Biographie

Charles Mingus

Né en 1922 en Arizona Charles Mingus grandit près de Los Angeles et se passionne vite pour le Jazz malgré la réticence de sa mère qui ne tolère que la musique d'église. En dépit de cela il apprend très tôt le trombone et le violoncelle avant d'adopter la contrebasse. Adolescent il compose déjà des morceaux particulièrement ardus assimilés au « Third Stream Jazz ».
Dans les années 1940 il est embarqué en tournée par Louis Amstrong puis par Lionel Hampton qui enregistra quelques unes de ses compositions. La décennie suivante Duke Ellington et Charlie « Bird » Parker font appel à son talent de contrebassiste. A noter le concert de 1953 au Massey Hall en compagnie de Dizzie Gillepsie, Charlie Parker, Bud Powell et Max Roach, qui est sans doute l'un des plus grands live de Jazz jamais enregistré.

En compagnie de Miles Davis il sort un premier album sur son label Debut : Blue Moods. Ce n'est que l'année suivante qu'il sort son premier disque en tant que leader : Pithecanthropus Erectus.
1963 voit la sortie de The Black Saint and the Sinner Lady, album à l'orchestration archi-fouillée considéré l'une des meilleures enregistrée en Jazz.

Musicien très influent sur la scène Jazz Mingus a également toujours su s'entourer des meilleurs. On retiendra surtout les excellents Rahsaan Roland Kirk et Eric Dolphy qui firent tout deux une grande carrière solo après avoir joué avec Mingus.

Au milieu des années 1970 Mingus est atteint d'une dégénérescence musculaire qui l'oblige à passer la fin de sa vie au fauteuil roulant. Il décède le 5 Janvier 1979 à Cuernavaca au Mexique.

Lors du recensement de ses musiques après sa mort le musicologue Andrew Homzy découvre l'intégrale d'une dernière merveille nommée Epitaph, une oeuvre colossale qui sera interprétée pour la première fois en 1989 sous l'impulsion de son épouse, Sue Mingus. Plusieurs années plus tard le mythe Mingus est perpétué à travers plusieurs groupes tribute, le plus célèbre étant le Mingus Big Band.

Chronique

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Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus ( 1963 )

Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus est un disque à part dans la discographie du contrebassiste dans la mesure où il ne comporte qu'une seule nouvelle composition (Celia). Après l'unanimement acclamé The Black Saint and the Lady Sinner Mingus semble faire le point sur sa carrière en réenregistrant ses meilleurs titres sur un seul et unique album sur lequel figure également une reprise de Mood Indigo de Duke Ellington, son musicien préféré.

Le disque s'ouvre sur II B.S, qui est en fait une version accélérée de la célèbre Haitian Fight Song (The Clown) bénéficiant également des apports du grand Eric Dolphy au saxophone. La contrebasse se promène en Walking Bass tout du long fournissant un sacré groove au titre et ce ne sont certainement pas les cuivres déchaînés fusant de toute part qui iront dans le sen contraire. Même chose pour Better Get Hit In Yo' Soul qui un réarrangement de Better Git Hit In Your Soul (Mingus Ah Um) où il faut vraiment s'accrocher pour suivre le rythme.
Au contraire II B.S Hora Decubitus ralentit un tantinet le tempo de l'originale – E's Flat, Ah's Flat Too (Blues & Roots) – mais bénéficie encore une fois d'une ré-orchestration plus fouillée à travers ses nombreux cuivres. La chanson reste tout de même sacrément rapide et le riff d'introduction de Mingus avec ses glissés apparaît plus puissant que jamais. L'avantage d'être leader d'un groupe c'est que l'on peut imposer son instrument sans problème, et Mingus ne se gêne pas en mettant bien en avant sa contrebasse.

Les autres titres sont plus lents, I X Love et ses cuivres si emplis de tristesse en tête, même si la reprise de Duke Ellington n'est pas loin derrière grâce au talent du pianiste Jaki Byard. Et que dire du magnifique Theme For Lester Young, version alternative de Goodbye Pork Pie Hat (Mingus Ha Um), musique reprise maintes et maintes fois qui est sans doute l'une des plus belles ballades jamais écrites, et ce tout genre confondu. Peu de musique s'accroche à l'âme autant que celle-ci. Six minutes d'une intense émotion distillée au compte goutte par un ensemble de musiciens au sommet de leur art.

Le disque s'achève sur une chanson toute particulière dans la discographie de Mingus puisqu'elle non seulement chantée (même si narrée sera le terme plus exact), mais aussi  parce qu'elle reprend des sonorités et rythmes employés par les Noirs pendant l'esclavage. Mingus a toujours lutté contre le racisme et cette ultime musique intitulée Freedom est comme son nom l'indique une ode à la Liberté. Les choeurs sont véritablement envoûtants et la voix de Mingus hypnotique. L'arrivée de la batterie puis des cuivres déchirants l'ambiance oppressante créée précédemment par les voix annonce la rupture entre la narration et la partie Jazz endiablée.

L'intérêt principal de Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus c'est qu'il regroupe quelques uns des plus grands morceaux d'un jazzman incontournable solidement épaulé en la personne d'un autre grand nom, Eric Dolphy. Le son est également bien meilleur avec une contrebasse nettement plus appuyée.
Entre morceaux déjantés et langoureuses ballades, Mingus Mingus Mingus Mingus Mingus est un disque idéal pour aborder le contrebassiste, ou même tout simplement le Jazz à travers un bon nombre de classiques.

A écouter : En entier bien s�r