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Biographie

Cocorosie

Selon la légende, La Maison de Mon Rêve aurait vu le jour suite à une révélation artistique que deux sœurs, Bianca et Sierra Casady auraient eu dans un hotel parisien en 2004. En réalité, le duo Cocorosie dont le patronyme est formé des deux surnoms respectifs des jeunes new-yorkaises, se cherchait depuis l’année précédente dans l’intimité d’une famille, et de deux sœurs musiciennes liées depuis toujours.

Avec un univers décalé et naïf, le projet Casady se fait d’entrée remarquer avec son premier opus en offrant aux oreilles du monde entier un album à la fraîcheur remarquable, entre gospel, folk, pop et jazz. L’aspect naïf des chants entremêlés des deux artistes, posés sur des parties instrumentales faites de jouets, percussions, flûtes, pianos et divers instruments farfelus ou non, crée dès les débuts de Cocorosie une identité forte, unique et candide.
Grâce à une réputation acquise non injustement mais rapidement, le duo se constitue un carnet d’adresse fort intéressant et peut dès l’année suivante enregistrer son deuxième opus dans de très bonnes conditions, avec des apparitions remarqués d’artistes en vogue (Devandra Banhart, Antony,…)

17 / 20
11 commentaires (12.09/20).
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The Adventures of Ghosthorse and Stillborn ( 2007 )

Sierra et Bianca pleurent. Elles pleurent leur enfance. Elles le savent bien, elles glissent loin de leur magnifique candeur. Mais la réalité de la vie, loin d’une Arche de Noé adorable, leur a infligé une inquiétante mélancolie. Eprouvant le manque naissant d’une innocence parfaite, nos poupées de cire ont grandi, mûri. Le sourire si doux de l’enfance est devenu celui de jeunes femmes qui s’accrochent à leur maison du bonheur, mais cela n’est qu’illusoire. The Adventures of Ghosthorse and Stillborn est un joyau sombre, posé délicatement dans un univers duveté et merveilleux de détails poignants sans complexes. Nouvelle étape dans la carrière des deux sœurs, il est une démonstration de plus de leur faculté à faire tomber les barrières, à puiser de manière suffisamment large pour construire un univers attendrissant et unique. Ce nouveau pas va chercher vers de nouveaux horizons, plus adultes, mieux ingérés, et restitués de manière bien moins versatile. La tristesse y joue pleinement son rôle, évidemment, puisque limitant tout excès frivole. La froideur de sonorités électroniques a désormais rejoint le pas du réconfort chaleureux créé par les timbres d’instruments acoustiques. Ici, Coco et Rosie se sont attardées sur des expérimentations musicales synthétiques, utilisant avec leur innocence toute à elles des beats trip-hop, electro, ou hip-hop. Eprises d’une envie de développer ce lien avec ce style né dans leur ville même, c’est même sans surprise que l’on retrouve Bianca (et ses invités) créer en beatbox, poser sa voix dans un exquis flow, et par la même d’exposer un peu plus ses capacités vocales. C’est somme toute la principale métamorphose de ce passage à l’age adulte, The Adventures of Ghosthorse and Stillborn, en dépit de parties instrumentales plus sobres, marque une focalisation sur le chant, et surtout une éminente variété vocale. Il serait même une ode à la voix, aux timbres si précieux de nos deux sœurs, qui tentent avec brio d’exploiter leur instrument le plus précieux, de manière lyrique, telles les envolées cristallines de Sierra, dignes d’un opéra italien, ou en susurrant à nos oreilles de douces et obscures pensées. Les frasques de Bianca et Sierra se complètent, montrent l’osmose de deux drôles de sœurs hallucinées et triste, qui donnent leur âme à travers ce qu’elles maîtrisent de mieux, en injectant avec leurs voix d’enfant des émotions qui vont droit au cœur à leur interprétation. Tantôt aux confins de la tristesse, tantôt pleines d’espoirs ou de désespoir, mais toujours mélancoliques, les voix de CocoRosie ont cette faculté à venir effleurer la sensibilité de tout un chacun, avec grâce, pour transmettre la clarté de leurs troubles, tout au long d’une aventure abyssale et dense. The Adventures of Ghosthorse and Stillborn est juste sobre, chargé d’une noirceur inattendue, mais d’une opiniâtreté sans pareille concernant la démarche de deux sœurs, qui ont la chance absolue d’être et d’avoir toujours été libres comme l’air.

A écouter : Particuli�rement si vous �tes triste.
16.5 / 20
1 commentaire (16.5/20).
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Noah's Ark ( 2005 )

D’innocence sa voix frémira, de plaisir mon cœur s’enivrera. Comme un art complètement timbré et décalé, l’univers de Cocorosie s’enrichit pour notre plus grande joie d’un second opus. Quand féminité rime avec naïveté et frivolité, l’amour ne peut être que plus fort. Sierra et Bianca Cassady nous émerveillent une nouvelle fois de leur amour en nous ouvrant à nouveau les portes de leur monde enfantin et trouble. La magie n’opère peut-être plus de la même manière, tant La Maison de Mon Rêve avait posé des bases reconnaissables entre toutes, que l’on retrouve avec plaisir. Noah’s Ark est la portion en plus dont on se délecte par pure gourmandise, même si la saveur de son prédécesseur en est encore toute fraîche.

Les Sphères de Coco et Rosie sont comme un rêve cotonneux, fait de comptines folk, teintées de pléthore d’instruments et objets bruyants que l’enfance peut nous amener à croiser. Des classiques guitares, pianos et accordéons, aux harpes, boîtes à animaux, percussions de tous bords, sans oublier les techniques de musiques électroniques modernes (samples, beats, …), les deux sœurs utilisent absolument tout ce qui leur passe par la main et s’en servent grâce à une imagination débordante. Mais ce qui retient avant tout l’attention au sein de la musique de ces femmes-enfants, c’est leurs voix uniques et complémentaires. Tandis que l’une, presque conventionnelle mais ô combien sirupeuse et agile nous enchante, la seconde, au timbre enfantin rocailleux, presque hésitant, confère à chacune de ses apparitions un cachet sans égal à chacune des complaintes.
Tout au sein d’une chanson de Cocorosie respire la pureté et la candeur, tant et si bien que la magie opère dès les premières notes, pour peu qu’on ait encore une âme d’enfant, pour ne s’évaporer qu’à la fin d’un voyage étrange et insolite. Une innombrable quantité d’influences sont traversées : on retiendra évidemment une présence toute particulière de sonorités gospel (Armageddon et ses voix superposées), mais aussi soul, pop, jazz. Ce Noah’s Ark opère une excursion bien plus diversifiée que son prédécesseur, pourtant ô combien hétéroclite. On notera d’ailleurs les présences fort remarquables d’invités prestigieux : Devendra Banhart (Brasilian Sun), coqueluche des médias depuis 2005, Spleen (Bisounours), rappeur français et au passage excellent parolier, et enfin, Antony (Antony and The Johnsons), qui nous offre Beautiful Boyz, un titre à l’arrière goût de son album solo (ndlr : I Am A Bird Now), fort remarqué également, tant sa présence est forte.

Après La Maison de Mon Rêve, Noah’s Ark est une suite logique à l’œuvre de Cocorosie, pas une évolution majeure, certes, mais un opus qui rassasie l’appétit né de la fraîcheur de la découverte du duo en 2004. Au-delà de toutes modes, de tous préceptes établis par le music buiseness, nos deux new-yorkaises semblent faire l’unanimité, tant pour la scène indie que la scène jazz ou hardcore (restons metalorgiens), telle qu’une Norah Jones a pu récemment le faire. Cocorosie est de ces groupes qui touchent, et qui, à défaut d’appartenir à une scène en particulier, touchent tous les mélomanes (ou presque), n’est ce pas là l’innocence même ?

A écouter : Par une belle matin�e d'�t�, o� la ros�e a humidifi� l'herbe.