quelques temps un éclairage sur les aspects plus méconnus du genre. Cult Never Dies s’intéressait à la scène Polonaise ou au DSBM. Sa maison d'édition publiait elle, en 2019, une biographie de Moonspell, tandis que Patterson achevait tout juste l'ouvrage qui nous intéresse, consacré à un autre acteur exotique du Metal noir, et pas des moindres.

Non Serviam fait en effet prendre conscience de l'importance de Rotting Christ et son frontman Sakis Tholis pour la scène grecque. A l'instar de Moonspell ou Samael régulièrement cités au cours des 277 pages, le groupe des deux frères a ouvert la voie dans un pays a priori peu enclin à l'émergence d'une scène Metal extrême. A domicile, le line-up originel rachète à ses débuts le Storm Studio, permettant l’enregistrement de leurs premiers Lps ainsi que ceux d’autres formations aujourd’hui bien connues (Septic FleshVarathronKawir, etc). De quoi provoquer une belle émulation dès la première moitié des années 90, qui dessine les contours du son caractéristique Black Metal hellène, reconnaissable pour ses influences très Heavy. 
A l'étranger, Rotting Christ entretient très vite des relations longue distance en échangeant des cassettes et des lettres avec Mystifier (Brésil), Immolation (USA) ou Moonspell (Portugal), autant de pointures qui deviendront leurs compagnons de tournées des années plus tard.

Partisan d’une approche chronologique, Dayal Patterson nous plonge dans l’Athènes des années 80-90 et y conte l’ascension de Rotting Christ que l’on suit avec plaisir. La genèse est franchement passionnante, marquée par les conditions underground de l'époque et la détermination sans faille des musiciens, qui ne savent pas encore qu'ils contribuent à écrire un pan entier de l'histoire du Metal. On n'échappe pas malheureusement à une certaine redondance lors de la période la moins intéressante de leur discographie. La deuxième partie de carrière, plus éloignée du Black Metal et flirtant davantage avec le Goth, est marquée par un line-up instable, une perte de vitesse et des choix musicaux parfois confus. 

Malgré tout, Sakis et son cadet Themis se livrent sans détour, évoquant les moments difficiles qui ont bien failli mettre le groupe en péril  (dépression, doutes, problèmes financiers, conflits artistiques). Le travail intense, la double casquette de musicien et de manager de Sakis ainsi que les tournées ont impacté jusqu'à sa santé et celle de son batteur de frère. C'est lors de ces passages à vide que l'on prend toute la mesure de la détermination du chanteur guitariste : la musique est sa raison de vivre et son échappatoire, alors il faut continuer, quitte à serrer les dents, quitte à sacrifier sa vie sociale ou son indépendance financière.

Et tout cela paye : la renaissance de Rotting Christ avec son célèbre Theogonia donne un nouveau souffle aux méditerranéens, désormais très inspirés par leurs propres racines et bien plus encore. Le dernier tiers de Non Serviam s'attarde notamment sur les thématiques fortes des albums récents, puisant dans les légendes et traditions du monde entier pour accoucher d'un Metal multiculturel et occulte.

Ils ne sont pas nombreux, les artistes toujours pertinents après 30 ans de carrière et qui plus et, qui parviennent à se réinventer. Plus porté sur le factuel que les anecdotes de rockstar, Non Serviam dresse le portrait d'un duo intègre, résolu à rester droit dans ses bottes et en phase avec ses valeurs (celles de l'underground des débuts). Agrémenté de pas mal de photos d'époque, il offre une belle vue d'ensemble sur la discographie tout en reflétant la passion qui anime les deux frangins. Si la Grèce a sa place sur la carte mondiale du Metal actuel, c'est bel et bien grâce à la fratrie Tolis. 

Black Metal : The Cult Never Dies Vol. 1 ( 2015 )

Touffu, le mouvement black metal l’est assurément. C’est probablement la branche qui a le plus de ramifications dans le metal, et dans cette jungle, difficile de s’y retrouver. C’est d’autant plus vrai que le black metal reste encore très nostalgique de l’explosion des années 90, ayant tendance à focaliser l’attention du public sur une petite frange de groupes, qui ne sont pourtant que la pointe immergée de l’iceberg. C’est dans un objectif d’étude du genre, en examinant ses principaux protagonistes, que le journaliste Dayal Patterson a écrit une série de livres sur le black metal. Son deuxième ouvrage, Black Metal : The Cult Never Dies Vol.1, est sorti traduit de l’anglais aux éditions Camion Blanc cet été, une bonne occasion de s’y intéresser.

Son premier livre, Black Metal : Evolution of The Cult, développait en détail et avec brio l’histoire de la genèse du black metal et ses suites : des précurseurs proto-black aux groupes phares des années 90, sans oublier les plus récentes mutations du genre avec le post-black, et quelques groupes moins renommés, mais tout aussi importants selon lui. (cf : Mysticum, VON, Blacklodge, Thorns, Infernum, Fleurety, Funeral Mist...)
Ce deuxième opus Cult Never Dies Vol. 1 démarre sur un constat simple, mais lucide : il est impossible de traiter cette histoire avec un panel « complet » en une fois. Chacun de ces livres se veut donc un ajout au précédent, complétant petit à petit cette étude détaillée de Dayal Patterson. Nettement plus court que son prédécesseur, ce livre est aussi plus digeste, car l’auteur a amélioré sa manière de rythmer le propos. Cette fois, l’équilibre entre tracé historique, entretiens avec les artistes et analyse de la musique est beaucoup mieux dosé, rendant la lecture plus agréable et fluide. Encore une fois, le choix des groupes est éclectique, mais aussi remarquable parce qu’il s’éloigne des sentiers battus et trop connus. On commence donc avec l’histoire détaillée de Satyricon et le label Moonfog Productions, pour bien vite s’enfoncer dans l’underground et s’intéresser à des formations qui sont beaucoup moins souvent traitées par les journalistes, Metalorgie inclus. Au menu, vous aurez donc droit à un chapitre sur la scène polonaise (car il n’y a pas que Behemoth et Mgła dans la vie), mais aussi un coup de loupe sur la scène Depressive Suicidal Black Metal et ses acteurs principaux, sans oublier les savants fous de Solefald.

Et quand on tombe sur la partie consacrée sur Theodor Kittelsen et le rôle de son oeuvre dans l’esthétique du black metal, on se dit à juste titre que ce livre est une perle rare. Que vous soyez novice, aguerri ou fanatique de cette musique, Cult Never Dies Vol. 1 aura forcément quelque chose pour vous, que ce soit pour un défrichement, une re-découverte ou un approfondissement. Certes, vous ne serez pas incollables sur les crédits des albums de Wardruna une fois le livre fini, mais ce n’est pas son but. Son analyse subjective vient compléter l’exhaustivité objective de dates et crédits que l’on peut trouver sur internet. Et les nombreuses pistes d’écoute que donne le livre font que l’on s’y replonge encore longtemps après l’avoir fini, au lieu qu’il prenne la poussière sur une étagère. A l’ère où le fan de musique est face à un tsunami permanent d’informations (vraies ou fausses d’ailleurs), Black Metal : Cult Never Dies Vol. 1 se pose comme un bon outil pour prendre tout ceci de contrepied : se poser tranquillement pour en apprendre plus sur un mouvement qui, dans ses clichés comme ses coups d’éclats, reste un des plus fascinants du metal.


PS : La version française de Black Metal : The Cult Never Dies Vol. 1 a révélé quelques imprécisions de traductions, après vérification sur la version originale en anglais. Si on ajoute cela au fait que la qualité d’impression, notamment pour les images/photos, est bien supérieure sur la version anglaise, un lecteur un minimum habitué à lire des interviews et chroniques en anglais serait sans doute plus avisé d’opter pour la version originale.

Plus de pistes d'écoutes : Bethlehem - Dictius te necare, Solefald - The Linear Scaffold, Strid - End of Life, Forgotten Tomb - Springtime Depression, Satyricon - The Age of Nero, Kampfar - Profan...

A écouter : Bethlehem, Solefald, Strid...