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Biographie

Cortez

Cortez voit le jour en Suisse en 2001 fondé par Jr (Chant), Sam (Guitare) et Greg (Batterie). Après une année de travail, le groupe fait ses débuts sur scène. On les retrouve notamment en compagnie de Gojira mais également d'Iscariote. En 2004, Cortez enregistre une démo trois titres qui reçoit de nombreuses critiques encourageantes. Un an plus tard, les suisses effectuent la première partie de Jesu et Isis à Bordeaux. Leur premier album intitulé Initial sort sur Radar Swarm / Exutoire Records en septembre 2005 et devient un monument du genre pour sa complexité et son extrémisme absolu. Un split avec Ventura lui fait suite en 2006.

Pendant six ans, le groupe ne donne quasiment aucun signe de vie, jusqu'à annoncer une sortie d'un slit avec Plebeian Grandstand pour octobre 2012, ou figure un tout nouveau titre de 12 minutes, suivi par le second opus Phoebus en 2013.
Quelques années plus tard, nouveau changement de line-up, mais aussi nouvel album avec No More Conqueror, disponible en 2018.

No More Conqueror ( 2018 )

Cortez a définitivement changé d’apparence. De Initial, il ne reste rien, si ce n’est un jeu de batterie épileptique, tant les mouvements de line-up ont affecté la musique du combo. Pour autant, rien ne nous dit que No More Conqueror sera moins bon, mais tout au plus différent. Déjà de part son artwork qui se voit la folie d’ajouter des couleurs aux teintes de gris de Phoebus et du premier album, mais aussi parce que l’aspect abrasif a semble-t-il totalement disparu.

Le truc, c’est que Cortez, au travers de No More Conqueror, perd une partie de son identité sonore, ou du moins la transforme en quelque chose de tout aussi étouffant que Phoebus, mais beaucoup moins hargneux. Le premier effet est le changement de chanteur, qui gagne ici une voix plus chaude (un peu comme le rendu final du disque), dont l’abrasivité s’est transformée en quelque chose de plus coulant vocalement parlant.
Dans sa globalité, le Hardcore des Suisses n’est pas mauvais, mais très hermétique : sur des titres comme « In Albis », on se prend un mur dont les contours se discernent difficilement sans attention lors des premières écoutes, et qui donne sans attention continue l’envie de passer à la suite.
Heureusement, « According to Claude Bernard » est là pour par exemple dévoiler un intéressant ensemble de mouvements et remettre en avant un jeu de batterie qui se retrouve bien souvent happé par le reste, ajouté à quelques dissonances des cordes (« Tristan Da Cunha »).

Si l’on se penche sur l’ensemble, la nouvelle peau de Cortez est très homogène, notamment grâce au travail de mix global, mais possède une vraie force qui tient sur toute la longueur de No More Conqueror, et peut être justement trop omniprésente. Pas d’accalmie, plus de passages un tant soit peu posés, juste une fil continu de la première à la dernière note. On appréciera, ou pas, cette manière de composer sur plus de 35 minutes, mais la stabilité de l’ensemble peut le rendre totalement indigeste comme terriblement captivant (« Hemigraphic »).
Ainsi, je ne dirais pas que No More Conqueror est moins bon, mais il est différent de l’image que l’on avait d’avant. Et c’est bien dans la différence que se fait la richesse, même si pour cela il faut accepter qu’elle existe pour l’apprécier pleinement.

16.5 / 20
11 commentaires (16.55/20).
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Phoebus ( 2013 )

Huit longues années depuis Initial. Encore plus attendu que son prédécesseur, surtout avec le split w/ Plebeian Grandstand, ce nouvel album enchaîne les coups avec tout autant de passion qu'avant. Phoebus, nom latin d'Apollon (Dieu de la lumière, du Soleil et de l'Intelligence), c'est cet éclat brillant qui illumine le reste de l'artwork, le trait qui annonce l'explosion ("Sulfure", "Transhumance") et ces boucles captivantes et grinçantes ("L'Autre Estime") lorsque l'agression sonore ne se fait pas avec un déferlement de notes et cris ("Nos Souvenirs Errants", sorte de "Mine de Rien" version 2012).
Car Cortez n'a pas changé de visage : évoluant toujours la forme d'un trio (guitare / batterie / chant), les Suisses n'ont pas perdu de cette verve élégamment incisive et les cordes grinçantes font mouche à chaque partie ("Idylle") lorsque le déferlement de notes ne rappelle pas une pluie torrentielle qui cloue au sol ("Borrelia"). Toujours aussi rude, Cortez ne recule jamais d'un centimètre, gardant avec rage le rythme jusqu'aux dernières minutes de Phoebus comme le combo le faisait déjà sur "El Vetic" ou "Patriarche".

De l'introduction crescendo de "Temps-Mort" à la volée en éclat sur "Arrogants que nous sommes", c'est sous une désinvolture apparente que Cortez cache la complexité de ses morceaux. Avec deux instruments, le groupe crée un mur de son, et là ou Initial était taillé pour arracher, Phoebus se tient fermement pour frapper d'un bloc. La batterie, cinglante, ne cesse de sursauter ("Transhumance"), accrochant au passage les cordes qui oscillent entre frénésie pure ("Un lendemain sans chaîne…") et hypnose ("Borrelia", "Nos Souvenirs Errants"). Jr, de son côté, malmène toujours autant sa voix, qui ne semble pas fatiguée malgré le temps passé. Eructant ses mots avec puissance ("L'autre Estime"), le frontman ne lâche jamais le morceau, violente son instrument avec la même puissance qu'Initial.

Aura-t'on quelque chose à reprocher à Cortez ? Simplement nous avoir fait patienter pendant huit ans avant d'accoucher à nouveau d'un disque. En dehors de cela, et malgré de nombreux (et de futurs) passages par les enceintes, Phoebus brille comme lorsqu'il était vénéré par une foule d'adorateurs. Ce disque m'a littéralement mis en pièces, coupé le souffle. Toujours aussi intelligent et intense qu'avaient pu l'être les sorties précédentes, Phoebus est le retour dans la lumière. S'il faut attendre encore autant de temps pour avoir la nouvelle masterpiece de Cortez, achevez-moi, s'il vous plait : Je ne tiendrai pas aussi longtemps.

A écouter : L'Autre Estime

Split avec Plebeian Grandstand ( 2012 )

Sur les 2 groupes qui partagent ce split, l'un était attendu comme le Messie, l'autre faisait encore chavirer des coeurs après son second album. Cortez et Plebeian Grandstand, 2 combos qui entremêlent passion, fougue, fureur et violence tout en sachant sachant alterner les ambiances, démarrer au quart de tour et ralentir efficacement le tempo l'instant d'après. Initial et How Hate is Hard To Define, 2 oeuvres qui passent régulièrement dans le creux de mes oreilles avec toujours ce même sourire satisfait. Un split attendu en somme.

D'un côté, des vétérans de la scène Suisse, qui n'ont pas donné signe de vie en 6 ans. Cortez, le trio infernal, l'alliance bruitiste d'un duo guitare / batterie et d'un frontman qui crache aussi bien en quelques secondes qu'en plusieurs minutes. Sur "A.F.D.N.T.E.D.E.V.L.S.", les ambiances s'enchainent, entre les boucles hypnotiques qui ensorcelaient déjà sur "El Vetic" et un déferlement à la manière de "Mine de Rien". Quand la pression retombe, on pourrait s'attendre à être libéré de ce flot de notes mais il n'en est rien : "A.F.D.N.T.E.D.E.V.L.S." bénéficie de pauses presque inattendues (5"30 et 8"30), découpant la compo en 3 actes dont le dernier s'avère aussi corrosif qu'envoutant.

De l'autre, Plebeian Grandstand, la relève toulousaine qui explosa en 2010. "I.W.W.O.Y.T.W.Y.W.O.M.", digne succession du split avec Divider et Bone Dance, avec un premier accord malsain, une montée en puissance névrosée pendant presque 6 minutes avant le retour au Chaos que l'on aimait sur "Ordo Ab Chao" ou "Easy to Hate / Hard to Define". Plebeian Grandstand ne redéfinit pas les codes qu'il a lui-même construit depuis quelques années, n'en repoussera pas les limites mais naviguera en s'en donnant à coeur joie (le jouissif passage entre 8"30 et 9" ou la toute dernière minute apocalyptique). L'écoute des 2 morceaux à la suite permet de se rendre compte que les Français sont musicalement très proches des Suisses : même verve et sensations similaires.

Cortez montre que l'inactivité n'a pas signé la mort du groupe. Plebeian Grandstand affirme encore et toujours que leur musique ne se résume pas à un défouloir chaotique. Un split, 2 faces, 2 groupes, 2 baffes et une même vision de la musique.

A écouter : Les 2 titres
15 / 20
3 commentaires (14.33/20).

Split avec Ventura ( 2006 )

A l'image de l'atypique split Monarch / Elysium, ce disque partagé fait office d'une rencontre helvète des plus inattendues. Ventura (ex-Illford, ex-regrettés-Iscariote) jouent un indie rock classieux, tandis que Cortez, que l'on ne présente plus depuis le monstre Initial, s'adonnent toujours à leur hardcore maladif, sombre et puissant. Un glaive dans un écrin de soie.

Depuis 2002, Ventura s'efforce de conjuguer mélodies aguicheuses et assauts noise cinglants au sein d'un rock limpide et humble. Les suisses vont droit au but sur 2 morceaux à la nervosité croissante. Distillant des tirades entêtantes sur les premiers instants et à la limite de la rupture de cordes en fin de course, Ventura s'emporte et nous dans son sillage. Sur les parties les plus calmes, le chant clair, nasillard ce qu'il faut, rappelle les vocalises de Billy Corgan (Smashing Pumpkins) tandis que les passages orageux, carrément noise quand la guitare se laisse aller, viennent jouxter Dinosaur Jr, early Sonic Youth ou encore Shellac, rien que ça ! Les suisses restent toutefois à bonne distance de leurs influences et préparent efficacement le terrain pour la sortie de Pa Capona, premier album.

Cortez nous avait allégrement soulevé le coeur avec Initial, dantesque premier album. Les 2 titres présents sur ce 10", "A Bout De Souffle" et "I.M.T.v" (ré-orchestré pour Initial), ont été enregistré avant Initial et ne s'expriment donc pas avec autant de hargne ; Phénomène non étranger à la production moins travaillée qui confère sans aucun doute moins de puissance et d'ampleur à l'ensemble. On s'en accommodera volontiers tant les gaziers nous lattent déjà lourdement les neurones. Cortez a su mélanger et s'approprier les meilleures cartes du hardcore moderne et pioche dans le noise hardcore (Knut), le metal (Ananda), voir même le screamo pour un résultat qui ne laisse pas indifférent et qui tire à l'aise son épingle du jeu. "A Bout De Souffle" et son chaos pesant distillé au compte goutte, tout en retenu, tient en haleine sur 8 minutes et justifie à lui seul l'acquisition du disque.

Ventura / Cortez, un split 10" qui propose 4 excellents morceaux et s'offre un artwork sacrément classe illustrant fort bien la rencontre. Pas encore convaincu ?

Télécharger : I.M.T.v (Cortez), I Keep Starting (Ventura)

A écouter : I Keep Starting (Ventura) - A bout de souffle (Cortez)
18 / 20
16 commentaires (17.63/20).
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Initial ( 2005 )

Dire que l'on piaffait d'impatience dans l'attente du premier album de Cortez est un euphémisme. En effet, en peu de temps, le groupe helvétique a su susciter, par la qualité de ses prestations scéniques et de la démo sortie en 2004, un interêt laissant présager le meilleur quant à Initial.
Sorti conjointement en septembre dernier par Radar Swarm Records  et Exutoire Records , écurie bordelaise comptant dans ses rangs les excellents Aside From A Day, il convient d'avouer que le colis est conforme au potentiel révélé par les premiers enregistrements.

Perfectionniste du début à la fin, Cortez ne laisse rien au hasard. Pour Initial, l'artwork a été confié à Fabien Sbarro, déjà connu pour sa collaboration avec Iscariote, Vancouver et Unfold. La cover présente un travail photographique très soigné des plus sobres, en noir et blanc, consistant en un personnage dans une posture assez incorfortable, sur le point de se faire emporter par un rapace.

Pourtant, même si le livret semble être en totale adéquation avec l'univers de Cortez, il est difficile de réduire ce dernier à une simple illustration. Produit par Pascal Hirt, déjà de la partie sur la démo, Initial est l'oeuvre d'un groupe dont le souci majeur est une quête perpétuelle du son, évoluant dans un post hardcore dont les limites sont définitivement abolies. Le son de Cortez est rude, âpre, sans aucune concession, où se cotôient bruitisme et complexité, preuve que l'association des deux est loin d'être incompatible. Ainsi "L'enjeu", véritable morceau marathon, résume à lui seul l'esprit de l'album, révèlant les capacités techniques et d'inspiration de Cortez. Les parties de guitare de Sam, proches de celles de feu Denis d'Amour (Voïvod), alternent entre le classique et la dissonnance, et constituent la pierre angulaire autour de laquelle s'articule le génie sonique du groupe, que l'on pourrait situer entre Dillinger Escape Plan et Isis. Elles sont admirablement soutenues par le jeu de batterie souvent déstructuré de Grégoire, aussi à l'aise dans les parties rapides que lorsqu'il s'agit de casser le rythme ("Mine de Rien"), ainsi que par la voix screamo et totalement désincarnée de J.R., au flow monocorde et au timbre écorché. Adeptes du contre-temps ("Notice"), Cortez trouve, tout de même, l'occasion de se lacher sur les lapidaires "Prompt" ou "B.M.t.v.", morceaux à l'esprit grind-core aussi courts que brutaux.

Toutefois, la palette musicale de Cortez ne se limite pas à l'unique expression d'un extrémisme absolu. Les morceaux tels que le bref "Néant" - qui aurait peut-être mérité un meilleur développement - mais surtout l'instrumental "Marasme" nous entraînent sur un terrain plus émo, dont "El Vetic", présent sur la démo, donnait déjà un avant-goût. Son aspect très monolithique, car exécuté sur un tempo assez lent, est contrebalancé par une ambiance mélancolique, entre Isis et Jesu, à la sensation de désespoir augmentée par une légère nappe de bugle présente sur toute la seconde moitié du morceau.

Initial est un album rude, intense, à fleur de peau, nécessitant patience et attention afin de l'apprécier à sa juste valeur. Cortez y fait preuve d'une maturité rare, pour un groupe aussi jeune, nous laissant entrevoir des possibilités et une volonté d'explorer un champ d'investigation musical assez vaste dont on ne doute pas qu'il tire le meilleur profit. Coup d'essai. Coup de maître.

Télécharger : "Mine de Rien"
"I.M. tv

A écouter : "L'enjeu", "Marasme", "Notice"
15 / 20
2 commentaires (16/20).

Demo ( 2004 )

Profitant de sa prochaine venue en France aux côtés d'Aside From A Day, il me semblait intéressant de se pencher sur Cortez, trio atypique que certains ont eu la chance de découvrir au printemps dernier en première partie d'Isis. En attendant son premier album Initial qui doît sortir au début du mois d'octobre, petit retour en arrière sur la première démo du groupe, parue en 2004.

Pour cet enregistrement, le groupe helvétique a souhaité un travail à la hauteur de ses ambitions. En témoigne la présentation très soignée du petit livret dont la cover, au design minimaliste dans les tons gris et aux reflets argentés, figure assez bien l'univers de Cortez. Le combo nous présente trois titres d'une extrême agressivité évoluant dans un post hardcore aux contours assez difficiles à définir, aux faux airs de Godflesh, Dillinger Escape Plan ou Unfold. Des morceaux véritablement différents, évoluant sur un tempo mid ("El Vetic", "Patriarche"), et développant une atmosphère sonique richement alimentée par les guitares torturées de Sam.
Même si le groupe s'autorise une petite escapade grind sur "B.M. tv", la charge émotionnelle n'est pas pour autant absente de la musique de Cortez. Outre la voix screamo mais déchirante de J.R., le groupe emploie ses capacités à varier le plus possible ses sentiments, alternant grosses parties agressives et parties plus mélodiques (voir la ritournelle finale de "El Vetic").

Pour couronner le tout, la démo est agrémentée d'une interface vidéo où l'on peut, d'ores et déjà, jauger les capacités de performers de Cortez. Bien que d'une conception sommaire, tant au niveau du son - très moyen - que de l'image - une seule caméra filmant de front - les deux morceaux, "Patriarche" et "Mine de Rien", permettent de se faire une idée assez précise des prestations live du groupe.

Bref, une démo plus qu'encourageante qui constitue une très bonne carte de visite pour Cortez.

A écouter : "El Vetic", "Patriarche"