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Biographie

Corrections House

Corrections House est un supergroupe américain fondé en 2012 et composé de Scott Kelly de Neurosis, Bruce Lamont de Yakuza, Mike IX Williams de Eyehategod et Sanford Parker de Nachtmystium

Après un single deux titres, le groupe sort un album dans la foulée nommé Last City Zero et y dévoilent une musique abrasive, très lourde, aux confins du Sludge et du Metal Industriel. Corrections House enfonce le clou deux ans plus tard avec Know How To Carry A Whip toujours signés chez Neurot Recordings.

Know How To Carry A Whip ( 2015 )

Le supergroupe le plus sexy de la planète est de retour. Nul besoin de vous rappeler de qui se compose Corrections House, tant leur premier effort a suscité l’émoi chez les amateurs d’un Sludge/Indus des plus prometteurs. Deux petites années plus tard, Know How To Carry A Whip vient confirmer à brûle-pourpoint les velléités du groupe d’en découdre sérieusement.

Il y a deux ans, lors de notre interview avec Scott Kelly, ce dernier répondait on ne peut plus clairement à la question fatidique de tout supergroupe « Peut-on s’attendre à un autre album de Corrections House ? » La réponse était sans équivoque : « Oui ! Notre objectif est de faire un autre album dès que possible ! […] Il n’y a pas d’embrouilles et on fait de la musique barrée ! Que demander de plus ? ». Difficile de le contredire sur ce dernier point. Know How To Carry A Whip correspond en tout point à la suite rêvée pour le groupe. Le premier opus était bon, très bon même, mais pêchait par une utilisation assez brouillonne du Spoken Word et de morceaux Folk qui arrivaient un tant soit peu tel un cheveu sur la soupe. Ici la volonté du groupe est claire : affirmer un son qui leur est propre tout en construisant à partir des braises encore chaudes de Last City Zero. Le pari est plus que réussi.

Oui, Know How To Carry A Whip est définitivement une belle confirmation. La brutalité de l’œuvre originelle est ici décuplée, notamment par une assise industrielle renforcée. On en vient même à penser à Skinny Puppy par endroit. Les rythmiques sont abruptes, sentent le souffre, les cris de Sandford Parker toujours plus perçants. Les moments plus apaisés sont toujours de la partie, même si cette fois, ils s’intègrent parfaitement avec les morceaux plus longs. Pensons notamment à Visions Divide et son rythme Folk effréné qui se termine par un saxophone rutilant ravageur. Si l’intégration est meilleure c’est aussi parce qu’un écho est créé entre ceux-ci et les morceaux plus longs, plus sauvages. Le saxophone, par exemple, que l’on retrouve sur When Push Comes To Shank, le titre le plus long de l’album du haut de ses huit minutes. La production quant à elle rend parfaitement justice à l’ensemble grâce à une froideur presque revêche à la première écoute.

Voici un album qui ne laisse pas appréhender facilement. D’une sauvagerie hurlante, tant par ses moments furieux que par ses accalmies pernicieuses, Corrections House démontre qu’il faut dorénavant plus que jamais compter sur eux.

A écouter : Avec un masque à soudure.
15.5 / 20
1 commentaire (13/20).
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Last City Zero ( 2013 )

Les supergroupes et moi ne vivons pas exactement une grande histoire d'amour. Aguicheurs au possible, il n'en ressort bien souvent qu'une pale copie mort-née des groupes qui ont fait la gloire des membres de ce nouvel embryon et la déception est au même paroxysme que l'attente suscitée. Enfin tout de même, je dois confesser que lorsque mon œil dubitatif s’est arrêté sur le line up de Corrections House, le frétillement de mes papilles s’est retourné contre mes a priori. Voyez plutôt : Scott Kelly de Neurosis, Mike IX Williams de Eyehategod, Bruce Lamont de Yakuza et Sanford Parker de Nachtmystium. Soit parmi les membres les plus influents des scènes Sludge/Post-Hardcore/Expérimentale de ces dernières années. Il n'en fallait pas plus pour aiguiser ma curiosité. 

L'univers dressé sous nos oreilles assiégées est des plus cataclysmiques. L'isolement camisolé et claustrophobique du New York 1997 de John Carpenter cristallise l'atmosphère dangereusement décadente suggérée par Last City Zero. Sombrant au milieu de ces venelles sombres et suintantes, l'esprit dérangé jubile à l'écoute de ces coups de boutoir spasmodiques.
Le monolithe proposé est d’une ambivalence qui forge les grands albums. Les premières écoutes sont rugueuses, l’accès au cœur de cet acharnement bestial semble obstrué. Ce n’est qu’après de nombreuses écoutes répétées que l’animosité s’apprivoise pour laisser entrevoir les radiations du concept proposé. 

L’efficacité n’est pourtant pas reléguée au second plan. Le premier morceau, Serve and Survive, sur lequel plane l’ombre du grand Neurosis se termine en apothéose avec cette accélération rageuse en milieu de morceau et son break titanesque agrémenté d’une pyrotechnie industrielle du meilleur effet. Bullets and Graves se démarque du bloc monolithique avec son tempo relevé aux relents Thrash/Punk rappelant les œuvres d’Al Jourgensen dans Ministry. Sous-couvert d’une atmosphère post-apocalyptique terriblement malsaine, les riffs tonitruants s’enchainent et affichent une efficience délectable. 
Le travail fourni sur l’enrobage industriel est d’une minutie redoutable. Chaque nouvelle écoute révèle une panoplie d’hurlements, de synthés, de beats insalubres qui, cumulés, nous plongent dans un marasme édifiant. L’influence sans doute de Bruce Lamont, créateur habile du mysticisme enrobant le Metal expérimental jazzy de Yakuza. Sur Dirt Poor and Mentally Ill, une rythmique proche du Closer de Nine Inch Nails s’installe peu à peu, rythmant la tonalité corpulente des guitares. 
Au milieu de cette incandescence Industrialo-Sludge, notons également la présence de parties Folk/Ambient, notamment sur Run Through The Night ou Hallows of The Stream, qui peuvent être rapprochés des travaux en solo de Scott Kelly. Même s’ils apportent leur pierre à l’édifice malsain de Corrections House, ces morceaux n’ont pas l’impact des mastodontes précités. Il en va de même pour l’utilisation répétée du Spoken Word, notamment sur le morceau éponyme Last City Zero, qui gagnerait sans doute à être raccourcie et incorporée de façon plus subtile. 

Drapes Hung By Jesus, dernier morceau de l’album, est l’incarnation définitive de la jonction entre les albums Streetcleaner de Godflesh et Through Silver in Blood de Neurosis. Neuf minutes d’un cataclysme sonore comme j’en ai rarement été le témoin. Le morceau commence pourtant avec délicatesse, au milieu de nappes de claviers fumigées ne servant qu’à introduire la folie en devenir. Une fois le beat enclenché, la sensation d’assister à la désagrégation du monde se matérialise. Le fer rougeâtre avec lequel nous a marqué Godflesh ou plus récemment Necro Deathmort revient menacer notre fébrilité, se ballotant au milieu de la décrépitude imposée. Un morceau d’une force inouïe qui s’achève sur les hurlements indistincts d’un Scott Kelly possédé. 

Tel l’Hydre de Lerne, les individualités à la source de Corrections House parviennent à unir le bouillonnement avant-gardiste qui les animent pour mieux assiéger nos désirs d’une musique toujours plus extrême, toujours plus sombre. Un premier album qui, espérons-le, en appellera bien d’autres. 

A écouter : Serve or Survive, Bullets and Graves, Drapes Hung by Jesus