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Biographie

Comity

Comity s'est formé en 1996 sur Paris, mais faute de line-up stable, n'enregistre une premiére démo qu'en 1998.En 2001 le groupe se paye le luxe de partager un split avec XII, premier véritable enregistrement du groupe qui marque les bases d'une musique chaotique et extrême. En 2003 sort un premier album epoustouflant (The Deus Ex Machina As A Forgotten Genius), qui confirmé en live, va encore plus loin dans une façon de déconstruire et reconstruire des riffs et des ambiances malsaines non étrangères à Overmars.  Le groupe compose deux nouveaux morceaux, qui s'ajoutent à leur album pour une sortie US et composent un Ep de part chez nous (Andy Warhol Sucks EP). Les galères de line-up reprenant le dessus, le groupe est en hiatus jusqu'en 2008, date de l'arrivée d'un nouveau batteur. You Left Us There, nouvel Ep, est sur les rails.
Courant 2011, le combo se lance dans l'enregistrement d'un nouvel album, The Journey Is Over Now, qui sort en Décembre chez Throatruiner.

16.5 / 20
1 commentaire (17/20).
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A Long, Eternal Fall ( 2017 )

Une longue et éternelle chute.
Le titre ne pouvait mieux convenir à ce nouvel opus de Comity, parce que le combo est encore et sans doute à jamais une catharsis musicale, aussi complexe qu’un assemblage de sentiments irréfléchis, variation artistique d’un même thème mais dont l’apparat semble se mouvoir constamment, et ce quel que soit l’album.

Faisons un parallèle. Celui de Lost Highway et de Comity. Celui du cinéma et de la musique. D’un côté, une oeuvre issue de l’esprit de David Lynch, dont le sens final est, à première vue, de n’en avoir aucun. De l’autre, un maelström de quarante sept minutes complètement fou, assourdissant.
Les deux objets se rejoignent en plusieurs points :

- Une noirceur palpable : là ou la musique gronde comme un ciel orageux, avec comme seul guide la lumière des phrases de cette dernière scène du film. Le chant, c’est cette caméra angoissante, ce personnage énigmatique qui existe pour mieux perdre le spectateur. La ligne vocale de Thomas est plus un hurlement rauque (« VIII ») qu’une suite de mots, bestiale et brutale.

- Un thème omniprésent : Comity évoque une chute, Lost Highway parle d’une perte de contrôle, d’une frustration infernale. En plongeant dans la spirale des deux, on se perd. Les sens sont-ils aussi malmenés ? Qu’est ce qui est réel et qui ne l’est pas ? Dans « VII », c’est cette perte de repère qui se fait parallèle avec l’homme en noir. Chaotic Hardcore / Post Hardcore / Noise, l’ensemble des étiquettes semble s’accommoder à la musique de Comity et les variations instrumentales sont tout autant d’effets de caméra.

- L’esthétique : Alors que le talent d’écriture de Lynch peut être sujet à débat, celui de sa réalisation n’est pas contestable sur Lost Highway. Chez Comity, cette esthétique prend la forme d’un artwork qui n’est qu’une nouvelle variation d’un paysage sous des angles variés, mais également d’un travail de composition à plusieurs couches. A Long, Eternal Fall est technique, noisy, reflet sonore d’une suite de mouvement de caméras, de dialogues bien plus riches que la dernière comédie française du moment.

- Une structure déconstruite : Alors que les plans s’enchaînent sur les deux supports de manière fluide, elles ont pourtant en commun un ensemble chaotique, changeant de cap à chaque minute. Au travers de huit titres, le groupe livre un seul objet, à la manière de The Journey Is Over Now. Les Parisiens ne sont pas un groupe à morceau, mais un combo à album et a ceci avec certains de Post-Rock que chaque opus est un seul bloc en mouvement perpétuel.

S’il a y un ensemble qui a fait, jusqu’à présent, un sans-faute, c’est bien Comity. Alors oui, les oeuvres de cette trempe donnent des avis tranchés, les disques sont totalement hermétiques et aucun véritable fil conducteur musical ne semble se détacher, mais c’est justement en cela que le combo marque. Comme à chaque fois, j’ai envie de vous dire d’écouter ce nouvel opus comme une oeuvre à plusieurs sens.

17 / 20
6 commentaires (17.75/20).
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The Journey Is Over Now ( 2011 )

Comity fait partie de ces artistes incompris. Pour qui musique rime avec passion, complexité et prise de risque. Pourtant, depuis The Catharsis Syntax Project, le quatuor est toujours resté déterminé à poursuivre sa démarche d'Oeuvre Chaotique.
Pièce en 4 actes aussi ambitieux que possibles, The Journey Is Over Now est cette capacité à engendrer dans la douleur, à flirter avec l'imprévu et la folie grandiloquente à la manière d'un Overmars violant vos pauvres oreilles dans la boue. Que vous seriez brave de vous aventurer dans les méandres de ce disque, prêt à affronter le douloureux "Part I" (au riff central qui n'est pas sans évoquer la douleur de Mihai Edrisch et aux envolées délirantes à la The Mars Volta) lorsque les cris possédés de Thomas ne déferlent pas sur vous. On retrouvera aussi quelques similitudes avec les albums antérieurs (le passage aux alentours de 15 minutes sur "Part IV") mais sans répéter ces schémas déjà dévoilés. Chaque disque de Comity est à la fois tellement proche et distant des précédents qu'il devient difficile de savoir ce que peuvent réserver les Parisiens sur la prochaine minute. Changement de rythme, riff imprévu, cassure vocale et même passage acoustique virevoltent avec la frénésie d'un Celeste, sans pour autant devenir aussi extrémiste, ou la fougue de Converge ("Part IV").

Le piège de Comity est aussi sa plus grande force : frapper fort, vite, avec justesse et passion. Il est difficile de s'enquiller les 22 minutes du 4ème Acte, mais une fois le pied mit dans la spirale infernale, il s'avère impossible de s'en extirper. Oeuvre gargantuesque qui effraiera autant qu'elle séduira, The Journey Is Over Now n'en demeure pas, au grand malheur de certains, une musique qui se décortique, rebutante et rugueuse lors des premiers contacts.

Peut-on véritablement parler de défauts ? A mon sens, il n'y a pas de demi-mesure sur un disque de ce calibre. On aime ou on déteste, parce que l'on est en présence d'un tout indissociable qui, d'une même manière que les opus précédents, sera assimilée ou repoussée d'un seul bloc. Encore un sans faute en somme, ou encore un disque imbuvable, au choix. Car il est ardu de cerner complètement The Journey Is Over Now, même si les habitués de Comity sauront en reconnaître la patte et l'essence en quelques écoutes. Néanmoins, tout comme You Left Us Here et As Everything Is A TragedyThe Journey Is Over Now est la preuve que Comity n'en finira jamais. Je ne vois pas de meilleure conclusion que celle de As Everything Is A Tradegy : "Messieurs, nous ne pouvons que vous remercier pour des oeuvres de cette trempe.".

A écouter : Tout
16.5 / 20
1 commentaire (12.5/20).
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You Left Us Here... ( 2009 )

You Left Us Here ou la renaissance de Comity avec un nouveau batteur et une unique compo de 17 minutes faisant suite aux 99 de As Everything Is A Tragedy. On ne se faisait pas d'illusions sur la qualité de composition de Comity après la déflagration du précédent album, mais You left Us Here voit le jour après un changement de line-up et un arrêt clinique musical. Qu’en est-il du résultat final ?

Vous avez rêvé d’une douleur palpable, Comity l'a côtoyée, la chante. Contrairement à As Everything Is A Tragedy, You Left Us Here semble moins condensé, moins virulent mais aussi douloureux. Toujours déroutant, jamais fatiguant, You Left Us Here s'ingère, se ressent, entre hardcore, métal, punk, ... sans en oublier ce qui a fait recette sur les précédentes productions : une créativité détonante, une richesse rutilante. Pourtant, You Left Us Here n’est pas qu’une pâle copie des précédents opus, loin de là.
En effet, la détresse se veut moins violente, l'agressivité plus maitrisée et indirecte. Les riffs ne font pas front, s'insinuent plutôt sur 17 minutes en renfort d'une partie rythmique plus aérée, aux ressemblances avec The Deus Ex-Machina As A Forgotten Genius frappantes. Le changement de batteur se ressent énormément tant les peaux semblent moins martyrisées et possédant un feeling différent, sans pour autant renier le jeu de l’ancien membre de Comity.

Pourtant, Comity n’est pas une femme facile et se dévoile avec pudeur, comme l'attestent ces passages plus aériens mais aussi la fureur qui conclut You Left Us Here. Le départ d'un être qui se retrouve au centre de 17 minutes de folie, désespoir ("Nothing Can Reborn and Rise Above Those Who Can't Be Define") qui se transforme en amer regret ("Is Something Still Breathing Those Lands? We Just Left You There"). Les mots sont simples, cherchent à dévoiler sans artifice le désarroi et la douleur qui emplit ce disque. Tout semble tellement exacerbé que You Left Us Here se transforme en tragédie grecque, outrancier à l'extrême. You Left Us Here parait terriblement instable mais les notes s'agencent en une recette qui séduit à chaque écoute (ah, ce passage aux alentours de 12 minutes !). Comity pourrait presque définir le mathcore si le son du groupe n’était pas déjà au-delà…

You Left Us Here confirme As Everything Is A Tragedy. La poésie prend le pas sur la hargne, sans pour autant délaisser le talent. Nouvel opus, nouveau brûlot, Comity explose littéralement, fait regretter amèrement ces 3 ans douloureux. Les sens exacerbés, roulé en boule, voilà comment se vit You Left Us Here... Un véritable retour en haut de la scène !

A écouter : Oui, Sans Conteste !
17 / 20
7 commentaires (18/20).
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As Everything Is A Tragedy ( 2006 )

Comity n'est pas le genre de fille à laisser les clés de chez soi dès le premier soir. Comity n'est jamais aussi à l'aise que lorsqu'il nous déroute et se joue de nous. La première impression n'est jamais la bonne. Ici, cet adage est d'autant plus valable que le cd se fait complétement hermétique, que ce soit dans le fond ou dans la forme. Oui, 99 titres c'est beaucoup et peu à la fois. Mais ce qui est le plus troublant c'est que ces 99 titres n'en sont ni 99, ni un seul, ni 4 différents, mais sont complétement modelables. Une sorte de jam, et ce dans l'extréme auquel nous a habitué Comity.

Pris sur l'instant, et à la fois si travaillé comme pensé, mis sur papier et ensuite realisé, avec la rage, la hargne et la sueur qui suintent du travail du groupe. Tout est d'autant plus catalysé que Comity est soi même de bout en bout de ce cd, ni plus extrême, ni plus idiot, ni plus intelligent, ni plus métal, ni plus punk, ni plus hardcore, ni plus folk, ni plus postcore.Comity c'est un peu tout ça, ingérant des influences de toute part, en digérant des riffs, en les régurgitant, en vomissant sa rage et son desespoir en faisant tourner des rythmiques et des mélodies, à la fois lentement, à la fois rapidement, ou les deux à la fois.

Agression sonore de toute part d'entrée, le jeu brouille peu à peu les pistes dans des moments où une angoisse culmine et retombe, sous les souffles nerveux d'une voix caverneuse, et sous les caprices digitaux d'une guitare incernable, decomplexée de toute influence.

Alors cette fois ci, le jeu n'est pas de retrouver les indices de la piste au trésor de The Deus Ex Machina as a Forgotten Genius, mais réellement de se rendre compte que le trésor est là, l'émotion et la tension est encore plus palpable, plus que jamais urgent et désesperé, plus que jamais mélancolique et énervé. Comity se joue des bases, nous fatigue, nous plie en deux en laissant se bouleverser devant nous une des plus belles tragédies jamais composées. Le choryphé grec se transforme ici en une bouillie des plus grandioses, une mixture haineuse pourtant si belle, flirtant avec tous les genres extrêmes connus.

Oubliant tous leurs préjugés, les musiciens ont laissé aller leur créativité au delà de toutes nos espérances, en nous agenouillant définitivement, en renouvellant leur son sans pourtant rien y changer. Messieurs, nous ne pouvons que vous remercier pour des oeuvres de cette trempe, de surcroit si l'on tient en compte les déboires qui vous ont touchés.

Page MySpace.

A écouter : de 1 à 99
16 / 20
5 commentaires (18.4/20).

The Deus Ex Machina As A Forgotten Genius ( 2003 )

The Deus Ex Machina as a Forgotten Genius, ou comment démontrer la qualité d'une scéne française et l'inventivité de créateurs prêts à tout pour donner leur musique en pâture, avec une démarche artistique au combien intéressante. Le titre reste une tradition théatrale par laquelle les drames classiques s'arrangaient dans l'acte final par une fin souvent délirante mais qui finalement fait que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Comity, c'est un peu tout ça en musique, comment un chaos apparent peut-il se révéler simple et limpide? 

Alors, oui en effet la base d'apparence, c'est le mathcore, le genre chaotique et carré, qui se joue très rapidement (parfois de maniére impressionnante d'ailleurs). En cela, Comity pourrait être inspiré par The Dillinger Escape Plan. Argument en plus pour cette thèse, des passages jazzys aux rythmiques déjantées ponctuent les gros passages chaotiques. La rythmique se fait souvent folle, avec des délirantes escapades de la basse sur trois notes, pour reprendre son thème initial, dans la plus pure tradition jam du jazz. La voix aussi, lancinante et lourde, trés grave et monocorde rajoute a la sensation que nous sommes pris de court et écrasés par une déferlante. Mais taxer Comity de sous Dep à la française est une erreur sinistre.

Si on creuse au delà de ces apparences, mais sans chercher bien loin, on voit que Comity se nourrit aussi des groupes de hardcore de la seconde vague incarnée entre autres par Converge. Oui, la façon chaotique d'aligner les riffs, de placer des aigus au milieu d'un gros déluge noise, ou d'envoyer valser une batterie noise martelante pour des roulements punk. Ce n'est pas faussé a l'écoute de "Her own king Teory" ou l'accélération n'est pas sans rappeler "The saddest day"(Petitioning the Empty Sky de Converge). Mais alors, en quoi le final (ou le milieu) arrange-t-il le tout d'une maniére magique comme dans les piéces de théatre?

C'est sur ce point que Comity est réellement époustouflant et radicalement innovant. Dans toutes ces coupures de rythme, ces breaks insensés, Comity case des passages d'une rare mélancolie. Comity reprend des thèmes qui s'enchevêtrent, que l'on perd de vue, qui font que la construction des chansons est loin d'être téléphonée. Le minimum en durée étant de neuf minutes, Comity prouve qu'il a énormément d'idées a intégrer dans une seule chanson. Il recherche donc autre chose qu'un mathcore basique : une mise en athmosphère capable de superposer diverses ambiances.

Cette intervention divine pour résoudre le casse tête nommé cohérence sont des passages athmosphériques, d'une fibre parfois romantique ("Acte 2", d'ailleurs sous produit à notre grand regret, mais issu d'un choix artistique) ou des moments cathartiques tendus comme sur la piste 1 et son break à base de choeurs qui n'est pas sans rappeler la piste éponyme de Atom Heart Mother des Pink floyd. Ces passages à base d'arpèges clairs, de batterie lente rappellent parfois Dredg période Leitmotif sur l'intro de "Alleluia versus Amen" ou sur "About Fracture of the Last Solid Element".

Le pourquoi de ces besoins d'aérer est évident, la tension est telle que des mélodies maladives font leur apparition, comme un aboutissement final ou la chute de la tension à travers la reconstruction des éléments épars.

Cette façon de joindre les bouts pourrait être comparable aux aigus chez Impure Wilhelmina et leur feeling mélodico romantique. Comity est en quelque sorte le Opeth du hardcore, nourri au rock progressif de King Crimson et des Pink floyd, goûtant à la catharsis finale et à des constructions élaborées dans un style beaucoup plus extrême. Incontournable.

A écouter : Sérieux?