Biographie

Criminal Code

Démarré comme un trio très versé dans le Hardcore 80's Criminal Code s'est petit à petit détaché de ses premières amours pour bifurquer vers une musique de plus en plus hybride. Comptant désormais quatre membres et accompagnée par un nouveau batteur, la musique de la troupe de Tacoma puisse autant dans les années 80 que dans la décennie suivante pour propulser son punk mélodique et froid au croisement du Hardcore old school, Punk mélodique et du Post-Punk.
No Device le premier album du groupe enregistré en 2013, est sorti quelques mois plus tard sur le label canadien Deranged Records.

Chronique

16 / 20
1 commentaire (15/20).

No Device ( 2014 )

Reverb à fond, martèlement de toms, basse galopante: en à peine vingt secondes No Device, premier véritable album de Criminal Code, règle la question des ses origines musicales. Si la seule évocation Post-Punk vous refile des boutons, passez votre chemin. Dans le cas inverse et que l'invasion de ces dernières années n'est pas parvenue à ébranler votre foi indéfectible dans le genre, No Device pourrait bien être l'oeuvre qui vous donnera définitivement une bonne raison de n'avoir jamais lâché le morceau.

No Device entre dans l'arène sans tour de chauffe mais il ne s'en dévoilera pas moins à force d'écoutes. Plus qu'une bête resucée très premier degré du son et des postures de l'après-punk anglais, Criminal Code semble vouloir et enfin réussir à exposer ici une relecture personnelle du genre après une poignée d'années, de 7" et d'EPs passée à se chercher. Paradoxalement pas assez le cul entre deux chaises, trop punk et raw, pas assez funk et glacé le quatuor évoquait jusqu'alors bien plus ses influences et un potentiel en sommeil qu'il ne parvenait à se définir par lui même. Un palier que les américains ont désormais clairement franchi. "Defective parts", "Exit/Entry" ou encore "Scent of metal", en dépit d'une approche sonore plus éthérée sont autant de flèches Punk à même de faire dégoupiller vieux briscards de l'école no future, noiseux, corbeaux et sosies loupés de Ian Mackaye.

Car c'est aujourd'hui solidement calé entre Post-Hardcore 90's et Post-Punk canal historique que la troupe de Tacoma s'affaire à dynamiter sans retenue le carcan étriqué du Punk pour y inviter Siouxie&the Banshees, Husker Du, Black Cross, Fugazi ou, plus près de nous, Blue Cross. Criminal Code se laisse aller à bouffer de l'espace sonore à un rythme effréné, peu importent les ingrédients et la manière, au diable les querelles de clocher. Energie cathartique débraillée, curiosité débordante, révolte, mélodies claires-obscures noisy insidieuses et dépouillées en étendard, le groupe divague rarement plus de 2'30, concentrant son propos en brûlots décharnés (d)é(n)chainés presque sans temps mort. Lorsque quelques titres plus tempérés ("Flagstone", "Mocking Shadows") entrent dans la danse pour éviter l'engorgement à mi-parcours c'est sans compter sur un batteur-locomotive peu enclin à faire autre chose qu'aller de l'avant en martyrisant son kit. La formule figée par No Device est simple mais d'une efficacité redoutable et, quoique l'on puisse en dire après une simple écoute, certainement bien moins "déja-vu" que l'on voudra bien vous le faire croire. Le groupe insufflant à son Post-Punk une sauvagerie vivifiante que le genre semble parfois avoir perdu depuis une éternité sans le dénaturer, et distillant dans son Hardcore aux tendance mélodiques des intonations urgentes et lugubres du plus bel effet, No Device peine quelque peu à trouver sa place sur l'échiquier Punk. Quoi de plus logique, finalement, que de retrouver les quatre gars chez Deranged Records, repère d'anticonformistes à l’âme grise et l’esprit large chez qui on a pu croiser cette dernière décennie Career Suicide et Fucked Up ou, plus récemment, White LungYouth Avoiders, NomosTotal Abuse et les excellents Arctic Flowers? Je vous le donne en mille: rien.

Vrai faux groupe rétro, Criminal Code sort du bois armé d'un premier album qui tombe à pic, signé sur un label qui lui va comme un gant et réalise un coup fumeux comme on aimerait, dans un monde parfait, en encaisser toutes les deux semaines. Quitte à ne plus savoir où donner de la tête au bout de trois mois, mais passons. Pour le meilleur ou pour le pire, le monde qui a donné naissance à No Device est tout sauf idéal donc, d'ici là, on se prendra déjà à rêver voir nos engins retraverser l'Atlantique d'ici peu pour nous balancer quelques décharges bienvenues. Ce qui serait déjà pas mal.