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Biographie

Car Bomb

Groupe de mathcore américain originaire de Long Island créé en 2000, Car bomb est né de la rencontre entre deux formations Neck et Spooge, qui partageaient une salle de répète dans le quartier de Rockville Center sous une boucherie. Endroit qu'ils appelaient affectueusement le Donjon à cause des odeurs de sang nauséabondes et du ciment crapi qui le composait. Le quatuor composé de Michael Dafferner au chant, Greg Kubacki à la guitare, Jon Modell à la basse et Elliot Hoffman à la batterie a pour mot d'ordre de quoiqu'il arrive agresser l'auditeur d'une musique complexe. Pour eux une chanson n'est pas terminée avant qu'elle ait été construite, torturée, hachée, mise à l'envers, dysrythmée et retravaillée.  C'est notamment pour ce cycle de composition long et élaboré qu'en seize ans d'existence le groupe n'a livré que deux albums. Centralia en 2007 sorti chez Relapse Records et w^w^^w^w, qu'on peut plus simplement appeler l'onde dans la langue de Molière, autoproduit et sorti en 2012. Le groupe a en référence les classiques du genre, Meshuggah, Converge ou The Dillinger Escape Plan mais se revendique également d'influences éléctro telles que Aphex Twin ou Squarepusher. Ils ont d'ailleurs effectué leur première tournée européenne en ouverture de Meshuggah en 2014.
Leur troisième album Meta sort le 28 octobre 2016. Il a été produit par leur guitariste et Joe Duplantier (Gojira) au Silver Cord Studio à New York. Il comporte des contributions vocales de Joe Duplantier et de Franck Mullen (Suffocation).

Chronique

18.5 / 20
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Centralia ( 2007 )

Depuis 1962 sévit une force incoercible, un feu infatigable qui ravage les entrailles de la Terre. Centralia est le nom de la ville se trouvant au dessus de cette fournaise minière. Cette catastrophe Pennsylvanienne qui cristallise bien des passions, des mythes et des peurs, n'en finira guère d'inspirer des chefs-d'œuvre. Silent Hill, illustre fable lugubre, et cet album de quatre musiciens originaires de Long Island. 

S'il devait être mentionné dans les écoles de metal, plus tard, (on peut toujours rêver) des références de composition en termes de mathcore expérimental, Centralia de Car Bomb ferait sûrement office de recommandation. Les archétypes du genre (The Dillinger Escape Plan, Ion Dissonance et autres The Red Chord) sont présents mais à peine perceptibles, empreints d'une marque particulièrement adroite. D'un genre tellement à part qu'il serait possible de créer une catégorie spéciale pour cette envolée erratique de trente deux minutes. La progéniture fortuite issue de la rencontre entre un jazz psychédélique moderne et un grind épuré à l'extrême.

Outre l'orientation stylistique poussée, une recherche toute spécifique est faite également sur la forme des morceaux. Exit le sempiternel duet alternant entre couplet - refrain, la plupart des morceaux oscillent entre le thème et la variation sous une atmosphère bien sur déstructurée et affranchie de toute limite conventionnelle. On repère la volonté, encore une fois, de tordre un riff dans tous les sens une fois qu'il a été saisi. Les effets d'harmonies et de whammy du gratteux montent progressivement en intensité tout au long des chansons, accentuant ainsi la déstructure et la folie jusqu'au point de non-retour. Le contrepied parfait de ce fil rouge présent tout au long de Centralia est Gum Under the Table. Ici la guitare enchaîne les harmonies et les slides/ pick slides avec une férocité endiablée qui n'a d'égal que la virtuosité employée, avant de mourir dans un confins de roulements ambiancés qui pour le coup n'est pas sans rappeler Chris Pennie (Ex- The Dillinger Escape Plan, Coheed and Cambria).

Quand on réussi pleinement à saisir le firmament de la musique, les silences demeurent d'exception. Et ces derniers sont d'une efficacité redoutable sur le titre His Eyes. C'est à chaque fois lorsque l'on s'y attend le moins que la musique revient rugissante et déchirée. La polyrythmie du morceau est simplement exceptionnelle, conjuguant simplicité et technicité. Grâce à la combinaison du chant et de la batterie passant sur les cordes frénétiques, les parties hachées sont elles mêmes aussi imprévisibles que payantes. Il devrait être noté sur la jaquette "Attention crises d’épilepsie et convulsions à prévoir". A proprement parler, la musique en elle-même n'est pas, à l'instar d'énormément d'autres groupes, implacable. La brutalité des morceaux réside dans la soudaineté des interventions. Les Américains parviennent d'ailleurs à tisser dans l'atmosphère, des sonorités bien plus calmes et toutes aussi plaisantes comme sur Solid Grey, où l'on discerne une palette encore plus large des capacités techniques des compositeurs.

Sur cet album qui ne ressemble à aucun autre, l'univers développé est aussi personnel que pertinent. Issu de l'union bien chanceuse entre plusieurs scènes, Centralia est un OVNI, de par son existence et son excellence. Avec ce dernier, Car Bomb parvient à réaliser un défi de taille dans le metal : dissocier de manière subtile brutalité et bourrinisme primaire. Une preuve, s'il en fallait encore, que la scène U.S. regorge de pépites musicales. 

A écouter : Gum under the table, His Eyes
Car Bomb

Style : mathcore expérimental
Tags :
Origine : USA
Site Officiel : carbombcult.com
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