Biographie

Caribou

Né en 1978, Dan Snaith enregistre ses premières compositions sous le nom de Manitoba. Il met en boite deux albums studios (Start Breaking My Heart et Up in Flames) sous ce pseudonyme avant d'être contraint de changer d'alias sous la pression du frontman du groupe punk The Dictators, qui ne supportait pas de voir son nom ainsi utilisé... Caribou surgit donc.

Influencé par le krautrock et la musique pop psychédélique des années 1970, il sort The Milk of Human Kindness en 2005. C'est Andorra, sorti en 2007, qui le consacre pourtant (Caribou gagne le prix canadien Polaris, en 2008, un an avant Fucked Up), alors que Snaith explore le versant plus folk de son psychédélisme.

Attendu au tournant, Swim prend presque un contrepied et met l'accent sur une musique plus electro, héritage direct des années 1980.

Chronique

16.5 / 20
3 commentaires (16.67/20).
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Swim ( 2010 )

Alors que les beaux jours daignent de nouveau s’installer, d’avides auditeurs, en quête perpétuelle d’amicales sonorités, se mettent à la recherche de leurs bandes-son de l’été. Notes fraiches à la digestion facile, elle doivent répondre aux impératifs d’éphémérité et de légèreté qui conditionnent leur succès. Certains ont pris un peu d’avance, se ruant à corps perdu, sur le dernier MGMT – promesse pop inoffensive qui fera mouche à coup sûr ; d’autres jettent à peine leurs oreilles sur le dernier LCD Soundsystem – que même le métro parisien vient encenser par quelques affiches trop grandes pour être sincères.

La tête au frais, le cerveau conditionné à fonctionner au ralenti pour quelques semaines, il reste alors au corps la liberté de voltiger gracieusement (ou pas) sur des rythmiques aguicheuses. Dont acte. Dan Snaith, le caribou de Caribou, n’a pas du se dire autre chose lorsque, quittant la pop lumineuse de Andorra (2007), il se décida à privilégier le côté electro de sa musique, retournant là à ses premières amours (connues sous le pseudonyme de Manitoba). Restons honnêtes, Melody Day et She’s The One fonctionnaient à merveille, il y a trois ans et, à leur réécoute, elles n’ont rien perdu de leur innocence première. Mais, en évoquant Swim, pensez plutôt Irene, ou Niobe (en clôture sur Andorra). A savoir, une electro légère, animée de percussions et de mille autres sonorités insoupçonnables, balançant entre mélancolie lounge et boucles au charme désuet.

Preuve que l’homme a le sens de l’été, Swim se veut un album dancefloor dans les profondeurs aquatiques (ou "comment faire de la musique sous l'eau", au dire de son créateur), comme en témoignent les 5 minutes d’ouverture sur Odessa, voix compressée, basse étouffante et ritournelle electro dangereusement obsédante. A la longue, le titre agit de la même manière que In The Flowers, qui inaugurait Merriweather Post Pavilion d’Animal Collective (2009). Follement emballant et plein de promesses. Une fois la machine enclenchée, laissez dérouler l’artiste. Dan Snaith entame sa plongée dans les années 80 en convoquant synthés et percussions sur des morceaux à la kitscherie inventive. Sun et Hannibal ont ce plaisir immédiat qui entraine automatiquement le déhanchement pendant que Found Out ou Kaili iront chercher un écho electro soft aux arrangements chatoyants que l’on retrouve également chez The Knife.

Le rapprochement avec les Suédois n’est pas si anodin. Comme eux, il met en avant un sens de la production captivant et prend un malin plaisir à mâtiner ses mélodies d’enrichissements mélodiques inattendus (l’ouverture carillonnante de Bowls, l’un des meilleurs morceaux du disque par ailleurs, ou encore Jamelia, dont le refrain ramène directement aux trois de Brooklyn). Au-delà de cette débauche instrumentale, pourtant loin d’être bling-bling, Caribou ménage ses effets pour voyager loin. Chaque morceau œuvre en progression, autour d’une ligne, en lui conférant, au final, un pouvoir discret d’une efficacité redoutable, à la manière d’un Pantha du Prince qui s’exposerait plus (la flûte de pan, sur Odessa et Leave House) ou d’un Four Tet, pour certains arrangements, à l’exotisme rayonnant.

Swim devient, de fait, pour toutes ces raisons, le nouveau standard d’une electro qui irait chercher le potentiel dansant des années 80 pour tournoyer autour d'un genre de pop des années 2000. Un joli charabia qui perdra de son sens chaque fois que vous le relirez. Mais qui n’enlèvera aucunement à la valeur de ce disque, qui devrait, d’ailleurs, dépasser le stade de la rotation lourde durant un court été pour devenir un classique de nerds transis. Count me in.

A écouter : Booty shaking
Caribou

Style : Electro Pop
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Origine : Canada
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